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◇ Se reconnaître là où l'on est ◇
Il se retrouvais aux côtés de la jeune femme, qui fut dans un premier temps surprise, puis amusée de la situation. Bon au moins, elle arrêtait de déprimer, c’était un bon début. Mais comment savoir à quel sauce cuisiner les femmes ? Elles changeaient rapidement de caractère sans réellement qu’il ne sache pourquoi… Il se contenta de répondre par un léger sourire, bien qu’il ne comprenait pas réellement la situation.
《 - J-j’essaie de meubler comme je peux ! 》 |
《 - Il n’y a pas de mal. Il n’est pas toujours nécessaire de dire quelque chose, ne vous en faites pas pour ça ! 》 |
Cette fois l’équation semblait affreusement compliquée : Les femmes par défaut ça parle et BEAUCOUP. Et elle semblait apprécier cela elle aussi vu à quel entrain elle a voulu lui expliquer pourquoi son bien-être l’intéressait autant. Mais alors que devait-il faire pour alimenter la discussion ? Rien faire et seulement écouter ? Il fallait vraiment qu’il fasse l’effort pour y arriver, il se sentait à la limite du ridicule.
《 - ah, je…. Je vois. 》 |
《 - Personnellement, je trouve qu’il n’y a rien de pire que de parler pour ne rien dire. C’est juste … creux et artificiel. Un silence confortable vaut mieux que des paroles futiles, vous ne trouvez-pas ? 》 |
《 - ah, heu… et bien… probablement. 》 |
Il s’attrapa les pieds d’une main et se frotta le bras de l’autre. Il occupait d’une certaine manière son esprit à s’observer l’épiderme ainsi. Cela le mettait bien plus mal à l’aise qu’initialement.
《 - Mh ... Dites-moi comment c’est d’être Commandant de l’Inquisition. Est-ce que ça vous change beaucoup par rapport à ce que vous faisiez avant ? 》 |
《 - Eh bien… Ce n’est clairement pas la même chose que de surveiller des mages toute la journée et poursuivre les rebelles. Je dois bien avouer que ce genre de mission me manque, je suis quasiment toute la journée derrière un bureau à inspecter rapports sur rapports, participer à des réunions, inspecter les campements, et gérer les stratégies de guerre. 》 |
Il avait bien plus de responsabilités qu’auparavant, mais ayant commencé avec seulement une poignée de soldats, cela se montrait bien plus facile à gérer. Leliana gère la répartition des agents sur le terrain, lui se contentait d’approvisionner les campements en homme et nourriture.
《 - En temps normal je ne fais pas grand chose, si ce n’est de veiller au bon déroulement des choses à l’intérieur de ce fort et dans nos campements. La diplomatie…. Je ne te cache pas que c’est un domaine qui ne m’intéresse pas. Je gère essentiellement l’approvisionnement, les mouvements de mes soldats et les missions qui nécessitent l’intervention de patrouille. Mais lorsque les véritables affrontements commencent, c’est moi qui dois mettre en place une stratégie de guerre pour nous permettre de remporter les batailles. 》 |
Un métier pas évident, mais les victoires remportées jusqu’ici lui redonnaient espoir sur leur cause, notamment après l’attaque de l’inquisition à l’inébranlable.
《 - Ce genre de chose, c’est ce dont l’inquisitrice n’a pas besoin de se soucier. Elle gère plutôt les conflits qui nécessitent son intervention quand elle ne patrouille pas pour trouver de nouvelles patrouilles. On a chacun son rôle à jouer ici. 》 |
Cordélia avait de la chance de pouvoir compter sur trois conseillers spécialisés dans des disciplines différentes. Cullen regardait le fort, qu’il connaissait comme sa poche et qu’il gérait d’une main de fer. Au moins il était satisfait que chacune des personnes présentes ici soient en sécurité.
《 - Je me demandais également … L’Inquisitrice, comment est-elle ? 》 |
《 - "Comment est-elle ?" 》 |
Il répéta sa phrase, alors qu’il commençait à réfléchir sur quoi lui répondre. Cordélia était une fille si fascinante et extraordinaire qu’elle était réellement impossible à décrire par de simples mots.
《 - Je veux dire … Si je vais être amenée à la rencontrer, j’aimerai bien savoir quel genre de personne c’est. 》 |
《 - Cordélia est si particulière, dès que tu la verras tu comprendras de qui il s’agit. Je crois que… qu’il n’existe pas deux personnes comme elle. 》 |
Il redressa son regard vers elle, les yeux brillants.
《 - Elle possède quelque chose qui donne envie de la suivre et de croire que tout est possible. Si elle peut apporter son aide d’une manière ou d’une autre elle le fera. 》 |
Il regarda en direction des balcons qui lui entouraient ses quartiers. Pas de lumière ce soir-là comme elle était absente. Mais il veillait sur le fort, comme à chaque fois.
《 - Elle était templière au cercle D'Ostwick dans les marches libres. Mais elle n'a jamais réellement eu la même vision des mages que nous à Kirkwall. Son alliance avec ces derniers ont fait jaser la chantrie et énormément de nobles dans les marches libres, sa famille y comprit. Mais cette symbolique signifie beaucoup pour les mages vivant ici. 》 |
Puis, il se rappela que Lynne était mage de soin, ils n’en n’avaient pas énormément dans le fort. Les sœurs que mère giselle avait amené avec elle étaient médecin, au croisement puis ici. Mais des mages, ils n’en avaient que très peu.
《 - Tu es mage de soin n'est-ce pas ? Qu'est-ce que tu soignes en général ? 》 |
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Visiblement, ses paroles qui visaient à instaurer un meilleur confort entre eux n’avaient pas réussis à l’atteindre. Il semblait même plus mal à l’aise qu’auparavant, si cela était possible. Elle ne comprenait pas sa gêne. Montrer qu’elle ne se souciait pas de telles frivolités n’était-il pas une bonne chose ? Décidément, cet ex-Templier était un mystère à lui tout seul. Elle ne se démonta pourtant pas, tentant de continuer la conversation en évoquant le métier de Cullen. Si elle savait bien une chose, c’est que parler de soi même était toujours un bon moyen de rétablir un semblant de stabilité dans le chaos.
