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Les jardins de l’Espérance
Anders & Siha & Bryn
« The more you do stuff, the better you get at dealing with how you still fail at it a lot of the time. »
L’avantage d’être un peu en retrait comme il l’était, c’était bien que l’adolescent pouvait voir d’ici la progression des négociations. Et de son point de vue, les choses avaient l’air de s’arranger, non ? La Dalatienne n’était pas fermée au dialogue, simplement prudente – et elle avait bien raison de l’être – ce qui laissait un espoir sur la suite des évènements. Oh oui, il avait bien fait d’avoir couru derrière Anders pour lui demander son aide !Mais… qu’est-ce qu’il racontait, là ? Bryn se tourna vers son compagnon, les sourcils légèrement froncés de perplexité. Il y en avait vraiment qui espéraient le voir comme le successeur de Quellcrist ? Jusqu’ici, il s’était juste débrouillé pour limiter la casse et essayer de garder ce petit groupe soudé, en attendant d’avoir une vraie solution durable… Et puis, sa timidité et son jeune âge n’étaient pas vraiment une nouvelle, contrairement à ces soudains compliments.
« Détermination et sagesse… ? » murmura-t-il pour lui-même sans comprendre où Anders allait vraiment chercher ça.
En temps normal il aurait certainement voulu revenir dessus en lui expliquant la réalité, que ces propos le flattaient un petit peu trop… Mais là n’était guère le moment, et essayant de s’ôter de sa surprise, il obéit et s’avança, sans qu’aucun mot ne parvienne à passer sa gorge.
Allez Bryn, courage… Ne te laisse pas dépasser ! Tu n’es pas venu pour accompagner un adulte, tu es venu d’égal à égal ! Malgré, eh bien… tout ce qui prouvait que tu n’étais pas égal à tous ces gens.
Toutefois il se tourna une nouvelle fois vers la Dalatienne, appuyant les mots d’Anders sur les mages.
« La décision de nous séparer n’a pas été causée par une quelconque discorde ou le moindre désaccord. Comme le disait Anders, c’était simplement une question de sécurité. Sans Quellcrist, nous ne pouvions pas rester tous groupés, nous étions une cible trop évidente pour les Templiers Rouges. »
Cependant, rapidement son esprit se trouva ailleurs. S’il y avait un tel château, et que les Libertaires pouvaient s’y réunir, alors… alors peut-être pourraient-ils faire mieux que de simplement s’y cacher et survivre. Son regard posé sur les Dalatiens, et les mots d’Anders, cela nourrissait une idée qui commençait à germer dans son esprit. Les Dalatiens ne comptaient que sur eux-mêmes pour apprendre et maîtriser la magie, ils n’avaient pas besoin de la supervision des Templiers.
Alors peut-être qu’à l’avenir… ils pourraient prendre exemple sur les Dalatiens ? Croire que la magie était une preuve de péché de la part du Créateur, c’était la pire chose qui lui était arrivé. Être persuadé d’être maudit, d’être un monstre, simplement en étant mage… Non, il y avait autre chose à faire, quelque chose de plus digne. Tout comme les Dalatiens étaient dignes ! Ils pourraient… peut-être…
La proposition de ce thé l’ôta brutalement de ses pensées, comme réveillé d’un coup. Est-ce que… c’était un bon point ? Cela signifiait qu’ils avaient réussi le premier pas ? Et puis… proposer comme ça de… oh. Oh !
Ses yeux se posèrent soudainement sur Anders, qui lui offrit un clin d’œil.
L’Archiviste !
Bryn se sentit rougir d’un coup, encore plus que quand on avait dit de lui qu’il était sage et déterminé. Tellement embarrassé qu’il était… Par le Souffle du Créateur, l’Archiviste était là depuis le début ! L’envie lui prit de s’excuser, mais il se rendit vite compte que ce n’était pas la peine, surtout en sentant cette main ébouriffer ses cheveux. Par réflexe, l’adolescent se figea pour finalement rentrer vivement son cou dans ses épaules, n’appréciant pas vraiment être traité comme un chat. Suivant les deux Dalatiens – dont l’Archiviste ! – et Anders, le jeune mage en profita pour se recoiffer discrètement. Cela dit, il écouta avec une grande attention les propos de son compagnon. Un château sans propriétaire, sans héritier, occupé par ces Vénatoris…
« S’il est abandonné depuis si longtemps… comment se trouve le château à présent ? Est-ce que… c’est un endroit où on pourrait vivre ? Je ne peux pas croire que les Vénatoris viennent là pour faire des réparations, simplement comme ça. Pour le paysage… »
Un jour ou l’autre, ils deviendront dangereux. Quand ils seront prêts. Soudainement, le jeune homme se sentit inquiet : et si jamais le campement des Dalatiens se trouvait dans le voisinage du château ? Et s’ils étaient davantage en danger qu’ils le pensaient ?
« Est-ce qu’Onterre est loin d’ici ? »
(c) DΛNDELION
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Un bref signe de tête fut sa seule réaction à l'aveu. Une vingtaine d'âmes ce n'était pas autant que dans ses souvenirs, mais si les mages avaient à nouveau subi des pertes depuis la dernière fois où ils s'étaient croisés, ce n'était guère étonnant. Siha fronça les sourcils dans une moue soucieuse, assez soulagée de savoir qu'au moins le groupe n'était pas revenu dans les Tombes. Car à ce stade il ne s'agissait pas simplement de réticences à s'établir sur un même territoire, ou la crainte que les allées et venues des siens soient compromises par des étrangers. Le fait est tout simplement qu'une fois déjà les dalatiens avaient subi le dommage collatéral des conflits d'autrui, et pour le bien de leurs relations c'était une expérience à ne pas réitérer.
Avec curiosité ses yeux alternèrent entre Anders et Bryn, dont la proximité ne semblait pas simulée. De fait on aurait pu aisément les prendre pour père et fils, si la différence dans les traits et surtout leur condition d'anciens membres de Cercle ne le rendait pas presque impossible. Un mentor et son apprenti peut-être ?
Lorsque le blond poursuivit son explication, Siha croisa les doigts sous sa cape et haussa un sourcil. Plus que de voir un adolescent investi du poids des attentes et de l'avenir de ses pairs -une responsabilité bien trop familière en vérité- c'était son lien avec Quellcrist qui causait son incrédulité. Certes la rencontre avec la jeune femme n'avait pas duré plus de quelques jours, et ce n'était pas facile de cerner quelqu'un en aussi peu de temps. Néanmoins cette dernière ne lui avait clairement pas fait l'impression d'être à l'aise avec son rôle de figure de proue décisionnaire. Penser que par la force des circonstances la patate chaude revenait à quelqu'un de deux fois plus jeune... c'était un amer un écho du passé.
D'autre part les diverses observations sur les mages la firent doucement sourire, à la fois par scepticisme face à ce qu'ils clamaient une cause unie, mais surtout face au courage de Bryn, qui prenait part à la discussion de laquelle elle n'avait jamais cherché à l'exclure. Après tout les jugements sur la jeunesse plutôt que la volonté et la persévérance, c'étaient des préjugés qui ne s'appliquaient pas à la mentalité dalatienne.
À vue d’œil il devait avoir dans les quinze ans, ce qui à ses yeux était largement suffisant à en faire un adulte capable d'autonomie et de raisonnement. Restait à savoir si sa maturité était à la hauteur de leurs folles ambitions... Parce qu'il faudrait bien plus que de jolies paroles et de l'envie pour débarrasser Onterre de ses vicieux occupants pour réussir.
De plus les vieilles habitudes lui donnaient une presque irrépressible envie de répondre longuement, d'argumenter, de contester, de leur expliquer que la nouvelle vie qui les attendait serait forcément constituée d'apprentissage constant, d'humilité dans l'échec et parfois de fuite. Le prix de la liberté pour ceux qui étaient déclarés apostats par la Chantrie ou des hérétiques refusant de vénérer le Créateur. Dommage que certains aient gagné le grand prix à la loterie et cumulent les deux à la naissance.
« Quand un homme saisit une épée, est-il aussi enfermé parce qu'il est jugé dangereux ? Il est trop simple de blâmer l'outil plutôt que celui qui le brandit consciemment comme une arme. »
Cela pouvait paraître tellement simple pour ceux qui étaient en contact avec le surnaturel au quotidien, et pourtant tellement de gens oppressés avaient tendance à oublier ces principes basiques. Se forçant toutefois à rester en dehors des sentiers battus par les blessures et la rancune, Siha avait choisi d'intégrer ce qui lui avait été dit sans répondre immédiatement. Il lui faudrait du temps et de la patience pour faire tomber les hautes barrières bâties par les mauvaises expériences.
D'un sourire l'archiviste acquiesça, mi amusée, mi amère. Les paroles d'Anders semèrent la confusion dans son esprit, et pendant un instant elle considéra jouer cartes sur table. Puis après un bref instant la tentation de continuer à jouer la comédie prit le dessus. Ce serait tellement facile de continuer à se protéger derrière les semi-vérités, à fuir les devants de la scène sur lesquels on la précipitait sans cesse. Après tout n'était-ce pas là une bonne définition de sa vie actuelle ? Ils pouvaient bien sourire avec triomphe ou penser être dans l'erreur, au final le résultat serait le même...
« Bien plus que moi, c'est mon frère qu'il faudra convaincre de vous faire confiance... Sa parole est bien plus importante que la mienne en la matière. » Gravissant la colline à grandes enjambées agiles, l'elfe se mouvait aisément sous les diverses couches de vêtements, comme enhardie par cette affirmation que beaucoup de ses proches contesteraient. « Il nous rejoindra dès qu'il pourra se libérer, en attendant un thé nous fera du bien à tous. Et puis je ne dis pas non à un prétexte pour une petite pause, en particulier après une longue matinée de travail. »
Dos tourné aux deux 'visiteurs', Siha fit mine de ne pas entendre leur étrange conversation, ni remarquer l'enthousiasme enfantin inscrit sur leurs visages. Parfois ses décisions n'étaient pas en phase avec ses opinions personnelles, et beaucoup de facteurs entraient en ligne de compte, aussi certaines n'étaient pas prises de gaieté de cœur. Au fond elle espérait ne pas devoir cruellement piétiner leurs bons espoirs si jamais les choses ne prenaient pas la tournure espérée...
