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Dim 5 Mai 2019 - 22:20

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L'essentiel est invisible pour les yeux


Nous étions arrivés à l’Oasis deux jours au par avant. Les vents nous avaient été plus que favorables, tout le clan avait progressé à vive allure jusqu’à passer la frontière des Anderfels, jusqu’aux plaines sifflantes d’Orlais. Comme à l’accoutumée, nous avions monté la tente. Cette fois ci c’était plus par habitude que par nécessité. La température à l’oasis était tout à fait supportable et le soleil ne nous brûlait pas la peau comme dans notre pays. Ce jour là après avoir tartiné les enfants d’un baume pour les protéger de l’astre du jour, nous étions tous sortis de sous nos voiles et hors de nos vêtements colorés pour jouer dans l’eau.

Les plus jeunes n’avaient jamais connu d’endroit aussi clément, même dans les oasis que nous connaissions plus au nord, l’eau n’était pas aussi abondante et les locaux l’utilisaient déjà, ce qui nous forçait à l’économie pour le bien de tout le monde. Mais ici personne ne souffrirait de notre manque de retenue et les enfants s’ébattaient joyeusement dans l’eau pendant que les adultes faisaient vivre le clan.

Nos chasseurs avaient fait quelques belles prises et s’occupaient à présent de faire sécher la viande et les herbes, nos artisans avaient rassemblé des ressources diverses, des minéraux, du bois, des herbes hautes et s’affairaient à tailler, forger, tresser, en fonction de leurs habilités. Quelques uns de ceux qui n’avaient pas de tâches à accomplir ‘était mis à jouer de la musique et à improviser de nouvelles mélodies, inspirées par la paix ambiante dans ces lieux. Quand à moi j’avais terminé de cartographier la zone, car elle avait quelque peu changé depuis que mon père était passé par là et sa carte des lieux était un peu datée.

Les autres navigateurs, Athera et Leilani, surveillaient les jeunes pendant que Hahren Soufei faisait la sieste. La doyenne du clan avait donné classe pendant trois longues heures et avait maintenant besoin de repos. L’archiviste Ethelan expliquait quelque chose d’apparemment compliqué à son premier et à sa seconde. C’était un mystère pour moi que Naema soit toujours seconde, malgré qu’elle soit quatre ans la cadette de Misyl, elle lui était bien supérieure en maturité, en esprit et en magie. Mais Ethelan ne souffrait aucun questionnement sur le sujet.

Le soleil était haut dans le ciel quand depuis les hauteurs rocheuses notre guetteur cessa de jouer de la flûte pour nous crier que des voiles blanches apparaissaient à l’horizon. Les Bellanaris étaient en approche ! La dernière fois que j’avais croisé ce clan, c’était cinq ans au par avant, j’avais environ seize ans et le rassemblement était tellement grand, tellement de clans étaient là… Je n’avais aucun souvenir de visages associés à ce clan là en particulier mais j’avais hâte de peut-être retrouver certaines personnes avec qui j’avais pu me lier d’amitié, même sur quelques jours seulement.

Une fois le signal donné, les préparations suivirent leur cours. Ethelan avait insisté (pas très longtemps) pour qu’on accueille nos cousins du sud en faisant la fête. La nourriture fût donc sortie des jarres et des sacs de toiles, on alluma un feu pour faire chauffer de l’eau dans laquelle infuser du thé, il ne restait plus qu’à attendre qu’ils arrivent jusqu’à nous.

Les voiles blanches finirent par se frayer un chemin à travers les rocheuses, déclenchant l’émerveillement des enfants qui n’avaient jamais vu de Hahls. Leur blancheur nacrée faisait presque mal aux yeux sous le soleil de midi et les elfes à la peau pâle -pour une majorité d’entre eux – nous rejoignirent près de l’eau.

Je m’avançais aux côtés de l’archiviste alors qu’elle se dirigeait vers un elfe aux longs cheveux bruns, qui étaient la copie conforme d’un autre juste derrière lui….. et le prit dans ses bras.

