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Lun 17 Mai 2021 - 15:05

Ashleigh
Ashleigh

 

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Elle est belle, Val Royeaux




Frimaire 9:41 du Dragon
Feat. Sarie Vaharel
Interrogateur lié à un réseau - ■ ■ ■


Bien rapidement, une vague parole bredouillée du gamin attira mon attention, et à peine la pensée traversa mon esprit que le voilà assis près de moi. Il effectua un petit mouvement de ses mains que je guettai avec grande attention. Je tendis les muscles de mon bras pour éviter le moindre mouvement brusque dû à la surprise, et ne pas le faire paniquer. L’elfe effectua un sort qui fit fondre la glace, sous le regard malicieux de Gull, qui se permit une phrase lourde de sens.

Oh, un double adhérant à tes douces paroles ?

Un elfe, et un mage.

Gull avait suivi mon périple littéraire avec la plus grande des attentions. Il savait avec quelle ferveur je défendais les mages, et de voir cette situation actuelle devait faire très drôle. Malgré tout, je remerciai l’elfe à mi-mot, sans trop m’attarder non plus.

Merci, gamin.
C’est tout ce que je peux faire, mais, heu… un baume d’herbe en fuseau devrait apaiser l’engelure.

Je hochai de la tête, notant l’information mentalement. Mais le pauvre se sentait vraiment mal vis-à-vis de cet incident. Je tirai une latte distraitement.

Désolé pour cet incident, je ne pensais pas vous toucher.
Ne t’en fais pas pour ça.

Mais bien vite, l’attention retomba sur Gull, le maître de ces lieux, qui observait la scène avec un grand sourire.

La garde ne risque pas de rappliquer ici ?
Oh non, non. J’étudie suffisamment de près leur ronde pour signaler en avance à mes clients de se cacher. Normalement ils devraient passer la semaine prochaine.

Il marqua une pause, caressant sa vieille barbe tout en inhalant son tabac avec nonchalance.

Peut-être qu’ils passeront ici, vu le contexte particulier de cette journée, mais pas de souci : mon neveu nous avertira si c’est vraiment le cas.
Ça marche, merci Gull.
En attendant, que puis-je faire pour vous deux ?
Il va falloir qu’on disparaisse pour le reste de la journée au moins, on peut t’emprunter une chambre ?
Mmh, suis-je d’humeur charitable ?

En même temps, il fit un signe de la main pour demander sa paie. Evidemment, Gull ne serait pas Gull sans parler argent. Je soufflai du nez, avant de pousser un rire muet et de poser un souverain sur le comptoir. Gull me sourit, fumant encore sa pipe.

Tu sais que t’es toujours le bienvenu entre ces quatre murs, H.
J’en suis conscient, Gull.

Il me lança une clé, que j’attrapai au vol, et m’indiqua de sa rauque voix que c’était au premier étage, la troisième porte. Je le remerciai d’un hochement de tête avant de quitter le comptoir.

Allez viens gamin.

Amusé, Gull ne résista pas longtemps à prendre la parole pour encore dire une connerie.

J’ignorais que tu reprenais des élèves, H !
C’est pas mon élève.

A ces mots, je me dirigeai vers l’encadrement de porte, qui menait tout droit vers un escalier. Je ne m’en faisais pas trop sur si l’elfe me suivrait ou non. Dans son intérêt, il devrait, et puis il n’était personne pour lui forcer la main.

Je montai ainsi les escaliers, clope au bec, et repérai rapidement la bonne porte. J’y insérai la clé, que je tournai lourdement avant que la pièce m’accueillit d’un gros clac métallique et d’un grincement.

La salle était un bureau normal, avec une grande table, quelques chaises, de quoi écrire, de quoi sceller des lettres, et avec un lit au fond de la pièce. Les fenêtres étaient légèrement poussiéreuses, le parquet tenait la route, les Ailes Fourchues, quoi.