Un soupir quitta ses lèvres lorsqu'il fut temps de répondre à Bryn et sa pertinente question. 'Pas assez loin à mon goût' manqua-t-elle de lui répondre aussitôt, encore âcre de la rencontre avec les templiers il y a quelques semaines, ainsi que les frayeurs constantes qui en avaient suivi. À vrai dire pendant un long moment cet incident seul avait failli forcer les Bellanaris à lever le camp, de peur que d'autres guerriers intoxiqués au lyrium ne les prennent pour cible. Autant dire que le sujet était délicat.
« Une quinzaine de minutes de marche pour nous. Environs dix ou quinze de plus pour vous. »
Dans tous les cas la marche ne fut pas très longue. À peine la colline gravie ils tombèrent sur une clairière embrasée par les premiers rayons du jour, une rare zone relativement dégagée qui donnait sur un joli ruisseau, qu'ils longèrent vers l'ouest jusqu'à pouvoir traverser sans trop se tremper. Une fois de l'autre côté ils joignirent un modeste avant-poste à l'ombre d'un grand rocher, davantage un point de transit facile pour les éclaireurs et messagers, qu'un réel point stratégique. Un endroit neutre, pas trop loin sur l'étendue de leur territoire et dont l'emplacement compromis n'aurait pas de grandes conséquences à l'avenir.
Dépassant les simples barricades de bois, Siha leur fit signe d'approcher un petit meuble en bois ouvragé, faisant à la fois office de comptoir et de table. Deux coussins plats étaient sommairement disposés à terre en guise de sièges, évitant à leurs occupants d'être en contact direct avec le sol froid et humide de la forêt. Les disposant tous les deux du même côté, l'elfe invita les mages à prendre place, et s'installa sur les talons, en face d'eux.
« Vous êtes fort bien renseignés pour des gens passant leur vie sur les routes, coincés entre un passé de prisonniers aux Cercles et la malheureuse guerre qui a découlé de leur éclatement. »
Penchant la tête sur le côté elle observait en particulier Anders, dont le don oratoire lui faisait forte impression. Il avait l'attitude confiante et volontaire de celui qui est habitué à ce genre de discussion, et peut-être de ce sujet en particulier. Pour autant cela ne lui donnait pas moins la sensation d'être une lame à double tranchant, ce genre d'information étant fort pointue pour être détenue par celui qu'il clamait être. Que cachait-il donc derrière ses airs abordables et ses regards paternels ?
« Seriez-vous disposés à partager ce que vous savez sur la famille Onterre ? » Il n'était pas dit qu'il accepte sans contrepartie, mais cela valait le coup d'essayer.
« Nos voyages nous ont tenus écartés de nos Tombes natales pendant une longue période, aussi nous ne sommes pas au courant des jeux de pouvoir et autres histoires d'héritage. D'ordinaire nous n'y prêtons guère attention et restons à l'écart des intrigues orlésiennes, néanmoins l'attaque des templiers et la tension qui règne dans la région deviennent de plus en plus difficiles à ignorer. Des gens qui n'ont auparavant jamais mis les pieds ici s'installent comme bon leur semble, amènent violence et avarice dans leur sillage, de sorte que ceux qui essaient de survivre sont tenus de se défendre avec les moyens du bord. Et les elfes ne sont pas les seuls, les réfugiés en pâtissent également, de ce que j'en sais. »
La Rêveuse se leva finalement tout en continuant de discuter, fouillant avec concentration dans une cache dissimulée entre les fissures naturelles de la pierre. En tirant plusieurs objets qu'elle glissa dans les plis de sa tunique, elle saisit deux silex et alluma un feu dans le foyer plus bas. Une douce chaleur ne tarda pas à irradier l'endroit, charriant des vapeurs de bois et d'herbes odorantes qui étaient brûlées en même temps.
Enfin elle reprit place dans la même position, ses yeux ambrés oscillant entre ses hôtes. Ils semblaient fatigués mais pleins d'espoir, dans un contraste saisissant avec les mages qui suivaient Quellcrist. C'était comme s'ils avaient traversé la même épreuve mais avaient choisi de l'approcher dans un angle radicalement différent. Ils dégageaient quelque chose de... nouveau.
Les mains entrelacées sagement posées sur ses cuisses, Siha les observa pendant une paire de minutes avant de reprendre la parole, emplie d'une certaine forme de solennité, la gravité inquisitrice de celle qui avait vu. Son regard s'arrêta sur Bryn, pour la première fois investi d'une réelle chaleur.
« Je salue votre bravoure, da'len... Il faut beaucoup d'aplomb pour s'affranchir de la perte d'un proche et saisir ses responsabilités à un moment aussi critique. » Ses paupières se refermèrent un instant, voilant ses pensées. « Vous avez choisi d'emprunter un chemin tumultueux, et ce n'est sans doute là que la première étape du voyage. Il faudra maintenir l'effort et remonter la marée à contre courant. Parfois le monde entier cherchera à vous ralentir et vous faire trébucher, mais le plus important est de continuer à aller de l'avant, parfois envers et contre tout. Et surtout de ne pas oublier que vous n'êtes pas seul. »
Lorsque ses yeux se rouvrirent, ils étaient posés sur Anders. Sa curiosité se faisait plus intense à chaque instant, l'énigme s'épaississant plus qu'elle ne se révélait. Pourquoi cet homme préférait-il laisser quelqu'un d'aussi jeune prendre les devants et risquer de se noyer par l'ampleur de la tâche ? Par peur de ne pas être à la hauteur ? Par manipulation et soif de pouvoir ? Par manque de confiance et d'estime ? Tant de questions qui n'auraient peut-être jamais de réponse...
Comme pour alléger la gravité du moment Cyralan revint vers eux, rapportant quelques mots en dalatien à Siha. Suite à quoi cette dernière acquiesça d'un sourire et se poussa vers son voisin de gauche -Anders- pour lui faire une place. La conversation se poursuivit comme si de rien n'était, le deuxième elfe s'asseyant en tailleur avec toute la décontraction du monde.
« Alors si j'ai bien compris vous voulez débarrasser Onterre de ses occupants pour vous y installer, et créer un refuge pour les mages. Vous voulez la bénédiction des dalatiens -qui ont déjà sauvé la peau des vôtres une fois- afin de ne pas vous en faire des ennemis. J'ai bien compris, ou bien ai-je oublié quelque chose ? » La question était à moitié rhétorique mais un moment leur fut intentionnellement laissé pour répondre. « Ou bien attendez-vous davantage que notre simple 'accord' ? »
Avec curiosité ses yeux alternèrent entre Anders et Bryn, dont la proximité ne semblait pas simulée. De fait on aurait pu aisément les prendre pour père et fils, si la différence dans les traits et surtout leur condition d'anciens membres de Cercle ne le rendait pas presque impossible. Un mentor et son apprenti peut-être ?
Lorsque le blond poursuivit son explication, Siha croisa les doigts sous sa cape et haussa un sourcil. Plus que de voir un adolescent investi du poids des attentes et de l'avenir de ses pairs -une responsabilité bien trop familière en vérité- c'était son lien avec Quellcrist qui causait son incrédulité. Certes la rencontre avec la jeune femme n'avait pas duré plus de quelques jours, et ce n'était pas facile de cerner quelqu'un en aussi peu de temps. Néanmoins cette dernière ne lui avait clairement pas fait l'impression d'être à l'aise avec son rôle de figure de proue décisionnaire. Penser que par la force des circonstances la patate chaude revenait à quelqu'un de deux fois plus jeune... c'était un amer un écho du passé.
D'autre part les diverses observations sur les mages la firent doucement sourire, à la fois par scepticisme face à ce qu'ils clamaient une cause unie, mais surtout face au courage de Bryn, qui prenait part à la discussion de laquelle elle n'avait jamais cherché à l'exclure. Après tout les jugements sur la jeunesse plutôt que la volonté et la persévérance, c'étaient des préjugés qui ne s'appliquaient pas à la mentalité dalatienne.
À vue d’œil il devait avoir dans les quinze ans, ce qui à ses yeux était largement suffisant à en faire un adulte capable d'autonomie et de raisonnement. Restait à savoir si sa maturité était à la hauteur de leurs folles ambitions... Parce qu'il faudrait bien plus que de jolies paroles et de l'envie pour débarrasser Onterre de ses vicieux occupants pour réussir.
De plus les vieilles habitudes lui donnaient une presque irrépressible envie de répondre longuement, d'argumenter, de contester, de leur expliquer que la nouvelle vie qui les attendait serait forcément constituée d'apprentissage constant, d'humilité dans l'échec et parfois de fuite. Le prix de la liberté pour ceux qui étaient déclarés apostats par la Chantrie ou des hérétiques refusant de vénérer le Créateur. Dommage que certains aient gagné le grand prix à la loterie et cumulent les deux à la naissance.
« Quand un homme saisit une épée, est-il aussi enfermé parce qu'il est jugé dangereux ? Il est trop simple de blâmer l'outil plutôt que celui qui le brandit consciemment comme une arme. »
Cela pouvait paraître tellement simple pour ceux qui étaient en contact avec le surnaturel au quotidien, et pourtant tellement de gens oppressés avaient tendance à oublier ces principes basiques. Se forçant toutefois à rester en dehors des sentiers battus par les blessures et la rancune, Siha avait choisi d'intégrer ce qui lui avait été dit sans répondre immédiatement. Il lui faudrait du temps et de la patience pour faire tomber les hautes barrières bâties par les mauvaises expériences.