- « Aneth ara, Siha, c’est bon de te revoir, les Bellanaris ont de la chance de t’avoir pour les guider. » Elle posa une main maternelle sur la joue de Siha pendant un instant et se tourna ensuite vers moi avec un sourire. « Tu te souviens peut-être de Radhmaël, il est devenu notre nouveau Compas. »

- « Aneth ara. » dis-je en prenant à mon tour Siha dans les bras. « J’espère que vous avez fait bon voyage ! »

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Jeu 16 Mai 2019 - 18:07

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L'ensemble d'aravels des Bellanaris se suivaient en file indienne entre les défilés rocheux de la Porte du Ponant, comme une myriade de perles pâles enfilées dans un même collier. Les voiles blanches se confondaient presque avec la luminosité ambiante, l'or de l'aigle à deux têtes brodé menant les siens depuis le véhicule en tête de cortège. Le spectacle était d'une beauté brute et saisissante, comme si le clan avait ramené sur son sillage les racines profondes qui les avaient vus naître aux Tombes.

Les turbans se mêlaient harmonieusement aux habits légers en tons blancs, ocre et terre, privilégiés aux tons plus verdoyants arborés d'ordinaire. Certes il n'étaient pas aussi versés au climat que leurs cousins de l'ouest. Néanmoins les Bellanaris faisaient périodiquement un séjour en ces terres lointaines quand les circonstances le permettaient, en un écho d'une tradition immémoriale destinée à leur apprendre l'humilité et la survie en conditions extrêmes. Car en bordure du désert comme dans les cités humaines, il était souvent question de savoir courber l'échine pour ne pas la briser...

Et quoique dans un style très différent, les clans n'étaient jamais que des branches d'un même arbre ancestral. Leurs principes communs les poussaient toujours à respecter la nature au moins autant que leurs semblables, à parfaire leurs talents afin d'être le plus indépendants possible. C'est pourquoi dans la défiance obstinée plutôt que l'ostentation, les elfes cheminaient fièrement aux côtés des hahls à peine harnachés, les guides sacrés de leur sempiternel voyage. Parmi eux il n'y avait ni cochers ni rênes, les animaux tirant les carrioles en suivant de calmes demandes plutôt que des ordres austères.

Par ailleurs seuls les enfants trop jeunes pour marcher et les doyens étaient transportés à l'ombre en ce terrain inclément, ralentis par l'âge trop précoce ou trop avancé. Les autres portaient tous de grands bagages sur leur dos, parfois voûtés sous un volume trop grand pour leurs gabarits. Siha et son frère ne faisaient pas exception et accompagnaient les plus fatigués, distribuant parfois des gourdes de thé et de la viande séchée.

Menés par un Cyralan enthousiaste et plein de confiance, les Bellanaris avançaient au gré de conversations animées et parfois même au rythme des percussions improvisées de Rasdir, qui avait on ne sait comment les mains libres malgré son lourd fardeau. L'atmosphère semblait moins pesante alors qu'ils approchaient de leur destination, et après ces interminables heures de marche et de sueur, l'humidité dans l'air leur indiqua qu'un autre voyage allait prendre fin. Leur fatigue sembla définitivement s'estomper à la vue de l'oasis, et au tableau coloré que leur offraient les tentures au loin et les enfants surexcités qui ne tardèrent pas à les entourer de toutes parts.

Siha ne put s'empêcher de sourire malgré la lassitude dans ses muscles endoloris, ainsi que le léger inconfort causé par la confusion et le bruit des retrouvailles. À peine Sehariel eut-il le temps de se concerter avec Jillian sur la disposition des Aravels à l'ombre de massifs rocheux, que le clan se déchargea volontiers de ses affaires. Siha fut néanmoins parmi les derniers à avoir quartier libre, le bien-être des hahls passant bien avant son propre confort.

Ce ne fut qu'après les avoir tous libérés de leurs harnais pour qu'ils puissent boire qu'il se permit de souffler, ébouriffant les cheveux de deux fillettes qui le suivaient partout en le pressant de questions. Répondant avec patience et amusement, le mage promit de les laisser caresser les cervidés plus tard, sous supervision d'un adulte.
Cela sembla au moins pacifier un peu leur ardente curiosité, ce qui lui permit d'enfin approcher les bras ouverts de sa chaleureuse homologue. Faisant retomber les pans du turban dont s'échappait une épaisse natte noire, il s'amusa de voir la surprise dans les yeux des présents croyant voir double. Se baissant pour l'étreindre, il sourit.