Lun 17 Mai 2021 - 22:31

Sarie Vaharel
Sarie Vaharel

– Garde des Ombres –

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「29 Frimnaire - 9:41 」

「 Pv : Fabien Sourceclaire」
「 Elle est belle, Val Royeaux 」
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Hirondelle. Le nom amusait Sarie, à présent que le stress redescendait. Petit à petit, il reprenait le contrôle, en dépit de la tournure inattendue de la situation. Il essayait de rebondir, de ne pas rester figé dans son plan initial. Il laissait libre court à son instinct, et guettait désormais l’occasion qui lui manquait pour parvenir à ses fins. Alors, en attendant, il tentait de mieux cerner Filasse et ses fréquentations. Il notait dans un coin de son esprit de demander à Aglaé de se renseigner au sujet d’Hirondelle. Peut-être l’avait-elle déjà fait, mais il ne se souvenait pas que son amie l’eut mentionnée. Et la connaissant, elle n’aurait pas raté la possibilité de glisser une petite plaisanterie face à cette coïncidence. L’espièglerie d’Aglaé n’était pas qu’une apparence qu’elle dressait devant les yeux indiscrets, un masque qu’elle revêtait pour le Noble Jeu. Mêler la vérité au mensonge facilitait la duperie.

Néanmoins, la réponse du tenancier l’empêcha de s’attarder davantage sur la question. Il hocha la tête. La garde civile risquait de passer dans les environs, ce qui compliquait leurs espoirs de fuite. S’il partait seul, Sarie avait une chance de passer entre les mailles du filet ; il avait pris soin à dissimuler son visage tout du long. Il lui suffirait alors de se détacher les cheveux, de jouer les dalatiennes, et quitter la ville ne lui poserait pas de problème. En revanche, Filasse ne possédait pas une pareille opportunité ; il était contraint de trouver un lieu où se cacher et d’attendre que l’orage passât. Les Ailes Fourchues correspondaient peut-être à sa planque ; les paroles de Gull le laissaient sous-entendre. De toute évidence, une longue histoire les liait, sans reposer uniquement sur l’argent. Le mage n’était pas assez plongé dans ses pensées pour ne pas remarquer le petit jeu avec le souverain.

Sarie retint un soupir. Il ignorait pourquoi il s’interrogeait sur les options qui se présentaient à lui. Le choix s’imposait de lui-même. Aux dernières nouvelles, garde civile ou non, il ne comptait pas rentrer bredouiller et présenter un rapport vide de renseignements et de conclusions. Il ne laisserait pas autrui décider à sa place ; il s’accrochait à ses objectifs. Il persévérait jusqu’à obtenir ce qu’il désirait. En l’occurrence, sa mission du jour consistait à étudier Filasse afin de déterminer s’il ferait une bonne recrue ou non pour les Felassan. Un humain pouvait-il les rejoindre ? Il y avait bien le cas de Tisseur, mais sa loyauté ne faisait aucun doute – trop d’elfes témoignaient en sa faveur.  

Alors quand Filasse l’invita à le suivre, il n’hésita pas. Il jeta un dernier regard à la salle et au tenancier, puis se faufila à sa suite. La mention d’élèves l’interpella, mais il ne pipa mot pour l’instant. Il notait simplement la question, et songerait à la poser plus tard. S’il prenait le temps d’analyser la situation sous un autre angle, la garde civile avait permis de soulever de nouveaux renseignements qu’il n’aurait sans doute pas découvert de lui-même. Un seul interrogatoire ne suffisait pas pour cerner un homme ; une floppée non plus. Le nombre importait peu. Même des années après, une personne se révélait encore, par occasions ; elle se dévoilait sous de nouveaux jours, bien souvent sombres et sinistres. Les visages amicaux se transformaient en blocs de glace, indifférents à la trahison et à la souffrance causée. Les yeux autrefois attentionnés perdaient toute trace d’affection pour laisser place à la froideur et à la cruauté. Tôt ou tard, les gens montraient leur véritable nature.

A quelle catégorie appartenait Filasse ? Sarie l’ignorait, et la poursuite de cet interrogatoire ne lui apporterait aucune réponse. Il le savait. Par réflexe, sa main gauche tritura un instant le foulard rouge noué autour de sa taille, avant qu’il ne se reprît. Ce n’était pas le moment.

Il reporta donc son attention sur le bureau que Gull leur laissait pour la journée. Un mobilier sommaire, propice pour de nombreuses utilités. Les fenêtres donnaient sur une ruelle en contrebas, idéal pour surveiller les alentours – ou pour s’échapper. Pour un elfe de sa stature, tout du moins. Avec sa corpulence, il se faufilerait sans peine, et son agilité lui offrirait le pied sûr pour se mouvoir sur les toits sans craindre la chute.

