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Mar 19 Mar 2019 - 18:59

Anonymous
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Après la Tempête


Cela faisait plusieurs jours que Béatrix travaillait sur elle-même, se rappelant les cours qu’elle avait délaissé lors de son adolescence. Finalement, au moment où elle s’y attendait le moins, l’entêtement de son père s’avérait plus qu’utile. Elle avait suivi la voie de la chevalerie pour la fierté et l’honneur qui venait en complément et, au prix de nombreux sacrifices personnels et moraux, elle avait dépassé toutes ses attentes. C’est pour ces raisons qu’elle avait accepté de se jeter dans le Noble Jeu d’une manière plutôt radicale pour Célène.

Devant elle se présentait la tâche la plus difficile que la Championne est reçue jusqu’à ce jour, mais elle avait tout le bagage nécessaire pour affronter ces difficultés et en triompher. Bien qu’elle sentît son ventre se nouer et qu’elle avait frappé de frustration les murs de ses quartiers à plusieurs reprises au court des derniers jours, elle avait finalement réussi à se forger une véritable deuxième identité. Jenifaël, une barde qui s’est retrouvée sur le bord du précipice et qui, grâce à une âme charitable, a réussi à se plonger dans cette vie excitante. Béatrix avait travaillé sa posture, son ton de voix, sa démarche, et même son sourire pour qu’il paraisse doux. Tant de choses de changée pour pouvoir jouer un rôle, chose qu’elle détestait faire plus que tout, mais qui était pourtant vital. La Comtesse espérait simplement ne pas devoir revêtir cette peau trop souvent. Afficher plus de douceur qu’elle n’en avait jamais manifester, c’était une chose, mais renier la fierté de ses titres fièrement gagné et la possibilité de parler en mal de son Impératrice lui donnait envie de vomir.

Célène s’était montrée à l’écoute de tous les besoins de Béatrix pour se préparer à cette mission. Grâce à elle, la Championne revêtait désormais une armure en cuir à la fois confortable et légère, une longue cape noire accrochée à ses épaules et une capuche portant la même couleur obscure reposant sur son dos. Elle avait également une épée courte à la taille. Béatrix avait insisté pour avoir une bonne arme, ceux s’y connaissant reconnaitraient immédiatement le travail frôlant la perfection, mais les elfes du bascloître ne sauraient sûrement pas reconnaître un alliage si noble. Serrant les bords de sa coiffeuse au point que ses jointures en devenaient blanches, Béatrix fixait intensément son reflet dans le miroir pour calmer son appréhension face à la nuit qu’elle allait passer. Si sa couverture tombait, Célène allait le payer très cher. Elle n’avait pas droit à l’erreur, Jenifaël devait être parfaite. Après une longue expiration, Béatrix afficha son sourire aussi doux qu’effacé, lui donnant une apparence presque fantomatique. Pour s’aider, elle pensa au doux visage de Yémir, morte depuis peu dans des circonstances inconnues, mais qui avait fait battre son cœur pendant quelques temps. Parfait. Elle effaça toute trace de fierté de son visage, Jenifaël ne donnant pas du tout d’importance à ce sentiment, et passa la capuche par-dessus sa tête, passant sa queue-de-cheval brune sur l’épaule droite. Un dernier regard dans la glace la rassure, la capuche cachait parfaitement son regard, mais malheureusement ses traits et sa constitution révélaient facilement qu’elle était une humaine, une Shem. Les Elfes risquaient d’être farouche en la voyant.

Béatrix sortit sous le couvert de la nuit et fit plusieurs détours avant d’arriver au bascloître. Il n’était pas question que qui que ce soit n’ait serait-ce qu’une simple impression de savoir d’où elle venait. Lorsqu’elle arriva dans le quartier réservé aux Elfes, elle sentit immédiatement le changement d’ambiance. Il y a à peine quelques minutes, elle circulait dans une zone où la tranquillité régnait, mais ici, c’était la peur et la misère. L’air était atrocement lourd et elle était incapable de dire si c’était normal ou si c’était une cause de la tuerie. Après tout, la seule fois où elle était venue ici, c’était pour accomplir le même acte qui s’est produit il y a peu … Béatrix écarta rapidement ce souvenir de son esprit, refusant d’accorder une simple once de sa concentration aux regrets qu’elle pouvait ressentir. Réfléchissant à un moyen de débuter son enquête, elle commença à circuler comme une ombre à travers les habitations, ne portant que peu d’attention aux Elfes circulant également autour d’elle. Elle serait sûrement suivie, ça ne l’étonnerait pas qu’ils soient aux aguets à la moindre présence Shem, donc elle accepta les nombreux regards pouvant se poser sur elle, gardant la tête baissée.

À force de se déplacer, Béatrix remarqua qu’il n’y avait plus du tout d’Elfes sans abris. C’était donc de cela que Célène parlait en disant qu’il y avait beaucoup moins d’Elfes dans le bascloître … Béatrix relâcha un court soupir, elle qui avait espéré pouvoir profiter de leur situation difficile. Cela ne l’empêchait pas d’utiliser la même technique sur un autre Elfe, leur niveau de vie étant très bas. Par contre, la fiabilité de ses informations n’était pas du tout assurée … Mais bon, il faut bien commencer quelque part. Ses lèvres s’étirant pour former son doux sourire, elle approcha un Elfe qui était assis sur un banc et, en voyant la lame à sa taille, il se leva et commença à reculer lentement, la peur dans les yeux, se préparant à fuir. Béatrix écarta les bras de son corps en ouvrant ses mains vides pour lui montrer qu’elle n’était pas dangereuse.


“ Tout doux, mon ami. Une véritable épéiste telle que moi sait qu’une lame est un outil d’auto-défense. Tant que tu n’essayes pas de me faire du mal, je n’ai aucune raison de te menacer. „

L’Elfe se stoppa d’un air incertain, mais ne restait tout de même pas très confiant en voyant la Shem l’approcher lentement. Béatrix s’arrêta hors de porter de bras de l’Elfe pour ne pas envahir son espace personnel et présenta une dizaine de pièces d’argent.

“ Je ne te veux aucun mal, au contraire, je souhaite aider. Prend ça, j’en ai plus si tu acceptes de me rendre un petit service en échange. Je suis là pour comprendre ce qui s’est passé il y a quelques jours, à propos de l’apparition de Michel de Chevin ? Ou qu’est-ce qui s’est passé l’autre jour pour qu’autant de sang coule inutilement … „

La voix de Béatrix s’efface légèrement en terminant son petit monologue, montrant à l’Elfe qu’elle trouvait que ce qui s’était passé était horrible, du moins, c’était ce que Jenifaël pensait. Ce que la Championne pensait, que ce soit identique ou opposé avec ce que pensait Jenifaël, n’avait aucune importance. En espérant que cet Elfe se montre coopératif, plus vite elle aurait ses réponses et plus vite elle pourrait porter à nouveau le Lion d’Or.

