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– Inquisition –
Invité
Que Dorian ne sache pas l’histoire du village était attendu. Il n’était après tout pas d’ici. Aussi, Lynne se permit un bref écart afin de mieux lui faire comprendre les raisons qui ont renforcé sa résolution.
« La version courte, c’est que son fils mage avait été possédé par un Démon, et il avait lâché des hordes de morts vivants sur le village. Inutile de vous dire que ça m’a encore moins donné envie de m’exposer. »
Ce ne fut qu’un court aparté. Dès que celui-ci fut fini, la jeune femme se recentra sur la question de Dorian afin d’y répondre avec le fond de sa pensée. Elle n’éprouvait que méfiance envers le Magister, bien qu’elle ne pouvait prouver que ce qu’elle ressentait face à la situation actuelle était bel et bien fondé.
Il ne s’agissait que de théories et de suppositions qui, de toute manière, ne la toucherait pas ultimement. C’était les libertaires qui allaient payer si ils n’étaient pas suffisamment prudents, pas elle. Le problème en tant que tel la dépassait et elle ne pouvait rien y faire.
Lynne ne répondit pas immédiatement à la réflexion de Dorian, observant sa silhouette qui se détachait à la lumière des flammes. Puis elle se rapprocha finalement, se postant à ses cotés afin de profiter de la chaleur de l’âtre.
« Je suppose, oui. Mais comme je l’ai dis, à voir ce qu’il leur demandera en échange - à moins qu’il s’agisse de pure générosité de sa part, ce qui n’est pas exclu. »
La nouvelle question de Dorian la surpris légèrement. En soi, elle était anodine : l’Inquisition entendait de plus en plus parler d’elle en Ferelden, et on ne pouvait attendre d’un étranger nouvellement arrivé d’en savoir autant que les locaux. Non, c’était plutôt le fait qu’elle marquait une coupure avec leur précédent sujet.
Elle ne s’en inquiéta nullement cependant, appréciant pouvoir aider son hôte.
« Ces derniers temps, on n’entend parler que de ça. » opina t’elle doucement, se remémorant un bref instant sa rencontre avec le commandant de cette organisation avant de reprendre : « Elle est apparue un peu après que des Failles aient commencé à s’ouvrir partout dans la région. Ah, mais vous ne devez pas savoir ce que sont les Failles ... Sauf si vous en avez déjà croisés ? »
Son regard se focalisa sur les bouts de bois qui craquaient sous l’effet du feu. Elle continua.
« La première de ces Failles, la Brèche, est apparue lors de l’explosion du Conclave qui a tué la Divine. L’Inquisition entend résoudre le mystère de l’apparition de ces Failles et du meurtre de la Divine et … rétablir l’ordre, je suppose. Leur héraut, la messagère d’Andraste – du moins, c’est comme ça qu’elle se fait appeler-, est capable de refermer ces Failles. »
Ses iris revinrent vers le Tevintide. Elle fit une légère moue.
« Je ne saurai distinguer les mythes qu’inventent les paysans et la réalité, mais apparemment, il serait vrai qu’elle est capable de refermer ces Failles. Maintenant, je ne sais pas comment elle aurait obtenu un tel pouvoir … Je ne sais même pas ce qui a causé tout ce désordre en premier lieu. »
– Inquisition –
Invité
Ainsi, lorsque ce dernier répondit spontanément à la négative à la possibilité que les intentions du magister soient simplement nimbées de bienveillance envers ses confrères mages, la jeune femme ne put s’empêcher de marquer une légère pause suite à la surprise qu’elle éprouva. Il n’y avait eu aucun doute dans son intonation, et la nature prompte de sa réponse la laissait supposer qu’il le connaissait mieux qu’elle. Mais à quel point ?
La brune laissa cette réponse glisser dans ses pensées, l’abandonnant pour l’heure alors qu’elle lui faisait pat des explications qu’il attendait au sujet de l’Inquisition et de la Messagère d’Andraste.