Mais l’heure n’était pas à la fuite. Il referma la porte derrière lui, puis s’installa contre le bureau. Il observa un instant Filasse, cherchant ses mots. Il ne savait même plus de quoi il parlait exactement avant l’arrivée subite de la garde civile. Peut-être qu’il s’apprêtait à en dévoiler un peu plus sur son implication avec les Felassan ? Peut-être. Cela lui paraissait disproportionné à présent. Il lui manquait encore certains éléments.

— Hirondelle, donc ? C’est un surnom peu commun.

Hirondelle. Ce surnom l’amusait toujours autant, en témoignait son petit sourire. Il n’en expliqua néanmoins pas les raisons.

— J’ignorais que vous aviez des élèves. Voilà des choses que vous avez oublié de mentionner précédemment.

Saria laissa planer le constat un instant, tandis qu’il plantait son regard dans celui de Filasse.

— D’autres aveux à faire, peut-être ?

Lun 17 Mai 2021 - 23:34

Ashleigh
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Elle est belle, Val Royeaux




Frimaire 9:41 du Dragon
Feat. Sarie Vaharel
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Je fermai alors la porte à clé derrière lui, question de ne pas être dérangés, avant de déposer la clé au milieu de la table, ainsi que mon masque. Il connaissait mon visage, je n’en aurais pas besoin. Et puis, je ne voulais pas donner l’impression de le mettre en cage, c’étaient juste les petites habitudes de l’endroit.

Le voyant s’adosser à la table, je tirai une chaise et me plaçai à califourchon dessus, faisant face au gamin. A défaut d’avoir un nom, il devrait se contenter de ça. Je le laissai démarrer les hostilités, puisque je dus jouer une carte risquée pour nous sauver les miches – surtout les miennes, je l’avais simplement entraîné dans mes galères.

Hirondelle, donc ? C’est un surnom peu commun.

A ces mots, je souris en retour, avant de mimer de la bouche le gazouillis typique d’une hirondelle rustique.

Les surnoms sont faits pour être efficaces, Gamin.

Et à raison : il fallait être en mesure de nous reconnaître entre nous, autant pour les noms que pour les sifflements codifiés. Pour certains boulots, c’était essentiel. Gull avait été le premier à m’avoir donné ce nom, pour plusieurs raisons, dont la grande majorité était pour se moquer de moi. Mais bon, on ne pouvait pas changer ce vieux Gull.

Mais ma grande gueule et ma voix portante de l’époque à part, Gamin poursuivit la conversation.

J’ignorais que vous aviez des élèves. Voilà des choses que vous avez oublié de mentionner précédemment.

Je fis mine de réfléchir, fixant distraitement le plafond. Techniquement, il n’avait pas non plus demandé, et pour tout dire, avoir pris quelques rookies fut sans doute la pire des idées. Quand je reposai mes yeux sur le jeune elfe, Gamin m’empalait avec le sien.

D’autres aveux à faire, peut-être ?
Tu sais quel est l’âge moyen des informateurs à Val Royeaux ?

Je laissai la question planer un peu, avant de répondre.

A vue de nez je dirais autour des 16 ans. On est pas mal de vieux, de très vieux mêmes, mais la vaste majorité du réseau est constitué de gosses qui cherchent quelques pièces à glisser dans leur poche trouée. Ça reste malgré tout un métier très dangereux, l’espérance de vie d’un informateur n’est pas si longue que ça en moyenne.

Puis, je haussai des épaules, les bras appuyés contre le dossier de la chaise.

On me considère comme un miracle pour vivre aussi longtemps. Gull on va finir par l’appeler l’immortel tellement il surpasse tout le reste. Increvable, le vieux rat.

Les vieux comme lui devaient se compter sur les doigts d’une main dans tout Orlaïs, et cela ne faisait que montrer le monstre qu’il était dans ce domaine. Il restait sans arrêt aux AF, construisant autour de lui un réseau suffisamment colossal pour être au courant des moindres faits et gestes de la ville.

Je n’ai eu que très peu d’élèves, et j’ai arrêté d’en prendre il y a bien longtemps.

Et j’allais éviter d’entrer dans les détails, gardant bien Chouette en visuel dans mon esprit. Un sale gamin, mais talentueux à outrance. Je n’aimerais pas non plus m’en faire un ennemi.

Malgré tout, je fis mine de réfléchir à nouveau.

Voyons .. est-ce que j’aurais oublié quelque chose ..

Puis, je haussai des épaules, tirant une latte d’elfidée avant d’écraser ce qui demeurait contre la chaise. Puis, la vision du bâton de l’elfe me fit tilt. Evidemment.

