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Invité
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Let us Dance
Ah ça pour se mettre dans les emmerdes, c’était certain qu’il avait un don. Depuis qu’il était enfant il n’avait jamais su rester en dehors des problèmes. Il ne les cherchait pas toujours mais lorsque ce n’était pas le cas, c’étaient les problèmes qui venaient à lui. Dans sa malchance cependant il avait généralement une bonne étoile pour lui sauver la mise, sinon il serait mort depuis longtemps. Entre les fois où il tombait d’une fenêtre dans une rivière, les contrats sur les gardes des ombres, l’enclin, les Corbeaux , les esclavagistes….
- « Ahahahah je ne vais pas nier ce talent, c’est naturel, j’en ai toujours été doté. Mais ne t’inquiète pas tant. » Il se fendit d’un clin d’oeil. « J’ai survécu plus de trente ans à l’avalanche, j’apprécie énormément que tu sois là pour me recoller mais crois moi, je trouverai toujours un moyen pour survivre… Je suis trop jeune et beaucoup trop séduisant pour priver le monde de ma présence. »
Le roulement des yeux de Siha lui arracha un sourire. Il nota mentalement que ce n’était pas le bon angle d’attaque si d’aventure il se mettait en tête de réellement le séduire avec de la flatterie. Il n’était pas plus surpris que cela, cela dit. Siha n’avait pas l’air d’être vaniteux, mais sait on jamais. Morrigan elle-même avait finit par rougir et bafouiller sous ses compliments, c’était toujours amusant de découvrir ce qui animait quelqu’un.
Il prit nonchalamment place sur la souche avant de répondre à la question qui lui était posé. Cela lui donna le temps de décider de ce qu’il pouvait dire à l’archiviste et ce qu’il ne pouvait pas….. Ou ce qu’il ne voulait pas…. Hors de question de parler de « l‘incident » …. il mourrait probablement en emportant cet épisode dans sa tombe…. Bon d’accord il était un peu dramatique, mais il était Antivan, le drame c’est un peu un sport national.
- « Déplaisant n’est pas nécessairement le mot que j’aurais choisi. Disons … malaisant plutôt. Nous avons parlé de choses extrêmement personnelles et …. qu’il est difficile à comprendre pour des personnes qui n’ont pas grandi sous le joug de la guilde. Cela n’a pas aidé que je ne sois pas particulièrement doué pour parler des choses importantes. Les épreuves que nous avons subies pour devenir des assassins, et celles qu’il a fallut endurer pour pouvoir sortir de sous leur coupe… Je pourrai en parler pendant des heures sans que n’importe qui d’autre ne comprenne pas jusqu’où exactement va mon conditionnement…. Ou jusqu’où il allait en tout cas… Bref, cette visite a été assez intense et ne s’est pas vraiment terminée sur une petite fête. »
Il caressait distraitement sur son bras, l’endroit où se reposait plus tôt la main du dalatien.
- « Mais je ne sais pas si tu te souviens, lorsque nous sommes passés à Fort Bastel, Wulf avait du courrier pour moi, ce n’étaient pas de bonnes nouvelles et elles ont encore un peu dégénéré depuis. Plus que ma conversation avec Tullia, C’est de cela que j’ai besoin de me distraire. Je ne trouverai pas de solution à mes nouveaux ‘’ennuis’’ en les tournant en rond dans ma tête jusqu’à ce qu’ils me tombent dessus alors autant se changer les idées. »
Alice et Rasdir avaient en effet l’air de s’être trouvés. Ils avaient l’air d’un grand frère et d’une petite sœur complices et il était évident qu’il parlaient d’eux dans leur coin. Il faudrait qu’il pense à aller lui dire bonjour pour de vrai plus tard, après tout il n’avait même pas eut le temps de saluer qui que ce soit à part Rasdir.
- « Ahahah, mais tu es Archiviste maintenant, plus personne ne peut te mettre de corvée de latrines. Qu’est ce que tu attends pour aller courir ? » Il le poussa légèrement du coude pour s’amuser. « Quelle forme prendrais-tu pour t’enfuir dans la forêt ? »
L’antivan leva une main et replaça les mèches qui tombaient en rideau devant son visage, pas qu’il eut quelque chose à faire de l’état dans lequel le Dalatien se trouvait, mais il aimait voir son visage lorsqu’il parlait. Une fois hors du chemin, replacées derrière son oreille qu’il effleura de ses doigts, elles ne se mettaient plus entre eux. Alice avait l’air de mener une excellente vie ici, il n’était pas surpris, la jeune fille était intelligente et savait s’adapter, ils l’avaient constaté durant leur mission. Il n’était pas supris non plus d’apprendre que Myssa avait été moins correcte.
- « Hm…. Tu as fait ce que tu devais faire, je parie qu’elle a regretté d’être partie assez rapidement, elle n’avait pas l’air très dégourdie, elle a sûrement réalisé à quel point voyager seule allait être éprouvant moins d’un jour après son départ. Tant pis pour elle. »
Il haussa les épaules, ce n’était pas surprenant après tout et ils ne pouvaient rien y faire. Autant passer à autre chose.
- « Je t’ai interrompu dans tes tâches quotidiennes apparemment. Je m’en voudrais d’interrompre la vie du Clan, est ce que tu veux de l’aide pour terminer ce que tu faisais ? »
![Lasa ar’an alas’nira [SMJ - PV Siha] - Page 2 Latest?cb=20150523145513](https://vignette.wikia.nocookie.net/dragonage/images/5/55/Text_ico.png/revision/latest?cb=20150523145513)
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« J'espère bien. Qui va me suivre dans des missions impossibles si ce n'est pas toi ? » Il se prit à plaisanter en retour, deux petites fossettes se creusant sur ses joues lisses. « Sehariel m'arrêterait sous prétexte qu'il faut faire preuve de bon sens et Rasdir a autant de subtilité qu'un druffle dans un magasin de porcelaine... »
Si ses prunelles dorées épiaient l’assassin derrière l'épais rideau de cheveux, la vérité c'est que leur collaboration avait fait une très bonne occasion de se revoir, même si depuis leur retour de Férelden Siha n'avait plus mentionné un seul projet. Car bien que l'aide de Zevran soit précieuse dans sa quête contre le réseau de la Lanterne Rouge, ce n'était pas l'essentiel de leur lien... Ou mettons peut-être qu'il avait peur de commettre une maladresse et donner lieu à des malentendus. D'autant qu'il était assez difficile de comprendre certaines choses, et que sa vie ne lui offrait que rarement le temps et les conditions nécessaires à faire lumière dans son esprit.
« Je vois ce que tu veux dire. C'est vrai qu'il est plus facile de s'ouvrir à quelqu'un qui a traversé une expérience similaire. Beaucoup de choses ne peuvent être expliquées ou exprimées par les mots. Mon lien à l'Immatériel est un peu comme ça. »
Sa condition de Rêveur était probablement dans la même catégorie, bien qu'en un domaine totalement différent des Corbeaux d'Antiva. Les mages traversaient souvent une éducation stricte pour les empêcher de sombrer, ce qui se vivait différemment selon le peuple et les contrées... Néanmoins cette empathie avec l'au-delà du Voile devenait encore plus difficile à vivre lorsqu'elle était cumulée à d'autres particularités lourdes de responsabilités.
Tout cela menait en tout cas à une grande solitude, mieux que personne Siha en était conscient. C'était sans doute pour des raisons similaires qu'il n'avait jamais réussi à s'ouvrir à ses semblables, et ce malgré leur disposition à lui prêter une oreille bienveillante. Surtout que c'était son rôle de la prêter à autrui.
« J'ai remarqué que tu avais été assez troublé par tes lectures quand nous étions à Fort Bastel, mais je n'ai pas osé t'importuner avec des questions. J'ai instinctivement tendance à garder mes habitudes dalatiennes et... m'immiscer dans les affaires de ceux qui m'entourent. Sache en tout cas que je peux toujours t'écouter si tu veux en parler, et je t'aiderai si je peux. »
L'archiviste tapota joueusement le genou de Zevran pour dédramatiser l'offre aussitôt celle-ci prononcée. Cela avait un je ne sais quoi de gênant de se montrer toujours sérieux, surtout que le but était d'aider son invité à se changer les idées, pas l'enliser dans ce qu'il essayait d'éviter. Par conséquent quand le sujet vogua vers ses jeunes années et les nombreuses bêtises de sa rébellion, Siha se contenta de sourire. Cela semblait si loin maintenant...
« Je le fais encore de temps en temps, mais je finis par rentrer plus coupable que quand je suis parti... alors ça a un peu perdu de son sens. Les gens ont besoin de moi. »
À nouveau penché en avant, il ne sut s'il se sentait fier ou accablé. Probablement les deux. Faisant mine d'avoir mal sous le coup de coude, il feignit tomber de la souche et lança un regard indigné à son interlocuteur.
« Oh hé, doucement, je suis fragile ! Et euh... ça dépend de mon humeur j'imagine. Généralement le loup et l'aigle sont mes formes de prédilection. Et la chouette parfois. Ils sont bien plus agiles et forts que moi, et l'exercice physique m'a toujours défoulé. Je ne suis pas guerrier alors les entraînements ce n'est pas pour moi, mais une course jusqu'à tomber de fatigue, c'est dans mes cordes. »
Les mains posées de chaque côté de ses hanches, Siha était penché en arrière, savourant l'odeur de la forêt et du repas qui était servi par Nethari à ceux présents à l'avant-poste. D'autres personnes s'étaient installées pour manger, néanmoins chacun discutait avec la même animation habituelle, sans leur prêter grande attention. Sauf peut-être Rasdir et Alice, qui continuaient de comploter de plus belle depuis le tendre geste de l'antivan.
Siha le premier n'osa pas bouger et se contenta de sourire sans mot dire, toujours surpris d'être traité de la sorte après aussi longtemps. C'était un peu dur pour les nerfs, mais on ne peut plus rafraîchissant de ne plus être sur un distant piédestal.