Pour une fois, elle vu juste. Se raccrochant à la question qu’elle lui avait lancé, il sembla se reprendre.
« Eh bien… Ce n’est clairement pas la même chose que de surveiller des mages toute la journée et poursuivre les rebelles. Je dois bien avouer que ce genre de mission me manque, je suis quasiment toute la journée derrière un bureau à inspecter rapports sur rapports, participer à des réunions, inspecter les campements, et gérer les stratégies de guerre. »
Cullen était donc plus un homme d’action qu’autre chose. Effectivement, passer son temps le nez plongé dans la paperasse ne devait pas être quelque chose d’extrêmement passionnant à coté de ce à quoi il était habitué. Il fallait dire qu’Anders, Edwin et les autres avaient dû lui donner du travail.
Pour être honnête, Lynne préférait le savoir à s’occuper un peu plus sagement qu’à courir après des mages.
« Et dans les détails ? »
« En temps normal je ne fais pas grand-chose, si ce n’est de veiller au bon déroulement des choses à l’intérieur de ce fort et dans nos campements. La diplomatie…. Je ne te cache pas que c’est un domaine qui ne m’intéresse pas. Je gère essentiellement l’approvisionnement, les mouvements de mes soldats et les missions qui nécessitent l’intervention de patrouille. Mais lorsque les véritables affrontements commencent, c’est moi qui dois mettre en place une stratégie de guerre pour nous permettre de remporter les batailles. » lui expliqua-t-il, complétant ensuite. « Ce genre de chose, c’est ce dont l’Inquisitrice n’a pas besoin de se soucier. Elle gère plutôt les conflits qui nécessitent son intervention quand elle ne patrouille pas pour trouver de nouvelles patrouilles. On a chacun son rôle à jouer ici. »
Puisqu’il évoquait le sujet de l’Inquisitrice, Lynne se décida à poursuivre dans cette direction-là. Elle ne connaissait après tout rien de cette figure à la fois familière et lointaine. Elle la connaissait simplement sous le nom de Cordélia Trevelyan, la Messagère d’Andraste. La femme capable de refermer les Failles d’une simple main tendue vers le ciel. Pour beaucoup, elle incarnait l’espoir dans la tourmente, la lumière dans les ténèbres, l’ordre face au chaos. Se voir accepter le privilège de l’accompagner dans son entreprise serait, aux yeux de la mage, un véritable honneur.
Mais la rencontrer, bien qu’elle le désirât ardemment, l’emplissait également d’une certaine nervosité. C’était, après tout, quelqu’un de très important – et elle n’avait aucune idée de quelle manière l’envisager dans les faits. Si beaucoup chantaient ses éloges, cela ne disait rien de sa nature véritable – et Lynne préférait s’appuyer sur les témoignages que les chansons.
« Cordélia est si particulière, dès que tu la verras tu comprendras de qui il s’agit. Je crois que… qu’il n’existe pas deux personnes comme elle. »
« Ah oui ? Comment ça ? »
Le blond se redressa. Quelque chose semblait avoir changé en lui. Dans son regard brillait quelque chose qu’elle n’avait jamais vu en lui pour l’instant. Une conviction, une passion qui faisaient visiblement vibrer son être. De toute évidence, il estimait cette femme au plus haut point, ce qui la réconforta.
« Elle possède quelque chose qui donne envie de la suivre et de croire que tout est possible. Si elle peut apporter son aide d’une manière ou d’une autre elle le fera. »
Lynne suivit son regard, apercevant le balcon situé au sommet du bâtiment principal. Peut-être étaient-ce les quartiers de l’Inquisitrice. Son regard ne tarda pas à revenir vers lui.
« C’est … elle m’a l’air d'être quelqu’un de bien. » approuva t’elle, souriant doucement tandis qu’elle poursuivait. « Je vous avoue que j’ai été étonnée qu’elle rallie les mages à sa cause. Peu de personnes auraient fait ce choix. »
« Elle était templière au cercle D'Ostwick dans les marches libres. » lui expliqua t’elle. « Mais elle n'a jamais réellement eu la même vision des mages que nous à Kirkwall. Son alliance avec ces derniers ont fait jaser la Chantrie et énormément de nobles dans les Marches Libres, sa famille y comprit. Mais cette symbolique signifie beaucoup pour les mages vivant ici. »
« Et moi donc. J’ai hâte de la rencontrer en personne. »
Lynne posa son plat à côté d’elle, l’ayant entamé depuis sa discussion précédente au sujet du métier de Cullen. Ramenant légèrement ses jambes contre elle, elle les entoura de ses bras tandis que son regard se perdit un instant vers la taverne.
Mais la voix du commandant la rappela bientôt à ses cotés.
« Tu es mage de soin n'est-ce pas ? Qu'est-ce que tu soignes en général ? »
La brune l’observa, étonnée de la formulation de sa question qui la laissait quelque peu confuse sur la manière dont elle pourrait lui répondre.
« Ce que je soigne ? Euhm … et bien … » commença t’elle, hésitante. « Je ne fais pas réellement de distinction entre les personnes … Si je vois quelqu’un qui a besoin de moi je lui viens en aide, c’est tout. Bon, pas n’importe qui non plus mais … vous voyez ce que je veux dire. »
Peut-être allait-il trouver sa réponse naïve, bien qu’en vérité, la réalité qui se cachait derrière ces simples mots était plus compliquée qu’elle n’en avait l’air. Mais elle ne voulait pas l’ennuyer avec des détails.