J’ai passé toute ma vie d’écrivain à défendre la cause des mages enfermés dans ces foutus prisons que la Chantrie osait qualifier de « Cercles ». Censures après censures, arrêts en plein sur mon lieu de travail, parfois sur scène, .. J’en ai vu des choses en vingt ans.

Marquant une pause, j’eus soudainement quelques images de la guerre civile en tête. Putain de guerre civile.

J’ai également pris part à la guerre qui opposa les mages à l’idéologie Chantrie. Je n’ai rien contre les templiers, ils ne sont pas le problème principal de cette histoire. Le réel problème est l’institution derrière qui les formate à haïr les mages.

J’avais côtoyé les templiers, j’avais même était comme eux quand j’étais enfant, alors je savais comment les choses marchaient de leur côté. Je ne pensais pas que tous avaient consentis à l’Oblitération de Dairsmuid, lancée par les Chercheurs.

Enfin, puisque tu as fait tes petites recherches sur moi, peut-être que tu sais déjà tout ça. Ce n’est pas difficile à voir, presque tous mes écrits militent pour cette cause-là.

Puis, un grand sourire prit place sur mon visage. Appuyant mon menton sur mes bras croisés, je ne le quittai pas des yeux.

D’autres questions, Gamin ? On a toute la journée devant nous, le temps que les choses se calment un peu.

Mar 18 Mai 2021 - 10:01

Sarie Vaharel
Sarie Vaharel

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Comme précédemment, Filasse ne paraissait guère réticent à répondre à ses interrogations. Il paraissait même confiant, à croire qu’il ne risquait rien à dévoiler pareils renseignements. Ou peut-être s’agissait-il d’un risque calculé ? A moins que l’humain gardât un certain contrôle sur les informations qu’il transmettait de manière intentionnelle, ce qui n’étonnerait pas non plus Sarie. Aglaé avait passé bien trop de temps à lui ancrer dans le crâne la nécessité de conserver un semblant de recul. Ne pas sauter aux conclusions hâtives ou à la croyance immédiate, même si la personne se parait d’une aura sincère en face de lui. La barde ne manquait pas d’être un exemple sur pattes, tant elle jouait sur les apparences. Mêler la vérité au mensonge pour gagner en crédibilité. Mentir par omission. Tant de possibilités pour cacher les faits gênants.

Sarie était toujours un brin mal à l’aise à l’idée de douter ainsi du monde, tout le temps, pour n’importe quelle raison. Où s’établissait la confiance, la limite à ne pas franchir ? Personne ne lui fournissait de réponse concluante ; chacun adaptait les choses à sa sauce, sans jamais se prononcer sur une question pourtant essentielle. Où se plaçait la trahison, cet instant de bascule marqué par l’absence de retour en arrière ? Plus il observait Filasse, et plus il avait l’impression de jouer avec le feu. Quelque chose lui échappait concernant cet homme. Il ignorait quoi, mais il préférait se fier à son instinct. Les quelques fois où il ne l’avait pas écouté, les jours suivants s’étaient terminés dans le sang.

Les gazouillis soudains d’une hirondelle lui arrachèrent toutefois un rire. Jusqu’où la coïncidence se poursuivrait-elle ? Cette fois-ci, il ne passa à côté de l’occasion d’expliquer son amusement. C’était aussi l’occasion d’instaurer une relation réciproque, plutôt que de se limiter à un interrogatoire. Il cherchait certes à évaluer Filasse, mais l’objectif final tendait vers une coopération, chose impossible si la relation demeurait à sens unique. Alors, à son tour, il imita les gazouillis de la mésange.

— Vous pouvez m’appeler Mésange, à défaut de gamin. J’ai passé l’âge d’être paterné.

Ce surnom suivait ses pas depuis son entrée dans les Felassan. Arendel l’avait trouvé, après l’avoir surpris en train d’esquisser les traits du passereau jaune et bleu dans son carnet de dessin. Tahriel avait aussitôt approuvé l’idée, naturellement ; lui-même s’était vu affublé du surnom de Fauvette. Avec des noms de code, ils œuvraient plus facilement pour la cause du mouvement, sans risquer un retour de bâton s’ils se montraient assez prudents. Les renseignements circulaient peu ensuite ; aux yeux des humains, les elfes se ressemblaient tous, alors comment les distinguer ? L’indifférence, voire le mépris, des humains les aidait à bien des égards. Avec l’anonymat à leurs côtés, rallier les différents bas-cloîtres serait chose aisée dans les prochains mois.