« Aneth ara, Ethelan. Cela fait bien trop longtemps depuis que nous avons eu l'occasion de discuter. » Son expression se contrit légèrement au vœu de confiance, même s'il ne sembla pas gêné par le toucher bienveillant de son interlocutrice. Elle lui avait toujours rappelé sa mère... « Ma serannas. J'espère être à la hauteur du compliment, mais j'ai bien peur que seul le temps puisse en attester. »

Sehariel s'avança avec un expression joviale pour la serrer à son tour, même si son statut n'était pas tout à fait le même. Cependant comme les jumeaux allaient rarement l'un sans l'autre, il était presque impossible qu'elle ne l'ait pas déjà croisé également. Après tout contrairement à son ainé, Seha était déjà maître chasseur lors du dernier rassemblement.

« J'ai... une terrible mémoire des visages, ir abelas. » Secouant la tête d'un air désolé, il nia.

Surtout lorsque son cerveau s'efforçait si désespérément d'oublier les heures passées à fuir les semblables qui le remplissaient autant de fierté que de malaise. Sans parler des soupirants... Tendant une main ouverte vers Radhmael, il fut assez déstabilisé de se voir à nouveau étreindre sans cérémonies. Relativement crispé suite au contact physique inattendu, Siha retint son inspiration et se laissa faire pour ne pas offenser son vis à vis.

« C'est l'occasion de tisser de nouveaux liens, j'imagine ? » Dit-il un peu hésitant, quoique sincère.

Son benjamin sembla par ailleurs noter son malaise et tendit une main amicale à Radhmiel avant de lui donner une accolade énergique, avec un semblant d'excès de force peut-être, mais beaucoup de bonne volonté. Visiblement le don de communication avait été réparti en parts égales : là où Siha savait faire preuve d'empathie et parler avec recul au groupe en tant qu'élément en marge, Sehariel était plus doué pour s'intégrer et naturellement resserrer les maillons de la chaîne. L'esprit et le cœur, la pierre et le mortier, l'épée et le bouclier.

« Aneth ara, je suis Sehariel. Je ne crois pas t'avoir déjà rencontré ? »

Entouré d'une odeur de cire d'abeille et de bois, il transpirerait l'artisan par tous les pores s'il n'était pas aussi armé jusqu'aux dents. Car même la chaleur ne pouvait le dissuader de se séparer de son armure, bien qu'elle soit réduite à un minimum.

« Quand tout le monde sera installé, j'aurai vraiment besoin de discuter avec le génie qui a conçu vos aravels. Je veux dire... j'ai jamais vu ce système de remplacement pour les rou... »

Siha roula des yeux en riant, peu surpris de l'entrain avec lequel son jumeau non seulement changeait de sujet pour le tirer d'une mauvaise situation, mais retombait également dans sa passion. Ou obsession, tout dépendait du point de vue.

« Bah quoi... ? »

« Oh bah non, rien... »

Lun 20 Mai 2019 - 21:46

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L'essentiel est invisible pour les yeux


Ethelan balaya la modestie de Siha d’un geste de la main, elle n’avait aucun doute sur les capacités de Siha. Elle avait conversé avec lui suffisamment pour avoir un aperçu de son caractère. Lorsque Sehariel se pencha cependant, elle fut tout aussi maternelle mais dans un style bien différent. Il n’eut pas le temps de l’étreindre qu’elle le prit par l’oreille avec un rire qui avait un petit accent vengeur.

- « Toi ne crois pas que j’ai oublié la blague de la soupe. Si tu t’amuses encore à intervertir les épices dans la nourriture commune je te botte les fesses jusqu’aux dorsales de givre !! »

Elle le relâcha et l’étreignit tout de même. Une fois son avertissement posé, elle ne lui en voulait pas vraiment pour cette bêtise vieille de quelques années.

Je ne fus pas surpris que Siha ne se souvienne pas de moi, nous avions quelques années d’écart (une dizaine environ si je ne me trompais pas) et lors du dernier rassemblement j’avais passé presque tout mon temps avec les apprentis artisans des différents clans. Si Siha n’était pas archiviste, il était sûrement Premier de son clan et il y avait de grande chance pour que nous ayons rencontré des personnes très différentes. Je lui répondit d’un sourire sincère.