D'un sourire l'archiviste acquiesça, mi amusée, mi amère. Les paroles d'Anders semèrent la confusion dans son esprit, et pendant un instant elle considéra jouer cartes sur table. Puis après un bref instant la tentation de continuer à jouer la comédie prit le dessus. Ce serait tellement facile de continuer à se protéger derrière les semi-vérités, à fuir les devants de la scène sur lesquels on la précipitait sans cesse. Après tout n'était-ce pas là une bonne définition de sa vie actuelle ? Ils pouvaient bien sourire avec triomphe ou penser être dans l'erreur, au final le résultat serait le même...
« Bien plus que moi, c'est mon frère qu'il faudra convaincre de vous faire confiance... Sa parole est bien plus importante que la mienne en la matière. » Gravissant la colline à grandes enjambées agiles, l'elfe se mouvait aisément sous les diverses couches de vêtements, comme enhardie par cette affirmation que beaucoup de ses proches contesteraient. « Il nous rejoindra dès qu'il pourra se libérer, en attendant un thé nous fera du bien à tous. Et puis je ne dis pas non à un prétexte pour une petite pause, en particulier après une longue matinée de travail. »
Dos tourné aux deux 'visiteurs', Siha fit mine de ne pas entendre leur étrange conversation, ni remarquer l'enthousiasme enfantin inscrit sur leurs visages. Parfois ses décisions n'étaient pas en phase avec ses opinions personnelles, et beaucoup de facteurs entraient en ligne de compte, aussi certaines n'étaient pas prises de gaieté de cœur. Au fond elle espérait ne pas devoir cruellement piétiner leurs bons espoirs si jamais les choses ne prenaient pas la tournure espérée...
Un soupir quitta ses lèvres lorsqu'il fut temps de répondre à Bryn et sa pertinente question. 'Pas assez loin à mon goût' manqua-t-elle de lui répondre aussitôt, encore âcre de la rencontre avec les templiers il y a quelques semaines, ainsi que les frayeurs constantes qui en avaient suivi. À vrai dire pendant un long moment cet incident seul avait failli forcer les Bellanaris à lever le camp, de peur que d'autres guerriers intoxiqués au lyrium ne les prennent pour cible. Autant dire que le sujet était délicat.
« Une quinzaine de minutes de marche pour nous. Environs dix ou quinze de plus pour vous. »
Dans tous les cas la marche ne fut pas très longue. À peine la colline gravie ils tombèrent sur une clairière embrasée par les premiers rayons du jour, une rare zone relativement dégagée qui donnait sur un joli ruisseau, qu'ils longèrent vers l'ouest jusqu'à pouvoir traverser sans trop se tremper. Une fois de l'autre côté ils joignirent un modeste avant-poste à l'ombre d'un grand rocher, davantage un point de transit facile pour les éclaireurs et messagers, qu'un réel point stratégique. Un endroit neutre, pas trop loin sur l'étendue de leur territoire et dont l'emplacement compromis n'aurait pas de grandes conséquences à l'avenir.
Dépassant les simples barricades de bois, Siha leur fit signe d'approcher un petit meuble en bois ouvragé, faisant à la fois office de comptoir et de table. Deux coussins plats étaient sommairement disposés à terre en guise de sièges, évitant à leurs occupants d'être en contact direct avec le sol froid et humide de la forêt. Les disposant tous les deux du même côté, l'elfe invita les mages à prendre place, et s'installa sur les talons, en face d'eux.
« Vous êtes fort bien renseignés pour des gens passant leur vie sur les routes, coincés entre un passé de prisonniers aux Cercles et la malheureuse guerre qui a découlé de leur éclatement. »
Penchant la tête sur le côté elle observait en particulier Anders, dont le don oratoire lui faisait forte impression. Il avait l'attitude confiante et volontaire de celui qui est habitué à ce genre de discussion, et peut-être de ce sujet en particulier. Pour autant cela ne lui donnait pas moins la sensation d'être une lame à double tranchant, ce genre d'information étant fort pointue pour être détenue par celui qu'il clamait être. Que cachait-il donc derrière ses airs abordables et ses regards paternels ?
« Seriez-vous disposés à partager ce que vous savez sur la famille Onterre ? » Il n'était pas dit qu'il accepte sans contrepartie, mais cela valait le coup d'essayer.
« Nos voyages nous ont tenus écartés de nos Tombes natales pendant une longue période, aussi nous ne sommes pas au courant des jeux de pouvoir et autres histoires d'héritage. D'ordinaire nous n'y prêtons guère attention et restons à l'écart des intrigues orlésiennes, néanmoins l'attaque des templiers et la tension qui règne dans la région deviennent de plus en plus difficiles à ignorer. Des gens qui n'ont auparavant jamais mis les pieds ici s'installent comme bon leur semble, amènent violence et avarice dans leur sillage, de sorte que ceux qui essaient de survivre sont tenus de se défendre avec les moyens du bord. Et les elfes ne sont pas les seuls, les réfugiés en pâtissent également, de ce que j'en sais. »
La Rêveuse se leva finalement tout en continuant de discuter, fouillant avec concentration dans une cache dissimulée entre les fissures naturelles de la pierre. En tirant plusieurs objets qu'elle glissa dans les plis de sa tunique, elle saisit deux silex et alluma un feu dans le foyer plus bas. Une douce chaleur ne tarda pas à irradier l'endroit, charriant des vapeurs de bois et d'herbes odorantes qui étaient brûlées en même temps.
Enfin elle reprit place dans la même position, ses yeux ambrés oscillant entre ses hôtes. Ils semblaient fatigués mais pleins d'espoir, dans un contraste saisissant avec les mages qui suivaient Quellcrist. C'était comme s'ils avaient traversé la même épreuve mais avaient choisi de l'approcher dans un angle radicalement différent. Ils dégageaient quelque chose de... nouveau.
Les mains entrelacées sagement posées sur ses cuisses, Siha les observa pendant une paire de minutes avant de reprendre la parole, emplie d'une certaine forme de solennité, la gravité inquisitrice de celle qui avait vu. Son regard s'arrêta sur Bryn, pour la première fois investi d'une réelle chaleur.
« Je salue votre bravoure, da'len... Il faut beaucoup d'aplomb pour s'affranchir de la perte d'un proche et saisir ses responsabilités à un moment aussi critique. » Ses paupières se refermèrent un instant, voilant ses pensées. « Vous avez choisi d'emprunter un chemin tumultueux, et ce n'est sans doute là que la première étape du voyage. Il faudra maintenir l'effort et remonter la marée à contre courant. Parfois le monde entier cherchera à vous ralentir et vous faire trébucher, mais le plus important est de continuer à aller de l'avant, parfois envers et contre tout. Et surtout de ne pas oublier que vous n'êtes pas seul. »
Lorsque ses yeux se rouvrirent, ils étaient posés sur Anders. Sa curiosité se faisait plus intense à chaque instant, l'énigme s'épaississant plus qu'elle ne se révélait. Pourquoi cet homme préférait-il laisser quelqu'un d'aussi jeune prendre les devants et risquer de se noyer par l'ampleur de la tâche ? Par peur de ne pas être à la hauteur ? Par manipulation et soif de pouvoir ? Par manque de confiance et d'estime ? Tant de questions qui n'auraient peut-être jamais de réponse...
Comme pour alléger la gravité du moment Cyralan revint vers eux, rapportant quelques mots en dalatien à Siha. Suite à quoi cette dernière acquiesça d'un sourire et se poussa vers son voisin de gauche -Anders- pour lui faire une place. La conversation se poursuivit comme si de rien n'était, le deuxième elfe s'asseyant en tailleur avec toute la décontraction du monde.
« Alors si j'ai bien compris vous voulez débarrasser Onterre de ses occupants pour vous y installer, et créer un refuge pour les mages. Vous voulez la bénédiction des dalatiens -qui ont déjà sauvé la peau des vôtres une fois- afin de ne pas vous en faire des ennemis. J'ai bien compris, ou bien ai-je oublié quelque chose ? » La question était à moitié rhétorique mais un moment leur fut intentionnellement laissé pour répondre. « Ou bien attendez-vous davantage que notre simple 'accord' ? »
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Les jardins de l'Espérance
Les mots de la dalatienne concernant la dangerosité de la magie me déclencha un gloussement que j’étouffais en mettant mon poing devant ma bouche. Pour dissiper tout malentendu, j’expliquai rapidement mon hilarité.
- « Excusez moi… c’est que… La … personne qui partage ma vie craint grandement la magie, moins qu’elle n’en avait l’habitude cela dit, mais je ne compte pas le nombre de fois où je lui ai dit exactement la même chose et où il m’a répondu que son épée n’attirait pas les démons et que c’était là toute la différence…. Il a fallut des années pour qu’il admette que la magie est ce qu’en fait la personne qui la possède, et à admettre que ma place n’est pas derrière les murs d’un cercle… et il ne le fait encore qu’à demi mot. »
Je me souviens encore des mots crachés à ma figure la première fois que nous avions eut cette dispute… « tu te vois comme inoffensif ? Une abomination qui ne fait de mal à personne ? » « Comme arracher le coeur des homme à travers son torse ? Et à mains nues ? » « Je n’étais sous l’influence d’aucun démon !! » « Donc nous sommes d’accord que personne n’a besoin d’être possédé pour être un meurtrier. Bien. » Un sourire attendrit s’étendit sur mon visage, à ce souvenir. Il m’enrageait tellement à l’époque… nous avions fait un sacré chemin depuis cette première année à Kirkwall.
Je hochai la tête lorsque l’archiviste parla de son frère, après tout il ne savait pas grand-chose des Dalatiens, il lui semblait avoir compris que l’Archiviste était le chef du clan mais cela ne voulait pas dire qu’il était pour autant seul décisionnaire en tout. Habitué à crapahuter aux quatre coins de Thedas, Anders n’avait pas trop de mal à tenir le rythme de marche des elfes, il se retournait cependant régulièrement pour voir comment se débrouillait Bryn et pour l’aider si besoin.
