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Forêt de Bréciane, 9:32 du Dragon.
Ils avaient voyagé longtemps, sans s'arrêter ou presque. S'arrêter, cela les obligeait à se pencher sur leurs blessures. Et elles étaient nombreuses : beaucoup de choses s'étaient produites au cours de cette dernière année. Des événements sombres, lourds de conséquences pour un seul et même clan dalatien.
Il fallait reconstruire. Il fallait reprendre la route. L'immobilisme ne leur convenait pas. Ils étaient un peuple itinérant. Même meurtris, ils devaient bouger. S'éloigner de cette terre gorgée de sang et de malheur.
Alors ils avaient fui vers l'Ouest, franchissant de nombreuses frontières. Un soleil puissant les avait accueillis, avait lavé la corruption laissée par l'enclin. Et sur la route, sous la direction de l'archiviste Lanaya, ils avaient voulu se reconstruire. Alors ils oublièrent, pour un temps dumoins, les blessures laissées par leur passé. Ils étaient en vie. Des survivants, les dignes représentants de leur peuple de tout temps persécuté, mais si fière. Le soleil avait bronzé leurs peaux pâles, et des sourires étaient revenues sur leurs lèvres.
Les voiles de leurs aravels, d'un rouge lumineux, se gonflaient d'un vent pur. Le ventre des femmes du clan se gonfla vite de manière analogue. Les nouveau-nés, les nouveaux membres du clan, emplirent le ciel de leurs cris optimistes. Eux n'auraient pas à souffrir des cicatrices de leurs parents. Mais même si le clan se reconstruisait lentement, il n'en restait pas moins désœuvré : sa richesse se trouvait encore dans la forêt de Bréciliane. Ils récoltaient et travaillaient l'écorce de fer. Ce matériel quasiment magique, plus solide que le métal mais bien plus léger, était la pierre qu'ils apportaient à la reconstruction de leur race. Ils en maîtrisaient l'utilisation depuis l'ancien temps, mais ce savoir-faire, comme bien d'autres, avait été perdu. Varathorm, le maître artisan du clan, travaillait à la redécouverte de ces savoirs. Son nom était reconnu, même parmi les autres clans. Mais leurs réserves du précieux matériel s'étaient bien vite épuisées. Il fallait rentrer. Et c'est dans les petits yeux innocents de leurs enfants qu'ils trouvèrent la force de rebrousser chemin.
La forêt, à leur image, était méconnaissable. Des flammes noires l'avaient ravagé. Les flammes noires de la corruption des engeances. Mais comme le clan lui-même, la forêt avait entamé sa reconstruction. De tous jeunes arbres poussaient parmi les troncs sans vies de leurs ancêtres, leurs feuilles d'un vert tendre tendant avec optimisme vers le ciel. Buissons, fougères et graminées s'étaient développés dans les premiers étages du sol, ils avaient lavé par leurs racines la souillure de la terre. De belles fleurs écarlates les accueillirent, alors qu'ils se stoppèrent dans une clairière. La même clairière que dans le temps. Les dalatiens étaient un peuple de traditions.
Alors, ils s'étaient organisés. Les chasseurs avaient repris leurs rondes attentives, étendant de plus en plus le territoire des dalatiens. Leurs pas furtifs emplirent vite le silence pesant de cette forêt presque dépeuplée. Les femmes et les hommes restants organisèrent le campement en lui-même, arrangeant les aravels pour qu'elles délimitent un périmètre clair. Ils établirent le brasier, cœur véritable du camp, et disposèrent les bancs tout autour. Ils regroupèrent leurs provisions dans deux caravanes dédiées, établirent les autels aux dieux, s'occupèrent des offrandes. Le troupeau d'halla, plutôt large, fut installé derrière des barrières peintes en blanc. Lanaya et son second supervisèrent le tout, puis l'archiviste fit appeler un messager. Elle devait signaler leur retour, au moins à une personne. Elle écrivit une courte missive au Roi de Férelden.
Dans une aravel un peu à l'écart, une agitation toute particulière régnait. Varathorn affrontait une nouvelle fois son jeune apprenti, Taven, tout juste vingt ans :
Le jeune homme blond clair, les cheveux coupés court, passa sous le comptoir avec empressement. Lorsqu'il se retourna vers son mentor, il lui jeta un regard dur de ses yeux jaunes. Son visage, couvert de taches de rousseur, portait le vallaslin du dieu June. Une unique boucle d'or pendant au milieu de son oreille, transperçant son cartilage. Il tira sur sa tunique bleue et fit un vague geste en direction de l'orée de la clairière :
Taven serra le poing. Son visage tout entier était crispé. Il ne pouvait cacher sa frustration. Depuis que la lisière de Bréciliane avait été en vue, le jeune apprenti était devenu intenable. Il n'avait eu de cesse de s'éclipser, de harceler les chasseurs. Il semblait chercher quelque chose, et ne trouverait le repos que lorsqu'il l'aurait retrouvé. Varathorn avait du mal à le reconnaître. Néanmoins, cette fois-ci il obéit.
Et vite, un feu vif flamba sous la forge, et le travail repris également au cœur de cette aravel bien particulière. Ils s'étaient installés. Ils étaient revenus sur leurs pas. Tous voulaient guérir. Presque tous.
Ils avaient voyagé longtemps, sans s'arrêter ou presque. S'arrêter, cela les obligeait à se pencher sur leurs blessures. Et elles étaient nombreuses : beaucoup de choses s'étaient produites au cours de cette dernière année. Des événements sombres, lourds de conséquences pour un seul et même clan dalatien.
Malédiction, trahison, perte.
Promesse, guerre, victoire.
Pertes.
Promesse, guerre, victoire.
Pertes.
Il fallait reconstruire. Il fallait reprendre la route. L'immobilisme ne leur convenait pas. Ils étaient un peuple itinérant. Même meurtris, ils devaient bouger. S'éloigner de cette terre gorgée de sang et de malheur.
Alors ils avaient fui vers l'Ouest, franchissant de nombreuses frontières. Un soleil puissant les avait accueillis, avait lavé la corruption laissée par l'enclin. Et sur la route, sous la direction de l'archiviste Lanaya, ils avaient voulu se reconstruire. Alors ils oublièrent, pour un temps dumoins, les blessures laissées par leur passé. Ils étaient en vie. Des survivants, les dignes représentants de leur peuple de tout temps persécuté, mais si fière. Le soleil avait bronzé leurs peaux pâles, et des sourires étaient revenues sur leurs lèvres.