« Justement elle n'est ni dégourdie, ni autonome... j'ai bien peur qu'elle se perde dans la forêt ou se fasse dévorer par une bête sauvage. Je ne comprends pas... si elle voulait retrouver une des villes humaines, elle aurait pu demander une escorte. Elle n'était pas prisonnière et je n'étais certainement pas son geôlier. » Son sourire se fit grimace. « Pour être honnête, je crois que c'est ça plus que tout le départ ingrat et le vol qui me déçoit. »
Il roula des épaules et expira tout l'air dans ses poumons, évitant comme il pouvait de se soucier du sort de cette fille qui n'avait que faire de ses bons conseils. C'était difficile de tourner le dos à Myssa, même métaphoriquement,... ce qui était sûrement semblable au conditionnement dont parlait Zevran plus tôt. En tant que chef de meute il semblait contre nature d'abandonner quelqu'un qu'il avait été prêt à protéger sans poser de questions. Mais sans doute était-ce justement là son erreur.
« Oh j'ai terminé pour la plupart. Et puis tu es sûr que tu veux t'occuper des animaux ? Ça doit être terriblement ennuyant, non ? » Siha n'avait pas honte de ses tâches et refusait d'être remplacé malgré les nombreuses paires de mains libres maintenant disponibles, mais il doutait qu'un citadin trouve cela aussi relaxant que lui. Un peu incrédule, il était cependant excité comme enfant de voir Zevran vouloir s'impliquer. « Mais si tu y tiens vraiment, alors je suppose que je dois encore leur apporter de l'eau fraîche. Le ruisseau est un peu plus loin au sud, ce n'est pas très loin. »
Si ses prunelles dorées épiaient l’assassin derrière l'épais rideau de cheveux, la vérité c'est que leur collaboration avait fait une très bonne occasion de se revoir, même si depuis leur retour de Férelden Siha n'avait plus mentionné un seul projet. Car bien que l'aide de Zevran soit précieuse dans sa quête contre le réseau de la Lanterne Rouge, ce n'était pas l'essentiel de leur lien... Ou mettons peut-être qu'il avait peur de commettre une maladresse et donner lieu à des malentendus. D'autant qu'il était assez difficile de comprendre certaines choses, et que sa vie ne lui offrait que rarement le temps et les conditions nécessaires à faire lumière dans son esprit.
« Je vois ce que tu veux dire. C'est vrai qu'il est plus facile de s'ouvrir à quelqu'un qui a traversé une expérience similaire. Beaucoup de choses ne peuvent être expliquées ou exprimées par les mots. Mon lien à l'Immatériel est un peu comme ça. »
Sa condition de Rêveur était probablement dans la même catégorie, bien qu'en un domaine totalement différent des Corbeaux d'Antiva. Les mages traversaient souvent une éducation stricte pour les empêcher de sombrer, ce qui se vivait différemment selon le peuple et les contrées... Néanmoins cette empathie avec l'au-delà du Voile devenait encore plus difficile à vivre lorsqu'elle était cumulée à d'autres particularités lourdes de responsabilités.
Tout cela menait en tout cas à une grande solitude, mieux que personne Siha en était conscient. C'était sans doute pour des raisons similaires qu'il n'avait jamais réussi à s'ouvrir à ses semblables, et ce malgré leur disposition à lui prêter une oreille bienveillante. Surtout que c'était son rôle de la prêter à autrui.
« J'ai remarqué que tu avais été assez troublé par tes lectures quand nous étions à Fort Bastel, mais je n'ai pas osé t'importuner avec des questions. J'ai instinctivement tendance à garder mes habitudes dalatiennes et... m'immiscer dans les affaires de ceux qui m'entourent. Sache en tout cas que je peux toujours t'écouter si tu veux en parler, et je t'aiderai si je peux. »
L'archiviste tapota joueusement le genou de Zevran pour dédramatiser l'offre aussitôt celle-ci prononcée. Cela avait un je ne sais quoi de gênant de se montrer toujours sérieux, surtout que le but était d'aider son invité à se changer les idées, pas l'enliser dans ce qu'il essayait d'éviter. Par conséquent quand le sujet vogua vers ses jeunes années et les nombreuses bêtises de sa rébellion, Siha se contenta de sourire. Cela semblait si loin maintenant...
« Je le fais encore de temps en temps, mais je finis par rentrer plus coupable que quand je suis parti... alors ça a un peu perdu de son sens. Les gens ont besoin de moi. »
À nouveau penché en avant, il ne sut s'il se sentait fier ou accablé. Probablement les deux. Faisant mine d'avoir mal sous le coup de coude, il feignit tomber de la souche et lança un regard indigné à son interlocuteur.
« Oh hé, doucement, je suis fragile ! Et euh... ça dépend de mon humeur j'imagine. Généralement le loup et l'aigle sont mes formes de prédilection. Et la chouette parfois. Ils sont bien plus agiles et forts que moi, et l'exercice physique m'a toujours défoulé. Je ne suis pas guerrier alors les entraînements ce n'est pas pour moi, mais une course jusqu'à tomber de fatigue, c'est dans mes cordes. »
Les mains posées de chaque côté de ses hanches, Siha était penché en arrière, savourant l'odeur de la forêt et du repas qui était servi par Nethari à ceux présents à l'avant-poste. D'autres personnes s'étaient installées pour manger, néanmoins chacun discutait avec la même animation habituelle, sans leur prêter grande attention. Sauf peut-être Rasdir et Alice, qui continuaient de comploter de plus belle depuis le tendre geste de l'antivan.
Siha le premier n'osa pas bouger et se contenta de sourire sans mot dire, toujours surpris d'être traité de la sorte après aussi longtemps. C'était un peu dur pour les nerfs, mais on ne peut plus rafraîchissant de ne plus être sur un distant piédestal.
« Justement elle n'est ni dégourdie, ni autonome... j'ai bien peur qu'elle se perde dans la forêt ou se fasse dévorer par une bête sauvage. Je ne comprends pas... si elle voulait retrouver une des villes humaines, elle aurait pu demander une escorte. Elle n'était pas prisonnière et je n'étais certainement pas son geôlier. » Son sourire se fit grimace. « Pour être honnête, je crois que c'est ça plus que tout le départ ingrat et le vol qui me déçoit. »
Il roula des épaules et expira tout l'air dans ses poumons, évitant comme il pouvait de se soucier du sort de cette fille qui n'avait que faire de ses bons conseils. C'était difficile de tourner le dos à Myssa, même métaphoriquement,... ce qui était sûrement semblable au conditionnement dont parlait Zevran plus tôt. En tant que chef de meute il semblait contre nature d'abandonner quelqu'un qu'il avait été prêt à protéger sans poser de questions. Mais sans doute était-ce justement là son erreur.
« Oh j'ai terminé pour la plupart. Et puis tu es sûr que tu veux t'occuper des animaux ? Ça doit être terriblement ennuyant, non ? » Siha n'avait pas honte de ses tâches et refusait d'être remplacé malgré les nombreuses paires de mains libres maintenant disponibles, mais il doutait qu'un citadin trouve cela aussi relaxant que lui. Un peu incrédule, il était cependant excité comme enfant de voir Zevran vouloir s'impliquer. « Mais si tu y tiens vraiment, alors je suppose que je dois encore leur apporter de l'eau fraîche. Le ruisseau est un peu plus loin au sud, ce n'est pas très loin. »
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L’antivan eut un petit rire. Il imaginait difficilement Rasdir en mission d’infiltration en effet. Mais là encore, il était lui même un personnage bruyant et exubérant alors … qui pouvait savoir, Rasdir aurait peut-être un talent insoupçonné avec un peu d’entrainement?
- « Ah, Diletto nous voilà donc condamnés à travailler ensemble, alors. Je m’arrangerais pour supporter le poids de cette responsabilité. » il lui glissa un sourire espiègle qui dénaturait complètement le sérieux qu’il s’était appliqué à contrefaire dans sa voix.
Le rapport avec les pouvoirs de Siha le laissèrent surpris un instant, il ne s’était pas attendu à ce rapport mais il pouvait en effet voir le rapport. Des gens avaient déjà essayé de lui expliquer la sensation du lien avec l’immatériel, mais n’étant pas mage il ne pouvait qu’imaginer une vague approximation de ce qu’était le réel sentiment. Mais les mages trouvaient facilement d’autres mages pour en parler, un peu comme Zevran pouvait trouver d’autres assassins pour parler de son métier. Mais les pouvoirs de Siha avaient encore d’autres particularités, en tant que rêveur et de métamorphe devait être compliqué à exprimer même à d’autres mages. Il hocha la tête pour approuver la comparaison puis esquissa un sourire.
Siha enchaîna en l’encourageant à lui parler des lettres en question. Il n’avait pas l’habitude que l’archiviste pose des questions. Jusque là à moins que ce soit nécessaire à la mission, il avait simplement accueilli les informations que lui donnait l’assassin sans pousser. Une part de Zevran était heureux qu’il s’intéresse, l’autre avait envie de se replier derrière une blague quelconque pour détourner l’attention. Mais si les lettres de Leandro n’étaient pas divulguables, le soucis avec Allegra lui trottait dans la tête. Il n’avait pas vraiment envie d’en parler, pas parce qu’il ne faisait pas confiance à Siha mais parce qu’il considérait que pour garder un secret efficacement, le mieux à faire était de se taire… Mais le secret était de toute façon en train de lui exploser à la figure comme la chantrie de Kirkwall… Et il y aurait de toute façon au moins une personne de plus au courant : Wulf. Alors si Siha pouvait l’aider à parvenir à une décision…
Il se contenta d’écouter et de sourire aux récits qui suivirent. Il rit à la fausse indignation de l’archiviste et haussa les épaules à la suite des aventures de Myssa, mais il garda pour lui le fait qu’il pensait que c’était tant pis pour elle.