« En fait, ça fait longtemps que je n’ai pas travaillé de manière régulière à une infirmerie ou un dispensaire comme à Kirkwall. Je n’en ai pas réellement eu l’occasion avec la chasse aux Apostats. Bon, ça ne m’a jamais empêché d’utiliser mes pouvoirs ponctuellement, mais quand même …»
La jeune femme sembla un instant songeuse, pesant ses propres mots tandis que quelques éléments se liaient dans son esprit. Finalement, elle se risqua, revenant à Cullen.
« … Je suppose que je pourrai m’en servir une fois de plus, si vous manquez de mages de soin. »
Outre sa volonté de ne pas gâcher son don qui lui avait rendu la vie si difficile, cela paierait sa dette envers l’Inquisition. Elle ne pouvait pas simplement se contenter de prendre sans donner en retour.
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Il ne savait pas s’il avait bien formulé sa question, d’ailleurs la jeune femme semblait étonnée. Bon, il faisait de son mieux pour entretenir une conversation décente, et s’intéresser à ce qu’elle pouvait maîtriser était déjà un bon début. Il la savait mage, mais pas réellement plus.
《 - Ce que je soigne ? Euhm … et bien … 》 |
《 - Oui, par exemple … Dans quel cas utilises-tu ta magie ? 》 |
《 - Je ne fais pas réellement de distinction entre les personnes … Si je vois quelqu’un qui a besoin de moi je lui viens en aide, c’est tout. Bon, pas n’importe qui non plus mais … vous voyez ce que je veux dire. 》 |
《 - Oui, bien entendu, c’est selon les cas. C’est pareil quand on parle de défense. 》 |
La défense se faisait qu’aux personnes qui méritaient ou qui avaient besoin d’être défendues. Cullen pouvait bien imaginer qu’elle sélectionnait ses patients selon le contexte du besoin.
《 - En fait, ça fait longtemps que je n’ai pas travaillé de manière régulière à une infirmerie ou un dispensaire comme à Kirkwall. Je n’en ai pas réellement eu l’occasion avec la chasse aux Apostats. Bon, ça ne m’a jamais empêché d’utiliser mes pouvoirs ponctuellement, mais quand même … 》 |
《 - Oh, je vois. Et… ça te manque de faire ça ? 》 |
《 - … Je suppose que je pourrai m’en servir une fois de plus, si vous manquez de mages de soin. 》 |
《 - hmm… je n’y ai pas réellement réfléchi. 》 |
Dans le fond il manquait de mage de soin, mais il ne voulait pas forcer non plus Lynne à travailler pour lui, car elle avait ses propres objectifs à poursuivre. Il regarda son assiette désormais vide et releva les yeux vers elle.
《 - En ce moment nous avons énormément de guerriers et l’inquisitrice a pu obtenir de l’aide des soigneurs du croisements. Mais proportionnellement, il nous manque cruellement de médecins et de mages guérisseurs. Les guerriers plus aguerris enseignent aux jeunes recrues le soin partiel ou à se soigner entre eux avec les moyens du bord. Mais les infirmeries sont souvent pleines ici. 》 |
Il la regarda droit dans les yeux, l’air légèrement adouci tout de même, bien que la situation l’embarrassait d’une part.
《 - Je sais que ça ne fait pas forcément partie de tes objectifs. De servir l’inquisition, j’entends. Et je n’ai pas non plus envie que cela te rappelle ta période au cercle de Kirkwall non plus. Si tu ne veux pas je ne vais pas te forcer à le faire. 》 |
Il frissonna légèrement suite à la petite brise de vent qui se leva quelques instants. Il souffla doucement, serrant ses genoux contre sa poitrine et continua de regarder en bas.
《 - Si tu veux t’investir, il faut que tu aies envie de le faire, pas que tu t’y sentes obligée. 》 |
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A sa question, le commandant ne lui donna pas immédiatement de réponse claire. Pourtant, s’il y avait une chose dont Lynne était certaine, c’était que ce soit en temps de paix ou de guerre, les mages de soins avaient toujours été une nécessité. Elle se doutait aisément que l’Inquisition, qui était tout de même une organisation avec un versant militaire évident, avait besoin de personnes comme elle.
Son interlocuteur évita son regard un instant, semblant chercher ses mots. Finalement, il releva les yeux vers elle.
« En ce moment nous avons énormément de guerriers et l’Inquisitrice a pu obtenir de l’aide des soigneurs du croisements. Mais proportionnellement, il nous manque cruellement de médecins et de mages guérisseurs. Les guerriers plus aguerris enseignent aux jeunes recrues le soin partiel ou à se soigner entre eux avec les moyens du bord. Mais les infirmeries sont souvent pleines ici. »
Lynne ne répondit rien face à l’exposition de ces faits, mais son expression traduisait sa compréhension à l’égard de ce que Cullen lui énonçait. Ce n’était une réalité malheureusement très peu surprenante. Les mages de soin étaient rares car tous n’avaient pas la finesse requise pour maîtriser ces sorts qui faisaient appel à plus de compassion et de bienveillance que n’importe quelle autre école de magie.
Elle fut légèrement troublée quand ses prunelles sombres rencontrèrent les iris mordorées de l’ex-Templier emplies, d’une douceur à son égard qu’elle n’avait pu anticiper.
« Je sais que ça ne fait pas forcément partie de tes objectifs. De servir l’Inquisition, j’entends. Et je n’ai pas non plus envie que cela te rappelle ta période au cercle de Kirkwall non plus. Si tu ne veux pas je ne vais pas te forcer à le faire. » lui déclara t’il sans détours avant de reprendre. « Si tu veux t’investir, il faut que tu aies envie de le faire, pas que tu t’y sentes obligée. »
Elle l’observa sans rien dire dans un premier temps, souriant doucement finalement. La considération de Cullen à son égard lui réchauffa le cœur tout en la confortant dans la manière dont elle envisageait ce personnage.
« C’est gentil de vous en soucier. Mais je formule ma proposition en toute connaissance de cause. »
Lynne n’était pas du type à formuler des propositions à la légère, mais elle comprenait la réaction du commandant. Aussi tâcha t’elle de lui expliquer la manière dont elle envisageait les choses de son point de vue.