- « Onterre est tout à l’est des Tombes, je ne sais pas dans quel état il est, nous n’avons pas pu voir l’intérieur, mais c’est gigantesque. Quand aux Vénatoris ils sont ne sont surement pas là pour leurs permissions, non. Quoi qu’ils fassent là bas, ce sera de mauvaise augure pour tout le monde. » Dis-je à l’intention de Bryn pour répondre à ses questions.
Prenant place sur l’un des coussins, je remarquai le regard de l’elfe qui s’assit en face de nous. Sa question avait clairement pour but de faire un peu de lumière sur ma personne…. Et bien que la lumière soit… après tout ce n’avais pas vraiment besoin de cacher cette partie de ma vie.
- « J’ai rejoins les Libertaires il y a peu mais j’ai eu l’opportunité de m’évader du Cercle où j’étais retenu il y a maintenant presque douze ans, et j’ai passé les quatre dernières dans la région. Ce que la plupart des mages découvrent de la liberté aujourd’hui, je suis passé à travers il y a quelques temps maintenant, je sais quels défis va les attendre lors de leur nouvelle vie. »
Mes jambes se croisèrent en tailleurs alors que venait la question d’Onterre et de son histoire, il aurait pu marchander ses informations, mais il n’avait pas envie de commencer cette alliance par de petites mesquineries. D’ailleurs, pour le peu qu’il savait, il n’avait pas vraiment envie de négocier des miettes.
- « Pas grand-chose en vérité, je suis Fereldien d’Origine, l’histoire de la famille elle-même ne m’est pas familière. Le peu que nous ayons trouvé relate le fait que le dernier descendant de la famille est mort d’une maladie des poumons que les guérisseurs n’ont pas su soigner et qu’il n’y a pas d’héritier légitime. Lorsque c’est ainsi il est de tradition que les biens et les terres reviennent à la couronne donc techniquement… Onterre appartient à l’Impératrice Célène…. Étant donné son occupation actuelle je pense que l’Impératrice a d’autres soucis que le comptage de ses châteaux... »
Le feu était le bienvenu, sa chaleur et sa lumière finirent de dissiper les inconforts de la forêt. Je hochais la tête en l’écoutant parler des réfugiés. Tout le monde pâtissait des violences ambiantes, entre la montée de Coryphéus et la guerre mages/templiers… le continent n’avait pas connu tant de violence depuis l’Enclin. Il n’y avait rien à ajouter.
Je me tus également alors qu’elle s’adressait à Bryn, mais quelque chose en moi se fissura lors que ses yeux se rouvrirent sur ces mots « vous n’êtes pas seuls »… Quelque chose se fissura en sentant l’absence de Justice plus cruellement que durant ces dernières semaines. Je fis taire la partie de mon esprit qui rejetait l’idée que le destruction de Justice ne signifiait pas ma solitude et pris une grande inspiration. Je calmai la douleur provoqué par ces mots et revint calmement à la conversation.
- « Comme vous l’avez vous-même dit, les tensions dans la région sont de plus en plus difficile à ignorer. Les tombes ne sont pas à feu et à sang à cause de la guerre entre Celène et Gaspard mais les réfugiés viennent ici pour se cacher, les templiers rouges et les vénatoris sillonnent le territoire… Et comme je l’ai mentionné précédemment, nous espérons pouvoir nous installer ici en bon terme avec votre peuple. Je pense qu’une alliance pour chasser la présence Tévintide des Tombes serait dans l’intérêt de tout le monde… à moins que vous ne considériez pas avoir besoin de nous pour pacifier la région et ne souhaitiez pas nous avoir comme voisins. »
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Les jardins de l’Espérance
Anders & Siha & Bryn
« The more you do stuff, the better you get at dealing with how you still fail at it a lot of the time. »
De fait, Bryn n’avait jamais rencontré une personne comme l’Archiviste. Outre la surprise de son identité, elle parlait avec calme, lenteur, qu’on traduisait facilement par la sagesse et l’expérience qu’elle devait avoir. Et rien que ça… cela suffisait à le faire se sentir minuscule. Certes, un humain de seize ans, fraichement ramassé et à peine formé, il ne pouvait pas vraiment faire le poids, et les facilités d’élocution d’Anders creusaient encore plus le fossé. En imitant son camarade, il s’assit en tailleurs sur l’un des coussins, continuant de suivre avec la plus grande attention l’échange sur le château. Lui aussi était dans le flou, et il tâcha de le montrer le moins possible, assimilant rapidement les informations qu’il apprenait. Le fait qu’Onterre appartienne à l’Impératrice pourrait poser problème à la longue : bien qu’elle ne se soucierait pas d’une propriété si négligeable, cela ne rendait pas leur cause bien légitime… Même si les mages arrivent à reprendre les lieux de leur sueur et le sang, même s’ils s’installent, ils ne vaudront pas mieux qu’une vulgaire bande de parasites. Il faudra alors régler la question au plus vite…Enfin, mettons d’abord les priorités dans le bon ordre : le château était encore aux mains de leurs ennemis et tout ce qu’ils faisaient était d’en parler, rien de plus.
L’adolescent baissa légèrement le regard tout en réfléchissant, se reprochant parfois d’être de trop dans cette conversation, avant qu’il ne sente le regard de l’Archiviste sur lui. Jusqu’ici, il n’avait pas l’impression qu’elle l’avait vraiment vu, ou alors simplement par politesse. Mais elle avait une expression… nouvelle… sur son visage. Et ses mots firent presque arrêter la respiration du jeune garçon.
Bravoure, responsabilités… dit comme ça, cela semblait faire de lui un mage courageux. En plus d’être sage et déterminé comme l’affirmait Anders.
« Je… ce n’est pas… »
Il n’arrivait pas vraiment à cacher combien ces compliments l’embarrassait, d’autant qu’il ne s’en sentait pas légitime. Pour l’heure, il n’essayait que de limiter la casse au sein de ce groupe, sans même savoir sur quel chemin il se trouvait. Ou plutôt commençait-il à en avoir conscience, sans vraiment être confiant sur ses capacités.
Les mots la Dalatienne, il les comprenait sans vraiment parvenir à les accepter entièrement.
Et puis son regard se reposa sur Anders. Il n’était pas seul, cela au moins, il pouvait s’en rendre compte. Bon ce n’était pas comme s’il connaissait son camarade depuis longtemps, les jours se comptaient sur les doigts d’une seule main, mais il était là. Et sans lui, eh bien… disons qu’il aurait certainement pris de mauvaises décisions sur le coup de sa naïveté.
« C’est… je ferai de mon mieux, Archiviste… merci… » lui dit-il en se reprochant sur le champ d’être un pauvre idiot.
Parce qu’il était un pauvre idiot.
Enfin, heureusement que la conversation revenait sur le château, bien qu’il commençait à sentir la difficulté des négociations. Présenté comme le faisait l’Archiviste, c’est vrai qu’on aurait dire qu’il venait réclamer le beurre et l’argent du beurre. Aucun Libertaire ne pouvait nier avoir bénéficié de l’aide des Dalatiens, bien que ne plus se sentir bienvenu quelque part laissait une sensation un petit peu amère dans la gorge. Ils avaient leurs raisons, et les circonstances sont différentes à présent, il fallait avancer.
Ce qu’avançait Anders était juste, encore une fois – comment faisait-il pour trouver toujours les bons mots, lui ? – mais l’adolescent avait l’étrange sensation de tourner en rond à présent.
« Peut-être que ça pourrait être une première étape, en effet, mais… on pourrait… faire quelque chose du château. Je veux dire… nous ne voulons pas la guerre, aucun des nôtres ne désire se rassembler quelque part pour commencer des raids ou quoi que ce soit. J-Je… Je pense que ce serait mieux d’imaginer une autre utilité à une telle propriété qu’un simple refuge pour les mages en fuite. Ainsi un accord entre les Libertaire et votre clan ne serait pas un… simple pacte de non-agression… »
Il hésitait énormément sur ses mots, bien que l’idée lui semblait claire dans son esprit. Sous les directives de Quellcrist, le camp que les Libertaires occupait dans les Tombes n’était qu’un refuge : beaucoup venaient dans l’espoir d’y trouver la sécurité, on y soignait les blessés, on essayait d’occuper tout le monde, mais tout cela n’aurait pas fonctionné à long terme. Avec le recul, leur défaite contre les Templiers Rouges n’était qu’une question de temps.
Mais là, c’était l’heure de la seconde chance, alors autant ne pas reproduire les mêmes erreurs. Bien qu’il essayait de regarder l’Archiviste dans les yeux pour lui prouver qu’il était sérieux, il ne pouvait pas empêcher quelques regards furtifs vers Anders, le cœur battant de nervosité dans la poitrine.
« On pourrait… faire mieux qu’avant. Avoir un vrai projet qui ait de l’avenir. On pourrait devenir… la première école de magie. Indépendante de la Chantrie et… de tout le reste. »
Une idée qui lui trottait dans la tête depuis un petit moment, sans vraiment avoir osé en parler avant. Oh le patriarche Trevelyan renierait cent fois son fils s’il avait su que la chair de sa chair oserait prononcer de tels mots, mais les temps avaient changé, et les Cercles n’avait jamais été une solution.
Les Dalatiens, eux, ne craignaient pas leurs mages. Ils savaient les former, les éduquer, sans jamais les voir comme des maudits ou des abominations. Oh les humains auraient dû prendre exemple sur eux depuis bien longtemps déjà…
« Pardonnez-moi, c’est certainement… J-Je m’emballe certainement, je ne devrais pas… dire… comme ça… La prochaine fois je réfléchirai avant de parler. »
(c) DΛNDELION
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Le rire d'Anders lui fit lever un sourcil de surprise, davantage par la légèreté de son attitude que par une quelconque interprétation de son geste. Ce n'était toujours pas si courant de pouvoir échanger avec un confrère mage, et encore moins de les écouter parler sur leurs proches et leurs nouvelles vies retrouvées. C'était... rafraîchissant d'entendre du positif, pour une fois.