- "Ca ressemble à quelqu’un qui a eut besoin de s’enfuir pour exorciser le fait qu’elle n’a pas pu le faire avant. Ce n’est pas plus étonnant que ça, c’est un mécanisme de défense assez courant. C’est dommage pour elle mais avec un peu de chance elle se trouvera un endroit sûr. »
Il se mordit la lèvre un instant et revint au sujet précédant en cherchant ses mots. Il pouvait certainement avoir l’avis de Siha sur la situation avec Allegra sans lui révéler le plus important…
- « J’ai reçu deux des trois lettres étaient des messages de mes contacts à Antiva, rien de terrible mais …. La troisième était plus … perturbante. Un vieux dommage collatéral de mission qui refait surface en quelque sorte. Lorsque j’étais chez les Corbeaux, j’avais deux partenaires. Taliesin et Rinna. Rinna… Rinna est morte en mission, avant de mourir elle nous a révélé qu’elle avait une fille, qu’elle avait caché dans un bordel. Les Corbeaux nous interdisent d’avoir des relations amoureuses et de fonder des familles, vois-tu, ce genre de sensiblerie n’a pas de place dans la vie d’un bon assassin… ou en tout cas c’est comme ça qu’ils voient les choses. Bref… Taliesin ne l’a pas crue, et il s’en moquait je crois. Il a dit quelque chose comme ‘’bah au pire, si cette gamine existe, elle deviendra une pute, c’est pas si terrible’’ … Rinna et moi étions proches et je savais qu’elle avait probablement caché sa fille dans un bordel parce qu’elle connaissait quelqu’un de confiance pour prendre soin de la petite mais elle n’avait aucun attrait pour ce monde là. Je suis allée dans ce bordel et j’ai trouvé la petite. Je l’ai retirée de l’établissement et confiée à un clan dalatien qui campait à quelques kilomètres de Rialto. Ils ont accepté de la prendre à condition que je n’ai plus aucun contact avec, pour que les Corbeaux n’apprennent pas son existence. »
Il prit un instant pour respirer. C’était la vérité, pas toute la vérité mais la vérité quand même. Se passant une main sur la figure, il baissa la voix légèrement pour continuer.
- « Le problème c’est qu’elle est allée en ville il y a quelques mois et elle s’est fait repérer par les Corbeaux, elle n’a pas laissé de témoin vivant mais du coup son clan a décidé de la rejeter pour ne pas avoir de problèmes. Elle est retournée dans le bordel où elle a passé les trois premières années de sa vie et la tenancière a pensé que c’était une bonne idée de la diriger vers moi… Elle est en chemin vers Fort Bastel…. Parce que quand on veut vraiment trouver Zevran, on passe par Wulf Cousland apparemment » dit-il avec un claquement de langue agacé. « Elle doit avoir seize ans maintenant… Et je n’ai aucune idée de ce que je vais faire d’elle. »
Il se leva, cela lui donna une excuse pour chasser l’inconfort de la confession qu’il venait de faire et tendit une main à Siha pour l’aider à faire de même.
- « Ne te fis pas à la manière dont je traite ce cheval là. » il montra la jument qui broutait à l’entrée du clan et qui menaçait du sabot quiconque essayait de l’approcher. « Elle est de mauvaise humeur à chaque fois qu’on s’arrête quelque part, je dois attendre qu’elle se calme et qu’elle ait mangé pour pouvoir la desseller sinon je me fais botter les fesses au sens propre du terme… étrangement, elle est toujours contente quand on repart et elle me suit partout quand je suis à pieds…. Va comprendre… » Il laissa échapper un petit rire. « Mais non, je ne trouve pas cela ennuyeux et je serai plus qu’heureux de participer. Je te laisse me montrer le chemin. »
Et puis comme ça il aurait quelque chose à faire pendant qu’ils parlaient de la situation d’Allegra.
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Ils ne se connaissaient pas depuis des lustres c'est vrai, mais quelque chose d'infime dans l'alchimie qui les liait le rendait conscient et sensible aux subtiles changements d'humeur de Zevran. Aussi Siha ne fut guère étonné quand la conversation prit une tournure des plus sérieuses, les missives ayant apporté leur plein de nouvelles. Le souvenir de l'antivan dont l'expression se referme comme un rideau que l'on tire sur ses sentiments était resté vif dans son esprit. Et bien que ce soit prévisible qu'un assassin garde pour lui ses états d'âme, cela restait étrange pour ceux qui l'avaient toujours connu comme un bout-en-train plein d'humour.
Seulement derrière tout masque se trouvait un visage, et celui de l'antivan se révélait petit à petit, au gré des confidences qu'il se risquait à lui faire. Dans un silence religieux, l'archiviste écouta attentivement, relevant ça et là les rares signes qui perçaient à travers la neutralité excessive du récit. C'était complet et concis, passant droit sur les détails superflus, mais surtout passant sur toutes les implications personnelles. C'était presque comme s'il était en train de lui raconter l'histoire de quelqu'un d'autre, comme s'il s'en détachait formellement. Pourtant il n'y avait qu'à étudier son langage corporel, la tension dans ses muscles et sa respiration retenue pour sentir le malaise. Pour une raison qui lui échappait encore,... Siha sut que c'était du sérieux.
Un 'dommage collatéral', en voilà une manière de parler d'une jeune fille... Pinçant ses lèvres, le dalatien passa outre le commentaire désobligeant de ce nommé Taliesin -qui déjà ne lui inspirait rien de bon- et s'interrogea sur la raison pour laquelle Zevran avait retenu cette réplique plus qu'une autre. Cette enfant lui tenait-elle tant à cœur, et si oui, pourquoi ?
Loin de lui l'idée de penser que le mercenaire n'était pas capable de compassion, il l'avait vu à l’œuvre et savait qu'il n'aimait pas faire couler le sang inutilement. Par ailleurs il semblait aussi du genre à savoir s'affranchir de certaines attaches quand cela l'arrangeait, surtout s'il n'était pas directement concerné. Pensif, Siha l'observa comme un faucon épie une proie particulièrement farouche.
Il avait la sensation de deviner où tout cela allait en venir et il ne savait pas vraiment quoi en penser. Zevran cherchait-il juste à vider son sac pour se sentir mieux, ou bien attendait-il qu'il fasse un geste juste après lui avoir naturellement proposé son aide ? Haussant un sourcil dubitatif, il sourit nonchalamment et se demanda si le blond n'avait pas plus de points communs avec Mira qu'il ne l'avait initialement imaginé. L'amertume remonta dans sa gorge et se répandit d'un goût âcre sur sa langue, mais il ne pipa mot. Avec un grand calme, il commença par réfléchir à des possibilités.
« Cette gamine, a-t-elle un prénom ? » Demanda-t-il tout d'abord, ayant du mal à saisir pourquoi cela n'avait pas encore été dit. Les nerfs, peut-être ?
« Tu pourrais essayer de la faire transférer à un autre clan dans le sud, quelque part loin d'Antiva, là où les Corbeaux auront beaucoup moins d'influence et ne pourront pas la retrouver facilement. Les clans sont mobiles, ce qui les rend bien moins faciles à tracer... et avec les bonnes informations ils pourraient prendre des précautions en conséquence. Enfin je ne sais pas si c'est là ce que tu attends de moi, mais je peux glisser un mot en sa faveur auprès des autres archivistes. Je ne peux pas te garantir que cela fonctionne étant donné le facteur de danger, mais qui ne tente rien n'a rien. »
Bien sûr en ultime recours il pourrait toujours offrir l'asile à la jeune fille, néanmoins c'était une procédure assez risquée en lumière des circonstances actuelles. L'établissement de Varethan était récent et les Felassan ne désiraient pas attirer l'attention extérieure tant que des défenses à toute épreuve ne seraient pas mises en place. Et si le Mistral et les géants dans le nord rendait l'axe nord presque impénétrable, dans le sud les choses étaient bien plus agitées. Attirer l’œil des Corbeaux sur ce qui se voulait être un sanctuaire capable d'accueillir des civils ce n'était pas vraiment son idée première, pas après avoir longuement sué sang et eau pour le rendre possible.
« Actuellement je n'ai pas les moyens d'accueillir cette fille en sachant les risques que cela comprend. Les choses sont un peu... mouvementées en ce moment. Des shem s'activent dans le sud et fouinent un peu partout, et je n'aime pas ça. Je ne sais pas vraiment ce qu'ils veulent ou recherchent, et ne suis pas prêt à compromettre les miens sans que les choses se soient stabilisées avant. J'espère que tu comprends. »
Il ne pouvait pas vraiment rentrer dans les détails, mais il ne souhaitait pas lui mentir non plus. Et c'est ce à quoi il s'était tenu en mentionnant la présence des mages -dont il ignorait encore les intentions- et les hommes de Fairbanks, dont les allées et venues suspectes avaient augmenté depuis son retour. Mais là encore il ne pouvait qu'espérer que ce soit le besoin de survivre qui les fasse inspecter la région à la recherche d'alternatives plutôt qu'une alliance avec des orlésiens ou Mythal sait quel autre joyeuseté.
Soupirant pour chasser l'inquiétude, il replaça une mèche noire derrière son oreille et saisit la main qui lui était tendue.
« Étrange, je n'aurais pas cru que tu serais du genre à aimer ce genre de tâches. Je t'imaginais plus porté sur les gens que les animaux, mir yeran. » La taquinerie visait autant à le détendre qu'à se changer les idées, le tout en profitant de la relative intimité que leur procurait l'allée au ruisseau. S'il y avait bien un moment propice à sortir deux ou trois âneries, c'était maintenant. Il saisit deux grands seaux près de l'aravel et se mit en route à grandes enjambées, sans se retourner pour l'attendre. « Enfin j'imagine que je me trompe. Tu n'as pas dû adopter le surnom de 'Mésange' par hasard, j'imagine. À moins que ce soit pour satisfaire les fantaisies de tes clients orlésiens ? »
Seulement derrière tout masque se trouvait un visage, et celui de l'antivan se révélait petit à petit, au gré des confidences qu'il se risquait à lui faire. Dans un silence religieux, l'archiviste écouta attentivement, relevant ça et là les rares signes qui perçaient à travers la neutralité excessive du récit. C'était complet et concis, passant droit sur les détails superflus, mais surtout passant sur toutes les implications personnelles. C'était presque comme s'il était en train de lui raconter l'histoire de quelqu'un d'autre, comme s'il s'en détachait formellement. Pourtant il n'y avait qu'à étudier son langage corporel, la tension dans ses muscles et sa respiration retenue pour sentir le malaise. Pour une raison qui lui échappait encore,... Siha sut que c'était du sérieux.
Un 'dommage collatéral', en voilà une manière de parler d'une jeune fille... Pinçant ses lèvres, le dalatien passa outre le commentaire désobligeant de ce nommé Taliesin -qui déjà ne lui inspirait rien de bon- et s'interrogea sur la raison pour laquelle Zevran avait retenu cette réplique plus qu'une autre. Cette enfant lui tenait-elle tant à cœur, et si oui, pourquoi ?