Mar 19 Mar 2019 - 21:06

Anonymous
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Après la tempête



Ils voyageaient ensemble depuis quelques jours à présent. Jours pendant lesquels Argonia essaya de faire comprendre à Lathbora que d'autres recours étaient possibles contre l'injustice du monde. Le dalatien avait fini par adopter la barde complètement : son optimisme sans faille avait même fini par forger son admiration. Elle trouvait le moyen de vivre parmi les shemlens et de ne jamais souffrir comme le reste des elfes. Elle corrigeait les injustices qu'on portait à son attention d'une manière des plus amusantes et légères, tout en restant efficace. Le dalatien, lui, ne se sentait pas encore prêt pour un tel exploit. Il sentait encore en lui bouillonner la rage et la colère. De plus, il n'était pas certain que les frasques d'Argonia suffiraient à corriger le destin des elfes. Il allait falloir quelque chose de plus percutant, et c'est là qu'il rentrait en jeu. Lui et ses dagues.
Argonia et lui formaient un bien étrange duo, au fond. Physiquement, leur ensemble était plutôt cohérent : deux elfes sensiblement de la même tranche d'âge en tenues pratiques de voyage, arpentant les routes. Pourtant leur association dans le fond était des plus miraculeuses. La barde voyageait joyeusement, cithare en main. Elle papillonnait en chemin, recherchait la compagnie d'autres en profitant de carrioles providentielles ou en s'arrêtant presque chaque nuit dans des tavernes. Lathbora avait quant à lui l'habitude de voyager seul, et des habitudes encrées dont il avait lui-même bien du mal à défaire. Les chants incessants d'Argonia lui arrachaient des sursauts alors qu'il épiait la route à la recherche de danger. Il vivait mal les carrioles et refusait les tavernes, préférant de loin ressortir la corde de son sac pour aller s'attacher dans l'arbre le plus proche pour la nuit. Une seule fois Argonia était parvenu à le faire pénétrer dans une taverne, laissant sa fenêtre ouverte et l’appelant en pleine nuit. Il avait escaladé la façade en silence et s'était introduit sans mal dans la petite pièce pour découvrir avec horreur son amie récente devant une bassine d'eau fumante et une pile de savons. La barde, à force de supplication, fini de le convaincre à y entrer et il se déshabilla, devant elle, ignorant qu'il était des convenances et de la pudeur de ceux qui n'étaient pas dalatiens. Après cet incident, il ne fut plus questions de tavernes pour lui.

Cette rumeur, celle que des amis d'Argonia lui avaient révélée, n'avait pas eu le même impacte sur les deux nouveaux camarades. Lathbora sentait Argonia tendue sous ses couches de bonne humeur apparente. Elle redoutait certainement ce qu'elle allait découvrir une fois arrivé sur place. Lathbora, lui, n'avait aucun doute quant à l'horreur de la situation. Pourtant, c'était l'espoir qui le motivait, sous son habituel air boudeur. Tous les elfes ne s'étaient pas fait massacrés. Ils avaient étés aidés. Voilà très exactement ce qu'il avait attendu tout ce temps. Une piste fraîche, pointant dans la direction de ceux qui aident les elfes. En entendant cette rumeur, ils se rebroussèrent chemin en direction de Val Royeaux.
Ils n'étaient plus loin de leur destination lorsque le dalatien repéra avec bonheur un buisson épineux qu'il connaissait bien. Ses branches les plus protégées portaient les baies les plus douces qu'il n'ait jamais connu. Il en récolta deux pleines poignées, esquivant habilement les ronces, joyeux à l'idée de les proposer à Argonia. Il se stoppa, se rappelant douloureusement que ces baies possédaient également des vertus hallucinogènes. Il les glissa alors dans un mouchoir dont il noua les bords, et rentra le petit paquet ainsi formé dans son sac. *Peut-être pour plus tard.* Pour l'heure, Val Royeaux les attendait.

Ils passèrent enfin les hautes portes, à présent familières, de la ville lumière et Lathbora soupira. Les dalles de pierre, sous ses pieds nus, ne lui avaient absolument pas manqué. Il resserra les pans de son manteau de laine élimé sur l'armure légère de cuire qu'il portait, sentant le poids de son plastron adoré mais trop identifiable peser dans son sac de voyage. Il avait appris, avec le temps, qu'il valait mieux passer le plus inaperçu possible dans les villes shemlens. Et donc, par définition, dans tout Orlais. C'était une leçon qu'il avait eue du mal à accepter, sa fierté elfique ne l'y aidant pas. Mais, pour une fois, il avait écouté les bons conseils de la barde, et avait obtempéré. Dans ce but, il avait également fait l'acquisition d'un ridicule petit chapeau aux couleurs chatoyantes et aux bords suffisamment étendus pour jeter une ombre sur son visage tatoué. Ses dagues fidèles étaient dissimulées dans son dos, plus bas qu'à l'habitude, Il pouvait les atteindre en passant ses mains le long de ses flancs, juste sous ces aisselles. Encore à l'entrée de la ville, il toisa discrètement mais agressivement les premiers gardes qu'il vit avant de baisser finalement la tête et de se laisser ensuite guider par Argonia dans des ruelles de plus en plus étroites et de plus en plus sombres. La barde arrêtait leur progression dès qu'elle apercevait la moindre âme visiblement défavorisée, pauvre ou serviteur, pour se présenter à eux. Une amie. Voilà invariablement la façon dont elle se présentait. Et Lathbora avait pour ordre de ne pas intervenir, de la laisser agir à sa guise. Et il obtempérait, encore. Petit à petit, ils progressaient. Argonia obtenait des informations et poursuivait son chemin plus en avant. Lathbora la suivait, discrètement, quelques pas en arrière pour ne pas sembler menaçant. Pour ne pas attirer l'attention aussi. Se fondre dans les ombres, il savait faire.
Finalement, Argonia disparut dans l'embrasure d'une maison modeste. Le dalatien, adossé au mur extérieur de la dite maison, attendit qu'elle en ressorte, balayant la ruelle de son regard doré, alerte, une oreille dressée en direction de l'intérieur, au cas où. Dans le calme relatif de cette rue, il se demanda un moment distraitement si le bascloître de Val Royeaux allait réellement se révéler différent de celui de Dénérim, qu'il avait eu l'occasion de visiter. Ses yeux allaient-ils encore se poser sur la pauvreté excessive des elfes où étaient-ils mieux traités à Orlais, comme semblait le promettre Argonia ? Enfin, mieux traités bien sûr lorsqu'ils n'étaient pas sauvagement assassinés. Cela semblait être la constance de Thédas : le meurtre d'elfes sans défense. Lui au moins se proposait de rectifier un peu la balance. Il n'avait tué aucun shemlens depuis de nombreux jours à présent et il se demanda, avec douceur, si le moment d'y remédier n'était pas enfin arrivé.
*Patience* se répéta t'il à lui-même. *Bientôt tout ça aura du sens.*. Oui, il pouvait le sentir : il se trouvait définitivement sur la bonne voie. Bientôt il serait en mesure d'aider. Il n'avait plus qu'à attendre.

