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Mar 22 Jan 2019 - 18:36

Anonymous
Invité

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Siha se sentait entouré d'un épais brouillard, la fatigue et la retombée d'adrénaline ne l'aidant pas à y voir très clair. Néanmoins même la vive chaleur de l'alcool ne pouvait l'aveugler au point de lui faire oublier la situation dans laquelle il se trouvait : sa sécurité, et surtout celle de Zevran et des deux pauvres filles qu'ils essayaient de tirer de ce cauchemar étaient en jeu. C'est pourquoi quand l'antivan prépara préventivement leurs montures, de son coté il se saisir du restant de ses affaires et surveilla les allées et venues devant l'auberge. Ne constatant rien de suspect, il se congratula d'avoir réglé l'entièreté de leur séjour à l'avance et resta dans l'ombre du bâtiment, ses yeux félins épiant la nuit.

Et bien assez tôt il ne fut pas déçu du voyage. Alors qu'il levait une main pour intimer le silence aux deux filles qui l'avaient rejoint, le remue ménage et les lumières confirmèrent le pire. Se tournant vers Myssa et Alice d'une expression décidée et un brin autoritaire, il n'avait plus rien d'Alcyon, pas même le visage. Seule sa tenue aussi coûteuse que débraillée pouvait encore faire écho à leur première rencontre, et confirmer ce qu'elles auraient autrement du mal à croire.
Fronçant les sourcils en guettant à la fois le retour de Zevran et l'imminence de la découverte de leur stratagème, Siha s'adressa directement à l'adolescente, qui malgré sa jeunesse était clairement la plus apte à suivre les importantes directives qu'il s'apprêtait à donner. Alors que l'ancien corbeau les aidait à monter en selle, le dalatien posa une main sur l'épaule de la benjamine pour qu'elle le regarde dans les yeux.

« Regarde-moi, c'est important. Ceci est mon vrai visage. » Confuse, elle finit par acquiescer, sans toutefois voir où il voulait en venir. Le choc de se tenir devant un dalatien était visible, mais ce n'était pas le moment de donner ou recevoir des explications.

Il indiqua une direction de l'index, et prit soin de détacher ses mots pour se faire le plus clair possible.

« Partez vers l'ouest en longeant les granges, puis les champs. Chevauchez tout droit sans jamais vous arrêter ou regarder en arrière. Quand vous entrerez dans les bois, arrêtez vous. Vous trouverez un campement dalatien sur la colline qui surmonte la mer. Lorsque vous y serez, demandez Sehariel... Il me ressemble à s'y méprendre, vous ne pouvez pas le rater. Remettez-lui ça, et il saura que vous venez de ma part. » Saisissant le poignet de la brune, il glissa une figurine en bois sculpté entre ses doigts qu'il referma délicatement.

Siha se permit ensuite un petit sourire chargé de tendresse et d'amertume, tel était le regret de ne pouvoir les accompagner jusqu'à bon port. Tenant les mains d'Alice entre les siennes, il ne manqua pas de remarquer la curiosité avec laquelle cette dernière avait regardé l'anneau d'écorce de fer qui avait déjà retrouvé place à son annulaire. Néanmoins le temps pressait et les voix s'élevaient dans les rues, écourtant davantage leur conversation. Montant également en selle, il dirigea sa monture d'un geste adroit afin de dispenser quelques derniers conseils.

« Sehariel vous protégera en mon absence, c'est une promesse. » Il lui sembla apercevoir Zevran s'impatienter dans son champ de vision, aussi Siha acquiesça qu'il avait compris. « Maintenant, allez ! »

Il ne leur laissa pas le choix ou l'occasion d'hésiter. Claquant la croupe de leurs montures en premier, il se sentit pousser des ailes faites de culot et d'ivresse. Parce qu'il ne fallait pas se mentir, le mage venait d'user ses deux dernières gouttes de bon sens restantes, et il fallait bien évacuer la frustration et détourner l'attention d'une façon ou d'une autre...
Reprenant l'apparence d'Alcyon comme on se recouvre d'un masque, Siha rit à gorge déployée. Parlant bien fort, il prit soin de glisser un sourire mutin et un salut moqueur aux deux hommes éberlués qui étaient arrivés torches en main, fermement décidés à leur mettre la main dessus...

« Le premier qui se fait choper est un pou d'engeance ! » Il défia Zevran du regard.

Puis d'un coup des talons il lança son étalon dans un furieux galop, courbant joueusement le dos sous les rafales provenant de la mer d'écume. La nuit allait être longue... et ses fesses s'en souviendraient demain.


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