- « Je ne crois pas que nous nous soyons parlé, j’ai beaucoup frayé avec les apprentis des différents clans lors du dernier rassemblement. Ne vous excusez de rien, car c’est une première rencontre pour moi également. Vous avez probablement rencontré mon père, cependant. Son nom était Salshira, il accompagnait Ethelan un peu partout en tant que Compas. Un homme peu loquace, avec des cheveux nattés près du crâne ? »

Il aurait été difficile de le louper, après tout si les autres archivistes s’accompagnaient généralement de leurs premiers et seconds, les clans des Anderfels présentaient leurs Compas comme leur bras droit. Les apprentis de l’archiviste ayant un rôle moins important dans la vie du clan. Notant la reserve de Siha durant notre étreinte, je m’inquiétais d’avoir fait un faux pas… ma présence lui était-elle désagréable ? Il n’avait pas semblé dérangé par son contact avec Ethelan….

Cependant son frère vint me tendre une main que je saisis sans y penser et me retrouvais dans une accolade puissante à laquelle je ne m’attendais pas. Sehariel était bien plus grand que moi et il avait la carrure d’un chasseur, je me sentis presque délicat, écrasé contre lui comme je l’étais.

- « Radhmaël…. Je … nous nous sommes… croisés… j’ai discuté avec votre artisan et ses apprentis pendant un moment mais nous… ne nous sommes pas vraiment parlé... »

Je passai nerveusement la main derrière ma nuque, ne comprenant pas d’où le trouble pouvait venir. La dernière fois que j’avais vu Sehariel (c’était donc son nom) je ne me souvenais pas qu’il m’eut tant impressionné. Peut-être que le fait de le voir seulement de loin. Je me souviens que l’artisan avait parlé de statuettes de bois qu’il sculptait. Son odeur s’imprégnait dans mon esprit alors qu’il se remettait à parler…. Mais j’avais du mal à me concentrer sur ce qu’il disait. Heureusement Ethelan reprit la parole.

- « Maître Ivun serait ravi de discuter avec vous au sujet des aravels. » Dit-elle avec un rire qui avait quelque chose de malicieux. « Mais il risque de vous répondre que cela ne sert à rien de savoir faire les patins si vous ne savez pas naviguer un glisseur. Si vous voulez vous y essayer, je suis certain que Radhmaël sera ravi de vous apprendre….. n’est ce pas Radhmaël ? »

- « Hein ? Euh oui… oui bien sûr. »

Je ne savais pas très bien à quoi je venais d’acquiescer mais visiblement on avait besoin de mon accord pour quelque chose… J’espérais que mon trouble était passé aussi inaperçu que possible.

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Jeu 13 Juin 2019 - 20:14

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« Oui je me souviens de lui. Nous n'avons pas eu l'occasion de discuter en privé mais il m'a fait forte impression. Volontaire, confiant, têtu. » Dit-il doucement, sans oser demander franchement ce qu'il était devenu depuis. Généralement les postes importants du clan n'étaient transmis qu'en cas de force majeure, ce qui voulait sûrement dire que Salshira n'était plus de ce monde. Une énorme perte pour les Arlise'el.

De son côté Sehariel n'avait pu que fixer Ethelan sans savoir quoi dire, abasourdi. Impuissant face à cette soudaine accusation, il fouilla bien dans sa mémoire à la recherche d'une telle offense, sans succès. Ce n'était pas du tout son genre de faire des farces, d'autant qu'il n'aurait jamais pris le risque de gâcher de la nourriture pour des raisons aussi frivoles. Pendant plusieurs secondes il en resta figé sur place, se demandant sincèrement s'il n'était pas en train de devenir fou.
Et puis soudainement lumière se fit, entre sa conscience légère et le fait que tout à coup Siha se débrouille pour échapper à son regard. Il le connaissait trop bien pour savoir que ce n'était pas normal. Cette petite enflure avait encore réussi à s'en tirer ! Mais pourquoi c'était toujours sur lui que ça retombait ?

« Mais... Mais je... Ce n'est pas moi, par Mythal je le jure ! »
Protesta-t-il les sourcils froncés, plein de frustration.

Il ravala son amertume au milieu des retrouvailles, voyant que l'archiviste ne lui en tenait pas réellement rigueur. Bouche ouverte et l'ire prompte à être déversée contre les deux seules personnes capables de rire de la situation, Seha fut néanmoins distrait par l'élégance des lignes des aravels du désert, qui brillaient par leurs courbes à la fois simples et parfaitement adaptées au terrain ingrat. De fait bien que son oreille lui fasse un mal de chien -c'est qu'Ethelan avait la main lourde ! - le chasseur mit ses griefs de côté. Il aurait forcément l'occasion de prendre sa revanche plus tard, quand Siha et Rasdir seraient persuadés qu'il était passé à autre chose.