— Si je résume, vous vous présentez comme un excellent informateur, qui a su survivre toutes ces années, un militant affirmé, et pourtant, vous avez été aveugle à ce qui se trame sous vos yeux depuis près d’un an et demi ?

Le réseau des Felassan remontait aux prémices de la Guerre des Lions, lorsque la révolte elfique avait secoué Halamshiral avant que l’Impératrice ne la réduisît au silence dans le sang et la mort. Les deux Flèches s’étaient extirpées de la masse pour prendre les armes, et appeler les leurs à les suivre dans ce combat de longue haleine. L’idée n’était pas de s’engager dans un affrontement brutal, mais d’œuvrer dans l’ombre, armé de la subtilité typiquement orlésienne. Les nobles n’étaient pas les seuls à user du Noble Jeu pour parvenir à leurs fins. Les elfes se montraient simplement plus discrets.

— Êtes-vous imbu de votre propre personne, en dépit de la médiocrité de votre talent d’informateur, ou pensiez-vous réellement que la révolte d’Halamshiral était morte dans l’œuf parce que l’Impératrice en a décidé ainsi ?

Filasse était-il idiot ou aveugle ? La question se posait. En tout cas, elle offrait à Sarie un levier d’attaque idéal pour son interrogatoire. Il reprenait les bases du début de leur rencontre, et appuyait sur les points sensibles pour tirer une réaction. D’ordinaire, il n’appréciait guère agir de la sorte, mais quelques années passées en compagnie de Chandelles changeaient sa perception des choses, en particulier lorsqu’il était sujet du recrutement d’un possible futur Felassan. L’erreur n’était pas permise.

Il retint un soupir las, à moitié pour jouer son rôle que par sincérité. Jouer les cyniques sarcastiques ne lui correspondait pas. Il prenait sur lui pour le bien du mouvement. Il acculait Filasse dans l’espoir d’en retirer la vérité. Une fois provoqués, les gens abaissaient leurs défenses et se montraient plus vrais qu’ils ne l’auraient voulu.

— Croyez-vous sincèrement que les elfes ont attendu qu’un shem se saisisse d’une plume pour faire avancer la cause ? Les abus des berruiers ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres.

Il hésita un instant à poursuivre. Il s’aventurait sur une pente glissante, pour lui. Il s’apprêtait à jouer avec des notions qu’il exécrait, et qui réveillait des sentiments néfastes. Cependant, il s’agissait d’un excellent moyen d’enfoncer le clou.

— Les orlésiens utilisent les elfes pour leurs basses besognes, et les cantonnent dans des bas-cloîtres surpeuplés aux conditions de vie déplorables. Ils les appellent « serviteurs », pour maintenir cette fiction comme quoi l’esclavage est illégal. Et personne n’en a quoi que ce soit à faire. C’est plus simple de détourner le regard que d’admettre la vérité.

Il marqua une pause, avant d’achever ses propos, le cœur serré.

— En quoi est-ce qu’Orlaïs se distingue de Tévinter, dites-moi ? L’Empire a au moins le mérite de ne pas cacher ses intentions.

Mar 18 Mai 2021 - 12:59

Ashleigh
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La mention de Mésange fut une surprise pour moi, mais qui n’ôta pas mon sourire pour autant. Les diurnes étaient plus difficiles à traquer que les nocturnes, mais étaient également bien plus puissants. Après tout, les façons de faire différaient entre la nuit discrète et le plein jour, au cœur des foules. J’en avais entendu des noms de passereaux, mais aucune Mésange me vint à l’esprit, ce qui signifiait deux choses : soit je m’étais engourdi avec les années, ce qui était une grande possibilité, soit les confrères elfes de ce travail étaient beaucoup plus forts que nous. Tu m’étonnais que Gull cherche à entrer en contact avec des informateurs aux oreilles pointues.

Explorant toujours les possibilités, Mésange reprit la conversation, les choses sérieuses, mais surtout dérangeantes.

Si je résume, vous vous présentez comme un excellent informateur, qui a su survivre toutes ces années, un militant affirmé, et pourtant, vous avez été aveugle à ce qui se trame sous vos yeux depuis près d’un an et demi ?

Un an et demi ? Qu’est-ce que j’ai fait pendant un an et demi ? Mon sourire s’effaça, repassant en revue les divers atroces épisodes que j’avais traversé dernièrement. Cela faisait déjà un an et demi. Le temps passait atrocement vite.