Mer 20 Mar 2019 - 19:58

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

– Inquisition –

Messages : 159

Après la Tempête


Suite à notre petite aventure en marge de Val Royeaux, Lathbora devint mon compagnon de voyage pendant un certain temps. Ayant compris qu’il était un Dalatien un peu paumé en mal d’apprendre, je l’avais fortement incité à m’accompagner pendant un moment pour mieux comprendre comment les elfes et les humains vivaient ensemble ici. Ce concept lui semblait bien particulier, et il ne fallait pas moins de toute ma bonne volonté et ma bonne humeur pour montrer à cet elfe sceptique et méfiant que tout n’était pas noir. Nous nous étions éloignés de Val Royeaux, allant là où la noblesse était moindre et où les elfes étaient moins oppressés. C’était l’hiver, mais l’on trouvait toujours de quoi se divertir sur la route. S’amuser à faire voler des feuilles tombantes, composer sur le vent et le givre, dessiner avec ses pas sur le glacis du bord de la route, s’émerveiller de la façon dont Lathbora était capable de marcher pied nu malgré le froid, ou encore le faire sursauter en entonnant quelques notes avec ma cithare quand il s’y attendait le moins. Bien que de caractère différent, Lathbora était un bon compagnon de route. Il m’écoutait sans rechigner, semblant assez curieux et ayant envie d’apprendre. Il était naturel, peu bavard mais très à l’écoute. Et ce n’était pas souvent que j’avais un elfe comme compagnon de route, et encore moins une personne de la gente masculine. Etrangement, c’était agréable et assez rassurant. Même si la plupart du temps je le guidais pour qu’il ne fasse pas d’impairs en ville, et m’amusais beaucoup à le taquiner pour qu’il sorte d’autres expression que son sempiternel visage de marbre. Il avait toujours cette espèce de réaction allergique en étant proche des humains, se renfermant sur lui-même et cachant mal son malaise. Et comme nous étions en Orlaïs, il était difficile de ne pas en croiser, ce qui n’arrangeait pas sa palette d’expression froide ou renfrognée. C’était un Dalatien, alors sans doute qu’il y avait quelque chose là-dessous. Il s’étonnait toujours que je me lie aussi souvent d’amitié ou de conversation avec eux, arrivant avec mon babillage mélodieux et ma bonne humeur à souffler du revers de la main leurs insultes, mais également à obtenir quelques faveurs comme devenir passager sur une carriole ou bien être reçue dans telle ou telle auberge. D’ailleurs, vivre sous un toit n’était vraiment pas du goût de Lathbora, et malgré mes incitations j’eus du mal le décider à venir dormir aux tavernes. Sûrement une obstination bien dalatienne. Quoi qu’il en soit, s’il voulait passer un peu plus inaperçu, il avait des efforts à faire. Je ne connaissais pas vraiment sa raison pour se rapprocher autant des humains qu’il détestait, mais par sympathie pour lui, et parce qu’il était l’un des uniques Dalatiens à me laisser l’approcher et me parler de sa culture, je voulais l’aider. Ainsi, je lui avais acheté grâce à l’argent que je gagnais comme Barde une paire de mitaine (bien à lui cette fois ci) et un chapeau typiquement orlésien à bord large. L’avantage était double : il dissimulait plutôt bien son visage avec ses tatouages, et en plus les couleurs chatoyantes le rendaient amusant et plus à même d’accompagner une barde telle que moi, qui portait des couleurs du même acabit malgré que ce soit l’hiver. L’autre chose était son odeur… Pas une fois je ne l’avais vu se laver, et cette odeur de forêt était un autre aspect qui faisait de lui une personne à part. C’était subtil, il ne sentait pas vraiment mauvais mais… différent. Et puis, mon sens de l’hygiène s’était trouvé piqué au vif en ne le voyant pas approcher la moindre source d’eau pour se laver. Sans trop savoir comment, j’avais réussi une nuit à l’attirer dans ce qui me servait de chambre à l’auberge où j’avais réussi à obtenir les faveurs de la salle par une complainte endiablée et ainsi celle du tavernier pour lequel l’alcool avait coulé à flot. J’avais récupéré une bassine d’eau chaud et sorti quelques pains de savons, et attiré le pauvre elfe à venir dans ma chambre. Concentrée sur le fait qu’il fallait le laver, prenant presque cela pour un objectif personnel, je ne me rendais même pas compte à quel point cette proposition pouvait paraitre scandaleuse et déplacée. Mais c’était un ami, et ce ne fut que quand il finit par accepter à force d’argument et qu’il commença à se déshabiller que je me demandais si c’était une bonne idée. Allait il se trouver offusqué ? Etait ce quelque chose de normal chez les Dalatiens ? Mais à le voir rester calme, je me disais qu’il n’y avait que moi pour penser à ces choses là et je cachais mon malaise momentané à coup de blagues et me mettais dans la peau d’une mère devant laver un de ses marmots. Suite à cet épisode, plus jamais je ne lui proposais une séance de lavage à l’auberge dans ma chambre. Finalement ce n’était pas bon pour mon cœur…

Plusieurs jours de vadrouille plus loin de Val Royeaux, ce n’était pas anodin juste pour le plaisir de voyager et de jouer dans des tavernes. Il fallait déjà s’éloigner de l’endroit où nous avions fait une petite blague à des bourgeois mal polis, et puis j’étais une barde. Les tavernes, aller de villes en villages, c’était mon travail pour rassembler un maximum d’informations, connaitre les dernières rumeurs ou bien en répandre de nouvelles. Je voulais me renseigner sur différentes rumeurs concernant les Gardes des Ombres, notamment en allant plus au sud. J’avais entendu dire qu’ils s’étaient accoquiné avec la noblesse, et reçu des terres où s’installer au niveau de Térébinthe. La faveur d’un noble il semblait, et il m’intéressait de savoir ce qu’ils manigançaient et comment cela pouvait potentiellement affecter la population aux alentours. Après tout, les Gardes des Ombres n’avaient plus très bonne réputation depuis les rumeurs sur l’Inébranlable. Invoquer une armée de démon dans ses propres rangs, voilà qui est bien dangereux. Bien que je n’avais entendu que des choses étranges de la part de mes Amis sur l’Inquisition, j’étais bien heureuse qu’ils aient mis un terme à cette folie. Mais au détour d’une taverne, j’entendis une rumeur sur un massacre d’elfe au bas cloître de Val Royeaux. Je connaissais cet endroit, et plusieurs de mes connaissances y vivaient. Inquiète, je me décidais de revenir pour enquêter, surtout que cela concernait des elfes. L’implication de chevaliers était également en cause, ainsi qu’un certain Michel de Chevin. Ce nom me disait quelque chose, pour l’avoir déjà entendu dans les soirées chez certains Nobles. Il était rattaché d’une certaine manière à l’Impératrice Célène, mais tout ceci était bien flou. En revanche, les bruits couraient sur son intégrité et sur sa disparition depuis plusieurs années. Le voir ainsi soudainement apparaitre à la capitale était des plus étrange. En chemin, prenant toujours Lathbora avec moi, j’avais reçu une de mes missives de Jenny demandant mon aide. Plusieurs elfes avaient demandé l’aide des Amis de Jenny la Rousse, et me trouvant la plus proche j’étais celle que l’on demandait en premier. Sur le papier, il y avait un nom que je devais retrouver aux abords du bas-cloître. Une personne qui pourrait m’en dire plus et me diriger. Le retour vers Val Royeaux fur plus rapide, et malgré mes habitudes de joyeuseté j’avais du mal à cacher mon inquiétude. Plus tendue et plus alerte, la tension se fit plus palpable alors que nous franchissions les grilles de la ville. Lathbora était dans le même état, même s’il était toujours comme ça quand on croisait de trop près des humains en armure. Je connaissais le chemin, empruntant les rues de plus en plus petites en direction du bas cloître. L’air était également plus étrange, et l’on pouvait sentir tout le malaise du quartier. On voyait peu d’elfes dehors, et ceux-ci nous regardaient avec inquiétude, si ce n’est peur. Heureusement pour nous, nous étions des elfes, aussi il était plus facile de pouvoir se déplacer sans trop attirer l’attention, ou bien effrayer la population locale. Toute cette misère me faisait de la peine au cœur… Je savais que l’on ne pouvait obtenir facilement un monde plus juste, mais me retrouver ainsi dans ce milieu alors que j’avais eu la chance de connaitre le luxe des soirées dans les domaines des nobles m’était difficile. J’avais bien du mal à cacher ma peine, mon sourire se faisant plus triste. Le nom que mes Amis m’avaient donné ne me disait rien, aussi j’arrêtais plusieurs personnes ou toquais à la porte pour demander. Je remarquais qu’ils regardaient Lathbora avec méfiance, comme si ses tatouages et son armure de dalatien en faisait un monstre. C’était un elfe pourtant lui aussi… Après une porte claquée au nez et deux personnes interpellées dans la rue, j’obtins enfin une indication sur la maison. Je m’y dirigeais, m’accordant avec Lathbora pour qu’il reste un peu à distance pour ne pas effrayer la personne. Je toquais à la porte, recalant ma cithare dans mon dos pour pas qu’elle me gêne, et arborais mon plus beau sourire. Il y eu des bruits de pas derrière la porte, le cliquetis d’une serrure que l’on ouvrait puis le grincement des gonds. La porte s’entre-ouvrit légèrement, pour laisser voir un visage ridé légèrement hâlé et des yeux gris aciers me fixer. Une elfe d’un certain âge, vu ses cheveux poivre et sels. La peur se lisait sur son visage, et utilisant tous mes charmes pour me montre rassurante, je lui parlais d’une voix douce et le plus bas possible.


