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Sam 17 Nov 2018 - 13:18

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Noirceur des couleurs


Sans qu'elle le sache, sans qu'elle comprenne la portée plus ou moins consciente de ses actes, Quellcrist s'était relevée des herbes, ébouriffée, avec un mal de crâne immense. Un grognement fait d'ailleurs vibrer fortement sa gorge, tant la douleur la pique sur tout le pourtour. Mais au moins, elle semble savoir à peu près où elle est et ce qu'elle fait. Ce qu'il s'est passé aussi avant qu'elle ne se décide à dormir ici, de manière forcée ... forcée par l'alcool. Elle commence donc à ranger tout ce qui devait être dans le panier avant leur arrivée, non sans encore grogner en repensant à ce qui a été dit. En toute sincérité, mais en brisant radicalement Quellcrist de l'intérieur. Une larme commence d'ailleurs à perler contre sa pommette, mais elle l'éclipse en un violent coup du revers de l'index.

Tout la contrarie. Le fait qu'elle ait eu raison. Le fait qu'Octave ne veuille pas se départir de ce schéma acerbe pour des raisons qui paraissent futiles aux yeux de la mage. Le fait qu'elle soit là à tout ranger pour ramener cela en mains propres aux serviteurs, à effacer les traces de son passage. Le fait qu'elle n'ait guère d'autre choix ce soir que de devoir aller dans cette chambre. Non pas que la perspective de dormir à la belle étoile la gênait, mais à cette époque de l'année, avec ces vents, et le fait qu'elle ait été imbuvable et totalement irrespectueuse envers celui qui malgré leurs oppositions lui avait offert un toit, Quellcrist ne voulait pas rajouter plus de mal au mal. Que ce soit pour elle ou à l'égard d'Octave. Elle se lève donc, part jusqu'au manoir dans un silence oppressant qui, à la vision de ce corps, pourrait faire peur à tout badaud ayant eu l'audace de traîner ici en cette nuit.

Des serviteurs, encore levés et en train de préparer des amuse bouches pour on ne sait qui, la voient alors arriver par la porte des cuisines. Ceux-ci se figent quand elle pose les yeux sur les mets et autres farandoles qui ont l'air d'être pressées pour d'autres invités.
« ... Je vois. »
Elle évite de juger, mais comprend enfin ce qu'il se passe ici. La jeune femme se tait, ravale sa salive et pose finalement le panier sur l'une des tables où se trouvent deux serviteurs de De Gautron.
« Je vous ramène ceci. Cela vous évitera un voyage matinal. Vous êtes déjà assez occupés ce soir.
- M-merci. C'est bien aimable à vous. Voulez-vous que nous vous accompagnons jusqu'à votre chambre ?
- Non. Je me débrouillerai. »
Elle sourit quelque peu, mais la tristesse est bien présente. Jusque dans la façon qu'elle a, de toucher les lignes du panier à la anse et sur les pourtours. Les serviteurs la regardent, eux aussi frappés par cette mélancolie qu'ils semblent comprendre.
« Vous avez bien du courage et de l'amour pour cette maison et son propriétaire, pour lui rester autant fidèle. »
Certains s'empourprent, d'autres rient nerveusement. Mais la vérité est là, Vertbois, le jeune De Gautron, tout cela, ils y sont attachés. Quellcrist s'en va donc après les avoir salués respectueusement. Ils se remettent à la tâche, non sans avoir une pensée autant pour leur maître de domaine, que pour cette inconnue atypique.
« La pauvre enfant ... »
- C'est dommage. Elle semblait bien aimable.
- Pour sûr, ça nous changeait des potiches de d'habitude. »

Elle arrive finalement dans cette chambre sombre, mise à l'écart des quelques bruits de cette fameuse "soirée". Elle enlève de nouveau ses bottes et pose ses pieds sur la pierre froide, aux motifs colorés et géométriques. La poussière règne dans la pièce ça et là, prouvant que cette pièce n'a pas été utilisée depuis belle lurette. Mais Quellcrist s'en accommode, habituée à vivre dans une cabane avec un lit rustique et des papiers volants ça et là à cause de son manque de motivation à les ranger. Elle ouvre tout de même les fenêtres pour aérer, va tout en enlevant ses affaires, en les déliant et en les faisant glisser le long de son corps, regarder les meubles, frôler les quelques accessoires posés dessus comme on frôlerait une sorte de relique ancienne, pour en sentir la puissance d'un autre temps. Puis, elle essuie la fine couche recouvrant le miroir à l'aide de la manche de son chemisier et se regarde. Les yeux encore rouges, l'air complètement fermé et des cheveux dans leur état le plus anarchique possible. Ses cheveux d'habitude aux mèches ondulées comme des vagues, sont devenus un immense paquet de petites boucles. Pas de brosse à l'horizon. Tant pis personne ne sera là pour la voir dans cet état ébouriffé, de toutes manières.