Les voiles de leurs aravels, d'un rouge lumineux, se gonflaient d'un vent pur. Le ventre des femmes du clan se gonfla vite de manière analogue. Les nouveau-nés, les nouveaux membres du clan, emplirent le ciel de leurs cris optimistes. Eux n'auraient pas à souffrir des cicatrices de leurs parents. Mais même si le clan se reconstruisait lentement, il n'en restait pas moins désœuvré : sa richesse se trouvait encore dans la forêt de Bréciliane. Ils récoltaient et travaillaient l'écorce de fer. Ce matériel quasiment magique, plus solide que le métal mais bien plus léger, était la pierre qu'ils apportaient à la reconstruction de leur race. Ils en maîtrisaient l'utilisation depuis l'ancien temps, mais ce savoir-faire, comme bien d'autres, avait été perdu. Varathorm, le maître artisan du clan, travaillait à la redécouverte de ces savoirs. Son nom était reconnu, même parmi les autres clans. Mais leurs réserves du précieux matériel s'étaient bien vite épuisées. Il fallait rentrer. Et c'est dans les petits yeux innocents de leurs enfants qu'ils trouvèrent la force de rebrousser chemin.
La forêt, à leur image, était méconnaissable. Des flammes noires l'avaient ravagé. Les flammes noires de la corruption des engeances. Mais comme le clan lui-même, la forêt avait entamé sa reconstruction. De tous jeunes arbres poussaient parmi les troncs sans vies de leurs ancêtres, leurs feuilles d'un vert tendre tendant avec optimisme vers le ciel. Buissons, fougères et graminées s'étaient développés dans les premiers étages du sol, ils avaient lavé par leurs racines la souillure de la terre. De belles fleurs écarlates les accueillirent, alors qu'ils se stoppèrent dans une clairière. La même clairière que dans le temps. Les dalatiens étaient un peuple de traditions.
Alors, ils s'étaient organisés. Les chasseurs avaient repris leurs rondes attentives, étendant de plus en plus le territoire des dalatiens. Leurs pas furtifs emplirent vite le silence pesant de cette forêt presque dépeuplée. Les femmes et les hommes restants organisèrent le campement en lui-même, arrangeant les aravels pour qu'elles délimitent un périmètre clair. Ils établirent le brasier, cœur véritable du camp, et disposèrent les bancs tout autour. Ils regroupèrent leurs provisions dans deux caravanes dédiées, établirent les autels aux dieux, s'occupèrent des offrandes. Le troupeau d'halla, plutôt large, fut installé derrière des barrières peintes en blanc. Lanaya et son second supervisèrent le tout, puis l'archiviste fit appeler un messager. Elle devait signaler leur retour, au moins à une personne. Elle écrivit une courte missive au Roi de Férelden.
Dans une aravel un peu à l'écart, une agitation toute particulière régnait. Varathorn affrontait une nouvelle fois son jeune apprenti, Taven, tout juste vingt ans :
Ola jeune homme, où crois-tu aller comme ça ?
Le jeune homme blond clair, les cheveux coupés court, passa sous le comptoir avec empressement. Lorsqu'il se retourna vers son mentor, il lui jeta un regard dur de ses yeux jaunes. Son visage, couvert de taches de rousseur, portait le vallaslin du dieu June. Une unique boucle d'or pendant au milieu de son oreille, transperçant son cartilage. Il tira sur sa tunique bleue et fit un vague geste en direction de l'orée de la clairière :
Les chasseurs, ils ...
Taven. Nous en avons déjà parlé. Ne va pas traîner dans leurs pattes : tu vas les gêner. Tu es un artisan, pas un chasseur. Maintenant aide-moi à finir l'installation. Plus vite nous nous remettrons au travail, mieux ce sera.
Taven serra le poing. Son visage tout entier était crispé. Il ne pouvait cacher sa frustration. Depuis que la lisière de Bréciliane avait été en vue, le jeune apprenti était devenu intenable. Il n'avait eu de cesse de s'éclipser, de harceler les chasseurs. Il semblait chercher quelque chose, et ne trouverait le repos que lorsqu'il l'aurait retrouvé. Varathorn avait du mal à le reconnaître. Néanmoins, cette fois-ci il obéit.
Et vite, un feu vif flamba sous la forge, et le travail repris également au cœur de cette aravel bien particulière. Ils s'étaient installés. Ils étaient revenus sur leurs pas. Tous voulaient guérir. Presque tous.
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Cela faisait un an à peu près qu’il était roi et il avait toujours peur qu’on le chasse à coup de pied au cul en lui disant qu’il n’avait rien à faire sur le trône. Il n’avait jamais eu envie de diriger. Mais on ne lui avait pas laissé le choix. Il n’était ni infatué ni mercantile contrairement à de nombreux dirigeants. Il savait ce que c’était que de vivre en bas de l’échelle sociale. Élevé pour suivre et servir il n’avait aucun talent de chef. Pourtant il se donnait du mal. Il étudiait des livres poussiéreux sur l’art de diriger et sur la politique. Il écoutait ses conseillers qui avaient tous un avis sur tous les aspects de sa vie. Et bien que cela lui fasse mal de le reconnaître, Anora avait un don pour la politique. Il s’effaçait souvent pour la laisser faire. Il en voulait tellement au héros de l’avoir mis sur le trône. Il lui en voulait pour beaucoup de choses, entre eux c’était la guerre froide. Alistair essayait de ne pas montrer son animosité. Mais c’était difficile, alors il avait simplement coupé tout contact et il s’en portait un peu mieux. Même si elle avait meurtri son cœur. Il serra ses mains sur la bride de sa monture. Encore aujourd’hui il avait du mal à comprendre pourquoi elle avait eu besoin d’être aussi… Ignoble avec lui. Et tout de suite après comme si elle prenait plaisir à le voir souffrir, elle allait voir Zevran… Il lui avait fallu prendre sur lui pour lui offrir cette rose, il n’était pas doué avec les mots et encore moins avec les femmes.
Alistair se secoua un peu, ce n’était ni le moment de se plonger dans ses souvenirs ni celui de se mettre à vouloir tourner bride et aller s’expliquer avec ce maudit elfe. Il soupira un peu, le trajet depuis Denerim avait été long mais il ne s’en plaignait pas. Il était mieux là sur les routes à voir son peuple et son pays plutôt qu’enfermer à Dénérim à ne pouvoir prendre des décisions que le cul assis sur un trône loin de tous les soucis que les petites gens avaient à surmonter. Être sur les routes, dans l’action c’était là sa place. Il était gardé des ombres pas roi. Quitter la garde, voilà ce qu’il avait eu le plus de mal à accepter, ne plus pouvoir se revendiquer comme tel. Pourtant il sentait toujours son sang souillé, il faisait toujours des cauchemars, il sentait la terre encore souillée de l’Enclin mais qui se soignait peu à peu. Il sentait la souillure reculée, il voyait la vie revenir peu à peu. Mais il savait qu’il faudrait du temps, que certaines terres ne seraient plus jamais habitables par un être vivant hors démons et engeances. Il grimaça un peu, le balancement de son cheval commençait à lui donner mal dans tout le corps, à rester à Dénérim il commençait à perdre en forme physique. Il faudrait qu’il s’en inquiétât mais l’après Enclin était bien plus important. Les maisons c’était facile à reconstruire, les vies par contre, là il ne pouvait pas y faire grand-chose.