Elle essaya de garder ces explications sommaires, ne voulant par y mêler ses propres interrogations à ce sujet. Quelle était la nature de la chose ou la personne qui avait déchiré la fabrique de leur réalité, elle ne cessait de se le demander – car cela signifiait qu’il s’agissait de quelqu’un ou quelque chose possédant des pouvoirs extraordinaires qui vont bien au-delà des capacités de n’importe quel mage normal. Quant à la Messagère, pour obtenir l’effet inverse, il aurait fallu qu’elle soit elle-même bien plus que particulièrement douée – en supposant qu’elle soit également un mage.
Il n’était cependant pas le moment de théoriser : c’était quelque chose qu’elle garderait peut-être pour plus tard. Elle se contenta simplement d’hocher doucement la tête à l’affirmation du Tevintide, soutenant son regard clair un instant avant de se concentrer à son tour sur les flammes en face d’eux qui vacillaient dans une chaleur agréable.
Ses prunelles revinrent brièvement sur Dorian quand ce dernier reprit la parole. Un petit sourire éclaira le visage de la jeune femme, un éclair de souvenir la ramenant un instant dans le passé.
« Oh, je peux à peu près imaginer. » dit-elle avec un brin d’enjouement. « Je sais ce que ça fait d’être en terre inconnue. »
Elle n’en dit pas davantage, souriant simplement en repensant à ses vagabondages en Ferelden avant qu’elle ne finisse à Golefalois. L’hospitalité des fereldiens lui avait toujours réchauffé le cœur : il était normal qu’elle prenne exemple sur eux.
« Je me demandais … connaissez-vous bien Alexius ? » lui demanda t’elle, reprenant ensuite avant de justifier sa question : « Vous êtes l’ami de Félix, alors je me disais que vous aviez peut-être une idée de ses intentions. »
Tandis que Dorian finissait de lui répondre, Edwin s’était glissé jusqu’à eux, une bouteille de vin à la main, ne prenant la parole que lorsque leur invité eut fini.
« Je me suis dis qu’on pourrait déboucher ça. » déclara t’il d’un ton monocorde, s’expliquant lorsque Lynne prit une expression légèrement interrogatrice : « C’est un invité. »
« Je … Oui, après tout, pourquoi pas, tu as raison Edwin. Qu’en pensez-vous Dorian ? Voulez-vous prendre un verre ? » proposa t’elle au mage, tournant son regard vers lui.
[Seuls les administrateurs ont le droit de voir cette image] | (PNJ) Edwin Nachtigall : Un jeune homme d'une trentaine d'années au regard absent. Il s'exprime sur un ton à la fois monocorde et neutre. Un bandeau masque habituellement sa marque d'Apaisé. Edwin s'exprime en #ccffff |
– Inquisition –
Solution de rechange
9:41 du Dragon
Feat. Lynne Lenhardt
hôtesse mage fort aimable - ■ ■ ■
Je pensais par après malheureusement que ma réponse fut quelque peu tranchante concernant les intentions d’Alexius, mais par bonheur, ou par simplement chance, Lynne n’y prêta pas attention. Elle me parla donc de l’Inquisition, de leur messagère.
Lynne m’offrit un sourire d’un éclat différent, comme de la compassion à mon égard. Il fallait dire que je n’avais plus tant eu droit à ça depuis un moment.
◊ Oh, je peux à peu près imaginer. Je sais ce que ça fait d’être en terre inconnue.
Une mage qui était partie vivre ailleurs, et ce, en compagnie d’un apaisé : en effet, cela se tenait finalement. J’eus une espèce de grimace légère en guise de sourire, tel un réflexe qui attendait son heure de gloire. Mais finalement, moi qui priais pour que mes micro-expressions incontrôlables ne lui taperaient pas à l’œil, me voilà cerné par la question fatale – ou plutôt, le sujet fatal.
◊ Je me demandais … connaissez-vous bien Alexius ? Vous êtes l’ami de Félix, alors je me disais que vous aviez peut-être une idée de ses intentions.
Mon clair regard retrouva les flammes. Lui mentir ne serait pas raisonnable vis-à-vis d’elle, mais trop lui faire confiance ne serait pas raisonnable vis-à-vis de moi. Il était cependant indéniable que je le connaissais, rien que par le fait qu’il est le père de Félix, et que tout ce merdier était bien la raison de ma venue en ces lieux. Je haussai légèrement les épaules après un léger silence.