Ou peut-être pas. Quelque chose vient faire son bruit et la déranger. À tel point qu'elle croit qu'il s'agisse des invités du noble venus faire leurs affaires dans des chambres qui ne leur sont pas allouées. Elle génère donc une lame avec ses pouvoirs et s'avance, sans se soucier de son état. La porte s'ouvre. Et elle voit. D'abord accroupi, les doigts posés sur un papier ressemblant fortement à une lettre, puis debout, sans qu'elle comprenne la raison de piquer un tel fard. La lame disparaît alors, remettant dans la pénombre les deux protagonistes qui de nouveau se font face.
« Je m'excuse. J'ai ... cru qu'il s'agissait d'un de vos invités qui eux, ne sont pas passés dans le domaine en volant quelque clé. »
Elle commence à rosir de nouveau, sans être en colère, cette fois. Non, l'attitude d'Octave la déstabilise, d'autant plus qu'elle n'est pas dans un attirail qui puisse générer en elle un sentiment de sécurité. Sa main se lève ...
« Octave, je ... »
... mais retombe, pour venir se poser sur ses lèvres. S'excuser, était-ce vraiment la meilleure solution. Quand on sait qu'en face de nous, une personne pourra être amenée sous certains ordre à nous annihiler.
« Que feriez-vous si jamais ... »
Les mots ont du mal à sortir. Cela est normal, après tout, pour une mage qui a eu la malchance de tomber sur la mauvaise personne, un jour. Une personne représentant un Ordre en lequel elle avait confiance.
« ...vous aviez comme ordre de me tuer. »
Elle ravale sa salive, mais continue, bien que les mots auxquels elle pense lui font monter les larmes aux yeux.
« Si jamais l'on vous dit de me mutiler, votre entourage, vos serviteurs. Parce que cela doit servir cette cause pour laquelle vous vous engagez. Le feriez-vous. »
Cheveux bouclés, chemise qui vient découvrir son épaule gauche au vu du noeud non refait. Nuque ne comportant que ce petit collier foulard avec son pendentif parsemé de quelques pierres noires. Son seul, son unique bijou. L'on peu voir aussi sur sa clavicule une cicatrice. Profonde, faite par une marque d'un objet en métal chauffé. Mais Quellcrist semble à cette évocation se rembrunir et détourner son attention d'Octave, pour récupérer la lettre, et commencer à la lire. Devant lui.