Loin de lui l'idée de penser que le mercenaire n'était pas capable de compassion, il l'avait vu à l’œuvre et savait qu'il n'aimait pas faire couler le sang inutilement. Par ailleurs il semblait aussi du genre à savoir s'affranchir de certaines attaches quand cela l'arrangeait, surtout s'il n'était pas directement concerné. Pensif, Siha l'observa comme un faucon épie une proie particulièrement farouche.
Il avait la sensation de deviner où tout cela allait en venir et il ne savait pas vraiment quoi en penser. Zevran cherchait-il juste à vider son sac pour se sentir mieux, ou bien attendait-il qu'il fasse un geste juste après lui avoir naturellement proposé son aide ? Haussant un sourcil dubitatif, il sourit nonchalamment et se demanda si le blond n'avait pas plus de points communs avec Mira qu'il ne l'avait initialement imaginé. L'amertume remonta dans sa gorge et se répandit d'un goût âcre sur sa langue, mais il ne pipa mot. Avec un grand calme, il commença par réfléchir à des possibilités.
« Cette gamine, a-t-elle un prénom ? » Demanda-t-il tout d'abord, ayant du mal à saisir pourquoi cela n'avait pas encore été dit. Les nerfs, peut-être ?
« Tu pourrais essayer de la faire transférer à un autre clan dans le sud, quelque part loin d'Antiva, là où les Corbeaux auront beaucoup moins d'influence et ne pourront pas la retrouver facilement. Les clans sont mobiles, ce qui les rend bien moins faciles à tracer... et avec les bonnes informations ils pourraient prendre des précautions en conséquence. Enfin je ne sais pas si c'est là ce que tu attends de moi, mais je peux glisser un mot en sa faveur auprès des autres archivistes. Je ne peux pas te garantir que cela fonctionne étant donné le facteur de danger, mais qui ne tente rien n'a rien. »
Bien sûr en ultime recours il pourrait toujours offrir l'asile à la jeune fille, néanmoins c'était une procédure assez risquée en lumière des circonstances actuelles. L'établissement de Varethan était récent et les Felassan ne désiraient pas attirer l'attention extérieure tant que des défenses à toute épreuve ne seraient pas mises en place. Et si le Mistral et les géants dans le nord rendait l'axe nord presque impénétrable, dans le sud les choses étaient bien plus agitées. Attirer l’œil des Corbeaux sur ce qui se voulait être un sanctuaire capable d'accueillir des civils ce n'était pas vraiment son idée première, pas après avoir longuement sué sang et eau pour le rendre possible.
« Actuellement je n'ai pas les moyens d'accueillir cette fille en sachant les risques que cela comprend. Les choses sont un peu... mouvementées en ce moment. Des shem s'activent dans le sud et fouinent un peu partout, et je n'aime pas ça. Je ne sais pas vraiment ce qu'ils veulent ou recherchent, et ne suis pas prêt à compromettre les miens sans que les choses se soient stabilisées avant. J'espère que tu comprends. »
Il ne pouvait pas vraiment rentrer dans les détails, mais il ne souhaitait pas lui mentir non plus. Et c'est ce à quoi il s'était tenu en mentionnant la présence des mages -dont il ignorait encore les intentions- et les hommes de Fairbanks, dont les allées et venues suspectes avaient augmenté depuis son retour. Mais là encore il ne pouvait qu'espérer que ce soit le besoin de survivre qui les fasse inspecter la région à la recherche d'alternatives plutôt qu'une alliance avec des orlésiens ou Mythal sait quel autre joyeuseté.
Soupirant pour chasser l'inquiétude, il replaça une mèche noire derrière son oreille et saisit la main qui lui était tendue.
« Étrange, je n'aurais pas cru que tu serais du genre à aimer ce genre de tâches. Je t'imaginais plus porté sur les gens que les animaux, mir yeran. » La taquinerie visait autant à le détendre qu'à se changer les idées, le tout en profitant de la relative intimité que leur procurait l'allée au ruisseau. S'il y avait bien un moment propice à sortir deux ou trois âneries, c'était maintenant. Il saisit deux grands seaux près de l'aravel et se mit en route à grandes enjambées, sans se retourner pour l'attendre. « Enfin j'imagine que je me trompe. Tu n'as pas dû adopter le surnom de 'Mésange' par hasard, j'imagine. À moins que ce soit pour satisfaire les fantaisies de tes clients orlésiens ? »
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Le regarde perçant de Siha le mit encore plus mal à l’aise, il avait l’impression que l’archiviste voyait à travers lui et il n’était pas particulièrement fan de cette sensation. Il s’efforça à respirer calmement. Cela faisait beaucoup de confessions en quelques jours, entre Tullia et Siha, il s’était senti plus vulnérable en une semaine que durant les dix dernières années. La dernière fois qu’il avait eut une conversation aussi sérieuse c’était probablement lorsqu’il avait raconté à Wulf ce qui était réellement arrivé à Rinna. Cela remontait à il y avait presque dix ans. C’était d’ailleurs la première fois qu’il parlait d’Allegra à quelqu’un depuis qu’il l’avait placée chez les dalatiens et il avait l’impression de se tenir au bord d’un gouffre, un peu comme avant.
La questions de Siha le surprit et le sortit de son soudain mutisme. Il baissa les yeux pour éviter ceux de Siha. Il avait répété ce nom des milliards de fois dans sa tête, il ne l’avait jamais prononcé à voix haute.
- « Je ne sais pas si les dalatiens l’ont rebaptisée… Donc je ne sais pas comment elle se fait appeler aujourd’hui. Mais sa Rinna l’avait baptisée Allegra. » dit-il d’une voix qui se brisait imperceptiblement. « C’est... le mot Antivan pour dire Joie. »
Il prit une longue inspiration pour garder ses émotions sous contrôle et secoua légèrement la tête. En écoutant Siha il eut l’impression d’avoir fait un faux pas en demandant quelque chose de déplacé malgré le calme apparent du Dalatien. Il secoua à nouveau la tête pour manifester son refus face à l’aide que proposait Siha.
- « C’est très aimable à toi de proposer de l’aide mais je ne pense pas que ce soit une bonne solution. Si les Corbeaux l’ont repérée ils vont probablement la chercher dans le sud, parce qu’ils savent où j’opère. Je ne veux pas mettre un autre clan en danger. Je n’avais pas l’intention de te demander de lui trouver un nouveau foyer parmi les tiens je…. La vérité c’est qu’elle ramène avec elle un passé auquel je préférerai ne pas avoir à faire face et je suis tenté de ne pas aller à Fort Bastel du tout… et de laisser Wulf décider de ce qui est bon pour elle, comme un lâche. »
La main qui reposait toujours sur son bras se serra, plissant le tissu de sa tunique
- « Je ne la connais pas, je ne sais pas qui elle est, je ne sais pas ce qu’elle veut de la vie, ou ce dont elle a besoin. » Il rajouta mentalement qu’il était responsable du meurtre de sa mère mais ne dit rien à voix haute. « Je suis juste l’homme qui a décidé quand elle avait trois ans que sa mère n’aurait pas voulu qu’elle devienne une prostitué et qui lui a trouvé un autre endroit où vivre. Quel genre de droit ai-je de décider ce qu’elle doit devenir maintenant ? Et je n’ai pas le temps d’apprendre à la connaître et de le découvrir, je ne peux pas la traîner à travers le pays pendant que j’assassine des gens et que je mets des bâtons dans les roux aux Corbeaux ! »
Il suivit Siha jusqu’à une Aravel et prit les seaux qui restaient avant de le suivre. Braska, ces gens qui étaient dotés de jambes de géants !
- « Ahahah, je préfère les gens aux animaux mais pour une raison seulement, j’en sais plus long sur les gens, je suis toujours un peu pris au dépourvu quand je me retrouve à devoir m’occuper d’animaux que je ne connais pas. Même les chevaux… d’un cheval à l’autre j’ai du mal à m’habituer aux changements de régimes, de matériel, de rythme. Et pourtant je monte à cheval depuis des années. »
Il trotta pour rattraper Siha qui semblait animé d’un genre d’énergie soudaine. Est ce qu’il faisait courir tout le clan comme ça où était-ce un traitement spécial pour avoir dit une connerie plus tôt ?
- « Ahah pour la petite histoire sache que les mésanges sont de perfides petites créatures. Te souviens-tu du poème que je lisais lorsque nous nous sommes rencontrés la première fois ? Le poème raconte comment les mésange, ces petites créatures adorables et charmantes, se mettent en bande pour tuer de plus gros oiseaux quand elles doivent défendre leur territoire ou lorsque l’hiver est trop rude. De sales petites bestioles. Et puis après avoir été un Corbeau une grande partie de ma vie, l’idée de reprendre un nom d’oiseau me plaisait assez. »
Il décida de revenir au sujet des taches quotidiennes, qui lui semblait plus léger.
- « De quels animaux est ce que tu t’occupes ? J’entends toujours parler des hahls mais je n’ai jamais eu l’occasion d’en voir de près, j’ai toujours eu l’impression que ce n’était pas vraiment une bonne idée de demander à les voir lors de mes précédentes visites dans différents clans. »
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Ce n'était vraiment pas le moment choisi, mais Siha ne put s'empêcher de constater à quel point Zevran était charmant avec ses grands airs de gamin pris en faute. L'embarras et la nervosité lui donnaient un air plus innocent qu'il ne pourrait jamais simuler, même avec ses talents d'acteur prêt à tout pour séduire. Mais sans doute était-ce simplement du sadisme de sa part que de penser à cela au milieu d'une discussion sérieuse.
Dans tous les cas les fissures qu'il décela dans la carapace de l'antivan finirent de transformer son attirance en empathie, et c'est avec affection que Siha posa une main sur sa cuisse, sans songer un seul instant à se moquer. Les choses étaient apparemment encore plus graves qu'il ne l'avait pensé.
« C'est un joli nom. » Murmura-t-il doucement, tenté de le toucher sans oser ébaucher d'autres gestes de peur d'être mal compris. Néanmoins il n'en bougea pas sa main et laissa même parfois ses doigts courir légèrement sur son genou. Le contact se voulait rassurant et non tendancieux, un simple encouragement à poursuivre ce qu'il avait commencé, une ancre.