Le bruit des sabots sur les pierres, le son étouffé des conversations de ses hommes. Cela le rassurait quelque part, c’était des choses qu’il comprenait. Et c’était également le calme avant la tempête. Sans vraiment savoir d’où lui venait cette idée folle, il avait eu en tête de rendre visite aux clans Dalatiens de Bréciliane. Enfin en particulier à un clan. Il avait reçu une missive de l’archiviste Lanaya lui annonçant leur retour. Il y avait vu là une bonne raison de leur rendre visite. Après tout l’Héroïne avait promi des terres, il fallait qu’il montre qu’il n’oubliait pas cette promesse. Même si techniquement elle n’émanait pas de lui et que rien ne l’y obligeait. Mais il ne devait pas oublier le sacrifice des elfes. Et son animosité envers l’héroïne ne devait pas entrer en compte. Il fît monter le camp assez loin des elfes pour ne pas leur donner l’impression de marcher sur leurs plates-bandes. Puis une fois reposé il prit avec lui une garde rapprochée réduite et un scribe avant de prendre la direction du clan Dalatien. Il ne voulait pas venir en force et imposer sa présence, il voulait prouver qu’il était là en ami. Pas en roi et propriétaire des terres, en ami et voisin. Ce n’était pas officiel, mais les humains se faisaient rare dans la forêt, c’était tacite depuis longtemps, la forêt aux elfes les humains en visiteurs respectueux. Devant les gardes du clan il s’inclina avec respect.
« Andaran atish'an, je suis Alistair Thierine, j’ai reçu une missive de votre archiviste. J’aimerais lui parler et à votre clan. J’ai des choses à voir avec vous et j’aimerais également m’assurer que vous vous remettez de l’Enclin. Et vous rassurez quant à la promesse de l’Héroïne, je ne peux décider seul. Mais sachez que c’est en cours. » C’était en cours de négociation, mais ce n’était pas facile, oui les elfes avaient aidé, mais donner de l’importance à ce peuple . C’était impossible pour une grande partie de la noblesse. Et même pour le peuple, beaucoup de préjugés et il fallait travailler là-dessus, mais comment ? Comment donner de l’importance à un peuple sans donner l’impression à un autre qu’il était spoilé ? Alistair était peut-être trop naïf encore, mais il voulait essayer de faire du mieux possible pour tout le monde. Il observa les gardiens du camp. C’était comme avant. Quand il était venu avec le héros. Les visages cependant semblaient plus durs… Les épreuves se lisaient sur leur visage. Eux aussi avaient souffert, perdu, combattu. Mais l’on semblait vouloir oublier leur sacrifice, le réduire à néant, les obliger au silence. Et si en tant que roi il pouvait éviter ça, alors il le ferait. Même si c’était l’unique chose qu’il pourrait faire et peu importe le temps que ça prendrait. Il rendrait aux elfes leurs lettres de noblesse, en tout cas en ce qui concernait l’enclin. Tout être vivant méritait respect et sécurité de cela il en était convaincu et le racisme primaire n’avait plus sa place en Ferelden. Ils devaient être unis, tous sous la même bannière s’ils voulaient voir un jour le royaume se reconstruire et prospérer. Mais pour cela il fallait faire des efforts des deux côtés et ce n’était pas toujours facile. Il pouvait le comprendre, les elfes avaient souffert et soufraient encore à cause des humains. Mais si tout le monde restait campé sur ces positions, rien n’avancerait jamais.
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Ils entamaient leur troisième tour de la journée lorsqu'ils se stoppèrent. Dans le calme presque surnaturel de la forêt en reconstruction, ils les entendirent arriver avant de les apercevoir entre les troncs. Les quatre chasseurs se mirent en rang, faisant face à ces intrus, prêt à défendre leur territoire. Leurs arcs étaient passés en travers de leur torse, mais leur épée pendait visiblement à leur taille, prête à être dégainée. Ils laissèrent approcher les humains. Les nouveaux arrivants dépassaient en nombre les chasseurs, pourtant ils ne changèrent pas leur attitude. Ils restèrent droits et fiers, barrant la route de leurs quatre corps. Ils les laissèrent approcher.
Mithras, qui marchait un peu arrière des autres chasseurs de son groupe, passa de nouveau devant l'aravel de l'artisan. Elle s'y arrêta, et demanda à Varathorn :
Andaran atish'an, je suis Alistair Thierine.
L'homme en tête de groupe parlait énormément. Et de manière plutôt confuse qui plus est. Mithra, au centre de la ligne des chasseurs, sourit d'une manière plutôt agressive en détallant le nouveau venu. Bien sûr, elle savait qui était Alistair Thierine. Elle l'avait même déjà rencontré, un an auparavant. Mais ce souvenir semblait provenir d'une autre vie. Tous deux avaient bien changé depuis : ils avaient accumulé des blessures, quelques rides mais surtout de l'expérience. Face au roi de Férelden, le véritable propriétaire des terres sur lesquelles les dalatiens venaient de s'installer, elle redressa sa posture et s'avança.Tuelanen i'na. Je vais vous conduire auprès de notre Archiviste.
Répondit Mithra avec gravité. Puis sur un simple signe de tête, les autres chasseurs encadrèrent le groupe de nouveaux arrivants. Mithra dicta la cadence de leur progression, entraînant les autres dans son sillage. Elle les conduisit en direction du camp, puis les dirigea en son cœur. Sur leur passage, les mères qui formaient un groupe près d'une seule et même aravel, leurs nourrissons allongés sur des couvertures à même le sol gesticulants mollement leurs petits poings potelés en direction du ciel bleu, leur portèrent des regards inquiets. Ils passèrent près des marmites où le repas était en cours de préparation, un délicieux fumet olfactif les enveloppant un instant. Puis ils passèrent devant l'aravel de l'artisan, où Varathorn salua leur passage d'un signe de tête discret. Puis enfin Mithra se présenta devant Lanaya. Elle s'inclina devant l'archiviste, et s'éloigna sans le moindre bruit.En'an'sal'en messieurs, et bienvenu parmi nous. Avez-vous fait bonne route ?
L’accueillit l'Archiviste chaleureusement. Ses cheveux savamment tressés tombaient sur ses épaulières couvertes d'une épaisse peau de loup sombre, qu'elle resserra d'une main pâle. Son visage, bien qu'avenant, portait tous les stigmates de la plus profonde fatigue. Mais le regard qu'elle porta au roi était des plus optimistes.Je m'excuse d'avance de la précarité des conditions dans lesquelles nous sommes forcés de vous accueillir, mais nous venons juste de finir de nous installer !
Elle invita le roi et son scribe à prendre place sur deux petits tabourets d'aspect rustiques, et elle pris elle-même place sur un siège analogue. Sa première, une jeune elfe s’accrochant fermement à son bâton de mage, resta quant à elle debout.Mithras, qui marchait un peu arrière des autres chasseurs de son groupe, passa de nouveau devant l'aravel de l'artisan. Elle s'y arrêta, et demanda à Varathorn :
As-tu encore de l'extrait de venin ou souhaites-tu que l'on t'en rapporte ?
Oh, c'est très gentil Mithras mais Taven ne cesse de refaire le stock. Je me demande où il va les chercher.
Il est à l'arrière ?