Dim 18 Nov 2018 - 12:27

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Il y avait des moments comme celui là où le temps s'écartait, continuait sa route dans un lieu fort lointain, s'écoulant avec peine autour du jeune homme. Il prévoyait toujours tout, jouait avec de nombreux coups d'avance, et se retrouvait ainsi dépourvu en sa propre demeure, lui, maître des lieux. Comment aurait-il pu prévoir que la porte s'ouvre de la sorte comme si elle l'attendait, comme s'il fallait à l'amer Destin une dernière entrevue douloureuse entre eux ? Et sa lettre alors ? Il pensait qu'elle serait lue avant d'envisager une possible entrevue, parce qu'elle en disait beaucoup plus qu'il n'était capable de formuler en face à face.
Quellcrist avait pleuré. Ses yeux rougis lui firent un bref pincement au cœur, lui qui n'en connaissait que trop bien les raisons probables. Pas de colère cependant dans sa posture, et ses mots décousus trahissaient plus le doute et la douleur qu'une volonté d'en découdre. Une bonne chose. Il ne venait pas pour raviver la haine, et ne ferait clairement pas le poids seul face à une mage en colère. Oui, ses aveux pouvaient aussi signifier sa fin, même s'il doutait qu'elle en vienne à de telles extrémités. La question de la mage resta en suspend dans l'air froid, et, figé, Octave la regarda se pencher, tremblante, pour s'emparer de sa lettre et commencer à la lire. Il n'esquissa pas un geste, et osa à peine respirer, comme s'il ne voulait absolument pas troubler cet instant fragile, naviguant entre les doutes et les possibles. Il ne pouvait pas répondre à cela tant que ses mots n'auraient pas été lus, il s'y refusait. Ses yeux se posèrent sur la clavicule de la jeune femme et y restèrent fichés. La posture aurait été insolente dans un autre contexte, mais il ne parvenait pas à détacher son regard de cette cicatrice, de cette marque de plaie, de ce qui était si intime et si troublant. Mutilée, oui, c'était une sorte de mutilation. La violence d'une personne à son égard, probablement. Elle ne se ferait pas ça, si ? Etait-ce... Il détourna le regard et fixa le sol froid.
Alors seulement qu'il eut la certitude qu'elle ait finie, et que l'attente se faisait lourde, pesante et insupportable, il prit la parole, avec une étrange incertitude et la voix oscillant sous l'émotion. « Je l'ai dit, et je le réaffirme ce soir... On ne me fera pas vous toucher, ma Dame, on ne me fera pas vous faire du mal... Quelle que soit la personne qui l’exige de ma part. » Quel que soit le prix à payer ? Il le croyait oui, mais ne pouvait pas en être sûr. On ne pouvait jamais être sûr de rien en temps de guerre, quand tous les coups bas et les formes de tortures deviennent normaux. Il ne pouvait qu'affirmer un ressenti, une volonté nette. « Du reste, je ne contrôle pas tout ce qu'il peut se passer, et il se peut que... Je... Mes serviteurs pourraient... » Les mots peinaient à sortir, il les expulsa. « Je porterai peut-être d'autres souffrances sur la conscience, d'autres pertes. J'ai beau me penser courageux, je ne sais pas ce qu'on pourrait me faire faire. J'ai beau vouloir le meilleur, des serviteurs ou certains de mes hommes pourraient payer le prix de cet accord. Je pourrais. Mais... Nous sommes en Orlaïs... Dans quel contexte obtiendrez-vous d'un noble honnête la certitude qu'il n'y aura aucune souffrance, aucun dommage collatéral dans le futur ? C'est le fardeau des nobles, je crois. Je ne le veux pas. Je ne sais pas si je pourrais le supporter. Parce que ces vies valent autant que la mienne, en finalité... Mais je ne suis pas pleinement maître de mon Destin. Pas plus que vous Quellcrist. Combien de vos camarades pourraient souffrir ou mourir parce que vous avez décidé de renier la Chantrie ? » Il fit une pause, le souffle court. « Les personnes que j'implique ne sont que des personnes au courant de mes allégeances réelles, et prêts à se battre pour cela. Nous avons une idéologie différente, mais la méthode ne l'est pas tant. » Il ne savait pas si retourner la situation en montrant le groupe de Quellcrist était une bonne idée, mais il était de toutes manières incapable de prendre du recul ou de mesurer ses propos.
Des bruits de pas dans le couloir signifièrent au Baron que certains amis se dirigeaient vers celle aile. Il croisa le regard de Quellcrist, et sans plus de cérémonies ou de politesse, entra dans la chambre et ferma la porte. Sans faire attention aux affaires dispersées ça et là, il se dirigea à grands pas vers la fenêtre pour y quérir de l'air frais, et soupira profondément une fois trouvé. Sa voix se fit plus basse. « Vous avez, je crois, tous les éléments pour vous faire un avis ferme sur moi, désormais. Je m'en remet donc à votre jugement. Que suis-je Quellcrist ? A vos yeux ? » Puis, dans un murmure à peine audible, échappé de ses lèvres inconscientes. « Que suis-je pour vous ? »