« Je comprends ce soit une décision difficile. Si jamais tu changes d'avis plus tard, sache que l'offre tiendra toujours. » Siha se tourna vers Zevran et prit la main crispée dans la sienne, qu'il recouvrit doucement. « Eh... j'envie l'honnêteté avec laquelle tu reconnais tes lacunes. C'est souvent plus difficile de reconnaître leur existence que de les corriger, alors ne sois pas aussi dur envers toi-même, mir yeran. Si tu étais aussi lâche que tu le prétends, tu n'essaierais pas de faire face pour faire ce que tu penses nécessaire. »
Siha n'était pas le genre de personne capable de mentir éhontément juste pour le faire se sentir mieux, mais d'un autre côté il ne pouvait pas rester là à l'écouter se flageller sans rien faire. Clairement le dilemme de l'avenir d'Allegra lui pesait plus qu'il n'était prêt à l'admettre, probablement même plus que ce qu'il n'en avait conscience. Et si une solution parfaite n'allait pas tomber du ciel comme par magie, il n'en restait pas moins plus facile d'en trouver une en y réfléchissant ensemble. Content que Zevran ait choisi de lui parler, Siha lui sourit.
« Tu n'as pas un train de vie qui te permette de t'occuper d'elle en personne, et tu ne peux pas non plus ignorer le problème et faire semblant de rien. Il n'y a rien de mal à ça. Ce genre de responsabilités n'est pas facile à endosser, et apprendre à connaître quelqu'un cela ne se fait pas en deux jours. Dis-toi qu'il faut attaquer une chose à la fois. Trouvons-lui d'abord un endroit où rester en sécurité, même si c'est temporaire. Avec un peu de chance les choses finiront par se stabiliser... Et puis elle a seize ans et sûrement déjà son propre avis sur la question. Si jamais il lui faut entendre la voix de la raison je peux lui parler. Je gère bien Rasdir et ses enfantillages tous les jours que Mythal fait... alors e peux m'en sortir avec une jeune fille ! »
Un léger rire quitta ses lèvres entrouvertes, tandis qu'il passait à autre chose. Il n'y avait pas lieu d'insister éternellement sur le même sujet, de toute façon l'ancien Corbeau avait sûrement déjà beaucoup de grain à moudre avec ce qu'ils s'étaient dit. Et puis le voir hésitant c'était marrant deux minutes, mais cela n'avait aucun intérêt s'il était aussi triste et penaud.
Utilisant leur tâche partagée comme la meilleure des excuses, Siha souffla un bon coup quand l'antivan sauta sur l'occasion pour retrouver la bonhomie qui lui était coutumière. Tenant ses deux seaux d'une seule main, Siha passa un bras autour des épaules du duelliste, avec toute la désinvolture du monde. Marchant côte à côte, il lui fallut ralentir pour ajuster leur vitesse de marche.
« J'en déduis donc que tu es une 'perfide petite créature' capable de guetter le bon moment pour t'attaquer à plus grand que toi... C'est le moment où je dois trembler de peur d'être ta prochaine victime ? »
La question sonnait en effet chargée de souci, mais le sourire carnassier qui lui était réservé le contredisait ouvertement. Tirant la nuque de Zevran plus près de lui, il frotta sa joue à la sienne. La vérité c'est qu'ainsi paré de vêtements de travail et les cheveux en bataille, Siha passerait facilement pour un membre lambda du clan, ce qu'était pas pour lui déplaire. C'était en ces moments simples de la vie quotidienne qu'il se sentait le plus heureux, surtout lorsqu'il n'avait plus à dispenser conseils et jugements depuis son haut piédestal.
« Les Bellanaris possèdent une harde de hahls, qui guident nos Aravels pendant nos voyages. Ce sont des bêtes agiles et gracieuses qui ressemblent aux élans que l'on trouve parfois à Férelden. En plus fort et beaucoup plus intelligent. » Il avait du mal à cacher son excitation, pour une raison qui lui était inconnue. De plus il pourrait parler de ses hahls pendant des heures sans jamais se lasser, mais ça risquait d'être redondant à la longue.
« Je peux te montrer si tu veux. De toute façon une fois qu'ils auront à boire je dois surveiller Ankhil, une femelle qui doit bientôt mettre bas. L'événement est relativement rare et très spécial, d'autant que les hahls sont des créatures sacrées à nos yeux, alors comme la naissance est imminente, il y a toujours quelqu'un qui se relaie devant l'enclos. Et puis si tu te sens toujours seul cette nuit, je suis sûr que Jade te tiendra compagnie. Il a l'air de bien t'apprécier... » Ajouta-t-il avec espièglerie, guettant sa réaction.
Dans tous les cas les fissures qu'il décela dans la carapace de l'antivan finirent de transformer son attirance en empathie, et c'est avec affection que Siha posa une main sur sa cuisse, sans songer un seul instant à se moquer. Les choses étaient apparemment encore plus graves qu'il ne l'avait pensé.
« C'est un joli nom. » Murmura-t-il doucement, tenté de le toucher sans oser ébaucher d'autres gestes de peur d'être mal compris. Néanmoins il n'en bougea pas sa main et laissa même parfois ses doigts courir légèrement sur son genou. Le contact se voulait rassurant et non tendancieux, un simple encouragement à poursuivre ce qu'il avait commencé, une ancre.
« Je comprends ce soit une décision difficile. Si jamais tu changes d'avis plus tard, sache que l'offre tiendra toujours. » Siha se tourna vers Zevran et prit la main crispée dans la sienne, qu'il recouvrit doucement. « Eh... j'envie l'honnêteté avec laquelle tu reconnais tes lacunes. C'est souvent plus difficile de reconnaître leur existence que de les corriger, alors ne sois pas aussi dur envers toi-même, mir yeran. Si tu étais aussi lâche que tu le prétends, tu n'essaierais pas de faire face pour faire ce que tu penses nécessaire. »
Siha n'était pas le genre de personne capable de mentir éhontément juste pour le faire se sentir mieux, mais d'un autre côté il ne pouvait pas rester là à l'écouter se flageller sans rien faire. Clairement le dilemme de l'avenir d'Allegra lui pesait plus qu'il n'était prêt à l'admettre, probablement même plus que ce qu'il n'en avait conscience. Et si une solution parfaite n'allait pas tomber du ciel comme par magie, il n'en restait pas moins plus facile d'en trouver une en y réfléchissant ensemble. Content que Zevran ait choisi de lui parler, Siha lui sourit.
« Tu n'as pas un train de vie qui te permette de t'occuper d'elle en personne, et tu ne peux pas non plus ignorer le problème et faire semblant de rien. Il n'y a rien de mal à ça. Ce genre de responsabilités n'est pas facile à endosser, et apprendre à connaître quelqu'un cela ne se fait pas en deux jours. Dis-toi qu'il faut attaquer une chose à la fois. Trouvons-lui d'abord un endroit où rester en sécurité, même si c'est temporaire. Avec un peu de chance les choses finiront par se stabiliser... Et puis elle a seize ans et sûrement déjà son propre avis sur la question. Si jamais il lui faut entendre la voix de la raison je peux lui parler. Je gère bien Rasdir et ses enfantillages tous les jours que Mythal fait... alors e peux m'en sortir avec une jeune fille ! »
Un léger rire quitta ses lèvres entrouvertes, tandis qu'il passait à autre chose. Il n'y avait pas lieu d'insister éternellement sur le même sujet, de toute façon l'ancien Corbeau avait sûrement déjà beaucoup de grain à moudre avec ce qu'ils s'étaient dit. Et puis le voir hésitant c'était marrant deux minutes, mais cela n'avait aucun intérêt s'il était aussi triste et penaud.
Utilisant leur tâche partagée comme la meilleure des excuses, Siha souffla un bon coup quand l'antivan sauta sur l'occasion pour retrouver la bonhomie qui lui était coutumière. Tenant ses deux seaux d'une seule main, Siha passa un bras autour des épaules du duelliste, avec toute la désinvolture du monde. Marchant côte à côte, il lui fallut ralentir pour ajuster leur vitesse de marche.
« J'en déduis donc que tu es une 'perfide petite créature' capable de guetter le bon moment pour t'attaquer à plus grand que toi... C'est le moment où je dois trembler de peur d'être ta prochaine victime ? »
La question sonnait en effet chargée de souci, mais le sourire carnassier qui lui était réservé le contredisait ouvertement. Tirant la nuque de Zevran plus près de lui, il frotta sa joue à la sienne. La vérité c'est qu'ainsi paré de vêtements de travail et les cheveux en bataille, Siha passerait facilement pour un membre lambda du clan, ce qu'était pas pour lui déplaire. C'était en ces moments simples de la vie quotidienne qu'il se sentait le plus heureux, surtout lorsqu'il n'avait plus à dispenser conseils et jugements depuis son haut piédestal.
« Les Bellanaris possèdent une harde de hahls, qui guident nos Aravels pendant nos voyages. Ce sont des bêtes agiles et gracieuses qui ressemblent aux élans que l'on trouve parfois à Férelden. En plus fort et beaucoup plus intelligent. » Il avait du mal à cacher son excitation, pour une raison qui lui était inconnue. De plus il pourrait parler de ses hahls pendant des heures sans jamais se lasser, mais ça risquait d'être redondant à la longue.
« Je peux te montrer si tu veux. De toute façon une fois qu'ils auront à boire je dois surveiller Ankhil, une femelle qui doit bientôt mettre bas. L'événement est relativement rare et très spécial, d'autant que les hahls sont des créatures sacrées à nos yeux, alors comme la naissance est imminente, il y a toujours quelqu'un qui se relaie devant l'enclos. Et puis si tu te sens toujours seul cette nuit, je suis sûr que Jade te tiendra compagnie. Il a l'air de bien t'apprécier... » Ajouta-t-il avec espièglerie, guettant sa réaction.
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La main de Siha sur sa cuisse le surprit, et en même temps pas tellement. Il n’était pas étonné du contact en lui même, après tout, ils se touchaient régulièrement, avec ou sans intention de séduire. Mais il y avait quelque chose ...d’empathique dans ce toucher qui desserra un nœud quelque part entre sa gorge et son ventre. Son premier réflexe fût de condamner la proximité que ce genre de proximité qui s’installait entre eux, ce qu’il ne comprit pas lui-même car il n’y avait là rien de condamnable. Sans doute la familiarité et l’affection que dégageait ce geste avait-elles réveillé de vieilles traces d’un conditionnement qu’il tentait d’écarter de sa vie. Il ne passa pas plus de quelques secondes à casser cette sensation au loin. Elle fut remplacée par l’idée de détourner ce geste chaste en prétendant y voir des intentions libidineuses… mais là encore il en chassa la possibilité. Ah … les vieux réflexes… Au final, n’ayant toujours pas compris ce que ce geste avait de particulier pour que sa tête essaie d’y échapper, il décida de régler le problème en y répondant comme un peu plus tôt : il couvrit la main fautive de la sienne et la caressa du pouce.