« Il est vrai que mes recherches resteront toujours mon objectif principal. Cependant … j’ai pour principe de ne pas prendre sans donner en retour. J’appelle ça un échange de bons procédés. »
S’il y avait une chose qu’elle détestait, c’était d’être un parasite. Elle l’était déjà en naissant mage, et elle avait tenté de payer sa dette en se donnant corps et âme à la magie de Création, tentant de racheter ce pêché qu’elle avait commit malgré elle. Aussi ne pouvait-elle supporter de se contenter de recevoir sans pouvoir leur donner en retour la seule chose qui lui donnait un semblant de valeur.
« J’ai étudié la magie de création pendant presque toute ma vie. Ce serait égoïste de ma part de ne pas laisser d’autres en bénéficier, surtout s’il s’agit d’alliés que j’estime. » lui expliqua-t-elle, avant de l’éclairer davantage. « Je soutiens l’Inquisition et ce qu’elle incarne. Ce serait un honneur pour moi de pouvoir vous aider à mon propre niveau. »
La jeune femme détourna légèrement son regard du blond avant de reprendre, souriant doucement tandis qu’elle lui faisait part d’une petite confession.
« ... Et puis je vous avoue que ça me ferait du bien, un peu de stabilité. Même si ce n’est pas forcément évident, par les temps qui courent. »
C’était un simple besoin humain, tout simplement. Fort Céleste offrirait une protection certaine pour Edwin, et savoir qu’elle aurait un endroit où revenir sans avoir à se demander si elle devait se cacher d’être mage ou non était réconfortant. En plus de cela, elle pourrait continuer à mener ses recherches avec bien plus de facilités même s’il était vrai qu’elle ne pourrait s’y dédier entièrement. Mais au moins, son esprit connaîtrait davantage de tranquillité.
Son sourire s’évanouit progressivement tandis qu’elle observait plus attentivement Cullen. Il semblait de plus en plus agité au fur et à mesure que la soirée se déroulait – et à présent, c’étaient d’imperceptibles rictus de douleur et d’irritation qui s’échappaient malgré sa contenance.
Elle le regarda avec une mine plus sérieuse, se sentant visiblement concernée par son état. Il était toujours noyé de sueur malgré la température glaciale, ce n’était pas un simple coup de chaleur.
« … Je me répète, mais vous n’avez vraiment pas l’air bien. Et ne me dites pas que vous avez juste chaud, ça ne marche pas avec moi. Ça fait un peu plus de dix minutes que ça dure et vous dégoulinez toujours. Pourtant, vous conviendrez que la température est plutôt idéale. »
C’était l’excuse qu'il lui avait lancée plus tôt, mais il était évident qu’il lui avait menti. Sans diagnostique formel, elle n’avait pu le contrer – mais puisque son état persistait, elle était maintenant sûre et certaine qu’il couvait quelque chose.
Elle le coupa avant qu’il n’ait le temps de répliquer, s’attendant à une nouvelle excuse de sa part pour l’empêcher de lui porter assistance.
«Ecoutez … il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Et j’ai quand même un minimum d’éthique, alors ne me demandez pas d'ignorer ce que vous traversez. »
Son ton n’exprimait aucune dureté, mais elle était ferme. Elle reprit néanmoins avec un peu plus de douceur, soucieuse à la fois de son état et de sa persistance.
« S’il vous plait, laissez-moi vous aider. Je suis sûre que je pourrais faire quelque chose, si vous me laissiez au moins essayer. »
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Il détourna le regard vers elle, gardant ses genoux serrés contre lui, la tête étant légèrement appuyée. Elle resta un instant silencieuse avant de sourire une nouvelle fois. Le fait qu’elle réagisse ainsi le réconfortait, car cela indiquait qu’il s’y prenait correctement avec elle. Mais après tout, n’importe qui serait heureux de se sentir compris et protégé. Il se sentait parfois idiot de perdre ses moyens face aux femmes. Et il était agréable de percevoir un si joli sourire, quelque part.
《 - C’est gentil de vous en soucier. Mais je formule ma proposition en toute connaissance de cause. 》 |
《 - Je préfère quand même te prévenir, c’est une grosse responsabilité. 》 |
《 - Il est vrai que mes recherches resteront toujours mon objectif principal. Cependant … j’ai pour principe de ne pas prendre sans donner en retour. J’appelle ça un échange de bons procédés. 》 |
《 - oh, tu es une femme d’honneur, donc. 》 |
Intéressant de le savoir, car cette révélation laissait Cullen quelque peu Rassuré et agréablement surprit. Sa vision de Lynne changea alors du tout au tout. Si elle était du genre à tenir parole, elle pouvait être une personne de confiance.
Il baissa un genou sur le côté et s’accouda contre celui qui restait, tout en continuant de l’écouter.
《 - C’est bon à savoir. 》 |
《 - J’ai étudié la magie de création pendant presque toute ma vie. Ce serait égoïste de ma part de ne pas laisser d’autres en bénéficier, surtout s’il s’agit d’alliés que j’estime. Je soutiens l’Inquisition et ce qu’elle incarne. Ce serait un honneur pour moi de pouvoir vous aider à mon propre niveau. 》 |
《 - J’apprécie te l’entendre dire. 》 |
Son sourire fut sincère alors que ses yeux furent soudainement illuminés. C’était important pour lui de devoir compter sur ses alliés, et il se trouve qu’elle se montrait extrêmement convaincante à cet instant.
Ils détournèrent la tête en même temps en face d’eux, observant au loin alors que le bruissement des feuilles se faisait doux à entendre. Cullen était satisfait de pouvoir compter sur un nouveau soigneur par ces temps troublés. Tous ne s’étaient pas remis de leur bataille à l’inébranlable.