"Bonjour, je suis une « Amie de Jenny » et elle m’a demandé d’enquêter sur ce qu’il s’est passé dans le bas-cloitre. On m’a dit que vous pourriez m’aider à en savoir plus pour comprendre pourquoi il y a eu ce massacre. Et agir si possible…"

Cette femme eu un moment d’hésitation, ses yeux se plongeant dans les miens puis regardant fébrilement dans la rue. Elle marmonna quelques mots avant de chuchoter de façon plus intelligible, et m’invita à rentrer de sa voix légèrement éraillée.

"Oui… entrez, on ne peut pas parler de cela ici..."

Elle ouvrit un peu plus la porte, et je tournais la tête pour regarder rapidement derrière moi. D’un regard je vis Lathbora, et il n’y avait que quelques rares elfes qui passaient. Je fis un signe de la tête au dalatien de m’attendre là où il était, et rentrais dans cette petite masure très modeste. La porte claqua derrière moi et je me retrouvais dans une relative obscurité, la lumière peinant à passer au travers des deux petites fenêtres. Je restais un moment dans cette maison avec la vieille femme, qui me raconta plusieurs éléments intéressants, et d’autres plus vagues. Quand je ressortis de là pour rejoindre rapidement Lathbora au bout d’une bonne dizaine de minutes, j’affichais un air sceptique et pas très encourageant…


Jeu 21 Mar 2019 - 12:49

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L'Intendant
– PNJ –

Messages : 1441
Les ruelles du bascloître sont encore tâchées du sang des innocents qui ont péri ce jour là.

Béatrix

L'elfe a peur. Derrière ses paupières flotte encore l'image de l'homme qui a planté son épée dans le corps de sa mère. Il regarde les pièces d'argent, puis le visage de la shem qui s'adresse à lui. Il ne peut pas faire confiance aux humains, il le sait, mais il ne peut pas cracher sur cet argent dont les elfes manquent tant. Il ne sait pas qui est Michel de Chevin, mais il peut au moins décrire ce qu'il a vu. Il prend les pièces que l'humaine lui tend. « On nous a dit de nous cacher, que les Chevaliers arrivaient, comme chaque année... Alors on s'est réfugiés dans notre maison. » Sa voix se brise. « Il y en a un qui a ouvert la porte de chez nous... J'étais caché sous le lit. Il a... Son épée a... » Il pose ses mains sur sa gorge serrée, qui lui fait mal, si mal. « Je ne sais rien d'autre. »

Argonia

La vieille dame confia à l'Amie de Jenny la Rousse ce qu'elle savait, c'est-à-dire pas tant de choses que cela. Elle lui raconta l'alerte donnée par ce jeune elfe courant à travers les rues, hurlant de se cacher, que les Chevaliers arrivaient. Tous les elfes du bascloître de Val Royeaux savent ce que cela veut dire, puisque chaque année une poignée d'entre eux vient et emporte quelques vies avec eux. Mais jamais rien d'aussi terrible que cette fois-ci. Elle a entendu des choses. Une elfe parler au nom de son peuple, puis fuir. Un homme essayant de convaincre les siens que c'était une erreur de venir tuer des innocents. Une femme invoquant le Créateur pour défendre les elfes. La vieille dame n'a pas vu ce qu'il se passait, elle n'a pas vu les Chevaliers, le massacre. Elle a su, par le hahren, que c'était lui qui était visé. Mais qu'il a été protégé, sauvé. Elle se mord les lèvres, elle ne peut pas en dire plus. Elle met Argonia dehors dès qu'elle a fini de parler, et referme la porte derrière elle.

Jeu 21 Mar 2019 - 19:51

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Après la Tempête


Béatrix aurait dû se douter que les elfes seraient aussi farouches face à ses tentatives d’assistance. D’un côté, elle se disait que ça confirmait bien leurs avis à leur propos : ils ne font pas d’efforts pour se sortir de leur sort pitoyable, d’un autre elle était frustrée et, finalement, elle devait jouer l’empathie comme pièce maîtresse. « Foutue mission de merde. » La raillerie du dalatien l’énerve encore plus et, au lieu de simplement forcer un sourire aux apparences glaciales, la Championne laisse un soupir passer entre ses lèvres tandis qu’elle se pince l’arête du nez.

“ Ce n’est pas parce que je suis une Shem que je veux vous voir souffrir où que je me croie supérieure ! Je suis juste une personne qui veut aider à combattre l’injustice ! „

La rousse scrute attentivement Béatrix et ça prend toutes les forces de cette dernière pour simplement se laisser faire sans montrer une façade ou se refermer. Elle devait avoir confiance en sa couverture et se montrer comme une page plage à ces elfes pour que, à leur tour, ils commencent à lui faire confiance. Cette elfe joue aussi dans le sarcasme et la Comtesse camoufle sa frustration d’une main de maître, laissant paraître le simple découragement d’une jeune âme qui ne comprenait pas pourquoi il était si difficile de porter de bonnes intentions. Lorsque la barde évoquait le comportement farouche, un rire jaune résonne dans la tête de l’orlésienne et laisse glisser l’ombre d’un sourire amusé.

“ Je ne voulais pas te brusquer, je suis désolée. „

Dit-elle tandis que la rousse reprenait la parole tandis qu’elle avançait au niveau du dalatien. À ce moment, Béatrix savait qu’elle avait toutes les informations dont elle avait besoin pour le moment.

“ Votre proposition d'assistance me touche beaucoup, mais veuillez comprendre notre méfiance. Qui êtes vous donc? En quoi cette affaire attirerait elle une humaine en arme dans le bas-cloître ? Je m'étonne d'ailleurs ne pas avoir entendu des elfes partir en hurlant en vous voyant, fu fu fu ! „

Un rire léger, soit elle était innocente, soit c’était pour cacher son air sérieux. Elle posa également ses yeux sur l’épée de Béatrix. Cette dernière croisa les bras derrière son dos en rendant un sourire. C’était pour le moins compliqué, elle allait voir si elle avait bien fait son travail …

“ Je suis Jenifael. Comme tu l’as deviné, je suis une barde. Comme toi, je me trompe ? Ne t’inquiète pas, moi non plus je n’ai pas envie d’entrer dans une compétition inter-barde. C’est beaucoup trop de dangers pour rien. Un patron a envie d’en apprendre plus sur les évènements du Bascloître et j’ai vu ça comme une occasion de transmettre votre vision dans la noblesse. Si vous voulez revendiquer vos droits, il faut vous faire entendre et … Orlaïs est beaucoup trop dure d’oreille. Si mes privilèges peuvent vous être utiles, alors je suis à votre service. „

Béatrix avança de quelques pas en écartant les bras, montrant ses mains vides bien en évidence.