En outre quelles que puissent être les intentions de cet homme, il ne semblait pas nerveux outre mesure malgré ses hésitations, ou alors il était doué pour le cacher. Néanmoins son anecdote et ses expressions semblaient sincères, ravivant au passage quelques questions dans l'esprit de Siha. Au sein de son clan la magie était crainte mais néanmoins perçue comme une bénédiction, un don rare qu'il fallait cultiver, maîtriser et utiliser pour le bien de tous. Cependant ailleurs tous ne la percevaient pas avec le même œil bienveillant, même au sein des dalatiens... Preuve en était son transfert chez les Bellanaris à l'âge de 6 ans, le séparant ainsi définitivement de sa famille biologique, exception faite de son jumeau.
« Onterre est effectivement très grand et bien situé, ce qui le rend difficile à attaquer en petit nombre et encore plus à défendre une fois conquis. Même si par miracle vous chassez les Venatoris, » Elle fronça soucieusement les sourcils, n'ayant entendu ce nom qu'en de vagues rumeurs dans les villes humaines. « le risque qu'ils reviennent à la charge reprendre ce qu'ils jugent leur appartenir est très grand. »
Inutile de leur couper l'herbe sous le pied en pointant leur manque d'organisation et de moyens logistiques, ils en étaient certainement conscients. Siha soupira et fit enfin tomber sa capuche, dévoilant son épaisse crinière noire tressée ainsi que son visage tatoué de vallaslins argentés. Pensive, elle pesa silencieusement ce que Anders voulait bien lui révéler, ajoutant quelques touches de plus au tableau qu'elle se faisait de lui. Le tout était encore abstrait et flou, mais petit à petit cela commençait à faire sens.
Tiraillée, elle jongla entre l'empathie naturelle que lui suscitait cette cause familière, et la peur viscérale de voir le travail de toute une vie ruiné par un mauvais choix. Car si la rencontre avec Quellcrist lui avait rappelé une dure réalité, c'est qu'en dépit de ses bonnes intentions, parfois il fallait savoir poser des limites et garder des priorités claires.
« Les choses ne sont pas aussi simples. » Répondit-elle finalement à Anders, comme pour nuancer la vision manichéenne qu'il semblait avoir.
Et de fait les choses n'étaient toutes noires ou toutes blanches, même si du point de vue des mages c'était sans doute différent. Quoi qu'il en soit Siha tempéra son discours sans se prononcer, ne se sentant pas assez en confiance pour réellement développer la tapisserie complexe d'intrigues qui pouvait à tout instant se dénouer aux Tombes d'Émeraude. Car bien que les besoins du quotidien soient impérieux et constants, il y avait une perspective à long terme qu'il ne fallait pas oublier : la tension grandissante entre Célène et Gaspard.
Deux Lions prêts à se sauter à la gorge pour un foutu trône, quitte à saigner tout ce qui les entoure dans une stérile lutte pour le pouvoir. Combien de temps leur restait-il réellement avant que cela éclate ? Plus important encore, combien de temps restait-il avant que le gagnant ne porte inévitablement son œil cupide sur les territoires contestés, et ne décide de s'approprier à nouveau les miettes éparses, dont Onterre et les terres alentour ?
Laisser faire les Libertaires, non pire, les encourager d'une quelque façon que ce soit, revenait à attirer davantage une attention malvenue de la part de l'Empire et ses vautours couronnés. Expirant lentement, la métamorphe sentit un énorme poids invisible lui écraser soudainement les épaules. Finalement elle se leva pour finir de faire infuser le thé qu'elle versa en des verres de bois avant de les présenter à Anders et Bryn. Une odeur de fruits et d'épices se dégageait de la boisson, lui faisant presque oublier les circonstances de cet étrange rassemblement. Elle se rassit, le cœur lourd.
Partagea le seul verre restant avec Cyralan, toujours en retrait à ses côtés, concentré sur cette conversation à laquelle il ne savait pas vraiment comment participer. Son visage était placide et sérieux, ses sens toujours en alerte malgré l'ambiance cordiale de l'entrevue. Cependant il fut le premier à donner des signes de surprise manifeste face à la proposition de l'adolescent, qui, même pour un non mage, paraissait complètement folle. De son côté Siha ne pipa mot et se contenta de serrer ses mains l'une contre l'autre, à l'abri des regards sous les pans de sa cape.
« Parlez sans crainte, je vous écouterai jusqu'au bout quoi que vous ayez à dire. »
Écouter était une chose, l'accepter en était une autre... et le moins qu'on puisse dire c'est que la pilule était difficile à avaler. Car bien que l'idée soit innovante et somme toute la concrétisation d'un rêve inimaginable pour les mages, Siha ne pouvait se défaire de la désillusion qui accompagnait ce genre de projets à large échelle. Confiner des gens blessés par la guerre dans un seul endroit revenait à leur mettre une corde au cou... et encore c'était à supposer qu'ils prennent possession d'Onterre, ce qui à l'heure actuelle n'était qu'une fantaisie.
« Je peux vous affirmer sans mal qu'aucun des nôtres ne vous attaquera tant que vous n'approchez pas nos lieux de culte et ne traversez pas le ruisseau sans notre accord. Mais à l'heure actuelle c'est tout ce que je peux vous promettre. »
Ses lèvres se pincèrent de gravité, son esprit courant à un rythme effréné par les responsabilités et les implications du discours de Bryn. C'était décousu et sûrement improvisé, aussi il était difficile de savoir à quel point le prendre au sérieux. Et puis ils ne s'attendaient tout de même pas à l'assommer d'une telle offre sans lui laisser le temps de digérer ? Laissant Cyr boire en premier, Siha n'émit pas le moindre geste pour prendre le relais. C'était beaucoup trop chaud de toute façon. Au moins autant que la pression sur ses épaules couvertes de fourrure.
« Une école, vraiment ? » Cette fois elle s'adressait principalement à Anders, qui serait peut-être mieux placé pour développer ce qui venait d'être dit.
En outre quelles que puissent être les intentions de cet homme, il ne semblait pas nerveux outre mesure malgré ses hésitations, ou alors il était doué pour le cacher. Néanmoins son anecdote et ses expressions semblaient sincères, ravivant au passage quelques questions dans l'esprit de Siha. Au sein de son clan la magie était crainte mais néanmoins perçue comme une bénédiction, un don rare qu'il fallait cultiver, maîtriser et utiliser pour le bien de tous. Cependant ailleurs tous ne la percevaient pas avec le même œil bienveillant, même au sein des dalatiens... Preuve en était son transfert chez les Bellanaris à l'âge de 6 ans, le séparant ainsi définitivement de sa famille biologique, exception faite de son jumeau.
« Onterre est effectivement très grand et bien situé, ce qui le rend difficile à attaquer en petit nombre et encore plus à défendre une fois conquis. Même si par miracle vous chassez les Venatoris, » Elle fronça soucieusement les sourcils, n'ayant entendu ce nom qu'en de vagues rumeurs dans les villes humaines. « le risque qu'ils reviennent à la charge reprendre ce qu'ils jugent leur appartenir est très grand. »
Inutile de leur couper l'herbe sous le pied en pointant leur manque d'organisation et de moyens logistiques, ils en étaient certainement conscients. Siha soupira et fit enfin tomber sa capuche, dévoilant son épaisse crinière noire tressée ainsi que son visage tatoué de vallaslins argentés. Pensive, elle pesa silencieusement ce que Anders voulait bien lui révéler, ajoutant quelques touches de plus au tableau qu'elle se faisait de lui. Le tout était encore abstrait et flou, mais petit à petit cela commençait à faire sens.
Tiraillée, elle jongla entre l'empathie naturelle que lui suscitait cette cause familière, et la peur viscérale de voir le travail de toute une vie ruiné par un mauvais choix. Car si la rencontre avec Quellcrist lui avait rappelé une dure réalité, c'est qu'en dépit de ses bonnes intentions, parfois il fallait savoir poser des limites et garder des priorités claires.
« Les choses ne sont pas aussi simples. » Répondit-elle finalement à Anders, comme pour nuancer la vision manichéenne qu'il semblait avoir.
Et de fait les choses n'étaient toutes noires ou toutes blanches, même si du point de vue des mages c'était sans doute différent. Quoi qu'il en soit Siha tempéra son discours sans se prononcer, ne se sentant pas assez en confiance pour réellement développer la tapisserie complexe d'intrigues qui pouvait à tout instant se dénouer aux Tombes d'Émeraude. Car bien que les besoins du quotidien soient impérieux et constants, il y avait une perspective à long terme qu'il ne fallait pas oublier : la tension grandissante entre Célène et Gaspard.
Deux Lions prêts à se sauter à la gorge pour un foutu trône, quitte à saigner tout ce qui les entoure dans une stérile lutte pour le pouvoir. Combien de temps leur restait-il réellement avant que cela éclate ? Plus important encore, combien de temps restait-il avant que le gagnant ne porte inévitablement son œil cupide sur les territoires contestés, et ne décide de s'approprier à nouveau les miettes éparses, dont Onterre et les terres alentour ?
Laisser faire les Libertaires, non pire, les encourager d'une quelque façon que ce soit, revenait à attirer davantage une attention malvenue de la part de l'Empire et ses vautours couronnés. Expirant lentement, la métamorphe sentit un énorme poids invisible lui écraser soudainement les épaules. Finalement elle se leva pour finir de faire infuser le thé qu'elle versa en des verres de bois avant de les présenter à Anders et Bryn. Une odeur de fruits et d'épices se dégageait de la boisson, lui faisant presque oublier les circonstances de cet étrange rassemblement. Elle se rassit, le cœur lourd.