Oui : nous venons de finir une pièce, il doit être en train de la tester.
Elle salua l'artisan et contourna l'aravel d'un pas rapide mais toujours sans bruit. Elle trouva le jeune homme, toujours apprentis, en train d'effectuer de rapides moulinets avec une lame courte et brillante. En l'observant attentivement, elle se rendit compte qu'il avait fait des progrès concernant le maniement de l'épée. Et dans son cas, ce n'était pas une bonne nouvelle. Elle soupira et s'avança.Taven ? Quand vas-tu apprendre à te limiter à ton rôle ?
Il leva sur elle un regard dur, froid, et reprit son enchaînement avec d'autant plus de rage. Elle se saisit d'une autre épée neuve dans le râtelier le plus proche, et désarma l’apprenti sans aucune difficulté.Ta colère t'aveugle petit Taven, comme toujours. Tu as même raté l'arrivée des Shemlen !
Elle rit alors d'un rire cruel alors que les yeux du jeune elfe s'écarquillaient. Sans rien ajouter de plus, il se précipita hors de l'ombre de l'aravel en direction de la tente de l'archiviste. Satisfaite, Mithras s'en retourna en direction de la forêt, encore secouée de son rire cruel.Invité
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Alistair n’était pas vraiment doué pour ce genre de chose. Il était plus habitué à user d’une lame plutôt qu’ont utilisé les mots. Encore une chose qu’il fallait qu’il travaille. Mais bon, pas forcément besoin de toujours faire des ronds de jambes à tout le monde. De toute façon ce genre de chose ça avait tendance à vite épuiser sa patience. Alors bon, il faisait comme il avait toujours eu l’habitude de faire. Et sûrement que son éducation canine avait tendance à lui remonter de temps en temps. Pourquoi faire des simagrées tout le temps ? C’était épuisant et pour lui et pour les autres et puis il n’y avait que les nobles et les Orlésiens qui avaient autant de temps à perdre avec cette étiquette rigide. Il était un soldat lui, il avait grandi en tant que soldat et donc il pensait et agissait comme un soldat. Cela changerait peut-être un jour, mais pour le moment il était comme il était. Il sourit donc un peu à la jeune femme elfique qui lui adressait la parole et opina doucement la tête pour lui prouver qu’il l’écoutait et qu’il respectait sa place de simple visiteur ici. Il suivit donc le groupe elfique entre les arbres et les herbes folles et libres. Il savoura l’air frais qui venait caresser son visage et le son qu’il faisait dans les feuilles. La dernière fois qu’il était venu l’urgence et la mort n’avait pas permis au groupe et donc à Alistair de savourer la quiétude et la beauté de la forêt. Les arbres lui donnaient toujours l’impression étrange et inquiétante de pouvoir le suivre du regard. La forêt avait sa propre vie et sa propre histoire dans laquelle il se sentait étrange. Et pourtant elle aussi pleine de vie, les arbres pour commencer, qui peu à peu revenaient à la vie après l’Enclins, leurs branches jeunes et claires leurs feuilles vertes et tendres. Mais également les cours d’eau qui il le savait, étaient là à courir un peu partout entre les racines, les talus et les pierres. C’était plutôt apaisant comme endroit, si on retirait les flèches pointées et les yeux perçants qui vous suivaient partout où vous alliez… Et encore, il n’y avait plus de loups garous... Parce que ça aussi ce n'était quand même pas super bon pour le tourisme. Enfin personne ne voulait venir ici de toute façon les elfes en colère qui tiraient à vue suffisaient généralement à garder tout le monde dehors, sauf les plus téméraires et les mieux armées. Il espérait juste que les humains prendraient conscience que les elfes n’étaient pas des esclaves nés et qu’eux aussi méritaient une vie libre de toutes contraintes. Mais c’était un encore plus gros problème et il y avait sûrement d’autres choses à voir avant ça. Et s’il savait que dans 10 ou 15 ans il n’aurait toujours pas réglé cette promesse de terres, il ne laisserait sûrement pas autant son esprit divagué sur ce genre de sujet.
Son regard dans l’entrée du camp observa les arvales, il sourit en voyant les mères et leurs enfants, il n’y en avait pas quand il était venu avec le groupe et le héros. Une fois devant l’archiviste il s’inclina avec respect et prit place comme elle le lui indiquait. Son scribe prit place à ses côtés et ses hommes eux restèrent debout dans son dos. Il sentait leur tension, mais il leur avait bien fait comprendre qu’ils ne devaient pas sortir leurs lames, sauf attaques de créatures autres que des elfes. Un ours ou un cochard en colère.
« Merci de nous avoir accepté parmi vous Archiviste. Eh oui, le voyage fût agréable merci. Traverser mon royaume avec une garde réduite est une joie pour moi. En tout cas, je suis heureux de voir que la forêt se remet bien. Et que vous aussi. Et j’ai vu de jeunes mères et leurs enfants, c’est rassurant de se dire que vous vous reconstruisez. Je voulais apporter des vêtements et des jouets et je me suis souvenus que vous aviez des artisans de qualité. Alors, je vous offre autre chose. Voici donc ce que je peux faire pour vous. Je me doute qu’avec l'Encline, la forêt ne doit pas être bien giboyeuse, alors j’aimerais mettre en place des points de commerce entre nos deux peuples. À base de troc ou d’argent en fonction de ce que vous aurez. » Il avait beaucoup réfléchi à la question, tellement qu’il avait crue ne jamais trouver quelque chose à offrir en gage de bonne foi. Il fallait dire que ces conseillers avaient renâclé fortement quand il avait fait part de son projet et qu’il l’avait tous laissé réfléchir seul. Après donc une intense réflexion, il avait fini par trouver cette idée, qui, il le pensait était bonne. Cela permettrait d’aider les Dalatiens sans donner l’impression de leur faire la charité. Et en même temps prouver à son peuple que la vie avec ce peuple était possible. Enfin, il fallait encore qu’ils acceptent, l’archiviste semblait ouverte au dialogue, mais cela ne voulait pas dire qu’elle dirait oui à cette offre. Elle pouvait très bien considérer que c’était une ingérence de plus venant des humains. Il passa une main dans ses cheveux, son regard curieux se posant sur les elfes qui semblaient regarder les intrus humains avec peur et curiosité. Il essaya de leur sourire avant de se souvenir qu’il était en pleine conversation avec leur archiviste. Il se tourna donc de nouveau complètement vers elle, entendant du coin de l’oreille, le frottement de la plume du scribe sur son parchemin.