“ Ma lame est utile uniquement pour me défendre. Qu’est-ce que je peux faire pour gagner votre confiance ? Vous voulez retirer mon épée ? Allez-y. Que je me détache de mes simples richesses que contient ma bourse ? Elle est à vous. Vous voulez me fouiller ? Je me soumets. „

Intérieurement, elle n’aimait pas ça. Le dalatien était sur les nerfs et il pourrait lui sauter dessus. Béatrix de Ménil, Championne d’Orlaïs, tuée par un elfe dans un Bascloître. Ce serait d’une ironie. Malgré cela, elle gardait son regard confiant inaltérable et son petit sourire. Elle s’offrait totalement à ces inconnus, la confiance devait aller dans les deux sens dans cette mission et là, elle faisait tout ce qu’elle pouvait faire.

Jeu 21 Mar 2019 - 21:06

Anonymous
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Après la tempête



Lathbora bloqua sa respiration le temps de trois battements de cœur. Aucun bruit n'était décelable à l'intérieur de la petite masure. Celle qui avait fait entrer Argonia avait pris soin de fermer la porte derrière elles. Une porte plus épaisse qu'il n'y paraissait : une porte solide alors que le reste de la maison semblait sur le point de s'écrouler. Cela en disait long sur le quartier et sur les priorités de ceux qui l'habitaient. Il inspira doucement, fermant les yeux. Cette absence de bruit pouvait tout à la foi être porteuse de bonnes nouvelles comme de mauvaises. Mais il ne pouvait rien faire. Il n'allait pas s'inviter, et entrer, tout de même . Non, il ne pouvait pas faire ça. Il ne pouvait que prendre son mal en patience, et se tenir prêt en cas de besoin. La barde savait où le trouver, pour sûr. Si elle avait besoin de lui elle imaginerait bien le moyen de le lui faire savoir. Sa voix, par exemple, savait se faire puissante, il en avait fait les frais pendant leur voyage. Non, il ne pouvait rien faire de plus. Il garda ses yeux clos un instant de trop, un instant suffisant pour le laisser surprendre par des bruits de pas accourant dans sa direction, résonnant dans la ruelle sur sa droite. Des pas pressés, mais légers. Des pas d'enfant. Il ouvrit les yeux mais ne tourna pas tout de suite la tête, se concentrant sur ses autres sens, sur la respiration. Veillant à ce que son attitude ne trahisse rien de son état d'esprit. Les pas cessèrent leurs courses à l'entrée de la ruelle. Ils étaient deux, jugea la dalatien, avant d'oser enfin regarder de ce côté-là pour vérifier.
Un petit elfe avançait vers lui à pas mesurés, ses yeux agrandis par la peur mêlée à de la curiosité. Il avait le visage sale et écorché et ses vêtements n'étaient pas dans un meilleur état. Trop grands, élimés et d'une couleur à présent indéfinissable. Il portait aux pieds des chaussures trouées passées d'âge. Derrière lui, un second enfant, humain cette fois-ci, mais pas dans un meilleur état général. Ces deux-là étaient-ils amis ? Lathbora tenta d'évaluer cette possibilité, mais elle lui semblait si déraisonnable.

Qui... Qui êtes-vous ?

Demanda le petit elfe en redressant les épaules, reprenant courage au milieu de sa phrase et mouchant son nez d'un poing. Il, ou elle en fait, à ce que pouvait en juger le dalatien, approcha encore un peu plus en penchant légèrement la tête de côté, pour essayer de dissiper les ombres qui s'étaient accumulées autour du visage de Lathbora.

Je suis Lathbora.

Il marqua une pause, se demandant s'il devait poursuivre ou non cette conversation. Après tout, c'était peut-être sa chance de devancer Argonia, d'en apprendre plus sur la situation. Il jeta un regard en direction de la maison toujours silencieuse, puis il se pencha vers l'enfant.

J'ai entendu dire que de vilaines choses s'étaient produites dans le bas-cloître. Tu en as entendu parler ?
Non !

S'écria vivement le petit elfe en faisant un nouveau pas en arrière, involontaire. Une réponse bien trop rapide pour être honnête. Lathbora sourit, déduisant logiquement que cet enfant voyait très bien de quoi cet étranger voulait lui parler, et que la réponse honnête était trop douloureuse ou terrifiante pour être prononcée à haute voix. Lathbota sourit tristement et mit ses mains vides bien en évidence autour de son visage.

Ne t'inquiète pas, je ne veux aucun mal.

Il souleva légèrement son chapeau, juste assez pour laisser à l'enfant la possibilité de voir son tatouage de sang. La bouche de l'enfant forma un beau rond lorsqu'il le détailla. Avait-il seulement entendu parler de June ? Poussé par sa curiosité, et un peu rassuré, l'enfant fit un pas de plus en avant. Son ami, lui, restait en arrière, se tordant les mains dans tous les sens. Lathbora eut un regard dans sa direction avant de s'adresser de nouveau au petit elfe.

Ça t'arrive d'avoir peur, da'len?

Il se mordit la lèvre, détourna le regard, puis hocha la tête gravement. En le voyant ainsi faire, Lathbora se décolla du mur dans un geste doux et fit glisser son sac de son épaule. Il y plongea adroitement la main en sembla y chercher un moment quelque chose. Pendant ce temps, il s'adressa à lui :

Tel'enfenim, da'len. La prochaine fois que ça t'arrivera, essaye d'ouvrir cette boîte.

Il lui tendit une petite construction du bois, posé dans sa paume ouverte. Un nœud de June, un casse-tête. Le premier objet qu'il avait appris à fabriquer avec son maître artisan, il y a bien des années de cela. C'était un cadeau traditionnel aux enfants chez les dalatiens. Pour occuper leurs mains et leurs esprits pendant les voyages. Qu'avaient les enfants ici pour passer le temps ? Il attendit patiemment que le petit elfe se soit saisi de l'objet pour baisser les mains. Et reprendre sur le ton de la conversation :

Toi et ton ami pourrez mettre vos trésors dedans. Une fois que vous aurez découvert comment l'ouvrir bien sûr !

Il regarda le petit elfe, ou la petite elfe, il n'en savait rien, détailler en direction de son ami shemlen, emportant avec lui l'un des derniers souvenirs d'enfance de Lathbora. Humain, il le regarda détaller en direction de son ami humain. Pouvait-on réellement tenir rigueur aux enfants du comportement des adultes ? Cet humain-là était ami avec un elfe en tout cas. Peut-être son point de vue changera-t-il en grandissant. Ou peut-être pas. Les deux enfants prirent le fuite dans la ruelle, riant doucement, turbulent mais essayant de passer inaperçus, laissant derrière eux un Lathbora perdu dans ses pensées. Il n'avait rien appris de précieux, certes, mais il avait au moins entrevu les ravages qu'une telle situation pouvait causer sur les plus faibles. Car la réaction qu'avait eue le petit elfe à sa question avait été la même que les enfants de son propre clan, après qu'ils furent frappés par la malédiction. La peur restait un langage universel, un langage difficile à crypter.
Il regarda autour de lui. Étaient-ils déjà dans le bas-cloître ? Après tout, Argonia lui avait déjà expliqué qu'il existait des différences entre ceux d'Orlais et ceux de Férelden. L'absence de démarcation franche pouvait-elle être l'une d'elles ? Mais alors, dans ce cas-là, que ferait un petit humain au milieu des elfes ? Un sang mêlé ? Lathbora avait entendu dire que les sangs mêlés naissaient avec tous les attributs des shemlens. Il se gratta la tête, sous son chapeau ridicule, tout en continuant de promener son regard. Le sol était sale, cela correspondrait avec ce qu'il savait des bas-cloîtres. Et il y avait cette odeur lourde de sang qui semblait s'approcher de partout. Une odeur familière aux narines de Lathbora. Une fois Argonia sortie de la maison, il lui poserait la question.