Malgré tout, je me contentai de hausser des épaules.

Ma foi, je ne suis qu’une hirondelle, pas le Créateur en personne. J’ai mes compétences, mais cela ne fait pas pour autant de moi un individu omniscient.

Je n’avais pas suivi la Guerre des Lions de très près. Certains jugeaient mon manque d’opportunisme, essentiellement si ma réputation de grand arriviste était connue. Cette guerre ne m’avait pas intéressé, le peu que je savais me venait de Hibou. Mais soudainement, sûrement car Mésange craquait face à tant de pathos, il balança information après information les raisons de notre entrevue, que j’écoutais avec attention. Car là, j’avais sûrement lâché quelque chose qui ne lui plaisait pas.

Êtes-vous imbu de votre propre personne, en dépit de la médiocrité de votre talent d’informateur, ou pensiez-vous réellement que la révolte d’Halamshiral était morte dans l’œuf parce que l’Impératrice en a décidé ainsi ?

La révolte d’Halamshiral. Un épisode sanglant et démonstrateur du pouvoir de l’impératrice. Donc, ce possible réseau elfique était parti de là, mh ? J’écoutai en silence, attendant qu’il ne termine sa tirade poignante et lourde de questions.

Croyez-vous sincèrement que les elfes ont attendu qu’un shem se saisisse d’une plume pour faire avancer la cause ? Les abus des berruiers ne sont qu’un exemple parmi tant d’autres. Les orlésiens utilisent les elfes pour leurs basses besognes, et les cantonnent dans des bas-cloîtres surpeuplés aux conditions de vie déplorables. Ils les appellent « serviteurs », pour maintenir cette fiction comme quoi l’esclavage est illégal. Et personne n’en a quoi que ce soit à faire. C’est plus simple de détourner le regard que d’admettre la vérité. En quoi est-ce qu’Orlaïs se distingue de Tévinter, dites-moi ? L’Empire a au moins le mérite de ne pas cacher ses intentions.

Ah, l’empire du nord. Une magocratie excentrique et démesurée où l’esclavage était légal, une base sûre même de leur économie. Une économie qui se portait mal d’ailleurs dernièrement, à cause de la guerre à Séhéron.

Mais malgré les fortes accusations à mon égard, je souris légèrement.

C’est amusant comment l’Histoire est constamment réécrite par les vainqueurs, tu ne trouves pas ?

Je n’allais pas me laisser aller par les commentaires d’un mioche sur l’efficacité de mon travail. Moi-même j’étais scandalisé d’en avoir entendu parler que dernièrement, et l’âge se faisait toujours plus sentir dans mes compétences. Je n’avais pas un réseau gigantesque comme Gull, donc aucun moyen d’avoir mes oreilles un peu partout.

Mais comme l’avait dit ce brave vieillard, les gens s’en fichaient du sort des elfes. Ce n’était pas quelque chose qui les intéressait, car à force d’indifférence s’était installée la banalité. L’oppresseur, direct ou indirect, avait toujours du mal à sortir de sa zone privilégiée de confort. En conséquence, il tournait la tête, fermait les yeux. Il ne fallait pas se leurrer : nous l’avions tous faits.

Le vainqueur s’arrange toujours pour que l’Histoire ne se rappelle que de ce qu’il juge essentiel. Combien d’opposants ont été diabolisés à outrance à travers l’Histoire ? Combien de héros ont été effacés pour arranger certains scénarios ?

Je laissai ma main distraite tapoter sur le bois de la chaise, ne quittant l’elfe des yeux.

Je ne suis pas quelqu’un d’opprimé de par mon sexe, de par ma race ou de par mes préférences sexuelles. Je ne suis pas quelqu’un non plus opprimé par la couleur de peau, même s’il s’agit d’une discrimination toujours plus rare, ou du moins plus discrète. Je ne sens pas particulièrement le poids de l’oppression subie par les pauvres qui jonchent ces rues, alors que je suis un sans-le-sou, mais je connais l’oppression idéologique. La censure, les détentions répétées, les petites magouilles de la Chantrie pour me faire taire, ..

Marquant une pause, je fixai mes ongles un instant, songeur. Je n’oubliais pas Ostwick. Je n’oublierais jamais Ostwick.