C’était un geste connu, rassurant et qui était relativement neutre de son point de vue. Il n’engageait ni à battre en retraite ni à aller plus loin. Simplement à rester là et à apprécier le moment, c’était suffisant.
- « Je trouve aussi... » dit-il dans un sourire en coin. « Cela en dit long sur ce qu’elle représentait pour Rinna. »
Il esquissa un petit rire lorsque l’archiviste lui dit qu’il l’enviait pour son honnêteté. De son point de vue c’était compliqué de ne pas voir ses propres défauts, ils avaient toujours fini par lui attirer tellement d’ennuis qu’ils semblaient revenir armé pour lui en mettre plein la figure. Son arrogance avait irrité les maitres assassins, ils avaient fait en sorte que Taleisin et lui soient ceux qui tueraient Rinna. Son inconstance et son immaturité avaient fait penser à la femme qu’il aimait qu’il ne méritait pas de savoir qu’il avait une fille. Sa lâcheté l’avait empêché de quitter les corbeaux pour l’élever. Finalement la situation dans laquelle il se trouvait aujourd’hui était simplement la preuve qu’il n’avait pas tellement changé.
Son arrogance lui faisait croire qu’il pouvait changer les Corbeaux en se mettant en travers de leur route, son inconstance faisait qu’il était toujours le port dans la tempête, sa lâcheté l’empêchait de se confronter à sa fille face à face. Certes les formes du tableau avaient changé, mais les couleurs étaient toujours les mêmes. Quelque part, il était en paix avec cela, si sa vie devait se résumer à une suite d’amants et d’aventures cela lui convenait. Il avait toujours des histoires à raconter et il savait que de nombreuses personnes étaient toujours friandes du récit de ses voyages et de ses rencontres. C’était suffisant.
- « Je te remercie, j’y penserai. » dit-il en se jurant que d’il devait présenter Allegra à Siha il y aurait probablement peu de chances qu’il ne comprenne pas qu’elle était sa fille. La gamine avait déjà ses yeux quand elle était petite, d’après Jezabel. Allez savoir ce dont elle avait hérité d’autre. Il hocha la tête… Siha avait raison, une chose à la fois. « J’imagine que pour savoir si elle comprend dans quelle situation elle est j’ai assez peu de choix … il va probablement savoir que j’aille la rencontrer… » Il soupira. « Qu’est ce qu’elle est allée foutre en ville ? » se rendant compte que cette réplique pouvait-être mal interprétée, il précisa : « Nos dalatiens, à Antiva sont plus…. Farouches que leurs cousins du sud… Il est très rare d’en apercevoir et s’approcher d’eux sans y avoir été invité finit généralement très mal… C’est un peu sur ça que je comptais quand je l’ai cachée chez eux. Le clan Alhavenlan est connu autour de Rialto pour être particulièrement hostile aux instrus…. J’espérais qu’elle n’ait jamais aucun contact en dehors des clans du pays et de Rivein... »
Sautant en effet sur l’occasion pour fuir cette conversation beaucoup trop pesante à son goût, il sourit malicieusement à la perche qui lui était tendue sur son nom d’assassin.
- « Aaaah Diletto, mais c’est la définition même de mon métier. Mais ne t’inquiète pas, il faudrait que quelqu’un me paie pour que je tente de t’assassiner et puis je suis certain que la différence de taille ne se voit plus tellement dans certaines situations… » Il lui lança un regard qui laissait parfaitement entendre de quel genre de situations très horizontales il parlait. « Et quand bien même, je suis certain qu’il y aurait moyen de s’arranger si quelqu’un avait l’idée farfelue d’assassiner des archivistes. Tu bouges le clan, je ramène une preuve quelconque, on partage le prix de ton « assassinat », le tour est joué et tout le monde est content. » dit-il en riant.
Autour d’eux la vie du clan battait son plein, leur périple vers la rivière faisait remonter vers eux quelques regards curieux mais rien de plus. Il n’était pas tellement surpris, les nouvelles vont vite dans les communautés isolées, sa venue n’était certainement plus un mystère pour personne. Il écouta Siha babiller sur ses hahls avec plaisir, c’était un autre côté du dalatien qu’il n’avait encore jamais vu. Le voir tout débraillé, poussiéreux, décoiffé n’enlevait rien à son charme, si cela n’en rajoutait pas davantage et cette facette passionnée qu’il dévoilait n’était pas non plus pour lui déplaire…. Tout seul avec son chat ? Comme …. dans la tente de Siha, avec son chat ? Voilà qui méritait quelques investigations.
- « Avec tout le respect que je dois à ton chat, si tu me dis que je peux venir voir les Hahls et qu’il va y avoir une naissance, tu crois vraiment que je vais rester dans ta tente à câliner ta boule de poil ? À moins que ma présence ne soit pas souhaitée – ce que je comprendrais, je ne fais pas partie du clan après tout- Si Jade veut se faire gratter derrière les oreilles il viendra jusqu’à l’enclos. »
Il ponctua le tout d’un rire chaud et d’un clin d’oeil dans la direction de Siha. Arrivé à la rivière il se libéra du bras de l’archiviste pour remplir les sceaux qu’il portait.
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Son visage pâle était animé d'une expression douce et neutre, Siha portant son bon conseil comme une armure. Hors de question d'ouvertement montrer de l'empathie ou un surplus de considération qui seraient mépris pour de la pitié ; car Zevran l'interpréterait comme une marque de sa faiblesse et se replierait dans sa coquille. D'ailleurs l'hésitation marquée avec laquelle ce dernier réagit à son toucher trahissait son trouble émotionnel... au moins autant que son petit rire nerveux.
Quelque chose sembla se tendre et se comprimer dans la poitrine de l'archiviste, qui gardait le silence pour mieux laisser place à ce que l'antivan voudrait bien lui dire. Et sa patience sembla finalement porter ses fruits après quelques minutes d'introspection, car les informations tombèrent petit à petit, au goutte à goutte, portées par un léger élan de confidence.
Siha écouta attentivement, rassemblant les données éparses autour du sujet comme on regroupe les pièces d'un puzzle cryptique. Par ailleurs les noms cités étaient sûrement plus parlants que Zevran ne l'avait initialement voulu. Les Alhavenlan... ce clan était familier. Ils lui avaient fait grande impression au dernier Arlathven, pour avoir une politique très farouche envers le monde extérieur... et une passion débordante envers leur peuple.
Son homologue lui avait inspiré un profond respect pour son aptitude à canaliser des membres aussi volontaires et à guider son clan dans un milieu aussi hostile... et surtout pour avoir su poser une limite à l'entrain séducteur de certains des siens. De quoi lui faire presque oublier son intimidante autorité et le fait que Velriel avait justement été le premier à encourager leurs insistantes avances. Ah, la joie de rassemblements populaires...
« Je me souviens des Alhavenlan, même si je n'ai pas eu l'occasion de les voir plus d'une semaine d'affilée. Les clans évitent de se rassembler et attirer l'attention... pour des raisons de sécurité. »
Il soupira en retenant une grimace, des souvenirs de courses-poursuite dans la forêt et autres opérations fugitives sous forme animale se bousculant dans sa mémoire. Ça pourrait presque être drôle et flatteur... si ce n'était pas aussi traumatisant pour son tempérament de solitaire. Le genre de choses qui ferait marrer l'assassin, mais qui avait de quoi embarrasser Siha jusqu'à ce qu'il désire se cacher six pieds sous terre. Autant changer de sujet. Et vite.
« Peut-être que ce ne serait pas si mal d'être poursuivi, pour... » Se rendant compte de ce qu'il venait de dire, surtout en lumière de ses pensées il y a quelques instants à peine, il secoua la tête. En voilà une réplique absurde, rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de rester tranquille dans son coin. « Ma foi... c'est une offre intéressante que tu me fais là. C'est très prévenant à toi de bien vouloir me tenir à l'écart de la liste de contrats potentiels. »
Le dalatien sourit sincèrement mais ne put retenir la pointe de sarcasme, davantage par jeu que par réelle conviction. Néanmoins il n'était pas certain d'être encore disposé à faire aveuglément confiance à l'antivan, d'autant qu'il lui était anormalement difficile de le cerner. Zevran était un personnage à la fois très simple et très complexe, sans doute parce qu'il se cachait sans arrêt derrière un adroit jeu d'acteurs fait de paillettes et de faux superficiel. Mais un jour peut-être...
« Je... Si pour une fois tu fais ce que je te dis, ça ne me dérange pas que tu sois présent lors de la naissance. Je te signifiais juste que cette nuit, il est possible que Jade s'invite comme il a l'habitude de le faire. Malgré sa taille de bébé, il a la fierté d'un lion et n'en fait jamais qu'à sa tête... Sauf quand c'est l'heure de manger. Paradoxalement pour une créature aussi maline il est terriblement crédule... »
Siha se retourna pour faire face à l'antivan sur ses talons et éclata soudainement de rire. A posteriori la description qu'il venait de faire lui rappelait étrangement quelqu'un... Continuant de marcher en pressant volontairement le pas il se pencha pour contenir son hilarité et manqua de trébucher sur une racine. Heureusement par la force de l'habitude, il se rattrapa agilement et poursuivit d'un pas léger, comme si même les feuilles mortes et autres branchages n'étaient que plumes sous ses bottes.
Les menant vers une partie plus profonde du ruisseau il remplit ses seaux d'un geste mille fois répété et étudia les environs d'un œil aiguisé, n’apercevant rien d'autre que plusieurs béliers augustes fusant sur l'autre rive et au loin, à peine visible, la silhouette floue de Jillian perchée sur les branches les plus basses d'un arbre. Rassuré, il reconnut les mesures prises par Sehariel et se tourna enfin vers son invité de marque. Combien de temps resterait-il, et dans quelle sorte d'ennuis allait-il encore se fourrer dès qu'il serait reparti ?