◊ Pas tant que ça, mais je le connais, oui.
Était-ce réellement une vérité biaisée ? Je ne le pensais pas capable de tels raisonnements, malgré les années que j’ai passé à théoriser et à étudier à ses côtés. Je tombais complètement des nues en arrivant ici.
Son colocataire était arrivé vers nous – j’eus un léger sursaut, tant je n’avais pas remarqué sa présence avant qu’il ne soit auprès de nous –, une bouteille à la main. Du vin ? Mon côté presque alcoolique était actuellement un feu de joie, mais mon côté rationnel était tout sauf rassuré. En soi, un cocktail émotionnel explosif.
◊ Je … Oui, après tout, pourquoi pas, tu as raison Edwin. Qu’en pensez-vous Dorian ? Voulez-vous prendre un verre ?
Je réfléchis un certain temps, avant de finalement hocher la tête. Avec tout ce qui venait d’arriver, je méritais au moins un verre pour me détendre, pour penser à autre chose, ou pour faire assidument le tri dans ma tête.
◊ C’est gentil de proposer, hum .. Edwin, c’est ça ?
C’était étrange à quel point il avait un profil à n’être qu’un servant, tout de même. C’était triste à dire, mais il agissait de la même façon. Enfin, mes réflexions à part, j’acceptai le verre qu’il avait rempli pour moi, et commençai à analyser ce que j’avais dans les mains. Un rouge sombre, dont le parfum m’indiquait qu’il serait plutôt corsé que doux. J’avais connu plus extrême, cela allait de soi. Je remerciai Edwin d’un hochement de tête, attendant Lynne pour trinquer tout de même.
◊ A quoi pourrions-nous trinquer ? Mmh .. oh, je sais.
Je levai un peu plus mon verre, le dirigeant vers le sien, attendant son contact traditionnel.
◊ A votre sens de la bonté et de l’hospitalité.
Une fois les verres trinqués, j’eus un léger mouvement hésitant avant de réellement boire. Cela me faisait drôle, après autant de temps passé à être sobre. Mais la légère amertume du vin me fit un bien indescriptible.
◊ Pour en revenir à notre sujet initial, j’ignore quels sont ses motivations, mais j’ai un mauvais pressentiment à ce sujet. Et vous, Lynne ? Que pensez-vous qu’il voudrait faire ?
Invité
« C’est exact. » répondit posément l’Apaisé, hochant la tête à l’affirmative à la question de Dorian.
Le regard du noiraud intercepta celui de la mage, qui avait commencé à se tourner vers la table derrière eux où étaient disposés quelques couverts – dont des verres. Devinant ses intentions, Edwin l’arrêta doucement d’un geste de main.
« Je vais le faire, ça ira. »
« Tu n’es pas obligé, tu sais. » lui assura t’elle, le regardant se diriger vers la surface de bois non loin de leur trio. « Mais … merci quand même. »
Lynne le regarda avec un faible sourire. Elle appréciait l’aide de son ami autant que son initiative, certes, mais elle avait du mal à la savourer dans son entièreté. Il ne s’agissait pas de gentillesse de sa part, ni de bienveillance. Il répondait à un besoin mécanique de se rendre utile, ni plus, ni moins. En quatre ans, elle aurait pensé qu’elle se serait habituée à cela, mais c’était bien loin d’être le cas. Elle ressentait de la culpabilité à le voir courber l’échine de manière si naturelle et d’être satisfait de n’être qu’un outil, un objet au service de qui le veut bien.
Tel était son ressentis quand Edwin revint leur servir leurs verres respectifs. Comme d’habitude, il ne s’était pas servi lui-même : il n’avait aucune raison logique à boire et était indifférent au goût de l’alcool. Lynne n’insista pas pour qu’il prenne un verre, connaissant ses raisons et son mode fonctionnement : cela n’avait pas de sens de le forcer, et ce serait même contradictoire envers ses propres principes. Edwin n’était pas un objet qui devait se plier à ses désirs.