Partagea le seul verre restant avec Cyralan, toujours en retrait à ses côtés, concentré sur cette conversation à laquelle il ne savait pas vraiment comment participer. Son visage était placide et sérieux, ses sens toujours en alerte malgré l'ambiance cordiale de l'entrevue. Cependant il fut le premier à donner des signes de surprise manifeste face à la proposition de l'adolescent, qui, même pour un non mage, paraissait complètement folle. De son côté Siha ne pipa mot et se contenta de serrer ses mains l'une contre l'autre, à l'abri des regards sous les pans de sa cape.
« Parlez sans crainte, je vous écouterai jusqu'au bout quoi que vous ayez à dire. »
Écouter était une chose, l'accepter en était une autre... et le moins qu'on puisse dire c'est que la pilule était difficile à avaler. Car bien que l'idée soit innovante et somme toute la concrétisation d'un rêve inimaginable pour les mages, Siha ne pouvait se défaire de la désillusion qui accompagnait ce genre de projets à large échelle. Confiner des gens blessés par la guerre dans un seul endroit revenait à leur mettre une corde au cou... et encore c'était à supposer qu'ils prennent possession d'Onterre, ce qui à l'heure actuelle n'était qu'une fantaisie.
« Je peux vous affirmer sans mal qu'aucun des nôtres ne vous attaquera tant que vous n'approchez pas nos lieux de culte et ne traversez pas le ruisseau sans notre accord. Mais à l'heure actuelle c'est tout ce que je peux vous promettre. »
Ses lèvres se pincèrent de gravité, son esprit courant à un rythme effréné par les responsabilités et les implications du discours de Bryn. C'était décousu et sûrement improvisé, aussi il était difficile de savoir à quel point le prendre au sérieux. Et puis ils ne s'attendaient tout de même pas à l'assommer d'une telle offre sans lui laisser le temps de digérer ? Laissant Cyr boire en premier, Siha n'émit pas le moindre geste pour prendre le relais. C'était beaucoup trop chaud de toute façon. Au moins autant que la pression sur ses épaules couvertes de fourrure.
« Une école, vraiment ? » Cette fois elle s'adressait principalement à Anders, qui serait peut-être mieux placé pour développer ce qui venait d'être dit.
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Les jardins de l'Espérance
Les négociations avaient donc commencer d’une certaine façon, l’archiviste se projetait dans la reprise du château et ses conséquences. Mais il était toujours question de « vous » et non de « nous » et donc pour le moment, l’archiviste ne se voyait pas conclure une alliance. C’était normal après tout, des humains débarquaient dans son clan pour lui dire qu’ils voulaient partager leur territoire, faire la guerre aux Tevinter et prendre racine dans la région avec leur bénédiction ? Il faudrait sans doute du temps pour que l’alliance se fasse.
- « Il y a toujours un risque. Si ce ne sont pas les vénatoris, ce sera de toute façon quelque chose d’autre, en ces temps troublés personne n’est véritablement à l’abri des attaques. Le mieux, si nous reprenons le château, sera de rassembler un maximum de mages en un minimum de temps, afin de dissuader les ennemis potentiels. »
Il hocha la tête face à l’affirmation de l’elfe qui avait enfin retiré sa capuche pour révéler un visage pale entouré de cheveux noirs.
- « Les choses sont rarement simples, et nous savons que le chemin sera long et difficile. » Je réprimai une plaisanterie malvenue sur l’éducation religieuse.
Les choses semblaient stagner, le débat n’avançait pas et je commençais à me demander si quelque chose allait sortir de cette rencontre lorsque Bryn ouvrit la bouche. Ce qui en sortit me stupéfia. Le ton hésitant l’aurait sûrement desservi dans une négociation avec un noble ou un marchand, mais les dalatiens n’avaient pas l’air de prendre en compte le fait qu’il soit jeune et qu’il ne soit pas un orateur né. L’archiviste l’écouta jusqu’au bout et quelle ne fut pas la surprise du blond lorsque Bryn suggéra ce qui était à mes yeux la meilleure idée depuis la dissolution des cercles.
C’était ça la solution ! Une école ! Pas une prison comme ce que représentaient les Cercles, un lieu où les mages pourraient se rassembler et apprendre, en sécurité. Loin des brimades, des tortures et loin de la Chantrie qui leur répétait sans cesse qu’ils étaient maudits par le Créateur. Peut-être même que des mages libres seraient intéressés, peut-être que de nouvelles formes de magies se présenteraient à eux. Peut-être qu’ils pourraient enfin étudier la magie pour ce qu’elle était et non pas seulement ce qui était approuvé par les templiers.
Tellement de possibilités… mais il faudrait trouver des professeurs dans les différentes branches de la magie, et se fournir en lyrium… Il faudrait aussi penser à l’aspect financier de l’entretient du château, les vivres et le nécessaire de vie des habitants, la rémunération du personnel, peut-être faire appel à des patrons… L’entreprise était de taille et Je n’avais en tête que les obstacles évidents. Mais c’était sûrement possible…. Il fallait que ce le soit. Je vis que l’Archiviste attendait visiblement de moi que je développe, je souris chalereusement à Bryn et entreprit de mettre mes talents au service de son idée de génie.
- « C’est la meilleure option que nous avons. Avec la dissolution des Cercles, les mages sont dispersés, sans formation. Notre société chantriste ne nous a pas appris à nous former nous même où à trouver des mentors, et nombreux sont ceux qui ont peur de leurs propres pouvoirs. Ouvrir une école de magie libre garantirait un endroit sûr où dispenser le savoir et où redéfinir notre rapport à la magie. » Mon sourire s’étendit encore alors que l’idée prenait place dans mon esprit et dans mon coeur. « Plus encore qu’un simple lieu de rassemblement pour les mages des cercles tombés, à terme ce pourrait être une croisée des chemins pour tous les mages des peuples de Thedas. Attirer des mages des différentes cultures pour enseigner leur mode de vie et de pratiquer la magie. J’ai personnellement séjourné chez les alvars, s’ils pouvaient exprimer aux autres peuple leur sagesse sur le monde des esprit, je pense que tous le monde serait subjugué par leur savoir. Les Mortalitasi du Nevarra, les voyants de Rivein…. Peut-être…. Peut-être certains des vôtres accepteront-ils de venir nous rencontrer. Et évidemment, il ne devrait y avoir aucune discrimination quand à l’origine et à la culture des élèves…. Excusez moi. » dis-je avec un petit rire. « Je suis en train de vous noyer dans mon idéalisme mais si un tel projet pouvait se rendre possible avec le temps…. Imaginez les changements qui pourraient en découler. Tout est à faire aujourd’hui, des projets vont naitre pour décider de l’avenir et je n’en vois peu qui nt avoir autant de conséquences positives. »
Je m’arrêtai pour laisser nos interlocuteurs respirer un peu, je savais que j’étais un peu intense lorsque je défendais des idées qui me tenaient à coeur, et celle là ne faisait pas exception. C’était avec fébrilité que je guettai la réaction de l’archiviste.
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Les jardins de l’Espérance
Anders & Siha & Bryn
« The more you do stuff, the better you get at dealing with how you still fail at it a lot of the time. »
À l’instant où cette idée avait franchi le seuil de ses lèvres, Bryn savait qu’il avait parlé à tort et à travers. Il n’était qu’un gamin, dans une guerre qui le dépassait, et dont l’avenir s’avérait flou. Bien que l’Archiviste soit plutôt encourageant pour l’aider à parler, l’adolescent avait bien vu l’expression s’installer sur son visage. Elle était devenue grave, très sérieuse, se demandant certainement si elle devait vraiment considérer ce qu’il venait d’annoncer, ou bien si ce n’était rien de plus qu’une mauvaise plaisanterie pour attirer l’attention.Ce dont il aurait été parfaitement incapable tant il détestait attirer l’attention.
Bryn sentit presque son souffle s’arrêter en entendant l’Archiviste répéter ce mot, encore, en regardant cette fois Anders. Son regard sur lui, son cœur qui avait la sensation de mourir, et une phrase répétée en boucle dans son esprit. « SAUVE-MOI. SAUVE-MOI. SAUVE-MOI. » Ce n’était qu’un instant après qu’il remarqua l’éclat dans le regard de son compagnon, ainsi que le petit sourire qui se dessinait sur ses lèvres. Il trouvait ça bien ? C’était une bonne idée ? Vu son expression, ça semblait être le cas, mais… ils n’en avaient même pas encore parlés.
C’était incroyable comment, dans la bouche d’Anders, tout ça semblait couler de source. Le moindre de ses mots, la facilité de ses arguments, et pourtant si justes ! Des frissons lui parcoururent les bras, tandis qu’il était presque hypnotisé par l’orateur. Ce serait si beau que cela se fasse un jour, d’avoir un véritable croisement des savoirs, un endroit où humains, dalatiens, alvars et bien d’autres pourraient être libre d’échanger et d’apprendre. Sans la moindre contrainte. Sans religion et sans Templiers.
« Ce serait… vraiment formidable, c’est vrai. »
Peut-être que dans un tel contexte, on aurait pu le rassurer dès qu’il eut montré ses premiers signes de magie. Peut-être ne se serait-il pas redouté lui-même. Combien de mages pourraient être sauvés de la sorte ?
« La guerre a peut-être détruit les Cercles, mais la magie reste présente de toute façon. Peu importe comment cela se finira, et même dans… le cas où les Cercles seraient reformés, il y aurait beaucoup trop d’apostats comme nous dans la nature. Des apostats qui s’ignorent et d’autres qui n’accepteront pas cet éventuel retour, comme mon ami et moi. La situation est certes gravissime pour l’heure sur d’autres fronts, mais n’avoir le choix qu’entre les Cercles et rien du tout, cela n’est pas un avenir pour les mages du Sud. Pire, être éparpillés pourrait représenter un danger. Tout mage a besoin d’apprendre et de se former, et tout mage devrait avoir le choix, avoir différentes voies, et donc… donc Onterre pourrait être cette voie. Une nouvelle voie. »
L’avantage serait dans l’immédiat que personne ne serait enlevé, et que personne ne serait livré à lui-même dans la nature. Deux destins que ni Bryn, ni Anders – il le savait – ne souhaiteraient à qui que ce soit.