Il se décolla de nouveau du mur et s'étira de tout son long, fermant de nouveau ses yeux fragilisés par l'air sec de l'hiver. De nouveaux pas légers retentirent, mais il ne s'alarma pas. Lorsqu'il ouvrit les yeux il vit une shemlen approcher. Approcher de lui. Une shemlen en armure de cuir avec accroché à sa taille une épée de bonne facture dont le pommeaux dépassait de sa cape noire au gré de ses pas. De de trop bonne facture pour un endroit pareil. Les yeux de l'ancien artisan s’attardèrent sur cette arme, tout en espérant que l'humaine se détournerait, ou bien qu'elle rentrerait dans la maison. Bref, qu'elle ne s'approche pas trop de lui. Il sentait déjà les contours de son visage se brouiller, sa bouche s'amincir et ses sourcils s'abaisser. C'était plus fort que lui : une réaction épidermique. Mais elle s'arrêta à seulement un mètre de lui. Pire, elle s'adressa à lui. Il lutta contre son envie de reculer, contre son besoin de sentir le poids de ses dagues au bout de ses bras. Impossible qu'à cette distance, elle n'ait pas vu ses tatouages. Il savait qu'elle n'était pas d'ici, et elle en savait aussi long sur elle. Pourquoi alors jouer à ce jeu ? Pourquoi une shemlen chercherait-elle des informations sur les récents événements ? Cela lui semblait impossible. Il voulait aider les elfes. Pas ceux-là bien sûr, il n'y avait plus rien à faire pour eux présentement. Mais il voulait les aider, les sauver même. Que pouvait bien leur vouloir cette étrangère . Il desserra sa mâchoire, cherchant à répondre autre chose qu'un grognement. L'avait-elle entendu parler avec les deux enfants ? Ou pouvait-il encore simuler son incompréhension de la langue commune ? Mais Argonia lui sauva la mise en sortant à ce moment-là de la maison. L'étrangère se tourna alors vers la barde rousse et réitéra une version condensée de son discours. Le dalatien, lui, soulagé de revoir son amie, plus diplomate et aux faits des us et coutumes de la région, ne put s'empêcher de clamer, d'une voix particulièrement sarcastique :

Tu entends ça ? Elle ne cherche qu'à les aider ! Ma serannas!

Ses yeux d'or, eux, appelaient à l'aide.


Sam 30 Mar 2019 - 21:58

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

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Après la Tempête


La vieille femme était inquiète, et je pouvais le comprendre. Mais tout son discours me laissant autant perplexe que déçue. Ainsi, elle n'en savait pas plus... et l'affaire semblait bien plus compliquée que prévue. Ces descentes de Chevaliers dans les bas-cloîtres, j'en avais entendu parlé lors des quelques soirées où j'avais discuté avec des serviteurs entre deux tours de divertissements. Ils racontaient tous ce rituel étrange de Chevalier qui tuent sans que l'on sache pourquoi des elfes, sans aucun motif. Tout cela était bien entendu caché et ignoré par les humains, mais la peur de ces évènements était réelle. De plus, il n'y avait pas qu'un seul instigateur dans cette affaire. Une elfe, un homme et une femme étaient impliqués, en bien cependant. Retrouver ces témoins permettrait sans aucun doute de résoudre ce mystère, ou au moins d'avoir des témoins de qualité. Mais la seule piste valable était ce Hahren qu'il me fallait retrouver. Ce patriarche était, de ce que la vieille avait dit, la cible de cette attaque. C'est la première fois que j'entends dire qu'une de ces attaques de Chevalier avait une cible précise. L'affaire était vraiment... intrigante et intéressante.... Un superbe sujet pour une prochaine ballade ! Rapidement, la vieille me fit sortir de la maison, et pensive je rejoignais Lathbora. Il allait falloir tout lui expliquer. Mais quelle ne fut pas ma surprise de le voir en compagnie... D'une humaine ? Celle ci lui parlait, mais il était clair à l'attitude et au regard de Lathbora qu'il était dans le malaise le plus profond. Qu'il explose et se montre bientôt aggressif ne m'étonnerait pas beaucoup, surtout que cette femme à l'allure altière ne semblait pas lire le signes envoyés par le dalatien. Je souriais un peu, l'oeil pétillant de curiosité et d'amusement. Je dois reconnaitre que l'idée de devoir "secourir un dalatien en détresse" était des plus divertissant et cocasse, et me donnais déjà beaucoup d'idées pour composer une chanson dynamique de la même veine que la Ballade de Groin-Groin. J'arrivais à leur niveau, la jeune femme me dévisageant et cachant mal pendant un instant un certain malaise. J'étais souriante, avenante et toujours aussi rayonnante. D'un regard je vis que Lathbora se détendait un peu plus, et la jeune femme reprit un sourire avant de s'exprimer à mon intention. J'étais très surprise par la familiarité avec laquelle elle s'adressait à moi, et comment elle poussait la conversation pour que nous travaillons ensemble. Je l'écoutais, jetant un regard amusé à Lathbora qui raillait sarcastiquement la main tendu par la jeune femme, mais mon habitude de barde avait déjà analysé qui était cette femme. Son port altier, sa façon de parler, son arme qui semblait de belle facture... Ses habits et sa cape plus sobres ne cachaient pas ces traits caractéristique pour un oeil de barde orlésienne avisée. Elle n'était pas de souche paysanne. A minima bourgeois, ou noble. Quand elle eut finis, je sentais qu'il était temps de reprendre le jeu en main. De ce que la vieille femme m'avait dit, la situation était dangereuse et cette personne pouvait tout à fait chercher à faire taire les témoins. Autrement dit, probablement une ennemie. Surtout qu'elle était humaine. Je me mis à sourire, ne pouvant m'empêcher d'être légèrement moqueuse et en même temps accusatrice.

"Ho... Quelle... Coïncidence vraiment, ha ha ha ~ !"

Je la regardais avec mes yeux pétillants, penchant légèrement la tête de côté comme un petit animal curieux. Je souriais un peu, jetant un regard plus doux à Lathbora et me rapprochant de lui pour l'épauler. Physiquement parlant.

"Je ne sais pas ce qu'il se passe, mais s'il vous plait veuillez laisser mon ami en paix. Il n'a pas l'habitude des humains. Pas vrai Lath' ?"

Je lui faisais un petit clin d'oeil, moquant ainsi ses manières encore un peu hésitantes et piquantes envers les humains. Mais pour un Dalatien, je suppose qu'il se débrouille plutôt bien déjà. Il n'a poignardé personne et n'a pas sauté sur un des gardes humains. Bon, il préfère toujours dormir dans les bois au lieu d'être sous un toit, et ne se lave qu'en cas d'extrême nécessité, mais c'est déjà un début. Enfin, le temps n'était pas à s'extasier sur toutes les occasions que Lathbora avait de me surprendre et de me faire rire. Faisant face à cette humaine qui avait l'air d'être l'intruse dans ce milieu, je commençais à poser des questions. Toujours avec ma fraicheur toute candide et une convivialité digne des bardes, pour ne pas l'effaroucher et apparaitre aussi innoffensive que possible.

"Votre proposition d'assistance me touche beaucoup, mais veuillez comprendre notre méfiance. Qui êtes vous donc? En quoi cette affaire attirerait elle une humaine en arme dans le bas-cloître ? Je m'étonne d'ailleurs ne pas avoir entendu des elfes partir en hurlant en vous voyant, fu fu fu !"

Je riais légèrement, mon regard pétillant se posant sur le pommeau de son arme. Je me moquais gentiment, mais il était clair que depuis qu'elle était là, les rues étaient complètement désertes et silencieuses. Pire que quand nous étions arrivés avec Lathbora plus tôt. Je nous sentais observés, ce genre d'yeux qui regardent à travers les fenêtres et les embrasures de portes. Mais comment savoir si ces regards étaient amis... ou ennemis ?