Puis vint le moment de trinquer. Edwin était retourné à ses occupations près d’une étagère de livres, laissant le duo en paix. Lynne leva son verre de concert avec le Tevintide, souriant timidement lorsqu’il la complimenta.
« Oh – c’est normal, voyons … »
Les verres trinqués, la jeune femme bu une gorgée sans trop attendre. Une légère grimace vint déformer brièvement ses lèvres : le vin n’était pas mauvais, mais il était un peu trop corsé à son goût.
Elle ne s’embarrassa pas de ce détail cependant, prêtant plutôt attention à la question de Dorian qui était tout sauf simple.
« En partant du principe que ses intentions sont mauvaises ? Euhm … »
Son regard noisette navigua du visage du mage jusqu’à son propre verre de vin, ne répondant pas immédiatement. Elle bu une autre petite gorgée de vin, l’amertume du liquide cramoisi se mêlant à son flot de pensées.
« Mh … Je ne sais vraiment pas. » dit-elle doucement, pensive. Elle reprit bientôt, réfléchissant à voix haute : « Les mages veulent un vrai refuge, ce qu’Alexius pourrait leur offrir. Mais cela aura un prix, ils auront forcément une dette envers lui et lui seul. Il aura donc accès à un grand groupe de mages dont il peut faire à peu près ce qu’il veut … L’avantage, par rapport au fait d’employer des mages de Tevinter, c’est que cela lui permettrait d’être plus discret dans son implication dans … ce qu’il prévoit de faire. »
Mais cela ne répondait pas à la question de son invité. Insatisfaite, elle reprit sa réflexion, émettant cette fois des suppositions.
« Peut-être que ça a à voir avec des recherches qu’il mène, non ? Enfin, je ne connais rien aux Magisters, mais puisque la magie occupe une place importante dans votre pays, cela ne me parait pas incohérent qu’il l’étudie d’une quelconque manière. Vous savez peut-être quelque chose à ce sujet ?» lui demanda t’elle, reportant son attention sur Dorian.
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Solution de rechange
9:41 du Dragon
Feat. Lynne Lenhardt
hôtesse mage fort aimable - ■ ■ ■
A voir la réaction de Lynne, elle n’avait pas l’habitude de son état encore ; à croire que c’était encore récent, et avec les événements actuels, ces conflits entre les mages et les templiers qui abreuvaient particulièrement la terre du sud de sang, l’interprétation que faisait mon esprit me fit serrer des dents. Je n’avais pas encore l’habitude de la façon d’être des sudistes, mais j’en avais suffisamment entendu durant mon voyage pour comprendre que les académies que sont censé être les cercles étaient des prisons au mieux, des salles de torture au pire. Mais je comprenais sa réaction, son manque d’habitude : je n’avais pas tant côtoyé d’apaisés durant ma vie, donc rien que maintenant tout me paraissait étrange, légèrement déplacé. Je ne pouvais pas me mettre à sa place, c’était évident, mais je pouvais comprendre un minimum ; et en tant que mage, vivre tous les jours dans le secret avec une telle application de sentence non loin, devait être tout sauf rassurant.
Nous trinquâmes tout de même, sans réellement parler de ce qui venait de se passer – cela allait de soi et ne me regardait nullement –, et ma manie d’observer les réactions d’autrui me laissa comprendre, à travers ce sourire réservé, qu’elle devait être très modeste. Modeste au point de dénigrer ses propres exploits au moment venu. Je lui avais rendu ce sourire avec davantage de fermeté et d’aisance, peut-être dans une tentative de la garder à son aise durant cette conversation.
Lynne réfléchit cependant très sérieusement au sujet de ma question. J’étais curieux de connaître son avis ; n’ayant pas eu le temps de demander à des sudistes partisans d’Alexius, autant connaître l’avis d’une mage qui lui démontrait secrètement une forme d’hostilité.
◊ En partant du principe que ses intentions sont mauvaises ? Euhm …
J’avalai quelques gorgées d’un vin que je trouvais finalement assez doux encore, fixant à l’occasion la flamme qui dansait encore auprès de nous. Sa première prise de parole n’ôta nullement de mes iris cette fascination pour cette langue de feu, si ardente et chaleureuse à la fois.