Par conséquent, tu ne peux pas me reprocher d’ignorer une part de l’Histoire qu’on ne raconte pas aux peuple vainqueur, et ce à but de rester docile. Tu ne peux pas me reprocher l’erreur de toute une population, et de te plaindre que ce que je fais est inutile. L’art est une arme, la plume, une épée. Elle est faite pour être utilisée, pour éveiller les consciences dans les milieux intellectuels, et ce sans avoir forcément recours au meurtre. C’est une arme que j’ai choisie, et avec laquelle je me battrai toujours.

Mon regard se planta alors encore une fois dans celui de l’elfe. Pas particulièrement froid, pas particulièrement violent. Mais l’écriture engagée avait ce don d’éveiller une certaine rage dans la lueur de mes yeux.

Et par conséquent, puisque mon aide semble te déranger, sûrement de par mes origines de race ou alors de par ce malencontreux retard sur les événement, j’arrêterai si tu préfères. Cependant, il s’agirait là d’une triste erreur, ainsi que d’un élan à Val Royeaux qui soit perdurerait sans moi, soit mourrait dans l’œuf, et donc un possible retour en arrière. C'est toi qui vois.

Mer 7 Juil 2021 - 16:37

Sarie Vaharel
Sarie Vaharel

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Filasse n’avait pas la langue dans sa poche. Avec la parole comme avec sa plume, il défendait ses idées sans faiblir. L’adversité ne l’effrayait pas. Il gardait la tête haute, les appuis sûrs, et avançait avec fermeté. Il parait les assauts, contrattaquait. Même s’il ne gagnait pas à chaque fois, que ses arguments tombaient dans l’oreille d’un sourd, il n’abandonnait pas. Il persévérait et se relevait. Il n’avait pas tort, quand il présentait sa plume à une épée. Là où d’autres cherchaient à faire triompher la vérité dans le sang, lui préférait jouer avec les mots dans l’espoir de la faire éclater. La violence desservait la cause des elfes ; même le coup d’éclat d’Halamshiral n’avait guère abouti à une valorisation de leurs droits. Avec la Guerre des Lions, Célène s’était empressée de cacher l’affaire avec la poussière sous le tapis. Leur mouvement était né, mais il débutait leur lutte de zéro.

Sarie mentirait s’il prétendait écouter les paroles de Filasse avec une attention accrue. Il donnait plutôt le change, à présent qu’il avait obtenu ce qu’il voulait. L’homme lui confirmait ce qu’il pensait savoir, avec un entrain sincère. Aglaé lui dirait certes de rester sur ses gardes, mais il ne comptait pas lui ouvrir grand les portes du mouvement pour autant. Le recrutement s’effectuait par étapes ; c’était la seule façon de convaincre les elfes réfractaires de la présence d’un humain parmi eux. Tisseur était aussi passé par là, même si ses connaissances avec l’ambassadrice l’avantageaient quelque peu.

Pour l’instant, Filasse avait franchi la première étape. Il convenait aux exigences du réseau, même si son « instabilité » – Sarie ne savait trop comment la décrire autrement – risquait de lui poser problème sur le long terme. En outre, un informateur jouait souvent sur plusieurs tableaux, alors à quel point éludait-il son quotidien ? Pour qui d’autre travaillait-il ? Il affirmait déjà avoir œuvré pour la cause des mages, mais peut-être avait-il d’autres activités moins légales. Le jeune mage savait ne pas être le mieux placé pour répondre à de telles interrogations. Il n’avait rien d’un espion, ou d’un informateur. Sa confiance lui jouait bien souvent des tours, et il en payait souvent un lourd prix. Seulement, son instinct ne le trompait rarement. Les ennuis lui tombaient dessus lorsqu’il ne l’écoutait pas. C’était pour cette raison qu’il allait au contact des potentielles recrues. Il les rencontrait, sans a priori, et s’en faisait une première opinion.

Dans le cas de l’humain, il n’avait pas de certitude absolue, mais son instinct ne s’affolait pas. Face à la garde civile, Filasse l’avait aidé sans réfléchir, avait même essayé de le protéger en ne l’impliquant pas dans l’affrontement. Peut-être était-il sincère dans sa volonté d’aider les elfes, même s’il cachait encore de lourds secrets. Sarie n’oubliait pas les quelques informations confiées par Aglaé. Il s’était rendu dans le bas-cloître de Val Royeaux pour recueillir des témoignages, pour découvrir la réalité du terrain par lui-même. Alors qu’il ne connaissait rien du quotidien des elfes citadins, il avait fait l’effort du premier pas vers eux pour les comprendre.