« Comment va votre clan depuis… Enfin, est-ce que tout va bien ? La souillure de l’engeance ne vous a pas trop touché . Je sais qu’elle n’est pas encore complètement partie des terres. Il faudra encore un peu de temps, si vous avez des soucis avec des animaux viciés, je peux vous aller quelques hommes de mon armée pour vous débarrasser de la menace afin que vos chasseurs ne risquent pas leur vie contre des menaces qui n’apporteraient que le malheur dans votre clan. »
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Bien qu'il ait couru, et bien que la distance séparant la petite échoppe sur roues de l'artisan et la tente de l'archiviste soit des plus réduites, un petit attroupement barra bien vite la route de Taven. Tout le camp ou presque avait stoppé ses activités pour se rendre au spectacle. Et quel spectacle ! Le roi de Férelden, celui-là même qui avait participé à l'éradication des loups-garous, était plongé en plein tête-à-tête avec Lanaya. Enfin ça c'était ce que les premiers rangs pouvaient apercevoir sans peine. Pour Taven l'histoire se révélait être plus compliquée : il était de petite taille, plus petit même que certaines femmes, et même en jouant des coudes il peinait à fendre la foule. Son arme neuve toujours en main, il ne put que ronger son frein.
Lanaya, très concentrée, appuyait les dires du roi par de discrets hochements de tête. Elle n'était leur archiviste que depuis une année. Remplir le rôle précédemment tenu par Zathrian, un homme fier de plusieurs centaines d'années, n'était pas aisé, d'autant plus pour une elfe dont l'origine n'était pas dalatienne. Pourtant, elle avait vite su faire ses preuves. Personne ne remettait en cause son autorité. Presque personnes. Et ce jour-là, alors qu'un roi avait répondu à sa convocation, personne n'aurait été en mesure de le faire. Des deux, elle semblait être celle détenant les rênes, tant l'humain ne cessait de se perdre dans ses digressions et ses explications.
L'archiviste continuait à interagir avec le roi :
En prononçant ces derniers mots, Lanaya remarqua Taven parmi les membres de son clan. Elle fut peinée de voir l'expression proprement haineuse affichée par ses traits. C'était comme si, en laissant leur porte ouverte aux hommes, elle le trahissait personnellement. Mais les deux s'étaient déjà bien assez affrontés sur cette question. Ils avaient pratiquement grandi ensemble, depuis qu'elle avait rejoint le clan. Et elle le savait : jamais ils n'arriveraient à un accord. Jamais. Elle croisa son regard et secoua sèchement de la tête, lui faisait comprendre qu'elle n'appréciait pas son comportement.
Mais son regard eut tout l'effet inverse. Plutôt que de forcer Taven à rentrer dans le rang, il ne lui fit que serrer d'autant plus son épée, et durcir son regard.
Lanaya, très concentrée, appuyait les dires du roi par de discrets hochements de tête. Elle n'était leur archiviste que depuis une année. Remplir le rôle précédemment tenu par Zathrian, un homme fier de plusieurs centaines d'années, n'était pas aisé, d'autant plus pour une elfe dont l'origine n'était pas dalatienne. Pourtant, elle avait vite su faire ses preuves. Personne ne remettait en cause son autorité. Presque personnes. Et ce jour-là, alors qu'un roi avait répondu à sa convocation, personne n'aurait été en mesure de le faire. Des deux, elle semblait être celle détenant les rênes, tant l'humain ne cessait de se perdre dans ses digressions et ses explications.
La forêt, tout comme nous, se remet doucement de ce passé difficile que nous partageons tous ici. Les branches bourgeonnent, et comme elles nous nous reconstruisons. Nous nous devons tous de participer à cette reconstruction. Ces bébés et leurs mères sont à l'heure actuelle nos plus grandes richesses.
Un léger mouvement d'approbation s'empara de la foule amassée autour de l’audience plus si privée. Taven en profita pour avancer, mais une main se referma sur son bras, tirant sur la fabrique grossière de sa tunique bleue. Il se retourna pour faire face à une jeune elfe, sensiblement de son âge. Yeden, qui possédait un nez particulièrement court, s'accrocha encore plus à son bras.Tu as entendu notre archiviste Taven ? Nous reconstruire est l'affaire de tous, alors qu'attends-tu ? Nous pourrions nous y atteler tout de suite, non ?
Une expression d'horreur s'empara des traits du petit dalatien, qui s'empourpra sous son vallaslin et ses taches de rousseur. Yeden le lâcha et couvrit sa bouche pour étouffer un rire. Derrière elle Variel mit une main sur son épaule.Tu devrais plutôt venir avec moi. Tu aurais plus de chances d'aboutir à quelque chose. Taven est incapable de ressentir la moindre émotion, à commencer par le désir, et tu es bien placée pour le savoir, non ?
Je me dis simplement qu'un jour il va finir par se décoincer, non ?
Ce sur quoi ils échangèrent un nouveau rire discret. Taven se détourna, les sourcils à présent froncés. Pourquoi ne parvenait-il pas à voir venir leurs attaques ? Elles étaient pourtant plus que prévisibles. Il repoussa sa honte, il enferma sa haine en lui, et serra le manche de son épée neuve. Il se foutait de leur avis. Il se foutait de leur prétendue reconstruction. Rien n'avait changé en un an. Le monde n'en était pas plus sûr. Et cette idée le torturait. En se courbant, il parvint à passer contre les jambes des spectateurs, et à émerger au premier rang.L'archiviste continuait à interagir avec le roi :
C'est une proposition généreuse, je dois le reconnaître. Pourtant elle est malheureusement inadaptée. Nous sommes un peuple nomade, vous le savez bien. Un, ou même plusieurs comptoirs d'échange fixe ne nous servirait que très peu. Je suis en outre dans l'incapacité de répondre à la place de tous les autres clans. Avant d'envisager ce genre d'interactions régulières avec votre peuple, nous devons en discuter. Vous comprenez ? En revanche, nous serons heureux de vous recevoir, et d'échanger au cas par cas, comme nous l'avons toujours fait.
En prononçant ces derniers mots, Lanaya remarqua Taven parmi les membres de son clan. Elle fut peinée de voir l'expression proprement haineuse affichée par ses traits. C'était comme si, en laissant leur porte ouverte aux hommes, elle le trahissait personnellement. Mais les deux s'étaient déjà bien assez affrontés sur cette question. Ils avaient pratiquement grandi ensemble, depuis qu'elle avait rejoint le clan. Et elle le savait : jamais ils n'arriveraient à un accord. Jamais. Elle croisa son regard et secoua sèchement de la tête, lui faisait comprendre qu'elle n'appréciait pas son comportement.
Mais son regard eut tout l'effet inverse. Plutôt que de forcer Taven à rentrer dans le rang, il ne lui fit que serrer d'autant plus son épée, et durcir son regard.
L'enclin et sa corruption ne nous atteint plus, grâce à vous. Grâce aux gardes des ombres. Et grâce au sacrifice de tous ceux qui se sont battus. Mais à présent, certains doivent se battre contre leur propre noirceur.
La remarque, bien que directement adressée à l'intention de Taven, ne le freina pas. Il fit un pas en avant, se détachant de la foule, puis un second.Et quel bien pourraient nous faire plus de shemlens en armes dans cette forêt ?! Fen'Harel ma ghilana !