Dim 25 Nov 2018 - 18:28

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Noirceur des couleurs


Cela lui arrache le coeur d'apprendre ce dont il serait capable. L'honnêteté est appréciée certes, mais elle aurait voulu que tout cela se fasse avant, qu'elle ne soit pas angoissée avec le fait de le toucher, ou même de lire sa lettre. C'est comme si tout n'avait été que mensonge avant, pendant et ça fait mal, abominablement mal. Quellcrist s'humecte les lèvres inconsciemment, essayant autant de prêter une oreille attentive que de peser chaque mot couché sur ce papier par l'homme qui se justifie en face d'elle. Qui assombrit d'autant plus ses pensées avec des mots forts, violents et qui font qu'il se compare à elle. Elle qui a refusé toute allégeance. Elle détourne les yeux et lâche un petit rire jaune, croise les bras et commence à prendre des couleurs qui d'habitude sont absentes de ses expressions. Oui, Quellcrist est blessée, elle regrette de voir un tel homme se corrompre pour ce qui lui semble être une mauvaise cause. Aimer c'est censé faire vivre. Ici, elle se déchire alors elle le tait. Elle tait son sentiment et se montre sous une nouvelle facette. Sourire pincé, et fuyante.
« Il est vrai que comparer le fait d'accepter de servir les intérêts de Corypheus et des templiers complètement aliénés l'accompagnant, à des mages aspirant juste à vivre en paix et en harmonie avec les habitants des Tombes Émeraudes est un argument de poids. »
Son sang bout, et dans un accès de pudeur et de surprise en voyant le regard d'Octave se poser sur sa cicatrice, elle relève son chemisier et cache cette trace, cette marque laissée par un autre. Un impitoyable et fieffé salopard. Ses yeux semblent vitreux quand elle regarde ce couloir semblant sans fin, pour éviter Octave.
« Vous avez raison. J'ai de quoi émettre un jugement sur votre personne. »
Son sang bouillonne et les poils sur ses bras, son buste, se dressent.
« Je vois avec dégout et haine ce que cette guerre a brisé. Et qu'elle amène un homme de base admirable à s'abaisser à ce genre de comparaisons. »
Mais il continue. Et la question résonne en elle violemment, au point de la faire grogner de déplaisir tant elle voudrait que cesse ce mal qui s'empare de son corps. La mage s'appuie plus fortement contre le rebord de la porte et hésite à froisser la lettre entre ses doigts. Ce n'est pas facile de contenir ce flot, alors qu'elle pensait que tout cela était du passé, que jamais elle ne verrait poindre cette rage lancinante mais mortelle dans son âme. Ce qu'il est pour elle ?

Cette fois, elle arrive à le regarder. Non pas de ce regard froid et pesant qu'elle arbore pour tenir les distances, mais quelque chose de plus complexe. Ses pupilles sont dilatées sous la colère qui la ronge, il y a aussi une sorte d'aveu dans l'envie quand elle le fixe ne serait-ce qu'aux lèvres ou bien dans les yeux.
« Ce que vous êtes ? Ou ce que vous étiez. »
Elle le fixe longuement, sa respiration se faisant plus courte à mesure qu'elle se détache de son pauvre soutien qu'est le rebord de la porte. Sa phrase sonne comme un aveu mais aussi comme quelque chose qui semble s'être terminé. Elle s'avance, glisse un peu sur le sol froid à cause des bas entourant encore ses pieds et mollets.
« Vous étiez le premier homme pour qui mon coeur s'est mis à battre de cette manière. Le rêve un peu fou de cette part de moi que je croyais éteinte à jamais. Un rêve où je me voyais à vos côtés pendant bien plus qu'une journée... même si cela aurait dû s'arrêter à un moment où un autre. »
Ils sont presque l'un contre l'autre, mais la jeune femme aux longs cheveux de jais garde une distance raisonnable, toujours. Pour ne pas aller trop loin. Pour rester ce qu'elle semble juste d'être dans une telle situation. Elle peut sentir son odeur, faite d'herbe de vin capiteux et de musc à cette distance. Et pourtant, quand elle relève la tête vers le plafond, deux larmes coulent le long de ses joues pour ensuite se perdre sur sa nuque.
« Maintenant, je ne sais plus vraiment. Je crois que la réalité a rattrapé le rêve et l'a dépecé. Elle m'a rappelé que nous sommes bien trop différents pour espérer quoi que ce soit de bien pour l'un et l'autre, non ? »
Quellcrist secoue la tête, et ses cheveux suivent le pli de son mouvement en une ondulation de centaines de boucles, pour ensuite reculer et se mettre non loin du visage d'Octave, légèrement sur la pointe des pieds. Elle voudrait lui dire une fois qu'il est beau, mais elle se tait, se retient de renifler.
« Peut-être que... c'est moi qui aurais dû être plus honnête, quand il le fallait. »
De sa main libre, elle vient effleurer sa mâchoire d'où point ce début de barbe, frissonne au contact puis, ose finalement. Elle l'embrasse sur les lèvres en se mettant légèrement sur la pointe de ses pieds. C'est bon, transcendant, mais amer aussi, douloureux. Cela a beau être chaud et délicieux la finalité lui tord la gorge jusqu'à la brûler. Fragile, et sans doute résignée, elle attend. Qu'il parte, qu'il fasse quoi que ce soit maintenant qu'elle s'est départie lentement de sa bouche dans un faible soupir. Maintenant, face au manque de réaction, ce sont ses yeux qui fuient et ses doigts qui se dégagent de sa peau. Au moins, elle aura toujours Scylla.