Mer 10 Avr 2019 - 18:35

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Après la Tempête


Béatrix aurait dû se douter que les elfes seraient aussi farouches face à ses tentatives d’assistance. D’un côté, elle se disait que ça confirmait bien leurs avis à leur propos : ils ne font pas d’efforts pour se sortir de leur sort pitoyable, d’un autre elle était frustrée et, finalement, elle devait jouer l’empathie comme pièce maîtresse. « Foutue mission de merde. » La raillerie du dalatien l’énerve encore plus et, au lieu de simplement forcer un sourire aux apparences glaciales, la Championne laisse un soupir passer entre ses lèvres tandis qu’elle se pince l’arête du nez.

“ Ce n’est pas parce que je suis une Shem que je veux vous voir souffrir où que je me croie supérieure ! Je suis juste une personne qui veut aider à combattre l’injustice ! „

La rousse scrute attentivement Béatrix et ça prend toutes les forces de cette dernière pour simplement se laisser faire sans montrer une façade ou se refermer. Elle devait avoir confiance en sa couverture et se montrer comme une page plage à ces elfes pour que, à leur tour, ils commencent à lui faire confiance. Cette elfe joue aussi dans le sarcasme et la Comtesse camoufle sa frustration d’une main de maître, laissant paraître le simple découragement d’une jeune âme qui ne comprenait pas pourquoi il était si difficile de porter de bonnes intentions. Lorsque la barde évoquait le comportement farouche, un rire jaune résonne dans la tête de l’orlésienne et laisse glisser l’ombre d’un sourire amusé.

“ Je ne voulais pas te brusquer, je suis désolée. „

Dit-elle tandis que la rousse reprenait la parole tandis qu’elle avançait au niveau du dalatien. À ce moment, Béatrix savait qu’elle avait toutes les informations dont elle avait besoin pour le moment.

“ Votre proposition d'assistance me touche beaucoup, mais veuillez comprendre notre méfiance. Qui êtes vous donc? En quoi cette affaire attirerait elle une humaine en arme dans le bas-cloître ? Je m'étonne d'ailleurs ne pas avoir entendu des elfes partir en hurlant en vous voyant, fu fu fu ! „

Un rire léger, soit elle était innocente, soit c’était pour cacher son air sérieux. Elle posa également ses yeux sur l’épée de Béatrix. Cette dernière croisa les bras derrière son dos en rendant un sourire. C’était pour le moins compliqué, elle allait voir si elle avait bien fait son travail …

“ Je suis Jenifael. Comme tu l’as deviné, je suis une barde. Comme toi, je me trompe ? Ne t’inquiète pas, moi non plus je n’ai pas envie d’entrer dans une compétition inter-barde. C’est beaucoup trop de dangers pour rien. Un patron a envie d’en apprendre plus sur les évènements du Bascloître et j’ai vu ça comme une occasion de transmettre votre vision dans la noblesse. Si vous voulez revendiquer vos droits, il faut vous faire entendre et … Orlaïs est beaucoup trop dure d’oreille. Si mes privilèges peuvent vous être utiles, alors je suis à votre service. „

Béatrix avança de quelques pas en écartant les bras, montrant ses mains vides bien en évidence.

“ Ma lame est utile uniquement pour me défendre. Qu’est-ce que je peux faire pour gagner votre confiance ? Vous voulez retirer mon épée ? Allez-y. Que je me détache de mes simples richesses que contient ma bourse ? Elle est à vous. Vous voulez me fouiller ? Je me soumets. „

Intérieurement, elle n’aimait pas ça. Le dalatien était sur les nerfs et il pourrait lui sauter dessus. Béatrix de Ménil, Championne d’Orlaïs, tuée par un elfe dans un Bascloître. Ce serait d’une ironie. Malgré cela, elle gardait son regard confiant inaltérable et son petit sourire. Elle s’offrait totalement à ces inconnus, la confiance devait aller dans les deux sens dans cette mission et là, elle faisait tout ce qu’elle pouvait faire.

Mer 10 Avr 2019 - 18:37

Anonymous
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Après la tempête



Lathbora scruta l'humaine, à s'en énucléer les yeux. Il ne lui faisait absolument pas confiance. Mais avait-il déjà fait confiance à un shemlen? Avait-il déjà fait confiance à qui que ce soit, toutes origines confondues ? Il devait apprendre à refreiner sa nature profonde, dans des cas comme celui-ci. À ne pas se laisser emporter par la méfiance. Pourtant, n'était-ce pas justement son incapacité à se contraindre qui l'avait poussé à abandonner son métier, à quitter son clan pour prendre la route ? N'était-ce pas alors un peu trop tard, pour envisager une voie plus... Pacifiste ?
Il fit un pas en arrière, laissant Argonia gérer la shemlen. Elle saurait le faire avec plus de tact que lui. Ses dagues le démangeaient. Elles le démangeaient tout le temps, lorsqu'il se trouvait à proximité de shemlens. Les histoires dont il avait été abreuvé, étant enfant, tournaient en boucle dans son crâne. Ce qu'on leur avait pris. Ce qu'ils avaient perdu. À cause de ces hommes. Pourtant, les éradiquer tous n'étaient pas une solution. Tuer n'était jamais la solution, Lathbora en avait bien conscience. D'ailleurs, il n'avait jusqu'à présent usé ses dagues qu'en cas d'extrême nécessité. Il avait commencé pour protéger les frontières de son clan, encore fragilisé par l'enclin. Ensuite, il avait été amené à les utiliser pour se protéger lui-même. Mais le dalatien savait se mettre en danger. C'était tout aussi facile pour lui que de respirer l'air pur de la forêt profonde. Sa simple présence dans ce bas-cloître, en plein cœur d'une grande ville Orlésienne, face à une humaine en armes, pouvait servir parfaitement à illustrer ce propos. La situation justifiait d'elle-même l'usage hypothétique de ses armes. Maintenant, il ne souhaitait plus simplement défendre son clan, ou lui-même. Il cherchait à défendre les elfes. L'espèce entière. Quelles actions n'étaient pas justifiées par la défense d'une cause juste ? Pourtant, il n'était pas là pour tuer la shemlen. Il était là pour obtenir des informations. Pour trouver ceux qui se battent pour les elfes et pour, à terme, venir grossir leurs rangs.
Il pensait n'importe quoi. Bien sûr que non, aucune cause ne justifiait jamais toutes les actions. C'était avec ce genre de réflexions que son peuple avait été opprimé, il en avait conscience à présent. Et cette révélation perturbait sa morale. Il cracha au sol l'ongle qu'il venait de se ronger sans s'en rendre compte. Il avait fait du bon travail en cachant sa nervosité : il avait même fini par l'oublier lui-même. Sa peau à vif, au bout de son doigt, attira son attention. Il y jeta un rapide coup d’œil, assez rapide pour voir la première goutte de sang perler sur sa peau. Il s'était montré stupide : maintenant il allait sentir une gêne lorsqu'il lui faudra utiliser ses dagues.
*Fenedhis! Voilà que je tourne en rond maintenant !* N'empêche qu'avec une shemlens dans les pattes, il allait être quasiment impossible d'obtenir la moindre information. Ces elfes avaient souffert. Le sang de leurs connaissances maculait encore leurs rues. Il fallait les comprendre. Lathbora ôta son couvre-chef coloré, révélant volontairement ses tatouages. Il n'avait en vérité aucune raison de les cacher. Pas auprès des elfes. Il savait ce que pouvaient représenter les dalatiens pour les elfes des villes. Une alternative, une porte de sortie. De l'espoir. Combien d'entre eux avaient quittés la pauvreté pour venir à leur rencontre ? Dans d'autres clans, certains étaient même intégrés. Il pouvait représenter un espoir pour ces elfes-là. Il le voulait. Ainsi, peut-être lui parleraient-ils plus facilement ? Enfin, pour ça il allait devoir se débarrasser de la shemlen.
La barde humaine attira de nouveau son attention. Lassée par leur méfiance, elle avait décidé de jouer cartes sur table, de se présenter, de se justifier. Un aveu de faiblesse ? Un coup de maître sur l'échiquier du jeu qui semblait tant tenir à cœur aux Hommes ? Jeu auquel Lathbora ne pipait rien . Là encore, il laissait à Argonia le soin de sonder l'âme trouble de cette condisciple. Lui ne la croyait pas, lorsqu'elle affirmait vouloir corriger une injustice. Les mots étaient les mêmes que ceux d'Argonia. Mais ils semblaient faux. Pourtant, en quoi les motivations d'Argonia étaient-elles plus crédibles ? Il se noyait de nouveau dans sa méfiance maladive.
*Je ne dois compter que sur moi.* Décida calmement le dalatien, serrant les poings dans le vide. L'humaine du nom de Jenifaël écarta les bras. Lathbora se raidit, prêt à répliquer si une attaque devait se produire, laissant tomber son chapeau coloré au sol.