◊ Mh … Je ne sais vraiment pas.
J’attendis patiemment qu’elle poursuivre, sirotant une boisson qui m’avait manqué, à vrai dire. Triste constat, il me fallait admettre.
◊ Les mages veulent un vrai refuge, ce qu’Alexius pourrait leur offrir. Mais cela aura un prix, ils auront forcément une dette envers lui et lui seul. Il aura donc accès à un grand groupe de mages dont il peut faire à peu près ce qu’il veut … L’avantage, par rapport au fait d’employer des mages de Tevinter, c’est que cela lui permettrait d’être plus discret dans son implication dans … ce qu’il prévoit de faire.
Faire ce qu’il veut des mages. Cette réflexion n’était pas stupide : il avait une foule à ses pieds actuellement, et il pourrait en faire ce que bon lui semble. C’était discret, oui, plus discret que des Tévintides. Je ne quittai pas Lynne des yeux, pensif, envisageant évidemment le pire par rapport à cette situation.
◊ Peut-être que ça a à voir avec des recherches qu’il mène, non ? Enfin, je ne connais rien aux Magisters, mais puisque la magie occupe une place importante dans votre pays, cela ne me parait pas incohérent qu’il l’étudie d’une quelconque manière. Vous savez peut-être quelque chose à ce sujet ?
En lien avec ses recherches ? Je me frottai le menton, fixant une fois de plus la flamme qui dansait avec toujours plus de peine. D’un geste nonchalant, je lançai une petite flamme dans la cheminée, et elle repartit de plus belle. Je n’avais pas envie de la voir faiblir maintenant.
◊ Si nous faisons le tour de la situation, il se trouve actuellement avec une foule de mages prêts à le suivre. Mais qu’en ferait-il ? Dans quel but ?
Je n’avais pas encore envie de parler de ses recherches, de ce passé commun, mais je ne pensais pas qu’il ne pouvait s’agir que de cela. Ou alors ..
◊ Je ne pense pas qu’Alexius soit le meneur de cette danse, Lynne. Il ne doit être qu’un pion, un pion qui rassemble des hommes à un moment où le sud est plongé dans le chaos. La question est de savoir qui, et je ne pense pas que l’empire ait à voir avec tout ça, il est déjà bien assez occupé.
Alexius désespéré ? Cela pouvait se tenir, compte tenu du temps qui restait à Félix. Je bus une gorgée de vin dans l’espoir de calmer cette sombre colère qui recommençait à monter. Comment pouvait-il s’être avoué vaincu à ce point, sans accepter le présent ? Je me raclai la gorge, avant de poursuivre.
◊ Vu votre travail, j’ose espérer que vous connaissez la situation actuelle de Félix ? Sa santé, je veux dire ..
Ces sombres images à Asariel ne me quitteraient jamais, je supposai, même après quelques années de mou. Je soufflai du nez, avant de finir le contenu de mon verre. J’aurais bien besoin de boire, ce soir, ça allait être inévitable.
Invité
Aux hypothèses de Lynne, Dorian en émit de nouvelles que la jeune femme écouta attentivement, sirotant son verre alors qu’elle pondérait sur leur signification.
« Vous connaissez mieux Tevinter que moi. » admit-elle finalement, haussant légèrement les épaules. « Mais comment pouvez-vous être certain qu’il n’agit pas de son propre chef ? Et surtout, quel genre de personne est-ce qu’il écouterait ? Une personne de son rang peut obtenir tellement de choses sans avoir à suivre quelqu’un … »
Finalement, Dorian aborda la situation de Félix. Oh, Lynne ne la connaissait que trop bien. Un client aussi régulier que son père aurait attiré la curiosité de n’importe qui, surtout au regard des décoctions inhabituelles qu’il demandait. Elle espérait pouvoir aider Félix, mais elle finit par apprendre une dure vérité d’autant plus difficile à avaler alors que leur amitié lui était devenue importante : elle ne pouvait rien pour lui.
Ni les plantes, ni les magies ne pouvaient purger le mal qui s’était insinué si profondément en lui, ternissant son sang d’une mortelle corruption. Tel était le destin des victimes des engeances.