Siha savait qu'il ne devrait pas se faire de mouron et encore moins sentir l'envie de l'accompagner étant donnés les risques. Il avait désormais trop de responsabilités et de préoccupations inhérentes à son rôle, et pourtant... pourtant plus que jamais il sentait la pulsion de tout jeter aux orties pour oublier l'espace d'un instant. Rien ne paraissait plus déraisonnable, même à ses propres oreilles. Et puis cet homme indépendant et sans attaches n'avait certainement pas besoin de quoi que ce soit... Rien qu'il puisse lui offrir en tout cas. Le sourire qu'il ébaucha ne monta pas jusqu'à ses yeux ambrés.
« Rassure-moi, tu n'es pas venu avec une troupe de clients mécontents ou des soupirantes abandonnées sur les talons, cette fois ? Que je sache au moins si tu vas partir comme un voleur... » Il rit doucement, se remémorant le baiser volé dans les jardins d'Halamshiral.
Quelque chose sembla se tendre et se comprimer dans la poitrine de l'archiviste, qui gardait le silence pour mieux laisser place à ce que l'antivan voudrait bien lui dire. Et sa patience sembla finalement porter ses fruits après quelques minutes d'introspection, car les informations tombèrent petit à petit, au goutte à goutte, portées par un léger élan de confidence.
Siha écouta attentivement, rassemblant les données éparses autour du sujet comme on regroupe les pièces d'un puzzle cryptique. Par ailleurs les noms cités étaient sûrement plus parlants que Zevran ne l'avait initialement voulu. Les Alhavenlan... ce clan était familier. Ils lui avaient fait grande impression au dernier Arlathven, pour avoir une politique très farouche envers le monde extérieur... et une passion débordante envers leur peuple.
Son homologue lui avait inspiré un profond respect pour son aptitude à canaliser des membres aussi volontaires et à guider son clan dans un milieu aussi hostile... et surtout pour avoir su poser une limite à l'entrain séducteur de certains des siens. De quoi lui faire presque oublier son intimidante autorité et le fait que Velriel avait justement été le premier à encourager leurs insistantes avances. Ah, la joie de rassemblements populaires...
« Je me souviens des Alhavenlan, même si je n'ai pas eu l'occasion de les voir plus d'une semaine d'affilée. Les clans évitent de se rassembler et attirer l'attention... pour des raisons de sécurité. »
Il soupira en retenant une grimace, des souvenirs de courses-poursuite dans la forêt et autres opérations fugitives sous forme animale se bousculant dans sa mémoire. Ça pourrait presque être drôle et flatteur... si ce n'était pas aussi traumatisant pour son tempérament de solitaire. Le genre de choses qui ferait marrer l'assassin, mais qui avait de quoi embarrasser Siha jusqu'à ce qu'il désire se cacher six pieds sous terre. Autant changer de sujet. Et vite.
« Peut-être que ce ne serait pas si mal d'être poursuivi, pour... » Se rendant compte de ce qu'il venait de dire, surtout en lumière de ses pensées il y a quelques instants à peine, il secoua la tête. En voilà une réplique absurde, rien ne pouvait lui faire plus plaisir que de rester tranquille dans son coin. « Ma foi... c'est une offre intéressante que tu me fais là. C'est très prévenant à toi de bien vouloir me tenir à l'écart de la liste de contrats potentiels. »
Le dalatien sourit sincèrement mais ne put retenir la pointe de sarcasme, davantage par jeu que par réelle conviction. Néanmoins il n'était pas certain d'être encore disposé à faire aveuglément confiance à l'antivan, d'autant qu'il lui était anormalement difficile de le cerner. Zevran était un personnage à la fois très simple et très complexe, sans doute parce qu'il se cachait sans arrêt derrière un adroit jeu d'acteurs fait de paillettes et de faux superficiel. Mais un jour peut-être...
« Je... Si pour une fois tu fais ce que je te dis, ça ne me dérange pas que tu sois présent lors de la naissance. Je te signifiais juste que cette nuit, il est possible que Jade s'invite comme il a l'habitude de le faire. Malgré sa taille de bébé, il a la fierté d'un lion et n'en fait jamais qu'à sa tête... Sauf quand c'est l'heure de manger. Paradoxalement pour une créature aussi maline il est terriblement crédule... »
Siha se retourna pour faire face à l'antivan sur ses talons et éclata soudainement de rire. A posteriori la description qu'il venait de faire lui rappelait étrangement quelqu'un... Continuant de marcher en pressant volontairement le pas il se pencha pour contenir son hilarité et manqua de trébucher sur une racine. Heureusement par la force de l'habitude, il se rattrapa agilement et poursuivit d'un pas léger, comme si même les feuilles mortes et autres branchages n'étaient que plumes sous ses bottes.
Les menant vers une partie plus profonde du ruisseau il remplit ses seaux d'un geste mille fois répété et étudia les environs d'un œil aiguisé, n’apercevant rien d'autre que plusieurs béliers augustes fusant sur l'autre rive et au loin, à peine visible, la silhouette floue de Jillian perchée sur les branches les plus basses d'un arbre. Rassuré, il reconnut les mesures prises par Sehariel et se tourna enfin vers son invité de marque. Combien de temps resterait-il, et dans quelle sorte d'ennuis allait-il encore se fourrer dès qu'il serait reparti ?
Siha savait qu'il ne devrait pas se faire de mouron et encore moins sentir l'envie de l'accompagner étant donnés les risques. Il avait désormais trop de responsabilités et de préoccupations inhérentes à son rôle, et pourtant... pourtant plus que jamais il sentait la pulsion de tout jeter aux orties pour oublier l'espace d'un instant. Rien ne paraissait plus déraisonnable, même à ses propres oreilles. Et puis cet homme indépendant et sans attaches n'avait certainement pas besoin de quoi que ce soit... Rien qu'il puisse lui offrir en tout cas. Le sourire qu'il ébaucha ne monta pas jusqu'à ses yeux ambrés.
« Rassure-moi, tu n'es pas venu avec une troupe de clients mécontents ou des soupirantes abandonnées sur les talons, cette fois ? Que je sache au moins si tu vas partir comme un voleur... » Il rit doucement, se remémorant le baiser volé dans les jardins d'Halamshiral.
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Let us Dance
En laissant échapper le nom du clan, Zevran n’avait en effet pas pensé aux rassemblements des clans Dalatiens. Si Siha avait croisé le clan où Allegra avait été recueilli alors peut-être Siha avait-il déjà vu le visage de la jeune fille. Quelque chose en lui se cassa en silence. Il savait qu’Allegra aurait une vie sans lui, il savait qu’elle se marierait probablement, qu’elle aurait peut-être des enfants, qu’elle vivrait avec son clan,peut-être l’aurait-elle quitté un jour pour un autre pour des raisons de population … mais il n’avait jamais pensé que quelqu’un croiserait leurs deux chemins. Et si…. Si Allegra avait déjà rencontré Siha ? Si elle lui avait déjà parlé ? Le nom d’Allegra n’avait pas semblé éveiller de souvenirs dans la mémoire de Siha, peut-être ne l’avait-il pas croisée, ou peut-être n’avait-elle plus le même nom.
- « Quand... » Il avala sa salive avec difficulté. « Quand a eut lieu le dernier rassemblement ? »
Siha se perdit dans ses pensées et sa phrase suivante dut inattendue, même pour lui-même apparemment, et Zevran se mit à rire de la grimace qui lui échappa.
- « Si tu veux que je te poursuivre, tu n’as qu’un mot à dire. Mais je dois te prévenir, je suis la moitié d’un pisteur en forêt, il faudra probablement que tu viennes me chercher une fois que je me serai perdu. » il lui envoya un clin d’oeil pour ponctuer sa phrase. «C’est pour ça que je m’arrange pour me faire repérer généralement, c’est plus simple si on vient me chercher. »
[/color]L’expression joueuse de Siha étendit son propre sourire, les gens n’étaient pas toujours disposés à rire de son métier, c’était bien dommage de son point de vue, mais il pouvait comprendre. Découvrir que Siha était de ceux qui se moquent aisément d’un contrat fictif sur sa tête lui plaisait énormément.
- « Imagine que tu mettes des batons dans les roues de tous les nobles d’Orlais, on pourrait même monter une arnaque en chaine. Je t’assassine, tu bouges le clan, on se fait payer, puis un autre noble veut se débarrasser de toi et on recommence…. On pourrait devenir riches comme ça, Diletto ! » Haussant plusieurs fois les sourcils d’un air conspirateur qui frisait le ridicule, il continua. «La liste est courte mais si je devais accepter tous les contrats qu’on m’envoie je n’aurais plus d’amis. Il y a aussi des gens qu’il vaut mieux juste ne pas essayer d’assassiner. On a voulut me payer une somme ridiculement énorme pour assassiner l’inquisitrice peu après sa nomination à la tête de l’inquisition, j’ai refusé. J’ai essayé d’assassiner quelqu’un qui essayait de sauver le monde une fois, ces gens là ont la peau dure…. Et il vaut mieux les laisser faire leur travail, c’est mieux pour tout le monde. Au final j’ai prévenu Leliana et je crois que le noble en question a eut un malencontreux accident. »
Le « si pour une fois » manqua de le faire hurler de rire, mais il se contenta de se mordre la lèvre. Il voyait très bien d’où cela venait et il ne comptait plus les fois où on lui avait dit quelque chose de similaire mais venant de Siha c’était simplement…. Inattendu. Ils ne s’étaient jamais vraiment retrouvés dans une situation où Zevran avait dû suivre ses directives, il n’avait pas vraiment de raison d’utiliser une telle formulation. Mais quelque part cela prouvait qu’il l’avait plutôt bien cerné….. et pas tellement. Il ne prenait aucun plaisir à gâcher quelque chose qu’il savait important pour les personnes qui lui étaient proches, au contraire. Mais Leur relation était trop fraîche pour qu’il le sache.
- « Je me tiendrai tranquille, je t’en fais la promesse. Je me doute que tu n’auras pas besoin d’aide, tu as sûrement des gens plus compétents que moi pour t’assister. Je serai donc un public fébrile mais sage. Quant à ton chat, c’est moi qui m’invite chez lui, on trouvera un arrangement. »
Il ne manqua pas le coup d’oeil de Siha dans sa direction et y répondit avec un sourire malicieux.