« J'ai passé la plupart de mon temps à superviser les rondes et autres mesures de sécurité pendant le dernier rassemblement, alors je n'ai pas eu beaucoup de temps pour faire connaissance. J'ai plutôt bonne mémoire des visages alors je me serais souvenu du tien. »

Ajustant l'arc long autour de son épaule dans un geste machinal, Sehariel ne sembla pas non plus comprendre pourquoi tout à coup le jeune en face de lui paraissait troublé. Espérant qu'il n'ait pas fait partie des victimes de l'hécatombe d'épices tout juste mentionnée, le guerrier sentit son estomac se soulever dans un grognement sépulcral à force de penser à casser la croûte. Un peu gêné il rit tout bas, saisissant l'opportunité de changer de sujet. Et puis qui de censé refuserait une telle offre ?

« Ce serait avec plaisir, je ferai en sorte d'être disponible où et quand tu veux ! Fais-moi signe si tu as un peu de temps à me consacrer ! » Plaça-t-il avec enthousiasme, même s'il craignait un peu lui forcer la main. Après tout ils étaient venus pour fraterniser et échanger, mais il n'était pas question que cela devienne une obligation. « J'irai également discuter avec Maître Ivun si possible. Je suis curieux de savoir quel type de bois il utilise, et comment il fait pour le protéger des hautes températures. »

Pinçant les lèvres pour retenir un autre incessant flot de questions et autres commentaires, Sehariel faisait de son mieux pour ne pas assommer ses semblables avec un sujet qui était pour la plupart jugé comme complètement inintéressant. C'est à croire qu'à force d'être traité de papy ennuyeux, il avait fini par développer des réflexes de prévention...
Haussant les épaules, Sehariel passa toutefois à autre chose assez rapidement. Alors qu'il saisit plusieurs énormes sacs de peau dans les bagages -adressant un regard meurtrier à Rasdir qui passait en sens inverse- il revint les bras chargés vers Radhmael, Ethelan et les autres. Immensément satisfait de pouvoir enfin profiter de bonne compagnie après un épuisant voyage, Seha étendit une couverture sous les voiles déployées. Choisissant un endroit à l'abri du vent, il invita ses semblables à s'installer à ses côtés et commença assez vite à distribuer les fruits frais ainsi que plusieurs gourdes de thé et de spiritueux. C'était jour de fête, après tout...

« Radhmael, tu viens ? Comme tu as gentiment accepté, la moindre des choses est que tu aies droit au meilleur ! »

L'appelant d'un geste du bras, Sehariel lui garda une place à sa gauche, un espace assez étroit entre lui et une Nethari haletante, à moitié affalée sur Siha par l'épuisement. C'est que malheureusement certains avaient du mal à immédiatement s'adapter à une telle chaleur... Dénouant son turban, il relâcha ses longs cheveux noirs, qu'il attacha en une queue de cheval haute pour ne pas le gêner. Enfin souriant de toutes ses dents en guise d'invitation au Compas soudainement timide ; Seha se sentit revivre en croisant ses longues jambes en tailleur, puis en se laissant bercer par la conversation des archivistes et le sifflement du vent.

Jeu 20 Juin 2019 - 21:07

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L'essentiel est invisible pour les yeux


Je hochai doucement la tête lorsque Siha confirma se souvenir de mon père, mon sourire se teinta un instant de mélancolie. Mon trouble face à Séhariel permit au moins de diriger ses pensées ailleurs. Et le grognement sonore du ventre de ce dernier me déclencha un rire joyeux, et je compris enfin de quoi il était question : on m’avait demandé de montrer mes talents de navigateur.

- « Je n’ai pas d’obligations particulières aujourd’hui, il suffit d’attendre que le vent se lève et nous pourrons prendre mon glisseur si tu veux t’essayer à la navigation. Je ferai les présentation avec Maître Ivun, si tu le veux. »

Je m’approchai de mes cousins du sud et pris autant de paquets que je pouvais en porter avant de guider tout le monde sous la tente. Les bols et les assiettes étaient posées sur des tapis colorés à dominance de rouge et d’or qui couvraient le sable et les herbes qui composaient le sol. Je m’installai près de Sehariel qui m’appelait et commençai à déballer les vivres avec lui.