Dim 25 Nov 2018 - 21:40

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Le monde n'avait plus de sens. Perdu dans des abysses inextirpables, inexplicables, Octave titubait, hagard, au milieu des forces déchaînées de la nature. Le monde tournait autour de lui, d'une triste valse, et les vagues se heurtaient aux rochers, et les mouettes chantaient d'un air sombre. Plus rien n'avait de sens. C'était l'hiver au cœur de l'été, le drame dans la passion, les milliers de flocons glacés cheminant dans l'air incertain et la peau qui brûle et se referme. C'était l'hiver sans automne.  C'était la mort sans vieillesse.
Le monde n'avait plus de sens, et les mots qui sortaient des lèvres pincées de Quellcrist le heurtaient de plein fouet sans qu'il puisse vraiment les entendre, les comprendre. Il sentit son sang bouillir dans ses veines, sa colère d'être figé, impuissant, le submerger en dedans et le paralyser en dehors. En un geste, un regard, un mot, elle le faisait se haïr, détester sa vie et ses choix. Elle le faisait se noyer dans les doutes et les regrets. Il y avait eu tant de certitudes dans ses actes, pourtant. Il avait toujours été fier et sûr, fier et libre. Et d'un coup, tout volait en éclat, comme ça. Elle n'était pas que magicienne en dehors, ses dons allaient bien au delà de ça. Et il fallait que ça arrive maintenant.
Il sentit ses jambes flancher quand elle se rapprocha, la main froide sur sa joue, mais les força à se tenir avec toute sa volonté. Il ne la vit pas s'approcher d'avantage, mais sentit ses lèvres se mêler aux siennes, doucement, une caresse fugace avant un autre départ. Il la vit se dérober à son regard, et nota la distance qu'elle prenait à nouveau, comme si les choses ne pouvaient pas être simples. Étaient-ils maudits, comme les grands personnages du théâtre Orlésien, qui s'aiment d'un amour impossible et dont les choix funestes les poussent à la douleur ? A cette douleur, irrespirable ? Il aurait aimé s'avancer, lui dire que tout allait bien, qu'ils trouveraient des solutions, qu'ils surmonteraient cette peine, qu'ils vaincraient les obstacles, mais la falaise se fait de plus en plus visible devant lui, et son sommet s'éloigne de seconde en seconde. Il se retourna vers la fenêtre ouverte, avide encore d'air frais, d'air simplement. Sa main droite se ferme et s'écrase bruyamment contre la pierre blanche, trois fois. Le cri ne sort pas.
« Suis-je donc poète ? » Sa voix est éraillée, il le sait mais n'en a cure. « On m'a toujours dit que je ne saurais écrire vraiment que malheureux. Que la beauté se révélait plus facilement dans les sanglots que dans les rires. Si tel est le cas, je saurais écrire, bientôt. » Il la regarda enfin, et la peine qu'il vit en elle le secoua une fois encore. Etait-il l'auteur de cela ? Etait-il le responsable de ce chaos ? Etait-il... responsable de ces larmes ? Le souffle court, il esquissa un pas vers Quellcrist. Pouvait-il ? Vraiment ? Un second pas. Il distinguait nettement les ombres sur son visage, ses yeux humides, et les tremblements semblables à une feuille morte qui secouaient ses lèvres. Pour la première fois depuis fort longtemps, Octave s'arrêta et commença à pleurer.
Il sentait son torse convulser douloureusement au gré de ses larmes silencieuses, tout juste accompagnées d'un maigre filet de voix. De sa main rageuse, il sentait d'essuyer le flot de larmes, sans grand succès. Il ignora combien de temps il lui fallut pour retrouver son souffle et ses esprits, pauvre marin sous sa tempête, vagabond insolent. La lumière perlait à son horizon, les astres peut-être, ou des lucioles, un signe. Elle était encore là, sa Muse, à portée de doigts. « Je ne peux pas défaire ce qui a été fait. Je ne peux pas effacer mes actes, je ne peux pas faire que nous ne nous soyons pas rencontrés, je ne peux rien à faire... au mal qui vous ronge, ce soir. Mais je ne peux les ignorer pour autant. Alors, je renonce. Je renonce à la richesse, je renonce au poète, je renonce au pouvoir, je renonce au comédien. Je trouverai d'autres chemins s'il en est la volonté du Destin. En cela, vous pouvez ne pas me croire. Aux mots que je pourrais dire pour évoquer ce que je ressens, ce débat, cette tristesse, cette affection, cette joie. Et je suis conscient de la douleur que vous ressentez, et du mépris que vous portez pour celui que je suis devenu, pour celui que j'étais. » Il marqua une pause, toujours figé. « Je vais devoir prendre la fuite, trouver un endroit pour me cacher. » Il y avait une tristesse mêlée de tendresse quand il fit son dernier pas vers la mage, ses yeux dans les siens. Une dernière question brûlait ses lèvres fébriles. « Autoriseriez-vous un salaud à vous demander un second baiser ? » Pour du courage. Uniquement.