- « Nous avons tous une faiblesse devant laquelle nous nous rendons idiots, Diletto. »
Il savait que dans son cas c’était souvent son désir charnel qui se mettait en travers du chemin de son bon sens, mais cette faiblesse là lui avaient joué des tours qu’il pouvait lui pardonner. Les sentiments, eux avaient laissé des blessures plus lourdes…. Il regarda Siha se pencher sur l’eau pour remplir ses seaux, son visage salit par la terre et ses cheveux défaits, grisés par poussière…. Et une idée lui vint… Il évalua la situation… en cas de riposte allait-il mourir de froid ? Peu probable… Aller, Siha avait bien parlé de lâcher prise, non ?
Il attendit que les yeux de Siha soient fixés ailleurs que sur lui et vida le seau qu’il venait de remplir en lançant son contenu dans la direction de l’archiviste. Le coupant dans sa tirade.
- « Mes clients ne savent pas où je suis et mes soupirantes, s’il y en a,vont se sentir abandonnées encore quelques temps, j’ai d’autres choses en tête. » dit-il en riant. « Ah voilà qui est mieux, c’était charmant toutes cette boue, mais il y en avait tellement, j’avais du mal à te voir dessous ! »
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Cela ne ressemblait pas à Zevran d'être perdu dans ses pensées de la sorte, ou du moins pas de façon clairement visible pour ses semblables. En outre, si voir qu'il baissait sa garde au moins un peu était certes rassurant, le voir aussi immergé dans son monde demeurait somme toute inquiétant. Cela semblait être un poids trop lourd pour être partagé, ou peut-être ne lui faisait-il pas assez confiance. Ce ne serait pas choquant dans son corps de métier, surtout s'il désirait garder les Bellanaris hors de ses affaires personnelles.
« Il y a six ans à peu près. Cela semble remonter à une éternité... j'étais encore le Premier d'Eluthel à l'époque. »
À ce train là les informations n'avaient pas l'air de vraiment parvenir à l'antivan, néanmoins Siha lui répondit tout de même. Pour des raisons éthiques évidentes il était trop dangereux de s'épancher sur les détails de ces importants rassemblements, mais c'était son choix de partager certaines choses. La raison de cette petite satisfaction lui échappait encore, et à vrai dire Siha préférait ne pas se poser trop de questions pour le moment.
« Je pourrais demander à ce que les chasseurs conviennent d'un signe ou sifflement par lequel t'identifier, mais mon petit doigt me dit que ce serait beaucoup moins amusant pour toi. Il faut dire que je n'ai jamais vu quelqu'un ligoté et cagoulé par Jillian se pointer avec un aussi grand sourire... Des fois je me demande si tu as toute ta tête. »
Le reste du temps il savait que Zevran était timbré. Et comme pour lui confirmer sa forte impression ce dernier ne trouva pas mieux que de lui exposer son idée d'arnaque à grande échelle. Le dalatien secoua la tête en souriant, plus surpris par la réalisation qu'il en aurait été capable que par la nature de la plaisanterie. D'autant que les bribes sur ses offres professionnelles avaient de quoi lui faire hausser un sourcil. Parfois à discuter autour d'un feu de camp et échanger des regards pleins de non dits il était facile d'oublier que l'homme à ses côtés jouait dans la cour des grands. Qu'il le veuille ou non.
Un frisson d'horreur lui parcourut l'échine dès qu'il imagina l'issue de l'Enclin si Zevran avait réussi sa tentative d'assassinat sur Wulf Cousland. Dire que des gens étaient prêts à risquer le sort de tout Thédas pour de la politique ou leur profit personnel, c'était quelque chose qui dépasserait toujours l'entendement. Hélas la vie était bien souvent faite d'accrocs et autres 'malencontreux accidents', où seuls les plus chanceux et les plus tenaces survivaient pour raconter l'histoire. Haussant les épaules, Siha se défit des pensées trop sérieuses et se concentra sur sa tâche.
« Certaines personnes ont plus qu'une faiblesse... » Répondit-il avec malice, s'humidifiant les lèvres en regardant son invité bien en face. « D'ailleurs je suis curieux. Si tu te fais plus sélectif sur les contrats et autres boulots, qu'est-ce qui t'a poussé à accepter de travailler avec moi. Et ne me répond pas que c'est pour mes beaux yeux... je n'accepterai pas ça comme une vraie rép... »
Son sourcil gauche se percha encore plus haut, dansant comme un reptile animé d'une vie propre. Alors qu'il se penchait pour remplir ses seaux il eut cependant le malheur de quitter l'assassin du regard pendant une brève seconde,... ce qui lui valut une glaciale surprise. Trempé de la tête aux pieds, les cheveux pathétiquement plaqués à son front, Siha fut trop choqué pour ne fusse que respirer. Soit son cerveau n'était pas prêt à admettre qu'un tel affront venait d'avoir lieu dans la plus incroyable gratuité, soit la température venait de tout simplement lui couper le souffle. Ou alors il avait trois coups d'avance et planifiait déjà secrètement comment rendre la pareille à ce petit diablotin déguisé en homme.
« Kalin'dan ! Petit effronté... »
L'eau ruisselant le long de ses bras collait désagréablement ses vêtements à son corps. Le tissu ample de sa tunique d'ordinaire si légère pesait en couches à peine opaques, le rendant aussi gauche qu'un albatros à terre. Une étincelle rancunière dans le regard, Siha écarta les bras pour éviter d’aggraver l'état de ses vêtements. Cependant son sourire faussement détendu se fit rictus et la magie surgit à travers ses doigts fins.
Il en appela à la forêt, et cette dernière répondit aussitôt. La terre et les racines qui la jalonnaient telles mille veines vivantes se soulevèrent sous les pieds de l'antivan, assez brutalement pour le projeter vers la partie la plus profonde du ruisseau. Au pire le duelliste aurait de l'eau jusqu'au torse.. pas de quoi le mettre en danger. Même si franchement à ce stade le faire souffrir un peu lui paraissait tout à fait raisonnable en juste retour des choses...
« Continue comme ça et les seuls vêtements de rechange que je te prêterai seront des robes de la mère de Rasdir ! »
« Il y a six ans à peu près. Cela semble remonter à une éternité... j'étais encore le Premier d'Eluthel à l'époque. »
À ce train là les informations n'avaient pas l'air de vraiment parvenir à l'antivan, néanmoins Siha lui répondit tout de même. Pour des raisons éthiques évidentes il était trop dangereux de s'épancher sur les détails de ces importants rassemblements, mais c'était son choix de partager certaines choses. La raison de cette petite satisfaction lui échappait encore, et à vrai dire Siha préférait ne pas se poser trop de questions pour le moment.
« Je pourrais demander à ce que les chasseurs conviennent d'un signe ou sifflement par lequel t'identifier, mais mon petit doigt me dit que ce serait beaucoup moins amusant pour toi. Il faut dire que je n'ai jamais vu quelqu'un ligoté et cagoulé par Jillian se pointer avec un aussi grand sourire... Des fois je me demande si tu as toute ta tête. »
Le reste du temps il savait que Zevran était timbré. Et comme pour lui confirmer sa forte impression ce dernier ne trouva pas mieux que de lui exposer son idée d'arnaque à grande échelle. Le dalatien secoua la tête en souriant, plus surpris par la réalisation qu'il en aurait été capable que par la nature de la plaisanterie. D'autant que les bribes sur ses offres professionnelles avaient de quoi lui faire hausser un sourcil. Parfois à discuter autour d'un feu de camp et échanger des regards pleins de non dits il était facile d'oublier que l'homme à ses côtés jouait dans la cour des grands. Qu'il le veuille ou non.
Un frisson d'horreur lui parcourut l'échine dès qu'il imagina l'issue de l'Enclin si Zevran avait réussi sa tentative d'assassinat sur Wulf Cousland. Dire que des gens étaient prêts à risquer le sort de tout Thédas pour de la politique ou leur profit personnel, c'était quelque chose qui dépasserait toujours l'entendement. Hélas la vie était bien souvent faite d'accrocs et autres 'malencontreux accidents', où seuls les plus chanceux et les plus tenaces survivaient pour raconter l'histoire. Haussant les épaules, Siha se défit des pensées trop sérieuses et se concentra sur sa tâche.
« Certaines personnes ont plus qu'une faiblesse... » Répondit-il avec malice, s'humidifiant les lèvres en regardant son invité bien en face. « D'ailleurs je suis curieux. Si tu te fais plus sélectif sur les contrats et autres boulots, qu'est-ce qui t'a poussé à accepter de travailler avec moi. Et ne me répond pas que c'est pour mes beaux yeux... je n'accepterai pas ça comme une vraie rép... »
Son sourcil gauche se percha encore plus haut, dansant comme un reptile animé d'une vie propre. Alors qu'il se penchait pour remplir ses seaux il eut cependant le malheur de quitter l'assassin du regard pendant une brève seconde,... ce qui lui valut une glaciale surprise. Trempé de la tête aux pieds, les cheveux pathétiquement plaqués à son front, Siha fut trop choqué pour ne fusse que respirer. Soit son cerveau n'était pas prêt à admettre qu'un tel affront venait d'avoir lieu dans la plus incroyable gratuité, soit la température venait de tout simplement lui couper le souffle. Ou alors il avait trois coups d'avance et planifiait déjà secrètement comment rendre la pareille à ce petit diablotin déguisé en homme.
« Kalin'dan ! Petit effronté... »
L'eau ruisselant le long de ses bras collait désagréablement ses vêtements à son corps. Le tissu ample de sa tunique d'ordinaire si légère pesait en couches à peine opaques, le rendant aussi gauche qu'un albatros à terre. Une étincelle rancunière dans le regard, Siha écarta les bras pour éviter d’aggraver l'état de ses vêtements. Cependant son sourire faussement détendu se fit rictus et la magie surgit à travers ses doigts fins.
Il en appela à la forêt, et cette dernière répondit aussitôt. La terre et les racines qui la jalonnaient telles mille veines vivantes se soulevèrent sous les pieds de l'antivan, assez brutalement pour le projeter vers la partie la plus profonde du ruisseau. Au pire le duelliste aurait de l'eau jusqu'au torse.. pas de quoi le mettre en danger. Même si franchement à ce stade le faire souffrir un peu lui paraissait tout à fait raisonnable en juste retour des choses...
« Continue comme ça et les seuls vêtements de rechange que je te prêterai seront des robes de la mère de Rasdir ! »
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