《 - ... Et puis je vous avoue que ça me ferait du bien, un peu de stabilité. Même si ce n’est pas forcément évident, par les temps qui courent. 》 |
《 - J’en conçois, je suis autant concerné que toi. Ce serait idiot de dire que tout le monde a souhaité cette guerre mage-templier. Personnellement je m’en sens d’avantage impliqué à cause du statut que j’occupais, si l’on met de côté le chapitre Meredith. 》 |
Ah, Meredith… Chaque fois qu’il en pensait il avait cette vision d’horreur de sa fin, la mort de cette femme dans des souffrances les plus terribles. Il s’imaginait parfaitement ce que pouvait ressentir un templier rouge qui n’avait jamais souhaité se retrouver dans cette impasse. Son ancien camarade Wylliam en avait fais les frais. Et dans cette histoire il ne pouvait absolument rien y faire. Et Samson.. Samson… S’il pouvait lui mettre la main dessus et lui faire comprendre sa douleur il le ferait. Mais alors que son visage s’assombrit, il fut prit d’une douleur au niveau de la tête ce qui le fit légèrement grimacer. Lynne, qui le regardait depuis lors, ne laissa pas s’échapper ce nouveau détail. Cullen se résigna.
《 - … Je me répète, mais vous n’avez vraiment pas l’air bien. Et ne me dites pas que vous avez juste chaud, ça ne marche pas avec moi. Ça fait un peu plus de dix minutes que ça dure et vous dégoulinez toujours. Pourtant, vous conviendrez que la température est plutôt idéale. 》 |
《 - Il est vrai que j’ai un peu de fièvre, mais rien de réellement alarmant. Je préfère le garder pour moi car je n’ai pas un rôle qui me permette de me plaindre. 》 |
Cela paraissait un peu exagéré, mais on l’enseignait dans les cercles pour ne pas que les mages s’en serve contre les templiers lors de leurs services. Et quand une personne occupait un post important, pour Cullen il fallait être irréprochable même dans son pire état de santé. Peu de personne connaissait réellement son malaise et il se réjouissait de la situation. Il préférait que les gens restent dans le déni, pour lui ce serait d’avantage acceptable. Que Lynne l’accepte ou non il s’en fichait, il n’avait pas l’intentnion de lui expliquer pour le lyrium comme au reste. Cela devait reste rentre Cassandra, l’inquisitrice, les conseillères et lui. Et puis, il trouvait qu’il s’en tirait bien, même s’il se montrait dangereux par moment. Ce n’était pas la pire de ses crises jusqu’à présent.
《 - Ecoutez … il faudrait être aveugle pour ne pas le voir. Et j’ai quand même un minimum d’éthique, alors ne me demandez pas d'ignorer ce que vous traversez. 》 |
《 - Possible, mais malheureusement je ne peux rien te dire de plus à ce sujet. Je te remercie de te soucier de moi, mais je vais bien, c’est simplement passager. 》 |
Elle jouait la fermeté, lui aussi. Cette histoire ne la regardait pas et il ne lui faisait pas assez confiance pour lui en parler en toute franchise. Même ses loyaux templiers l’ignoraient, c’était dire. Elle remarqua peut-être sa dureté et essaya de lui faire comprendre d’une autre manière.
《 - S’il vous plait, laissez-moi vous aider. 》 |
《 - Je t’en conjure, je… 》 |
《 - … Je suis sûre que je pourrais faire quelque chose, si vous me laissiez au moins essayer. 》 |
Son regard, sa douceur… il était impossible d’ignorer sa sincérité. Cullen le savait et il se sentait affreusement mal de refuser l’aide d’autrui. Cependant le problème s’avérait plus compliqué que prévu. Il était connu dans un cercle que si un templier arrêtait de prendre du lyrium il n’avait qu’une seule issue possible : la mort. C’est pourquoi il ne pouvait en parler ni à ses templiers, ni à Lynne, ni à personne d’autre que Cassandra qui pouvait l’encadrer correctement. Mais pour qu’elle oublie ce sujet, il n’y aurait pas une nouvelle armée qui viendrait interrompre cette scène qui semblait en suspend depuis les marches solitaires.
《 - Bon… 》 |
Il passa une jambe par-dessus le muret comme pour se mettre à cheval et lui faire face. Sa voix se faisait subitement tremblante : Pas qu’il n’avait pas confiance en ses capacités, mais il faisait partie de ces hommes qui ne supportaient pas le contact magique. Possiblement à cause de ce qu’il avait vécu, à la fois à la tour qu’à Kirkwall… Il releva le regard, un rictus désapprobateur.
《 - Vas-y…》 |
Il ferma fort les yeux, ses tremblements et sa crispation parfaitement visibles dès lors. Il était très loin d’être détendu et Lynne devait se montrer réconfortante pour y parvenir.
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La résistance de Cullen avait été prévue, anticipée. Lynne avait appris de sa dernière rencontre avec lui et cette fois, elle ne le laisserait pas s’en sortir.
Elle doutait sincèrement qu’il s’agisse d’une simple fièvre : le simple fait qu’il ne désirait évoquer explicitement la cause de ses souffrances en était l’indice principal. Même si Cullen était de nature têtue, elle trouvait qu’un tel comportement dans ce contexte précis ne collait pas avec son caractère. Elle n’avait pas de lui l’image d’un homme stupide qui se plaisait à jouer les durs à la manière des jeunes recrues. Il avait de l’expérience. Il savait parfaitement qu’une mauvaise condition physique ne l’autoriserait pas à mener à bien ses devoirs, du moins pas de manière optimale – aussi n’avait-il aucune raison de lui cacher ce qui le taraudait que ce soit par fierté ou pure dévotion envers son rôle.
Quelque chose le dévorait de l’intérieur, mais il préférait l’endurer plutôt que de l’exprimer ouvertement. Ses subordonnés étaient au moins au courant de son état ? Et l’Inquisitrice ? Et les autres soigneurs de Fort Céleste ?
Aussi insista-t-elle, ne pouvant supporter l’idée de le laisser à son triste sort. Il tenta de se défendre, la priant de ne pas interférer, mais abdiqua finalement face à son mélange de détermination et de douceur qui l’empêchait de l’abandonner dans ses tourments.