« Nous avons conscience que ce n’est pas un projet acquis, que beaucoup d’obstacles de taille nous attendrons. Pour commencer, Onterre n’est qu’un château, qui, je l’imagine, n’est pas prévu pour l’enseignement. Même s’il était récupéré demain, tout serait encore à faire. Et quand on dit tout, on veut dire… vraiment, VRAIMENT tout. Ça serait… véritablement monstrueux comme travail. Mais certainement moins monstrueux que de reconstruire ces grandes tours pour enfermer des mages dedans, quelles que soient leurs origines. »
Au final, ce qui n’était qu’une bête idée ne l’était peut-être plus. L’adolescent se laissait largement emporté par l’optimisme et l’idéalisme de son camarade… tout simplement parce qu’il y croyait dur comme fer, lui aussi. Il n’était certainement pas né pour construire un tel projet, mais maintenant il sentait au fond de lui que c’était une bonne solution, et qu’il pourrait se battre pour défendre cet idéal, aussi naïf qu’il puisse sembler. Si seulement l’Archiviste pouvait également rêver avec eux…
(c) DΛNDELION
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« Je ne sais pas si 'dissuader' est le bon mot. Rassembler autant de mages dans un même espace revient aussi à y placer une cible de choix. De ce que j'ai pu voir une partie des vôtres n'est pas apte au combat, par blessure, fatigue, ou manque de formation. De plus -vous m'arrêtez si je me trompe- vous aurez besoin de vous fournir en lyrium pour tenir le coup si l'affrontement se prolonge, ce qui est fort probable étant données les circonstances. »
Cyralan avait enfin décidé de prendre part à l'échange, manifestant sa position neutre et un point de vue pragmatique qui était peut-être plus frontal que celui de son archiviste. Néanmoins cette dernière se contenta d'acquiescer à ce qui venait d'être dit, relativement surprise par le recul du chasseur. D'habitude il était tellement discret, qu'il était facile de penser qu'il n'aimait pas de mêler de politique, ce qui n'était pas si loin de la vérité. D'un autre côté un vote de confiance lui avait été prêté par l'invitation à ses côtés, et il faisait de son mieux pour être à la hauteur de ce qu'on semblait attendre de sa part.
Et de fait la perspective soulevée relevait d'autres problématiques auxquelles Siha n'avait pas nécessairement déjà pensé. Le besoin de ces mages rendus dépendants au lyrium par les Cercles était une autre bombe à retardement, et malheureusement il était impossible qu'ils trouvent un fournisseur ou l'argent nécessaire à faire les réserves nécessaires avant de lancer une attaque.
Expirant lentement, la métamorphe se sentait déjà fatiguer à l'idée de démêler cet épais nœud à ennuis. Car la vision de rêve que lui vendait Anders était aussi magnifique qu'infiniment compliquée, et elle ne se sentait pas prête à s'investir tête la première dans une autre utopie. Car à l'image de cette dernière, ses projets personnels étaient déjà un poids immense sur ses épaules...
« Comme je l'ai déjà dit, je comprends très bien que vous vouliez saisir les occasions qui se présentent, et prendre des initiatives ambitieuses est parfois le seul moyen de préserver ceux qu'on veut défendre. Toutefois la participation active des Bellanaris, telle que vous nous la présentez, tient plus du service que du réel échange. »
Cela pouvait paraître dur dit comme ça, seulement il était difficile de lui donner tort. Pour la première fois ses doigts se nouèrent autour du verre de thé, qu'elle ne porta pas encore à ses lèvres. Au lieu de cela elle rechercha silencieusement sa chaleur, comme si la boisson et l'odeur des herbes pouvait lui porter conseil.
« Il est trop tôt pour que nous puissions vous donner une réponse. J'aurai besoin de quelques jours de sorte à discuter avec les miens et aviser de la meilleure décision. » Une discussion houleuse l'attendrait certainement, et déjà les discours indignés de Jillian et Sehariel lui parvenaient au oreilles avant l'heure.
« Ce que je peux vous affirmer précédemment se maintient. Nous ne vous nuirons pas tant que vous respectez les limites imposées. Je peux également vous rendre la demi-douzaine de fioles de lyrium laissées comme cadeau par Quellcrist, nos mages ne sont pas assez nombreux pour justifier leur utilisation. D'autant que nous préférons exercer notre art sans souiller notre corps de la sorte, sauf cas de force majeure. » Levant les yeux vers ses interlocuteurs, Siha semblait attentivement jauger leur réaction. « Ce n'est pas une fortune, mais vous en avez sûrement plus besoin que nous. »
« Si j'en ai l'autorisation je peux également vous transmettre les rapports de mouvements autour du château d'Onterre. De cette façon vous éviterez les confrontations jusqu'au moment propice, avec ou sans notre aide. »
À nouveau Siha opina du chef, approuvant l'idée qui était un coup de pouce possible sans les engager plus que de raison avant l'heure. Car une autre paire de longues négociations l'attendaient dans la journée... et son petit doigt lui disait que ce serait beaucoup moins civilisé. Trempant ses lèvres de thé, elle rendit le verre presque intouché à Cyralan.
« Nous vous enverrons un oiseau en même temps que les fioles, dans trois jours... Car pour l'instant c'est le mieux que nous puissions proposer. Ir abelas, j'espère que vous comprenez. »
Se relevant en dépliant ses longues jambes, la mage s'appuya à nouveau sur son bâton et se permit un petit sourire maladroit. Les mages étaient assez perdus et désespérés pour se lancer dans une mission suicide, une deuxième fois. Pourtant au fond de son cœur elle comprenait parfaitement l'énergie qui mouvait les enfants de l'Immatériel ; tous ces gens prisonniers de l'étincelle innée, mais surtout des préjugés et de l'ignorance.
« Nos blessés ne sont pas tous remis de notre dernière rencontre avec les mages. Je prierai Mythal que la prochaine s'avère aussi sereine que celle d'aujourd'hui... » S'inclinant vers l'avant, elle s'apprêtait à prendre congé un peu plus tôt que prévu afin de pouvoir réfléchir à tout ça. Suivie de près par Cyralan qui vida leur verre commun, l'archiviste se permit un petit rictus amusé alors qu'elle remettait la capuche sur sa tête. « Dareth shiral. »
Cyralan avait enfin décidé de prendre part à l'échange, manifestant sa position neutre et un point de vue pragmatique qui était peut-être plus frontal que celui de son archiviste. Néanmoins cette dernière se contenta d'acquiescer à ce qui venait d'être dit, relativement surprise par le recul du chasseur. D'habitude il était tellement discret, qu'il était facile de penser qu'il n'aimait pas de mêler de politique, ce qui n'était pas si loin de la vérité. D'un autre côté un vote de confiance lui avait été prêté par l'invitation à ses côtés, et il faisait de son mieux pour être à la hauteur de ce qu'on semblait attendre de sa part.
Et de fait la perspective soulevée relevait d'autres problématiques auxquelles Siha n'avait pas nécessairement déjà pensé. Le besoin de ces mages rendus dépendants au lyrium par les Cercles était une autre bombe à retardement, et malheureusement il était impossible qu'ils trouvent un fournisseur ou l'argent nécessaire à faire les réserves nécessaires avant de lancer une attaque.
Expirant lentement, la métamorphe se sentait déjà fatiguer à l'idée de démêler cet épais nœud à ennuis. Car la vision de rêve que lui vendait Anders était aussi magnifique qu'infiniment compliquée, et elle ne se sentait pas prête à s'investir tête la première dans une autre utopie. Car à l'image de cette dernière, ses projets personnels étaient déjà un poids immense sur ses épaules...
« Comme je l'ai déjà dit, je comprends très bien que vous vouliez saisir les occasions qui se présentent, et prendre des initiatives ambitieuses est parfois le seul moyen de préserver ceux qu'on veut défendre. Toutefois la participation active des Bellanaris, telle que vous nous la présentez, tient plus du service que du réel échange. »
Cela pouvait paraître dur dit comme ça, seulement il était difficile de lui donner tort. Pour la première fois ses doigts se nouèrent autour du verre de thé, qu'elle ne porta pas encore à ses lèvres. Au lieu de cela elle rechercha silencieusement sa chaleur, comme si la boisson et l'odeur des herbes pouvait lui porter conseil.
« Il est trop tôt pour que nous puissions vous donner une réponse. J'aurai besoin de quelques jours de sorte à discuter avec les miens et aviser de la meilleure décision. » Une discussion houleuse l'attendrait certainement, et déjà les discours indignés de Jillian et Sehariel lui parvenaient au oreilles avant l'heure.
« Ce que je peux vous affirmer précédemment se maintient. Nous ne vous nuirons pas tant que vous respectez les limites imposées. Je peux également vous rendre la demi-douzaine de fioles de lyrium laissées comme cadeau par Quellcrist, nos mages ne sont pas assez nombreux pour justifier leur utilisation. D'autant que nous préférons exercer notre art sans souiller notre corps de la sorte, sauf cas de force majeure. » Levant les yeux vers ses interlocuteurs, Siha semblait attentivement jauger leur réaction. « Ce n'est pas une fortune, mais vous en avez sûrement plus besoin que nous. »
« Si j'en ai l'autorisation je peux également vous transmettre les rapports de mouvements autour du château d'Onterre. De cette façon vous éviterez les confrontations jusqu'au moment propice, avec ou sans notre aide. »
À nouveau Siha opina du chef, approuvant l'idée qui était un coup de pouce possible sans les engager plus que de raison avant l'heure. Car une autre paire de longues négociations l'attendaient dans la journée... et son petit doigt lui disait que ce serait beaucoup moins civilisé. Trempant ses lèvres de thé, elle rendit le verre presque intouché à Cyralan.