J’étais en bonne voie pour redevenir quelqu’un d’éloquent lorsque l’aîné des jumeaux décida de libérer ses cheveux. Le contraste de sa peau de lait avec le noir profond de ses cheveux eut un effet étrange dans mon corps, la vue de cette cascade d’ébène coulant sur la roche blanche fit monter en moi une chaleur qui n’avait rien à voir avec le désert. Je pris place à gauche de Sehariel sans un mot et décidai de me soulager de mon manteau, que je laissais derrière moi. J’esquissais un sourire en acceptant un fruit que je ne connaissais pas (ou du moins pas sous sa forme hydratée peut etre- et croisai le regard d’Athera qui jouait des sourcils au loin pour me signaler qu’elle avait remarqué mon comportement. Etant ma meilleure amie, elle était la seule dans le clan à connaître le fond du problème.

Ce n’était pas si compliqué de me rendre compte que Séhariel me plaisait, c’était une autre affaire de l’admettre. Je savais par les rumeurs que les clans du sud n’étaient pas si regardant sur la question mais aux Anderfels, l’idée que deux elfes du même sexe forment un couple était très problématique. Notre population était soumise à assez d’épreuves pour maintenir sa démographie pour qu’on n’y ajoute pas les caprices des homosexuels… Chacun était tenu de fonder une famille. Moi y compris. Peu importait que je ne désire jamais aucune femme.

Athera se fichait bien de cela et elle faisait volontairement courir la rumeur que nous étions secrètement plus proches que ce nous étions en réalité. L’espoir de nous voir nous marier un jour faisait taire un peu la pression autour de moi.

- « Je peux répondre à tes premières questions cela dit… Nous utilisons du bois de Ténéré. c’est un arbre qui ne pousse que dans le désert, son bois est particulièrement dense, ce qui fait que l’air ne pénètre que très difficilement dedans et il s’use à la chaleur plutôt que de brûler. Sa densité est aussi ce qui le protège du frottement du sable. Il faut imbiber le bois avec des huiles spéciales pendant plusieurs semaines pour faire ne serait-ce qu’une pièce. Plus le bois est gorgé d’humidité et plus il est ignifugé, et il faut l’entretenir régulièrement pour qu’il ne sèche pas à nouveau. C’est le même traitement que nous faisons subir à nos voiles pour qu’elles ne prennent pas feu…. Je … je suis désolé, j’imagine que je suis particulièrement ennuyeux... »

je remis une mèche de cheveux rebelle derrière mon oreille et mordit dans ce qui se révéla être une pèche. Je n’en avais jamais vu fraiche, et je fus surpris par le jus qui s’échappa de mes lèvres. Attrapant rapidement un tissu dans la manche de ma tunique je m’essuyai la bouche en rougissant.

- « Tu… Tu es le chef des chasseurs si j’ai bien compris... » balbutiai-je avec maladresse. « Chez nous malheureusement on est presque aussi souvent les proies que les chasseurs… Mais je croyais que les rôles étaient plus définis chez les clans hors des Anderfels… tu es aussi artisan ? »

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Sam 13 Juil 2019 - 23:08

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Siha nota la teinte d'amertume passant dans les yeux du jeune Compas, néanmoins il lui parut tout à fait déplacé de l'interroger davantage. Il était bien trop tôt pour l'interroger sur des sujets aussi personnels et délicats, et en plus du reste ce n'était pas le genre de conversations à avoir pendant des retrouvailles qui se voulaient festives. À un autre moment peut-être, s'il se sentait le courage de s'immiscer plus que de raison. Ou peut-être se contenterait-il d'en toucher deux mots avec Ethelan en toute discrétion, quand ils ne seraient que tous les deux. La dernière chose qu'il voulait c'était de mettre les pieds dans le plat et attrister quelqu'un par maladresse. En conséquence l'archiviste s'installa aux côtés de son homologue, décidé à rattraper le temps perdu malgré la tête de Nethari sur ses genoux.