« « Bon … Vas-y ... »
Associant la parole au geste, Lynne le regarda passer une jambe par-dessus le muret comme pour se mettre à cheval, lui permettant ainsi de lui faire face. La brune, imitant son geste, pivota de telle sorte à ce que ses deux jambes reviennent du coté de la terre ferme avant, finalement, qu’elle ne se permette de se rapprocher davantage de son patient.
C’était la première fois que Lynne s’occupait véritablement de lui dans son rôle de guérisseuse. Elle n’avait jamais eu une telle occasion au sein du Cercle, aussi découvrit-elle avec étonnement la crispation qui s’était emparée de lui. Son visage aux traits tendus ne laissait entrevoir son habituel regard brun qui, juste auparavant, exprimait contentement et appréciation. A la place, ses yeux n’étaient devenus que deux volets étroitement fermés, refusant de laisser entrer toute lumière, comme s’il craignait ce qui pouvait s’y cacher. Les iris sombres de la mage suivirent le corps de l’ex-Templier qui tremblait imperceptiblement, arrivant finalement à ses mains qui exprimaient davantage son trouble.
Il avait peur, c’était évident. Peut-être pas d’elle elle-même car elle avait très claire dans ses intentions, et il ne l’aurait jamais laissé s’occuper de lui s’il n’éprouvait pas un minimum de confiance envers sa personne. Aussi, Lynne en déduit que ce qui l’emplissait d’angoisse n’était nulle autre que la magie. Il n’était pas la première personne qu’elle soignait qui la craignait, et il ne serait sans doute pas la dernière.
Le détendre ne serait pas chosée aisée et à vrai dire, Lynne n’était pas certaine de pouvoir y parvenir. Cullen avait suffisamment vécu aux cotés des mages pour qu’il ne s’agisse pas d’une simple peur de l’inconnu comme c’était le cas avec les individus les moins familiers avec ce phénomène. Quelque chose avait dû se passer, elle ignorait quoi – mais cela avait été suffisant pour le marquer. Aussi préférait-elle y aller progressivement, avec douceur. Si elle pouvait le calmer ne serait-ce qu’un peu, ce serait déjà une bonne chose pour lui.
« Je ne sais pas ce qui vous touche exactement, mais je peux au moins vous aider à supporter la douleur. Avant que je ne commence sérieusement, laissez-moi vous montrer … »
Gentiment, sans le forcer, la jeune femme cueillit l’une de ses mains et la protégea entre les siennes. Tandis que sa main droite reposait sur le dos de celle de Cullen, l’autre accueillait sa paume. Aucune pression n’était exercée ; elles agissaient comme une tanière protectrice, sans désir ou arrière-pensée de quelconque nature. Seule subsistait une volonté de faire rempart face à la douleur.
« Ça ne vous fera pas mal. Voyez plutôt. »
Sur ses mots, une très légère lumière blanche émana de ses deux mains, chassant timidement les ténèbres de la nuit dans les alentours immédiats.
« C’est de la simple transmission d’énergie. Evidemment, les mains ne sont pas exactement l’endroit le plus efficace pour faire ça … mais vous voyez le principe. »
Ayant finit sa démonstration, elle relâcha sa main avec autant d’égards que lorsqu’elle l’avait recueillie précédemment.
« Je sais que ce n’est pas forcément évident pour vous, tout ça. Si jamais ça devient trop difficile … n’hésitez pas à me le dire, d’accord ? »
Le plus important était qu’il se sente bien. Elle n’allait pas le forcer à supporter l’influence de la magie si cela l’effrayait au point de le mettre dans un état pire que celui dans lequel il se trouvait actuellement.
« Bon … si vous êtes prêt, nous pouvons commencer. »
Ses mains planèrent près du visage de Cullen avant de capturer sa tête avec douceur, attentive à ses réactions. La dernière chose qu’elle voulait était qu’il panique – il s’agissait après tout d’une partie à la fois sensible et personnelle. On ne portait la main au visage d'un individu que pour deux raisons principales : lui faire du mal, ou pour exprimer de l’affection.
Dans son cas, il ne s’agissait ni de l’un, ni de l’autre. Seule existait de la bienveillance à son égard et un souci de le délivrer ne serait-ce qu’un instant de ce qui le tourmentait. Elle n’avait pas choisis de traiter son mal de cette façon par hasard : la tête était le centre des maux, et par conséquent, était l’une des parties du corps à privilégier lorsqu’il s’agissait de traiter la douleur.
Sans plus attendre, elle déversa son énergie en lui. D’abord un petit peu, tel un timide ruisseau qui se fraie un chemin parmi les herbes ; puis le flux gagna progressivement de l’importance, jusqu’à ce que le courant devienne suffisamment fort pour qu’il chasse les impuretés qui s’étaient accaparées de son être. Lynne se concentra, faisant en sorte de garder le flux stable.
Elle n’avait que peu de choses à quoi se raccrocher tandis qu’elle s’efforçait à maintenir un effort constant – et ici, il s’agissait tout bonnement du visage de Cullen. D’ici, elle voyait parfaitement ses traits tirés qui se détendaient progressivement, son visage qui était loin d’être désagréable à regarder, et cette petite cicatrice qui s’arrêtait pile à sa lèvre supérieure. Si ce n’était pas la première fois qu’elle administrait un tel traitement à un individu, elle ne pu s’empêcher de se troubler légèrement quand ses prunelles rencontrèrent inexorablement celles de l'ex-templier.
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Ce qu’il se sentait idiot par moment, il avait l’impression d’attendre sa mort imminente alors qu’il savait pertinemment qu’il ne risquait rien. Mais ses mains moites, son cœur qui tambourinait, ses tremblements, il les sentait parfaitement. Il secoua la tête et ouvrit timidement les yeux, essayant de reprendre contenance malgré lui.