« Nous vous enverrons un oiseau en même temps que les fioles, dans trois jours... Car pour l'instant c'est le mieux que nous puissions proposer. Ir abelas, j'espère que vous comprenez. »
Se relevant en dépliant ses longues jambes, la mage s'appuya à nouveau sur son bâton et se permit un petit sourire maladroit. Les mages étaient assez perdus et désespérés pour se lancer dans une mission suicide, une deuxième fois. Pourtant au fond de son cœur elle comprenait parfaitement l'énergie qui mouvait les enfants de l'Immatériel ; tous ces gens prisonniers de l'étincelle innée, mais surtout des préjugés et de l'ignorance.
« Nos blessés ne sont pas tous remis de notre dernière rencontre avec les mages. Je prierai Mythal que la prochaine s'avère aussi sereine que celle d'aujourd'hui... » S'inclinant vers l'avant, elle s'apprêtait à prendre congé un peu plus tôt que prévu afin de pouvoir réfléchir à tout ça. Suivie de près par Cyralan qui vida leur verre commun, l'archiviste se permit un petit rictus amusé alors qu'elle remettait la capuche sur sa tête. « Dareth shiral. »
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Les jardins de l'Espérance
Ne pas baisser les yeux devant le discours pragmatique de l’elfe à côté de l’archiviste fût un défi en soit. Il était vrai que leur petit groupe n’était pas entraîné. Anders pouvait les former, l’attaque ne se ferait probablement pas tout de suite même si les négociations finissaient par se faire, mais ils ne deviendraient pas des mages de combats pour autant. Le lyrium allait en effet poser problème mais en planifiant bien l’attaque, c’était un problème qui pouvait se contourner… Je décidai cependant de ne pas argumenter pour une fois.
L’archiviste avait raison, notre demande tenait plus du service que de l’alliance. Si notre idée devenait possible alors seulement nous pourrions penser à compenser les Dalatiens pour leur aide…. Mais si tout tombait à l’eau alors ce serait simplement un échec et il serait sans doute extrêmement cuisant…. Et donnerait probablement aux elfes une raison de plus de cesser de s’ouvrir aux tractations avec l’extérieur. C’était un pari risqué… très risqué… Mais J’avais l’impression d’avoir accompli des choses plus impossibles avec Hawke…. De plus si je pouvais convaincre Fenris de venir combattre avec nous…. Oh je ne voulais pas penser à cette dispute qui n’allait pas tarder, j’en avais déjà mal à la tête rien que d’y penser.
- « Nous en avons conscience, et nous savons également que nous ne pourrons réellement vous remercier que si nous parvenons à reprendre le château. «
Un temps de réflexion, ce n’était pas surprenant. Ça ne laissait pas présager d’un dénouement heureux cependant. Il était plus que probable que l’oiseau revienne avec les fioles et un « non, désolé, nous n’allons pas mettre les nôtres en danger pour vous ». Ce que je comprendrais très bien. Il faudrait alors trouver un autre plan ou un autre endroit. Quoi qu’il en était, il faudrait attendre pour en savoir plus. Le cadeau des fioles me surprit, j’en comprenais la raison mais ils n’étaient pas obligé de les restituer malgré tout. La proposition de nous informer des mouvements autour du château était encore bien plus signifiante.
- « Nous vous serons infiniment reconnaissants de votre aide, quelle qu’elle soit. Nous attendrons votre oiseau à l’auberge du village de Lasbron, à la lisière des Tombes. Et nous comprenons tout à fait votre position, merci infiniment de nous avoir reçu. »
Imitant l’archiviste, je me levai, rassemblant rapidement mes affaires et de mon sac. Ce fut le moment choisit par Pounce pour sortir de mon sac pour aller inspecter le contenu de mon verre. Avec un sourire attendrit je récupérai le chat dans mes bras et lui grattai la tête. Je faillit manquer la suite de la conversation. Des blessés ? Oh…
- « Si je puis me permettre avant que nous ne nous séparions, je suis guérisseur vital et quelque soit votre réponse dans trois jours, si vous avez besoin de quelqu’un pour remettre vos gens sur pied, vous n’avez qu’un mot à dire. Et pour qu’il n’y ait pas de malentendu, cette proposition ne fait pas partie de nous pourparlers. Je ne demande pas de contrepartie, non plus. »
Dareth Shiral. J’avais entendu Merril le dire quelques fois, j’imagine que c’est le « au revoir » des dalatiens.
- « Au revoir. Merci pour tout. »
Je fis signe à Bryn que nous étions prêts à y aller, mon chat toujours calé dans mes bras, qui s’appliquait maintenant à vaincre une plume rebelle qui flottait au dessus de mon épaule. Nous nous éloignions du lieu de rencontre en direction du village. Une fois que nous n’étions plus à portée d’oreilles, je soupirai.
- « Je ne sais pas quoi penser de cette rencontre. D’un côté je suis ébahit par leur bienveillance, de l’autre j’ai bien peur que nous demandions beaucoup trop… Je ne serai pas étonné qu’ils refusent... » Je me tournai vers mon compagnon. « Brillante idée, une école de magie, même si Onterre n’est pas prenable, je pense que nous tenons le projet des Libertaires. Ce serait formidable que cela puisse devenir une réalité. »
Je me rendis compte que j’avais dit « nous »… Ah… j’imagine que c’était inévitable, après tout je n’avais jamais vraiment su rester sur le banc de touche et c’était peut-être là ma chance de réparer les dégâts causés par Justice et moi.
Les jardins de l'Espérance
Ne pas baisser les yeux devant le discours pragmatique de l’elfe à côté de l’archiviste fût un défi en soit. Il était vrai que leur petit groupe n’était pas entraîné. Anders pouvait les former, l’attaque ne se ferait probablement pas tout de suite même si les négociations finissaient par se faire, mais ils ne deviendraient pas des mages de combats pour autant. Le lyrium allait en effet poser problème mais en planifiant bien l’attaque, c’était un problème qui pouvait se contourner… Je décidai cependant de ne pas argumenter pour une fois.
L’archiviste avait raison, notre demande tenait plus du service que de l’alliance. Si notre idée devenait possible alors seulement nous pourrions penser à compenser les Dalatiens pour leur aide…. Mais si tout tombait à l’eau alors ce serait simplement un échec et il serait sans doute extrêmement cuisant…. Et donnerait probablement aux elfes une raison de plus de cesser de s’ouvrir aux tractations avec l’extérieur. C’était un pari risqué… très risqué… Mais J’avais l’impression d’avoir accompli des choses plus impossibles avec Hawke…. De plus si je pouvais convaincre Fenris de venir combattre avec nous…. Oh je ne voulais pas penser à cette dispute qui n’allait pas tarder, j’en avais déjà mal à la tête rien que d’y penser.
- « Nous en avons conscience, et nous savons également que nous ne pourrons réellement vous remercier que si nous parvenons à reprendre le château. «
Un temps de réflexion, ce n’était pas surprenant. Ça ne laissait pas présager d’un dénouement heureux cependant. Il était plus que probable que l’oiseau revienne avec les fioles et un « non, désolé, nous n’allons pas mettre les nôtres en danger pour vous ». Ce que je comprendrais très bien. Il faudrait alors trouver un autre plan ou un autre endroit. Quoi qu’il en était, il faudrait attendre pour en savoir plus. Le cadeau des fioles me surprit, j’en comprenais la raison mais ils n’étaient pas obligé de les restituer malgré tout. La proposition de nous informer des mouvements autour du château était encore bien plus signifiante.
- « Nous vous serons infiniment reconnaissants de votre aide, quelle qu’elle soit. Nous attendrons votre oiseau à l’auberge du village de Lasbron, à la lisière des Tombes. Et nous comprenons tout à fait votre position, merci infiniment de nous avoir reçu. »
Imitant l’archiviste, je me levai, rassemblant rapidement mes affaires et de mon sac. Ce fut le moment choisit par Pounce pour sortir de mon sac pour aller inspecter le contenu de mon verre. Avec un sourire attendrit je récupérai le chat dans mes bras et lui grattai la tête. Je faillit manquer la suite de la conversation. Des blessés ? Oh…
- « Si je puis me permettre avant que nous ne nous séparions, je suis guérisseur vital et quelque soit votre réponse dans trois jours, si vous avez besoin de quelqu’un pour remettre vos gens sur pied, vous n’avez qu’un mot à dire. Et pour qu’il n’y ait pas de malentendu, cette proposition ne fait pas partie de nous pourparlers. Je ne demande pas de contrepartie, non plus. »
Dareth Shiral. J’avais entendu Merril le dire quelques fois, j’imagine que c’est le « au revoir » des dalatiens.
- « Au revoir. Merci pour tout. »
Je fis signe à Bryn que nous étions prêts à y aller, mon chat toujours calé dans mes bras, qui s’appliquait maintenant à vaincre une plume rebelle qui flottait au dessus de mon épaule. Nous nous éloignions du lieu de rencontre en direction du village. Une fois que nous n’étions plus à portée d’oreilles, je soupirai.
- « Je ne sais pas quoi penser de cette rencontre. D’un côté je suis ébahit par leur bienveillance, de l’autre j’ai bien peur que nous demandions beaucoup trop… Je ne serai pas étonné qu’ils refusent... » Je me tournai vers mon compagnon. « Brillante idée, une école de magie, même si Onterre n’est pas prenable, je pense que nous tenons le projet des Libertaires. Ce serait formidable que cela puisse devenir une réalité. »
Je me rendis compte que j’avais dit « nous »… Ah… j’imagine que c’était inévitable, après tout je n’avais jamais vraiment su rester sur le banc de touche et c’était peut-être là ma chance de réparer les dégâts causés par Justice et moi.
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