Pendant ce temps son benjamin semblait petit à petit reprendre ses couleurs, mais aussi son énergie. Pile électrique devant l'éternel, il était de ceux qui avaient besoin de toujours être occupés pour ne pas sombrer dans l'ennui, aussi son concept de 'repos' était assez singulier. Néanmoins bien qu'il ne soit pas aussi hédoniste que Rasdir, Sehariel était un homme qui appréciait intensément la détente et la fête.
Simplement il avait beaucoup plus de facilités à s'y prêter avec parcimonie, surtout quand le milieu se prêtait à se dérider un peu sur les mesures de sécurité. Or si l'oasis n'était pas sans exclure les serpents, scorpions, et autres coups de soleil... au moins ils n'avaient pas à se soucier des shems et leurs facéties. Son humeur en était considérablement améliorée et là où d'ordinaire il aurait simplement mené quelques discussions avec ses semblables, Sehariel se retrouvait désormais à réprimer un enthousiasme d'enfant envoyé à sa première chasse.

« Le nom me dit quelque chose, mais je ne crois pas en avoir déjà vu. Mais je serais enchanté de voir ça de près, si ce n'est pas un dérangement. Même si la matière première n'est pas disponible dans le sud, je suis sûr que la technique de traitement du bois pourrait être utilisée autrement. » Il se frotta le menton en rassemblant ses souvenirs. Cela dit au fur et à mesure des explications son expression s'illuminait de plus en plus, ses yeux ne décollant pas de Radhmael. « Oh non pas du tout, au contraire. Je pourrais discuter de ce genre de choses pendant des heures... Même si les autres ne partagent pas le même entrain. »

Le guerrier se permit un léger rire rauque, autant par satisfaction de trouver quelqu'un avec qui partager les mêmes intérêts, que suite à la surprise étalée sur son visage barbouillé de jus de pêche. Désignant sur la commissure de ses propres lèvres un coin qui avait échappé au nettoyage gêné, Seha s'amusa du soudain embarras.
Il n'avait aucune idée pourquoi Radhmael alternait entre une facette extravertie et une autre très timide, mais pour une raison qui lui échappait c'était hilarant. Accaparant une paire de dattes que lui tendit une fille des Arlise'el, il murmura un merci et leur versa de quoi boire à tous les trois.

« C'est bien ça. » Dit-il en acquiesçant sans complexes, le sourire montant jusqu'à ses yeux en amande. « Disons que souvent malgré le rôle que nous choisissons d'endosser, le manque de ressources et le danger de nos voyages nous oblige à toucher un peu à tout. Il est courant chez les Bellanaris que nos passe-temps deviennent pratiquement un deuxième travail à part entière. Je travaille le bois, Siha élève les hahls, Rasdir cuisine, Nethari garde les enfants. Et pourtant ce n'est le chemin premier pour aucun d'entre nous. »

Il finit de mâcher les fruits, dont le goût sucré lui laissa forte impression. C'était fibreux et sec, mais doux comme une de ces pâtisseries Orlésiennes. Un délice. S'en léchant les babines, le chasseur nota dans un coin de sa tête de demander à échanger quelques dattes contre leurs propres spécialités. Puis il saisit son verre de bois et le leva dans un toast silencieux vers le Compas, lui montrant au passage les arabesques délicates et la gravure d'un arbre aux branches étirées vers le ciel.

« Nethari et maître Millen sont nos artisans sur bois attitrés, ce sont eux qui dans leur patience m'ont appris tout ce que je sais aujourd'hui. Comme nous avons la chance d'avoir deux talentueux créateurs pour nos armes, nos aravels et le reste de l'essentiel, j'ai le luxe de pouvoir me concentrer sur des pièces plus... ornementales dans mon temps libre. » Ses yeux s'assombrirent un instant et son sourire se fit plus pâle, bien que ça ne dure qu'un instant. « Je ne sais pas trop pourquoi, sculpter m'a toujours détendu depuis mon plus jeune âge. Alors des flèches, des décorations ou bien de nouveaux pinceaux pour Siha... J'aime bien me tenir les mains occupées. »

« Tu dis ça mais j'attends encore ceux que tu m'as promis de remplacer ! »

Seha roula des yeux et haussa les épaules, échangeant plusieurs taquineries avec son aîné. À les voir ainsi se tirer dans les pattes et se chamailler tels des gamins, on avait vite fait d'oublier leurs positions respectives. Mais c'était très bien comme ça, ils n'étaient pas venus là pour s'encombrer de chichis et autres dénominations solennelles...

