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Dorian Pavus
– Inquisition –
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The show must go on
Tous deux semblaient extrêmement confus, et la situation bien plus calme que précédemment. Le regard vert de Wulf était brouillé, mais en deux inspirations profondes il retrouva son calme habituel. Le silence s’installa quelques secondes, et sembla poser un regard triste sur les deux hommes qui se tenaient à présent face à face.
Un silence parcourut la salle, tandis que je rassemblais ce qui me restait d’outil à réflexion. .. Attendre. Nous avions donc tous deux bêtement attendu l’autre ? Sans ne jamais rien faire pour changer la donne ? Un élément semblait manquer à l’appel, mais j’avais tout sauf envie de réfléchir : la fatigue commençait à me gagner, ainsi qu’une espèce de migraine, et probablement de la lassitude aussi.
Evidemment .. J’avais même arrêté d’aller au Cercle pendant un bon mois entier en tout cas, si ce n’était plus, en attendant que le navire revienne .. Parce que je savais que le navire reviendrait de toute façon. Je passais chaque matin, et des fois le soir. Je m’en souviens très bien .. |
Je passais mes matinées à attendre qu’un courrier arrive au Fort… |
Ce qu’elle .. m’a dit ? |
Le mage porta une main à sa bouche, et Wulf sentit son estomac se retourner. Il leva une main comme pour enlacer Dorian, lui venir en aide, calmer ses émotions. Mais il ne savait plus s’il avait encore le droit de faire ces gestes, aussi il laissa mollement tomber sa main.
Putain .. Je .. suis vraiment .. |
Ne t’excuse pas. |
J’étais tellement sûr que tu tenterais de m’écrire .. Mais .. je n’ai pas reçu de lettre, Wulf. Vraiment .. En revanche, .. elle m’avait bien transmis quelque chose, mais à l’oral. |
A vrai dire, je n’avais plus tant d’espoir sur ton retour, ou sur quoi que ce soit, mais .. je me pointais encore au port tout de même, parce que quelque part, une part de moi espérait encore, j’imagine. « Peut-être que le navire est arrivé ? On ne sait jamais, ça serait mieux de vérifier. » . |
J’étais donc allé au port, une fois de plus. Et je me souviens que le navire était là. Il était bien là .. . Au début, je te cherchais du regard, et puis, j’ai dû croiser celui que je n’aurais pas dû ? Mais Léïla me remarqua. Il lui fallut un léger temps avant de venir vers moi, tandis que je m’approchais. Elle m’adressa un sourire triste, ce que j’avais vraiment interprété comme ton décès au début. Puis, elle haussa des épaules, détendue, et me demanda bêtement : « Tiens, t’es encore là, toi ? » Comme si d’être là était quelque chose d’étonnant .. « J’en avais vu des coriaces, mais pas à ce point-là. Tu viens pour Wulf ? Il n’est pas là. Il est rentré en Férelden, il ne t’a rien dit ? » |
Je me souviens avoir entendu mon cœur qui s’arrêtait, et la confusion qui venait éclairer mon visage. Mais je n’eus pas le temps de penser quoi que ce soit qu’elle ajouta : « Mais bon, c’est bien normal. Tu n’es pas le premier, tu ne seras pas le dernier. » « Tu sais, j’en avais un peu marre de son attitude, et j’ai essayé de te prévenir, de t’en parler, mais .. ben, vous étiez toujours l’un avec l’autre, c’était impossible pour moi de faire quoi que ce soit. » Et elle a commencé comme ça son petit texte. Je peux encore entendre sa voix, et ça me fait actuellement grave chier. Ce n’étaient pas exactement mot pour mot, mais l’idée est là : elle a d’abord souligné ma naïveté « due à mon âge et au manque d’expérience », et t’a dépeint comme un faucheur de blé, comme quelqu’un qui avait besoin de s’occuper le temps des escales. Que dans le fond, .. |
Que dans le fond, tu ne m’aimais pas, ou peut-être pas vraiment. Que c’était juste une aventure, que ce n’était rien de bien sérieux, que .. que tu t’étais joué de moi, que t’avais abusé de mes sentiments, simplement pour « t’occuper ». .. Que tu n’allais jamais revenir, et même .. si tu revenais, ça ne serait certainement pas pour moi .. Je n’ai jamais vraiment réussi à la croire, mais en même temps .. je pouvais faire quoi ? C’était la seule version qu’on m’avait dite de ce merdier .. |
Wulf ... que s’est-il passé ? C’est quoi la vraie version des faits ? |
Ce matin là, je m’étais levé pour aller chercher à manger.. Je n’avais pas eu le temps d’arriver au commerçant du coin… tu sais, le nain au bout de la rue ? Ils étaient quatre je crois. Au moins. Ils se sont jetés sur moi, me traînant dans une charrette couverte. Ils espéraient une rançon pour avoir, je cite « capturé le cadet Cousland ». J’ai dû attendre deux dans le noir avant de me faire récupérer par l’équipage du Téméraire. Mais ils ne m’ont pas libéré : ils m’ont jeté sur le bateau, pour partir à Férelden. Le kidnapping les avait trop inquiétés, et ils savaient que je ne partirais pas s’ils me détachaient. |
Je… Arrivé sur les bords de la côte orageuse, j’avais confié à Leïla une lettre pour toi. Je te disais… Je t’expliquais pourquoi je n’étais pas là. Je te disais que je reviendrais, que je fuguerais pour te rejoindre si tu me le demandais. Je te disais que je t’aimais. Et je n’ai pas eu de réponse. |
Dorian Pavus
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Si je… |
Les événements m’ont appris à ne pas regretter le passé au point de vouloir le changer. Ça s’est passé, voilà : faut faire avec. |
Et même, si ça se trouve, pleins de choses auraient été totalement différentes aujourd’hui : l’Enclin serait peut-être encore là et dévastateur, Kaldenis serait peut-être morte, .. Je ne pense pas qu’on devrait perdre notre temps à regretter nos erreurs ou la malchance. |
Si… L’enclin serait là, mais Tullia et Kaldy seraient mortes, tout comme beaucoup d’amis à moi. Mais j’aurai au moins une espérance qui dépasserait les 10 ans. |
Qu’importe. |
La question, c’est de savoir ce qu’on fait de ces retrouvailles, maintenant. Honnêtement, ça ne me dérangerait pas qu'on .. garde contact ? Maintenant, tu sais où écrire, si ça te tente .. . |
Pourquoi pas… Si tu sais toujours déchiffrer mon écriture en pattes de mouche ! |
Dorian Pavus
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Oh voyons, ne sous-estime pas mes talents de lecteur ! |
Wulf sourit face au léger ricanement de Dorian. Le tévintide avait toujours réussi à le lire. Leur correspondance avait une place si importante dans leur relation, à l'époque.