« Oui, je suis au courant. » avoua t’elle, reprenant une gorgée de vin qui se fit un peu plus conséquente que les autres. A l’amertume de la boisson s’ajoutait celle qui découlait de sa propre tristesse. « Vous pensez que cela a un lien avec ce que prévoit Alexius ? Après tout, il n’y a aucun remède à sa maladie … à part mettre la vie de Félix entre les mains de la Garde des Ombres, mais cela ne garantira pas sa survie. Quant à son destin … il serait scellé. Je doute qu’il veuille cela pour son fils. »
Elle trempa à nouveau ses lèvres dans le liquide cramoisi sans en ajouter davantage, son regard sombre se détournant du mage. Son verre se retrouva ainsi vide. En jetant un coup d’œil au verre de son voisin, elle se rendit compte que le sien l'était également.
« Je vous ressers ? »
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Feat. Lynne Lenhardt
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◊ Vous connaissez mieux Tevinter que moi. Mais comment pouvez-vous être certain qu’il n’agit pas de son propre chef ? Et surtout, quel genre de personne est-ce qu’il écouterait ? Une personne de son rang peut obtenir tellement de choses sans avoir à suivre quelqu’un …
Mes dents restèrent serrées, tandis que la toile se tissait dans ma tête ; s’il y avait bien une chose qu’il désirait obtenir par-dessus tout, c’était bel et bien quelque chose qu’il ne pourrait obtenir. Je focalisais les flammes dans le but de ne rien laisser paraître, même si je devais donner l’impression d’être tendu. Mais après un certain temps, je débutai le sujet de Félix, de sa situation actuelle.
◊ Vu votre travail, j’ose espérer que vous connaissez la situation actuelle de Félix ? Sa santé, je veux dire ..
◊ Oui, je suis au courant. Vous pensez que cela a un lien avec ce que prévoit Alexius ? Après tout, il n’y a aucun remède à sa maladie … à part mettre la vie de Félix entre les mains de la Garde des Ombres, mais cela ne garantira pas sa survie. Quant à son destin … il serait scellé. Je doute qu’il veuille cela pour son fils.
Mais malgré mes efforts, et surtout malgré les années – ainsi que ses litres d’alcool – déployées afin de panser la plaie, je me sentis presque replonger en enfer. La perte de la notion du temps. Voir le sourire de Félix s’amaigrir au fil de mes nuits blanches, lui qui s’inquiétait plus pour moi que pour lui. Mes rares, mais précieuses correspondances. Et surtout cette ignorance. Cette façon de me laisser de côté alors qu’il perdait de plus en plus pied.
◊ Je vous ressers ?
Je fus pris d’un sursaut et, l’espace d’un instant, me voilà reparti d’Asariel pour atterrir dans cette modeste maison Féreldienne. Je fermai les yeux un instant, conscient de ce que je devais laisser paraître. Il me fallut un instant pour traduire sa question, moi qui étais perdu dans mon monde nordique l’espace d’un instant. Je haussai des épaules, avant de repérer la bouteille, posée sur la table un bout plus loin.
◊ Oh vous savez, je peux y aller, ce n’est pas un problème.
Mais je sentis que cette bien aimable personne se sentirait piètre hôtesse à laisser son invité la servir, mais j’avais besoin de faire quelque chose, de bouger un peu. En anticipation de sa réaction, alors que j’avais déjà débuté ma marche, je posai une main sur son épaule, alors que je me trouvai davantage près d’elle, et croisai son regard, souriant pour paraître un minimum chaleureux.
◊ Et j’insiste, Lynne.
Sur ces mots, je me dirigeai vers la table et m’emparai de la bouteille, dont je m’amusais à déchiffrer l’étiquette, avant de remplir mon verre. Puis je fis un signe de tête à mon interlocutrice du soir, un signe de se rapprocher, histoire de poursuivre cette conversation posés tranquillement à une table.
◊ Allez venez, on ne va tout de même pas passé la soirée debouts !
Je bus une première gorgée avant de reposer mon verre sur la table, pour attraper une chaise, la tirer un peu et m’asseoir. Si elle venait à me suivre, ce qui me semblait être une évidence, je lui remplirais son verre.