Dim 8 Sep 2019 - 13:50

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L'essentiel est invisible pour les yeux


L’intérêt de Sehariel pour notre artisanat était revivifiant. Parler de ces choses entre membres du clan ou avec les autres clans des Anderfels perdait rapidement de son feu, en effet, chacun connaissait son sujet sur le bout des doigts car chacun devait participer à l’effort de l’entretient des aravels. Les spécificités du bois, des huiles, des toiles n’avaient de secrets pour personne et la grande majorité des humains qui étaient assez curieux pour poser des questions se contentaient de réponses sommaires, sans chercher à aller plus loin.

- « C’est pareil pour moi, j’ai tendance à me faire dire que je casse les oreilles avec mes projets et mes expériences avec mon glisseur. Pour beaucoup de gens ici c’est simplement un moyen de transport. Il faut l’entretenir certes, mais la plupart ont du mal à comprendre mon entrain. « 

J’acceptai le verre de vin aux épices qui m’étais destiné avec un sourire en écoutant Sehariel parler de la polyvalence des gens de notre vie de nomade. J’acquiesçai doucement.

- « La polyvalence a toujours été la façon la plus sûre d’accommoder notre survie. C’est peut-être encore plus vrai aux Anderfels que dans les autres clans de Thedas. Le désert est impitoyable et nos Navigateurs sont presque aussi souvent livrés à eux même qu’entourés des leurs. Pour survivre et permettre à mon clan de trouver une amarre sauve de tout danger je dois être navigateur, éclaireur, cartographe, artisan, herboriste, chasseur, soigneur, marchand même parfois. » J’esquissai un sourire amusé. « Il en va de même pour les autres clans. Bien sûr nous sommes loin d’être les spécialistes de tous ces sujets, mais nous avons besoin des bases de tous les rôles clefs du clan. Une fois seuls sur le sable devons être capable de rester en vie quoi qu’il advienne. »

Examinant de loin les gravures du verre de Sehariel, mon sourire s’étendit. Nos possessions étaient moins… traditionnelles et plus éclectiques. C’était amusant de constater que nos cousins du sud développaient quelque chose qui ressemblait à un art clanique comme un effet secondaire de leur isolation.

- « Nous commerçons beaucoup tout autour du pays, nous avons développé un art dans le tissage et la gravure qui est un mélange de motifs traditionnels dalatiens et d’autres cultures. La plupart des clans vendent même des œuvres ornés de motifs Chantristes, car ils vendent mieux que les nôtres. Les Anders sont des gens très religieux et ils respectent la rudesse de notre vie et la qualité de notre travail. Seulement, ils n’iront pas mettre de symboles religieux d’un autre peuple. Dans nos échanges il s’avère souvent que l’or et l’argent que nous recevons en paiement soit ornés de leurs symboles cependant , et inversement. » Je regardai autour de moi et pris une coupe en argent dont les bords étaient gravés de minuscules flammes stylisées et la montra à Sehariel. « Lorsque c’ est trop évident nous coulons le métal et en faisons autre chose mais la plupart du temps nous créons plus d’oeuvre d’art pour le commerce que pour le clan. »

J’eus un petit éclat de rire en entendant l’archiviste Bellanaris se mêler à la conversation pour se chamailler avec son frère. Il était assez impressionnant de constater le gouffre qui séparait les sensations émanant des jumeaux. De là où je me tenais, Sehariel me faisais penser à de l’eau, toujours en mouvement, ses émotions flottant à fleur de peau, sa passion roulant comme des vagues sous ses aspects un peu sévères. Siha, quant à lui, avait cette légèreté aérienne que j’aurais eut du mal à décrire. Plus insaisissable et plus mystérieux que son double, ses mots et ses humeurs semblaient d’avantage flotter autour de lui, comme porté par le vent. Je me permis de sourire intérieurement à la réflexion que le monde pouvait produire deux êtres tellement identiques en apparence et pourtant si différents à l’intérieur.

- « Si vous avez un besoin urgent de pinceaux, Archiviste, » dis-je avec un sourire « Je peux vous prêter les miens. »

L'essentiel est invisible pour les yeux [SMJ- PV Siha] Latest?cb=20150523145513
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