Mais je dois dire, en toute franchise honnête .. il fait un peu soif. |
Wulf haussa un sourcil avec de sourire légèrement à la demande du mage.
C'est un problème qui peut se régler facilement... Nous sommes dans un pied à terre militaire après tout ! |
Il se dirigea vers une armoire qui visiblement n'avait pour seul objectif que contenir de l'alcool. Il y avait de tout, et pour tout le monde : les gnôles de certains soldats de passage, ses préférences habituelles, et un joli méli mélo de culture et de goût. Il y avait même cette horrible alcool à brûler alvar que Grimmdar buvait comme de l'eau.
Le rouquin en sortit deux bouteilles et deux verres.
Il en servit un pour Dorian.
Cognac, si mes souvenirs sont bons ! |
Lui, se servit un verre de vin du coin. La bouteille de rouge était plus consommée que l'eau ici. Etre assigné à Amaranthine quand on était Garde à Fort Bastel, c'était souvent synonyme de tour de ronde d'un ennui sans fin. On se divertissait comme on pouvait.
Et puis, j’aimerais bien savoir ce que devient le « Héros de Férelden », hormis de jouer aux héros de Férelden depuis son palace ! |
Wulf grimaça avant de s'asseoir à nouveau sur l'accoudoir d'un fauteuil bleu élimé. Il fit tourner machinalement son vin dans son verre en bois verni.
Oh, j'ai dû sauver le monde avant d'avoir le palace ! Avant de m'enterrer entre quatre murs je tapais sur tout ce qui bougeait en bonne compagnie... Avec Léli, notamment. |
Il soupira avant de conclure son bref résumé :
Hum, en bref, ma famille s'est fait trahir par un vassal, et il ne reste aujourd'hui que mon frère et moi... Et maintenant que j'ai prouvé que je savais m'occuper de deux lames, on me demande de me charger de la paperasse ! |
Il eut un bref moment de silence avant de décider soudainement d'arrêter de se plaindre, et se tourna vers le tévintide :
Et toi ? A part t'enterrer dans les froides montagnes du sud ? |
Dorian Pavus
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Han, ta mémoire est encore si bonne ! |
Je ne suis pas si vieux ! |
Léli .. genre Léliana ? Le maître espion qui est au courant d’absolument tout sans même qu’on sache comment ? |
Elle même ! Elle a bien changé avec les années, mais nous sommes restés très amis. |
Kaffas, si ça se trouve elle sait que je suis ici à te taper causette .. |
Plausible... |
Ah, les responsabilités, ça te sied si bien ! |
Tu parles ! Mais bon, il arrive un moment où on ne peut pas en échapper... apparemment. |
Moi ? Alors, tu vois, il s’est passé pleiiiiiins de trucs en fait. Déjà, je suis un thaumaturge assez bien renommé maintenant dans l’Empire, j’aurais pu être seigneur enchanteur mais bon, c’est pas si dramatique, et suite à .. quelques événements, me voilà à me les peler dans les dorsales de Givre à combattre Corypheus ! Quelle épopée ! Dans ma tête, ça semblait beaucoup .. Oh ! Oui ! J’allais oublier |
Tu vois, t’es pas réapparu dans ma conscience par magie. En fait, j’étais avec Kaldenis dans une bibliothèque orlésienne, et .... j’ai trouvé ce bouquin sur une étagère. C’est un recueil de poèmes antivans traduits, qui parlent notamment d’un marin qui a quitté sa femme pour voguer sur la mer, et la fin est assez triste. Mais bon, je ne vais pas tout raconter, ça te tuerait la lecture. Comment ne pas penser à ce marin parti avec mon coeur dans une main et une brune dans l’autre, dans ce genre de situation ? Du coup, vu que j’avais envie de souffrir dans ma nostalgie, j’ai gardé le livre. |
Cela doit faire une éternité que je n'ai pas lu autre chose que des rapports de patrouilles et les complaintes des nobliaux. |
Ensuite, j’en ai parlé à Kaldenis dans un bordel, on a bien bu les deux, et on a parlé de toi une bonne partie de la soirée. Eeeeeet tout est parti de là. Tu devrais la revoir, tu lui manques beaucoup. |
Wulf eut un léger sourire désolé.
Elle me manque aussi. J'ai dû reconstruire une famille, après que la mienne ne décède. Elle en fait partie. |