“ Vous voulez retirer mon épée ? Allez-y. Que je me détache de mes simples richesses que contient ma bourse ? Elle est à vous. Vous voulez me fouiller ? Je me soumets. „

Lathbora souri. Bien sûr, il allait la prendre au mot. Brusquement, et sans même un regard en direction d'Argonia, il bondit sur l'humaine. D'un même geste fluide il écarta le pan de cape et dégaina l'épée courte. Elle était lourde sous ses doigts, et définitivement de bonne facture. Un instant, il s'imagina faisant couler le fil de la lame sous le menton bien marqué de la femme, contre sa gorge pâle à la peau si fragile. Mais il refreina une fois encore cette pulsion. Se tenant juste devant elle, il se hissa sur la pointe de ses pieds nus pour glisser, au plus près de son oreille, les mots suivants :

Au moindre doute, tu y passes. Si j'en éprouve la soudaine envie, tu y passes. Si tu penses, ne serait-ce qu'à l'idée de faire mal à mon amie, là-bas, tu y passes. Tu as bien compris Shemlen ?

Il sourit en reculant. Un sourire froid, de façade, tant son regard s'était dur. L’arme serait suffisante. A la simple idée de devoir fouiller la femme, Lathbora en avait une légère nausée. Non, il n’allait pas poser ses mains sur elle. L’arme suffirait. Il fit quelques moulinets pour tester l'équilibre de sa nouvelle acquisition tout en venant se placer derrière Argonia, tournant volontairement le dos à l'humaine. Une ultime provocation. Elle devait, sans aucun doute, posséder bien plus d'une lame cachée dans sa tenue de voyage. Arrivé derrière sa compagne de route, il lui demanda :

Et maintenant, on fait quoi ?

Il ne lui faisait pas confiance. Obtenir des informations allait être compliqué. Toute cette entreprise était vouée à l'échec. Au moins avait-il gagné une belle petite épée dans l'affaire. Il fit un nouveau moulinet. Oui, une bien belle épée.


Mar 16 Avr 2019 - 21:20

Eleanore de Jader
Eleanore de Jader

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Après la Tempête


La femme parlait bien, mais sa familiarité ainsi que son impatience étaient un poils... suspect. Je la fixais, l'écoutant. Elle disait être barde, mais elle n'en avait pas vraiment l'éloquence. elle disait vouloir aider, qu'on l'a envoyé ici... Pour moi, il y avait plus de probabilité qu'on l'ai envoyé pour éliminer les derniers témoins, et notamment le Haren. Elle n'était pas elfe, je ne comprenais pas son intérêt de venir nous aider. A moins que... cela ne concerne le fameux Michel de Chevin ? Je savais que ce nom était d'importance pour les humains nobles de l'Empire, et si cela se trouve ils cherchaient juste à connaitre ses raisons, vu qu'il a disparu pendant une année entière. Il faudrait creuser... Avoir une alliée ne serait pas de refus, surtout si en chemin nous étions à rencontrer des humains. Jenifaël, comme elle se nommait, alla jusqu'à s'avancer vers nous, proposant de nous laisser ses armes et même sa bourse. En arriver là n'était pas utile, et n'était qu'encore plus suspect. Qui se déferais volontairement de ses armes dans le bas-cloitre ? C'était une épée, certes, mais tout de même. Je regardais la jeune femme, qui je devais le reconnaitre avait un sens théâtral d'annoncer les choses. Mais ces mots... Je souriais un peu plus, posant sur elle un regard malicieux et pourtant perçant. De ma voix cristalline, je lui donnais mon avis sur ce que je pensais d'elle, et de ce que je pensais être des mensonges.

"Être Barde ne se voit pas, mais s'entend. Un barde n'a de privilège que par ses connaissances et sa relative liberté. Pas par son statut... Un Barde raconte de façon à ce que l'intéressé comprenne ce qu'il veut bien entendre... Je ne sais pas comment vous pouvez aider. Mais... Lathbora !!"

Je fus surprise par le geste rapide de mon dalatien, qui s'était jeté sur elle pour prendre son épée. Je devenais légèrement pâle, ne m'attendant pas à ce qu'il réagisse ainsi, et se mette en danger. Mais fort heureusement, l'humaine ne bougea pas. Je vis Lathbora se rapprocher d'elle pour lui chuchoter quelque chose, mais n'entendais rien. Ce n'était pas pour me rassurer. Ma main s'était portée à ma hanche, là où mes couteaux de lancé se trouvaient. Mais elle ne fit toujours rien, même quand Lathbora revenait vers moi en me tournant le dos, me lançant un sourire et un regard de contentement. Je n'aurais jamais cru qu'il serait ainsi du genre à se rengorger ouvertement et moqueusement des autres. Cependant, il ne l'avait pas tué, et cela me rassurait. Je jetais tout de même un regard courroucé à l'elfe, finissant par pousser un soupire de lassitude. Nous étions observés, ce n'était pas le moment de remettre de la tension dans les rues.

"Haa.... Ce n'est pas la peine de compliquer la situation.... Venez, ne restons pas là. Et Lath, attention...."

J'avais pris le bras de Lathbora tout en lui lançant un regard insistant. Je le réprimandais silencieusement pour son audace dangereuse qui m'avait inquiétée, et sa tendance à vouloir s'en prendre aux humains. La situation était délicate, très délicate... Le moindre faux pas ou goutte de sang versée pouvait avoir de terribles conséquences. Je regardais rapidement autour, et fis signe de la tête à Jenifaël de nous suivre. J'empreintais une ruelle annexe, pour nous éloigner de cette place. Il fallait retrouver le Haren, mais hors de question de mener cette humaine à lui si elle était potentiellement dangereuse. Je devais en savoir plus. Le Haren était trouvable assez facilement dans la maison centrale du bas-cloître, mais vu le danger il devait se cacher autre-part. Trouver où se trouve ne serait pas aisé, surtout avec une humaine avec nous. Je nous guidais, marchant d'un bon pas léger, sachant très bien que Lathbora serait là pour surveiller l'humaine. Tout en faisant des détours, je continuais la conversation, essayant d'en savoir plus sur les intentions de la prétendue barde, et si mon intuition était juste.

"Je n'arrive pas à croire que vous soyez là pour l'intérêt des elfes du Bas-Cloître. Mais serait ce plus en rapport avec... Michel de Chevin ? "

Je lui jetais un regard curieux, voulant voir si sur son visage on pourrait déceler le moindre indice. La moindre faiblesse.


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