Avait crié malgré lui Taven, fixant à présent le roi de Férelden. La colère l'avait aveuglée au moment même où il avait reconnu l'homme. La colère, mais aussi la douleur, autant physique que psychologique, qu'il avait associée à la guerre contre l'enclin. La lame de son épée pointait toujours en direction du sol. Il l'avait oubliée. Dans son dos, c'était la consternation.Invité
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Alistair était un peu déçu de la réponse, il avait réfléchi longtemps à quoi offrir aux elfes Dalatiens en guise de main tendue. Vraiment, il avait eu un fourmillement d’idées qui telles des abeilles étaient venu lui piquer le crâne. Telle une tempête sous un crâne. C’était un peuple qui avait souffert, mit de côté, incompris et sous-estimé. Et il voulait juste montrer que tous les humains n’étaient pas les mêmes, que certains pensaient à eux et voulaient leur rendre leurs lettres de noblesse sans pour autant spoiler d'autres peuples. C’était en çà que c’était compliquer, c’était un équilibre qu’il fallait trouver. Et ce n’était pas simple quand la balance était biaisée. En effet, les humains depuis trop longtemps se pensaient supérieurs aux elfes. Cependant l'idée de points-clés et sécurisés pour le commerce lui était apparus un peu comme une épiphanie ! Une oasis au milieu d’un désert. Et voilà que ces espoirs étaient réduits à néant. Oui il n’avait pas pensé au fait que les elfes soient nomades. Le jeune roi se sentait un peu idiot pour le coup. Surtout qu’il y avait de l’audience. Les nobles avaient une piètre opinion de lui, du moins ceux qui laissent leurs oreilles trainer du côté d’Anora. Les autres attendaient de voir ce que ce roi bâtard allait devenir. Il avait le peuple de son côté mais pour combien de temps ? C’est pour cela qu’il devait faire attention à bien gérer cette discussion avec les Dalatiens. Sinon c’était une étincelle sur un baril de poudre qu’il allait faire et malheureusement c’était lui qui était assis sur la poudrière. Lui et tout son peuple.
Il sentait que sa garde commençait à se tendre un peu. Il entendait leurs mains gantées de métal glisser sur les gardes des lames. Il sentait la tension sans même avoir besoin de les regarder. C’était leur roi assis nonchalamment au milieu des elfes et il avait ordonné de garder l’épée à la hanche quoi qu’il arrive. Alistair ne leur prêta pas attention, tout concentré qu’il était sur l’archiviste cherchant à tourner ce souci de cadeau dans tous les sens mais sans trouver d'autres alternatives possibles et acceptables pour les deux parties. Il était partie pour de nombreuses autres heures de réflexion. De plus il ne comprenait pas bien pourquoi ses hommes étaient si nerveux, il ne décelait aucune animosité venant des Dalatiens. Les elfes étaient simplement curieux de ce que leur archiviste pouvait bien dire à un roi humain. Et aucuns ne montraient de signe de violence. À eux de gérer ça. L’ancien garde des ombres se gratta les joues avant de reprendre la parole.
« Bien, je comprends et je me rends compte que ma proposition ne peut vous combler. Quant à rencontrer les différents clans j’en serais ravi. Je pense que c’est en discutant ensemble que nous pourrons améliorer les choses et mieux nous comprendre. Restez campé chacun sur nos positions ne peut rien nous apporter de bien. Nous avons assez fait la guerre il est temps que nous cherchions à nous allier. Ce qui serait bon pour nos peuples je le pense et... » Alistair fût coupé par un éclat de voix. Il vit sa garde se resserrer autour de lui comme un piège à loup se refermer sur sa proie. Voilà pourquoi il ne voulait pas venir avec des gardes, dans ce genre de situation il aurait été mieux seul pour désamorcer le conflit plutôt qu’entourer d’hommes en armure prêts à occire le malotru qui s’en prenait à leur souverain. Mais Alistair n’était pas vraiment du genre à se cacher derrière des gardes. Oui bon il était roi sans héritier blablabla, il devait faire attention. Mais il restait un homme d’action et malheureusement pour sa garde et ses conseillers, il n’était pas encore assagi. Il se redressa et leva la main en signe d’apaisement envers les soldats qui étaient prêts à sauter sur l’importun qui menace leur roi. Alistair regarda le jeune elfe avant de tourner la tête vers ses hommes et d’une voix calme et sereine il tenta de désamorcer la situation avant que ça ne tourne à l’affrontement rangé.
« Rengainez vos lames. Immédiatement. »
« Mais Votre Majesté il... »
« Il a une épée oui, mais elle ne pointe pas vers moi. De plus, ses griefs ne sont pas totalement dénués de sens et en dégainant vous ne faites que leur donner plus de poids. Parfois, garder sa lame à la hanche est le meilleur moyen de gagner un combat. » Il entendit que les hommes n’étaient pas ravis d’obéir, mais il s’en fichait, ils étaient là en invité et quoi . Ils allaient tous se lancer sur un seul elfe un peu véhément . Il comprenait bien mieux pourquoi toutes les races pensaient que les humains ne connaissaient qu’une seule façon de régler leur souci. Si dès qu’une personne un peu en colère leur disait quelque chose qui ne leur plaisait pas, ils sortaient les lames. Alistair fît reculer la garde et se tourna complètement vers le jeune elfe. Il l’observa longuement, il ne l’avait pas déjà rencontré . Il ne se souvenait pas très bien. Il leva les mains devant lui en signent de paix et pour montrer qu’il n’avait pas l’intention de l’attaquer.
« Je comprends votre colère et ce n’était pas mon intention de l’attiser en proposant mes hommes pour sécuriser la forêt. Je voulais simplement par ce geste montrer que votre bien-être m’importe. Je ne peux guère faire plus pour le moment. Si vous avez vu dans cette proposition une façon détournée d’asseoir mon autorité sur vous sachez qu’il n’en est rien. Je veux simplement m’assurer que vous allez bien et que l’Enclin n’est plus une menace pour vous. Vous avez souffert lors de la guerre. Perdu beaucoup de vos guerriers. C’était une main tendue mais je me rends compte qu’elle était superflue et je n’avais pas pensé que vous prendriez cela pour menace ou insulte. Pardonnez-moi… » Il l’observa toujours dans la même position sans bouger, c’était le jeune elfe qui avait la suite de la discussion entre les mains. S’il se calmait Alistair le ferait asseoir à ses côtés et le laisserait s’exprimer. Sinon, il n’était pas vraiment certain de la réaction de ses hommes. De tout cœur il espérait que l’archiviste ou un autre des Dalatiens arriveraient à le calmer. De tout son cœur il priait Andrasté d’empêcher le sang de couler, il n’avait que trop nourrit la terre en ce lieu.
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Le coup d’éclat de Taven n'eut pas l'effet escompté. A vrai dire il n'avait pas cherché à provoquer la moindre réaction, il s'était simplement laissé emporter par son instinct malade. Mais évidemment, son intervention allait avoir de lourdes conséquences, sur lui comme sur les autres membres de son clan, comme pouvaient en témoigner les armes sorties au clair des shemlens pourtant invités. Alors seulement Taven se rendit compte du poids qui alourdissait son poignet, et donc de la présence au bout de son bras de cette épée à peine forgée.