Ils avaient prévu de manger prochainement, à en juger par la mise en place des services, mais aussi par la marmite qui chauffait paisiblement. Etais-je réellement en train de me demander depuis combien de temps je n’avais plus dormi sous un vrai toit ?
Je bus une nouvelle gorgée de vin, avant de reprendre cependant le dur fil de conversation que nous avions abordé.
◊ Mais vous avez soulevé un point pertinent : le destin de Félix est scellé. C’est inévitable et personne ne peut rien y faire, pas même un puissant Magister tel que son père. Grand thaumaturge ayant repoussé les limites mêmes du savoir magique.
Je marquai une pause, avant de tourner la tête vers Lynne.
◊ Voyez-vous où je veux en venir ? Quelqu'un lui promet l'impossible, et s'il est suffisamment désespéré, ce que je soupçonne, il se peut qu'il ait accepté. Le tout serait de savoir qui ..
Je fixai à présent le fond de mon verre encore à moitié plein, songeur. J'avais quelque part ma réponse, mais comment croire en ces gamineries pour ne pas dire "légendes" ? Il devait y avoir autre chose.
◊ Et cette Messagère d'Andrasté dont tout le monde parle, se pourrait-il que ce soit pour elle ?
Je n'en avais pas l'impression, mais les deux événements restaient tout de même en une curieuse corrélation qui demandait une certaine étude du sujet ..
Invité
Son hôte finit par répondre à l’affirmative, mais insista pour qu’il la serve. Lynne voulu répliquer, mais il l’interrompit avant qu’elle ne puisse le faire changer d’avis. Sa gentillesse la fit sourire, et elle le remercia à mi-voix avant de finalement le rejoindre à la table. Pendant qu’il la servait, Edwin en profita pour revenir du côté du foyer afin de vérifier l’état du contenu de la marmite.
Une odeur agréable et réconfortante de soupe s’en échappa alors qu’il soulevait son couvercle. Du coté des deux mages, la discussion continuait autour d’un nouveau verre de vin. Lynne sirotait le sien pendant qu’elle écoutait le raisonnement de Dorian.
« Oui, ça a du sens. » approuva t’elle suite à son questionnement, marquant ainsi une brève conclusion sur le point qu’il voulait faire.
Derrière eux, l’apaisé s’affairait avec les quelques assaisonnements posés sur un plan de travail situé non loin de lui alors que, après une brève pause, Dorian poursuivit sa réflexion avec une nouvelle question qui cette fois mettait en cause la Messagère d’Andraste.
C’était une juste remarque : leurs apparitions concordaient étrangement.
« L’Inquisition pourrait avoir besoin de ces mages pour étudier ou refermer ces failles. Ce sont les mieux placés pour cela, les recruter serait intéressant. » admit-elle, reposant son verre sur la table de bois. « Mais de là à envoyer directement Alexius, alors qu’elle pourrait envoyer un agent officiel ? Et l’Inquisition n’aura-t-elle pas des problèmes à laisser des apostats quitter le pays de la sorte ? N’oubliez pas l’intérêt des mages vis-à-vis de cette alliance … »
Son menton se reposa sur la paume de sa main, son coude sur la table. Elle regarda Dorian, poursuivant son propos.
« D’ailleurs, je ne sais pas vous mais moi, si j’allais sceller une alliance avec une bande d’apostats aussi conséquente, j’enverrais un vrai représentant de l’Inquisition – comme la Messagère. » Elle fit une brève pause, jetant un bref coup d’œil à la fenêtre comme si elle s’était attendue à voir celle-ci arriver. Ses iris revinrent sur le tevintide. « J’ai entendu dire qu’elle ralliait des individus à la cause de l’Inquisition dans la région, d’ailleurs. »
Se redressant un peu, elle conclut :
« Quoi qu’il en soit … Si vous avez de mauvais pressentiments au sujet des projets d’Alexius, je ne crois pas que l’Inquisition soit une bonne coupable. Son but est de refermer les failles et rétablir un semblant d’ordre, pas de se mêler des aspirations douteuses d’un magister … »
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