《 - |
《 - Je ne sais pas ce qui vous touche exactement, mais je peux au moins vous aider à supporter la douleur. Avant que je ne commence sérieusement, laissez-moi vous montrer … 》 |
《 - J.. D-d’accord. 》 |
《 - Ça ne vous fera pas mal. Voyez plutôt. 》 |
《 - C’est de la simple transmission d’énergie. Evidemment, les mains ne sont pas exactement l’endroit le plus efficace … mais vous voyez le principe. 》 |
《 - Ah vraiment ? Je l’ignorais. 》 |
《 - Je sais que ce n’est pas forcément évident pour vous, tout ça. Si jamais cela devient trop pour vous … n’hésitez pas à me le dire, d’accord ? 》 |
《 - D’accord. Ça devrait aller, c'est quand tu veux. 》 |
《 - Bon … si vous êtes prêt, nous pouvons commencer. 》 |
《 - ..Désolé. 》 |
Elle posa donc ses mains délicatement sur ses joues qui étaient incroyablement brulantes. Heureusement qu’il faisait nuit, se répétait-il sans arrêt dans sa tête. Ses mains étaient froides, et en un rien de temps une chaleur se mit à naître entre les doigts de Lynne. Ce n’était pas grand chose au début et pour ne pas la déranger, il préféra fermer les yeux et ne penser à rien. Il ne faisait attention à rien, initialement, et la caresse de ses doigts prit une autre amplitude. Cullen ne savait pas comment décrire ce qu’il ressentait à ce moment-là. Il se senti presque absent, et sur le point de s’endormir. Une sensation qu’il avait de la peine à récupérer depuis pas mal de temps. Ses membres crispés se détendirent, ses tremblements l’avaient quittés.
Il ne senti bientôt son geste plus lent, car elle semblait préoccupée et instinctivement il ouvrit les yeux, croyant que la séance était terminée. Sauf qu’elle n’avait pas encore relâché son visage et lui, encore embrumé, ne réagit pas immédiatement. Il était l’espace de quelques instants comme suspendu à ses yeux. Il baissa alors les yeux, pourtant toujours aussi calme.
《 - Quelle étrange sensation… 》 |
《 - Pourquoi t'être orienté vers la magie de soin, au fait ? 》 |
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Cela ne dura que quelques secondes tout au plus, mais ils restèrent plongés dans le regard de l’un et de l’autre sans qu’aucun mot ne vienne troubler le calme de cette nuit glaciale. Lynne ne détourna pas immédiatement les yeux, comme hypnotisée par ce spectacle soudain et, surtout, légèrement prise par surprise dans l’étude de son visage. Cullen semblait si calme et serein, presque endormis entre la douce chaleur qui émanait de ses doigts. Pour une fois, il semblait baisser sa garde.
Ils quittèrent leur échange silencieux presque en même temps. Un léger embarras l’envahit quant à son geste précédent. Elle n’avait pas voulu le dévisager de la sorte et espérait ne pas avoir été grossière, d’autant plus qu’il s’était initialement braqué lors de sa première tentative de s’emparer de son visage. Inutile de rendre pour lui le moment plus gênant qu’il ne l’était déjà.
Le blond ne sembla pourtant pas partager son inquiétude, ou du moins ne le montra t’il pas. Au contraire, son calme persista malgré le léger incident.
« Quelle étrange sensation …»
Un léger sourire étira les lèvres de la guérisseuse tandis qu’il formulait ce commentaire. Après s’être égarés vers les arbres, les yeux de l’ex-Templier se refermèrent presque d’eux même, alors qu’il retournait à son état de repos. Se ressaisissant, elle retrouva le peu de concentration qu’elle avait perdu afin de mener à bien sa tâche. Son but était qu’il parvienne à au moins passer une bonne nuit. Avec un peu de chance, le repos supplémentaire qu’apportera son sommeil sera capable de l’aider à affronter la journée suivante.
Quelques secondes passèrent avant que Cullen ne reprenne la parole, apparemment désireux de converser davantage.
« « Pourquoi t'être orienté vers la magie de soin, au fait ? »
Une question intéressante qui témoignait de sa volonté de la connaître un petit peu mieux. Pourtant, Lynne hésita à être totalement honnête avec lui. Elle aurait réellement souhaité que ses motivations aient été aussi belles et pures que celles des médecins et des guérisseurs. Mais si elle avait fait tout cela, c’était principalement pour le pardon. Il n’y avait rien de particulièrement noble à cela, simplement la volonté de se racheter de ses actes et d’être né telle qu’elle était. L’histoire derrière son choix n’était pas particulièrement heureuse, et elle se refusait à lui infliger cela, d’autant plus qu’elle ne se sentait pas prête à évoquer le sujet avec lui. Il n’avait pas besoin de savoir à quel point elle était misérable.
Aussi décida t’elle de lui dire la vérité, mais sans entrer dans les détails fâcheux.
« Je me suis toujours dis qu’étudier un certain type de magie voulait dire qu’à terme, je serai amenée à l’utiliser régulièrement - et je ne m’imaginais pas faire de mal à quiconque, ni tromper. J’ai donc préféré me focaliser sur la seule école de magie qui s’intéressait à donner plutôt qu’à prendre, même si elle est loin d’être facile à maîtriser. »
Telle était sa nature. Cela ne voulait pas dire qu’elle considérait ses semblables comme des monstres – cette manière de les envisager, elle l’avait laissé loin derrière elle, dans son passé. Au moins, ils sauraient se défendre, protéger ceux qu’ils aiment. Elle, elle serait là pour les rattraper le jour où leur force ne sera plus suffisante pour les mener plus loin.
« Et vous ? Pourquoi êtes-vous devenus Templier, si ce n’est pas indiscret ? »
Tandis qu’il s’expliquait, elle ôta doucement ses mains de sa tête, jugeant la dose qu’elle lui avait transmis suffisante pour lui faire passer la nuit. Elles revinrent sur ses genoux, au repos, tandis qu'elle écoutait attentivement son interlocuteur.