Les elfes formant la foule, d'abord consternés par les paroles sans queue ni tête de Taven, eurent tous un mouvement de recul devant les armes et l'attitude des shemlens. Oui, ils étaient en formation défensive, prêts à protéger leur roi, mais aux yeux des elfes, ces armes ravivaient de douloureux souvenirs. Ces armes au poing des humains ravivaient surtout leur peur dévorante du monde extérieur, ainsi que leur impression d'avoir été dépassés par un monde infiniment plus préparé qu'eux. Ils n'avaient pas eu le temps de se reconstruire, pas eu le temps d'atténuer leurs fragilités. Les nourrissons, dans les bras de leurs mères, se mirent à geindre, puis véritablement à hurler de peur.
Mais le roi retint la main de ses hommes. Trouvant dans ce geste le courage nécessaire, un homme et une femme s'emparèrent de l'épée de Taven, un peu brusquement.
Le roi de Férelden s'adressa ensuite directement à Taven. Il s'excusait alors que l'intervention même du jeune elfe était impardonnable. Dans la foule, tous choisirent leur camp : leur sympathie alla vers le plus raisonnable des deux, déjouant en cela tous les pronostiques; allant au-delà de la différence de race. Les dalatiens étaient un peuple fier, mais ils n'étaient pas stupides.
Pourtant rien dans les nombreuses paroles du roi ne sembla calmer l'apprenti de Varathorn, bien au contraire. Taven, maintenant les mains libres, s'étaient mis à serrer les poings. Il tremblait véritablement de rage et plus rien ne pouvait plus le stopper à présent. Il n'avait d'ailleurs que peu entendu des explications du roi. A chaque fois qu'il posait ses yeux sur lui, à chaque fois qu'il détaillait sans le vouloir ses cheveux roux et ses yeux sombres, Taven était renvoyé à ses souvenirs, à ses blessures non cicatrisées. Ces blessures qu'il rouvrait lui-même jour après jour pour être certain de ne pas oublier. Cet homme, accompagné de quelques autres, lui avait volé la chose la plus précieuse de sa vie. Ils lui avaient ôté la présence de Zathrian, leur bien-aimé archiviste, défenseur de leurs coutumes et gardien de leur passé. Cet homme et les siens avaient décidé du destin de tout un peuple en s'en prenant à cet archiviste. *Il est mort.* Pensa Taven avec gravité, pour la première fois. *Zathrian est mort et cet homme est vivant !* Pire : il était devenu roi. Ce n'était pourtant pas le moment le plus opportun pour effectuer son deuil. Pour passer du déni à la colère.
Voyant que la situation risquait de se dégrader, Lanaya prit les devants. Elle désigna Taven du doit et déclara d'une voix froide et claire :
Une fois le calme revenu, Lanaya se retourna vers Alistair :
Les elfes formant la foule, d'abord consternés par les paroles sans queue ni tête de Taven, eurent tous un mouvement de recul devant les armes et l'attitude des shemlens. Oui, ils étaient en formation défensive, prêts à protéger leur roi, mais aux yeux des elfes, ces armes ravivaient de douloureux souvenirs. Ces armes au poing des humains ravivaient surtout leur peur dévorante du monde extérieur, ainsi que leur impression d'avoir été dépassés par un monde infiniment plus préparé qu'eux. Ils n'avaient pas eu le temps de se reconstruire, pas eu le temps d'atténuer leurs fragilités. Les nourrissons, dans les bras de leurs mères, se mirent à geindre, puis véritablement à hurler de peur.
Mais le roi retint la main de ses hommes. Trouvant dans ce geste le courage nécessaire, un homme et une femme s'emparèrent de l'épée de Taven, un peu brusquement.
Le roi de Férelden s'adressa ensuite directement à Taven. Il s'excusait alors que l'intervention même du jeune elfe était impardonnable. Dans la foule, tous choisirent leur camp : leur sympathie alla vers le plus raisonnable des deux, déjouant en cela tous les pronostiques; allant au-delà de la différence de race. Les dalatiens étaient un peuple fier, mais ils n'étaient pas stupides.
Pourtant rien dans les nombreuses paroles du roi ne sembla calmer l'apprenti de Varathorn, bien au contraire. Taven, maintenant les mains libres, s'étaient mis à serrer les poings. Il tremblait véritablement de rage et plus rien ne pouvait plus le stopper à présent. Il n'avait d'ailleurs que peu entendu des explications du roi. A chaque fois qu'il posait ses yeux sur lui, à chaque fois qu'il détaillait sans le vouloir ses cheveux roux et ses yeux sombres, Taven était renvoyé à ses souvenirs, à ses blessures non cicatrisées. Ces blessures qu'il rouvrait lui-même jour après jour pour être certain de ne pas oublier. Cet homme, accompagné de quelques autres, lui avait volé la chose la plus précieuse de sa vie. Ils lui avaient ôté la présence de Zathrian, leur bien-aimé archiviste, défenseur de leurs coutumes et gardien de leur passé. Cet homme et les siens avaient décidé du destin de tout un peuple en s'en prenant à cet archiviste. *Il est mort.* Pensa Taven avec gravité, pour la première fois. *Zathrian est mort et cet homme est vivant !* Pire : il était devenu roi. Ce n'était pourtant pas le moment le plus opportun pour effectuer son deuil. Pour passer du déni à la colère.
Voyant que la situation risquait de se dégrader, Lanaya prit les devants. Elle désigna Taven du doit et déclara d'une voix froide et claire :
Éloignez-le. Enfermez-le dans une aravel et prévenez Varathorn. Il est le seul à pouvoir le calmer.
Alors la foule se referma sur Taven en un seul mouvement fluide. Il n'avait pas eu le temps de réagir. Des mains enserraient ses bras, depuis ses poignets jusqu'à ses épaules. On lui retenait également les jambes et quelqu'un exerçait une pression sur sa nuque. Mais il tenta tout de même de se défendre. Devant l’indifférence des siens, Taven frappa l'air, mordit les mains qui tentèrent de le faire taire, et rua à plusieurs reprises alors qu'on le soulevait du sol. Il fut emmené, comme l'avait souhaité l'archiviste, alors que des larmes coulaient silencieusement depuis ses yeux. Il était parfaitement impuissant.Une fois le calme revenu, Lanaya se retourna vers Alistair :
Ne vous y trompez pas : les paroles de Taven ne représentent en rien l'avis de nous autres, et notre sentiment à votre égard. Nous sommes responsables de son comportement : nous lui avons caché bien des choses, et notamment l'implication de notre ancien archiviste dans la malédiction qui sévissait dans ces bois, il y a un an de cela. Pour notre part, nous vous serons éternellement reconnaissants pour ce que vous avez fait, pour la trêve que vous avez sus négocier à l'époque, et pour le mal que vous vous donnez aujourd'hui encore pour notre peuple.