Un sourire sur le coin des lèvres, Sarie descendit du bureau et jeta un regard par la fenêtre. La garde civile ne l’avait pas vu. De toute façon, un elfe passait toujours inaperçu. Personne ne les remarquait, d’autant plus s’ils rasaient les murs. Il saurait rejoindre Aglaé, qui lui offrirait le refuge pour la nuit. Il contacterait ensuite le reste du réseau pour discuter du cas de Filasse, afin de réfléchir à comment organiser la suite de son recrutement. Rien n’était joué encore, mais le dalatien avait bon espoir.

— A défaut d’être concerné, votre implication ne fait guère de doute.

Sur ces mots, il délaissa la fenêtre pour se tourner vers l’humain. Il ne comptait pas donner suite à ses réponses étoffées, presque un monologue. Filasse avait de la suite dans les idées. Il s’exprimait avec force, exposait ses arguments sans l’ombre d’un doute. Une personne lettrée, qui mettait à disposition ses savoirs pour le bien d’une cause. Même si bien des elfes se montraient réfractaires à l’idée d’intégrer des humains dans le mouvements, il fallait reconnaître l’utilité et l’importance d’une telle ouverture. Personne ne prêtait attention aux paroles d’un elfe. En revanche, si un humain s’exprimait… Il attirait aussitôt les regards. Il intriguait. Pour certains, il devenait un divertissement, une rumeur qui se propageait au sein du Noble Jeu. Ce n’était certes pas grand-chose, mais on parlait d’eux. Et les elfes encore dans l’ombre qui ne les connaissaient pas redressaient les oreilles, découvrant qu’ils n’étaient pas seuls. Petit à petit, ils se rassemblaient. Le nombre faisait la force.

— Je vais cependant devoir vous laisser là.

Aglaé continuerait ses recherches. D’autres l’épauleraient. Certains espionneront Filasse pour éviter les mauvaises surprises.

— Mais nous vous recontacterons bientôt.

Esquissant un nouveau sourire, il récupéra son bâton et s’avança vers la porte. Il marqua un temps d’arrêt, puis se retourna une dernière fois vers Filasse avant de disparaître.

— N’oubliez pas de surveiller les ombres.

Mer 7 Juil 2021 - 20:40

Ashleigh
Ashleigh

 

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Elle est belle, Val Royeaux




Frimaire 9:41 du Dragon
Feat. Sarie Vaharel
Interrogateur lié à un réseau - ■ ■ ■


Un sourire de satisfaction passa sur les lèvres de l’elfe. Il descendit de la table sur laquelle il s’était assis, pour s’approcher de la fenêtre pour observer l’extérieur un instant. Je restai sans bouger, attendant une réaction plus convaincante que ça.

A défaut d’être concerné, votre implication ne fait guère de doute.

Il semblait déjà plus convaincu qu’au départ, lors du premier interrogatoire. J’intriguais, certes, mais à quel point me jugeait-il utile pour sa propre cause ? Cependant, cette étrange histoire semblait toucher à sa fin.

Je vais cependant devoir vous laisser là. Mais nous vous recontacterons bientôt.
Ne cherche pas à me contacter à la Page Blanche, ils fouillent mon courrier maintenant. Laisse plutôt tes instructions ou autre lettre qui m’est destinée ici, aux Ailes Fourchues, sous le nom d’Hirondelle : Gull me les transmettra.

Autant ne pas le laisser sans rien. Je ne voulais pas non plus que l’info d’un réseau secret fuite si facilement à cause d’une erreur d’adresse.

L’elfe me sourit, puis récupéra son bâton avant de se diriger vers la sortie. Les choses s’étaient quelque peu calmées autour de nous, il pourrait quitter les lieux tranquillement. Mais avant de partir pour de bon, le petiot se permit de rajouter quelques paroles, comme un avertissement.

N’oubliez pas de surveiller les ombres.

Ce fut à mon tour de lui offrir un sourire mémorable. Bah alors, on s’inquiétait déjà pour son possible nouveau collègue ?

Surveille les tiennes également, Gamin.

Il quitta la pièce. Je restai assis de façon décontractée, fixant la porte désormais close. Je n’avais même pas de nom sur sa tête, merde .. Bon, il allait devoir s’habituer à se faire appeler « Gamin », dans ce cas. A défaut de se présenter.

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