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《 - Je me suis toujours dis qu’étudier un certain type de magie voulait dire qu’à terme, je serai amenée à l’utiliser régulièrement - et je ne m’imaginais pas faire de mal à quiconque, ni tromper. J’ai donc préféré me focaliser sur la seule école de magie qui s’intéressait à donner plutôt qu’à prendre, même si elle est loin d’être facile à maîtriser. 》 |
《 - Je.. vois. 》 |
《 - Et vous ? Pourquoi êtes-vous devenus Templier, si ce n’est pas indiscret ? 》 |
《 - ça remonte très loin haha ! 》 |
《 - J’avais deux templiers dans mon village, assigné à la chantrie locale et je... J’ai toujours voulu devenir comme eux. Je voulais partir dans un métier qui consistait à venir en aide et protéger les gens, c’était une indéniable vocation pour moi. 》 |
《 - Je ne venais pas d’une famille de templier. Aussi, ma famille accepta tardivement de m’envoyer à l’académie, quand un chevalier-capitaine de passage au village remarqua ma détermination. Je n’étais pas le plus jeune et j’avais des lacunes contrairement aux autres recrues. J’étais moins physique, moins habile, mais j’ai persévéré et beaucoup travaillé pour en arriver là où j’en étais. C’était difficile, mais j’y suis arrivé. 》 |
《 - Merci pour…. Ça. J’ai l’impression que ça m’a fait du bien. J’espère juste que ça ne te coute pas trop d’énergie de faire ça. Surtout pour moi. 》 |
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« Ça remonte très loin haha ! »
D’abord ses yeux qui s’illuminaient lors de leur conversation précédente, son sourire sincère … et maintenant, c’était son rire qui sonnait agréablement à ses oreilles. Lynne se plaisait à le voir sous un angle si accueillant, qu’elle irait même jusqu’à qualifier de charmant. Le contraste était si marquant, si évident par rapport à la manière dont elle le peignait habituellement. Il s’était drapé de froideur pendant sa vie au Cercle et teinté de sévérité pendant leur première rencontre aux Marches Solitaires.
Et pourtant … le voilà à converser confortablement avec elle, d’un enjouement qui était contagieux. Son amusement était aisé à percevoir tandis qu’elle demeurait à l’œuvre, ses doigts massant avec lenteur, pareils à de légères caresses l’encadrement de son visage. Progressivement, son mouvement se ralenti tandis qu’il lui offrait un début d’explication, retirant finalement ses mains pour les laisser reposer sur ses genoux.
« J’avais deux Templiers dans mon village, assigné à la Chantrie locale et je... J’ai toujours voulu devenir comme eux. Je voulais partir dans un métier qui consistait à venir en aide et protéger les gens, c’était une indéniable vocation pour moi. »
Son sourire s’élargit tandis que l’image d’un jeune Cullen naissait dans son esprit, une épée de bois à la main et animé par ce souci de justice qu’il avait préservé jusqu’à présent. Il était étonnant d’envisager qu’il ait été un enfant, un jour. Mais cela le rendait d’autant plus humain aux yeux de la jeune femme, qui ne le coupa pas dans ses explications tandis qu’elle écoutait son histoire avec attention.
« Je ne venais pas d’une famille de templier. Aussi, ma famille accepta tardivement de m’envoyer à l’académie, quand un chevalier-capitaine de passage au village remarqua ma détermination. Je n’étais pas le plus jeune et j’avais des lacunes contrairement aux autres recrues. J’étais moins physique, moins habile, mais j’ai persévéré et beaucoup travaillé pour en arriver là où j’en étais. C’était difficile, mais j’y suis arrivé. »
« Je n’aurai jamais cru cela venant de vous. Je veux dire … vous êtes arrivé si loin. » lui avoua-t-elle une once d’amusement. « C’est impressionnant.»
Elle était honnête dans ses propos. Même si Cullen avait fait des choix discutables, il était tout de même parvenu à atteindre le sommet en partant pourtant avec des handicaps certains. Et le voilà maintenant à la tête d’un grand nombre d’hommes et de femmes qui n’attendaient que ses directions et ses conseils dans son rôle de commandant de l’Inquisition.
Il se tourna finalement à nouveau vers elle, rebasculant la discussion sur les soins qu’elle lui avait dispensé.
« Merci pour…. Ça. J’ai l’impression que ça m’a fait du bien. J’espère juste que ça ne te coute pas trop d’énergie de faire ça. Surtout pour moi. »
« Comment ça, « surtout pour moi » ? » le questionna t’elle, interpellée par ce choix de mots. « Vous méritez des soins autant qu’un autre. Vous n’êtes pas quelqu’un de mauvais, à ce que je sache. »
Elle serait inflexible à ce sujet – ils en avaient déjà parlé auparavant. Même si le passé subsistait, il ne devait pas entraver le futur. Pas après la bienveillance dont il avait fait preuve à son égard, qu’il ait été mû par un soucis de justice ou par pure compassion envers elle. Pas après la manifestation de ses regrets face à ses choix passés. Il n’était pas un homme de nature malveillante, et cela, elle ne pouvait l’ignorer.
« … Ne vous inquiétez pas pour le coût en énergie, ce n’est rien comparé aux cas auxquels je fais face habituellement, je m’en sortirai. »
Il était vrai qu’elle semblait plus fatiguée qu’auparavant, mais aucunement épuisée. Elle se frotta légèrement les yeux à l’aide de l’une de ses mains, les paupières légèrement engourdies par l’effort qu’elle avait dû dispenser.
« D’ailleurs … j’allais vous proposer de renouveler l’expérience demain, si vous avez toujours mal – ou du moins, le temps qu’il faudra jusqu’à ce que ça parte définitivement.» lui annonça t’elle, reposant son regard sur lui. « Mais vous devriez vraiment voir un docteur si jamais ça persiste. Je ne sais pas ce qui vous pousse à garder votre mal secret, mais il n’y a aucune honte à demander de l’aide. »
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