Elle regarda une nouvelle fois dans la direction où Taven avait été emporté, pensant avec regret qu'un nouveau palier venait d'être franchis. Un palier de trop. Elle allait devoir avoir une explication avec l'apprenti de l'artisan. Puis elle reporta son attention en direction d'Alistair, et lui sourit avec bonté :Mais qu'en est-il de vous ? Comment se passe votre règne ? Cela doit être difficile de vous faire une place, surtout si vous êtes animé de ce genre de projet ! Nous autres, elfes des villes ou dalatiens, n'avons jamais été un sujet de préoccupation jusque-là !
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Alistair fût peiné de la tournure des événements les cris des enfants en bas âge lui vrillaient les tympans il lisaient la peur dans les regards et sur les visages. Mais heureusement ces hommes lui obéir et il entendit les lames retourner dans leurs fourreaux. D’un nouveau geste de la main il fît reculer sa garde de quelques pas en arrière. Pas la peine qu’ils soient aussi proches de lui. Surtout qu’il vit que l’elfe se faisait désarmer par ses camarades et ça là qu’il le reconnut. Oui. Il se souvenait maintenant, voilà pourquoi les traits de son visage lui semblaient familiers. Tout devenait clair et il comprenait bien mieux la réaction du jeune homme. Il aurait voulu échanger avec lui. Lui expliquait ce qu’il c’était passer ce jour-là mais on ne lui en laissa pas l’occasion et peut-être que c’était mieux ainsi. Parce qu’Alistair manquait peut-être de douceur et qu’il aurait tout dit de l’histoire sans prendre gare et sûrement que cela aurait causé bien plus de mal que de bien. Par le créateur, tout cela ne prendrait donc jamais fin. Il observa l’elfe être traîné de force loin de lui ne ratant rien des larmes dans ses yeux qui lui criaient haine et colère. Il comprenait la décision de l’archiviste, elle devait protéger le plus grand nombre, mais l’humiliation que le jeune elfe venait de subir ne ferait sûrement qu’enflammer sa colère. Le jeune roi aurait bien demandé une audience avec lui, mais cela n’aurait fait qu’attiser un peu plus les braises de son ressentiment. Il laissa un long soupir s’échapper de ses lippes rendues sèches par le voyage et l’air frais. L’elfe belliqueux disparut de sa vision, avaler par ses compatriotes qui semblaient se rasséréner en le voyant être emmené loin et en constatant que la violence avait été maîtrisé. Afin que cela ne se reproduise pas Alistair se tourna vers ses hommes. Les esprits s'étaient échauffés vite et il aurait suffi d’un rien pour que tout cela ne tourne au bain de sang.
« Allez m’attendre à l’extérieur du camp s’il vous plaît. »
« Mais Votre Majesté les ordres sont... »
« Les ordres ? De qui ? C’est moi qui vous les donnes pour le moment. Allez m’attendre à l’extérieur du camp. Vous pouvez même rejoindre le nôtre. Je devrais pouvoir m’en sortir. » Même si cela ne leur plaisait pas, les hommes inclinèrent la tête et traversèrent le camp en sens inverse pour aller se poster non loin de l’entrée du bivouac Dalatiens. C’est seulement là, qu’Alistair se tourna vers l’archiviste lui prêtant une oreille attentive avant de grimacer un peu à sa question.
« Je le sais et je n’ai pas pris ombrage des paroles du jeune Taven. Mieux que cela. Je comprends sa douleur et sa peine et je viens de le reconnaître. Je ne sais pas ce qu’il sait ou croit savoir de… Mon passé avec votre clan. Mais peut-être devrais-je essayer d’en discuter avec lui. Ne soyez pas trop dur envers lui. Je connais ce sentiment qui vous étreint quand vous perdez une figure importe pour vous. Proche d’un père… Et que vous êtes dans l’incapacité de le venger et d’assouvir cette haine qui vous étreint jusqu’aux tripes. » Lui aussi après tout avait vécu ce genre de situation. Et il savait que si le destin le mettait de nouveau en relation avec Loghain il réagirait comme cet elfe. Peut-être même de façon bien plus agressive. Il ne pointerait pas sa lame vers le bas. Il secoua la tête, ne voulant pas se laisser submerger par tout cela, il sourit un peu à l’archiviste en se passant une main dans ses cheveux et en prenant de nouveau place sur le siège qu’elle lui avait offert en arrivant. « Être roi ce n’est pas du tout ce que j’imaginais ! Je me voyais ne rien faire assis sur mon trône pendant que d’autres feraient le travail à ma place. Mais pensez-vous ! Il y a toujours quelqu’un pour me demander quelque chose. Et puis, je ne suis même pas libre de faire ce que je veux ! Enfin, c’est mal venu de dire une chose comme ça. De nombreuses personnes sont bien plus malheureuses que moi. C’est simplement, que le poids de la couronne me semble certains jours… Insupportable. Quant à mes dispositions envers vous… Croyez bien que j’aimerais faire plus et plus vite. Mais malheureusement, je ne le puis. Donner des terres aux Dalatiens, aider les elfes du bas cloître. Changez les mentalités . Ce sont des choses que je ne peux faire seul et pour le moment je suis seul. Mais je vais continuer à essayer et à avancer étapes par étapes. Je ne peux rien faire de plus. Mais sachez que je ne vous oublie pas. Même si je peux en donner l’impression. Surtout que l’Héroïne est un elfe aussi et que cela améliore plutôt l’image de votre peuple aux yeux des Féréldiens. Ils n’oublient pas que c’est un elfe qui à sauver leur pays. Malheureusement il n’y a pas que les elfes qui demandent leur part. Les Mages s’agitent, les templiers aussi. Et mes espions m’apprennent que dans certains endroits l’Enclin n’est pas encore assez partie pour permettre la réinstallation de la vie et je crains qu’elle ne le soit jamais. Boscret a disparu pour une grande partie sous les flots à cause des engeances me dit ont. Lothering a totalement été rayé de la carte. Dénérime fume encore et partout la vie doit encore se battre pour reprendre ses droits. Je sais que cela prendra fin mais je ne sais pas quand. C’est pour cela que je suis heureux de voir qu’ici, la souillure semble reculer et la vie gagnée du terrain. » Il sourit en voyant du coin de l’œil les mères avec leurs enfants. En plus des mabaris et du fromage, le jeune roi adorait les enfants. Son sang rendant le rendant stérile ou pas loin il n’avait que peu de chances d’en avoir lui-même. Et puis pour cela il lui faudrait trouver une femme. Ce qui était mal partie disons-le. Mais il aimait bien se rendre aux deux orphelinats de Dénérims pour jouer avec les enfants et distribuer des jouets. Mais il n’était pas là pour jouer les tontons humains gâteaux. Il se tourna complètement vers l’archiviste.
« Et vous ? Archiviste alors. Comment vous vous en sortez ? Ce n’est pas trop dur . Je suppose que c’est comme porter une couronne beaucoup de responsabilités et peu d’heures de sommeil. Si je peux vous aider. Dites-le-moi. » Il se mordit la lèvre et change de position pour s’avancer un peu vers l'archiviste et baisser de ton. « Ce jeune homme Taven. Pensez-vous que... Pensez-vous que je doive lui parler ? Pour lui expliquer ce qu’il s'est passé ce jour-là avec votre prédécesseur . »