Dim 25 Nov 2018 - 22:52

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Noirceur des couleurs


Et il continue, malgré lui à l'émietter. Elle ne sait plus, elle n'arrive même plus à sentir l'effort qu'elle portait sur ses doigts de pieds. Elle l'a regardé pleurer, sans pouvoir s'avancer, elle-même en train de lâcher ce qui aurait dû être lâché sur cette colline, plus tôt dans la soirée. Toute sa rage, le dégout que peut apporter le fait que les événements les ont définitivement séparés, se dégagent de son crops. Quellcrist plaque une main contre sa propre bouche pour étouffer ses soupirs et ses sanglots, bien que les larmes ne cessent de ruisseler et ses traits de se tordre sous l'effet de la tristesse. Tout ce qu'il dit est vrai, beau, mais abominable pour celle à qui cela est adressé. Parce qu'il signifie une perte et sans doute de déchirer à jamais une page à laquelle elle tenait, au fond de son coeur. Octave de Gautron, apparu à Val Royeaux devant une femme qui pensait faire tranquillement ses courses et trouver en une échoppe de quoi assouvir ses plaisirs coupables. Beau, léger de pas et de geste, le sourire en coin et prêt à vous sortir la réplique qui vous fera taire dans le blême ou les rougeurs.
« Octave je ... »
Cette façon qu'elle a de prononcer son prénom ne ressemble en rien aux précédentes. C'est plus profond, plus personnel dans ce ton de voix, comme si seulement son coeur parlait dans toute sa faiblesse et son tourment.
« Je voudrai ... »
Une nouvelle larme vient glisser cette fois le long de son nez et s'arrêter au coin droit de ses lèvres. Elle n'arrive pas à lui dire. C'est trop tard. Ça devait certainement se passer ainsi et il ne faut pas s'y attacher. Aucun lendemain n'est possible pour eux et ils continueront chacun à marcher de leur côté.
« Vous avez raison. Je ne peux pas vous demander ça. C'est trop tard.. »
Si il renonce à ses engagements, qu'adviendra-t-il ? Si jamais les adeptes le traquent ... comment va-t-elle faire. C'est une situation qui semble n'avoir aucune fin heureuse, et ne signer que la mort de l'un des deux.

Pourtant, elle sent son coeur palpiter plus rapidement à la dernière question d'Octave. Elle ne veut pas croire au piège, même si elle sent que ce n'est pas raisonnable. À vrai dire à cette distance, il peut entendre à quel point ça palpite en elle sans qu'elle ne puisse le contrôler. La respiration se hache de plus en plus quand la mage pose des regards autant sur les lèvres d'Octave que ses yeux dans lesquels elle aurait voulu se complaire sans mettre de barrières.
« Oui. D'accord. »
C'est tout ce qui arrive à sortir comme mots, aussi brutaux qu'ils puissent paraître. Pourtant, ce n'est pas dit avec sécheresse, seul la chaleur s'en dénote et une certaine tendresse fortement emmêlée avec de l'hésitation. Elle s'approche de lui, proche pour coller son front au sien et toucher de sa poitrine son torse. Ses doigts partent nerveusement vers un de ses bras puis vers ses doigts puis, elle ferme les yeux, pour garder ancré en elle cette sensation qu'elle avait rêvé secrètement, dans la peur et l'envie. Prendre ses doigts, les sentir entremêlés aux siens.
« Je suis désolée. Je peux ... ? »
N'entendant pas de protestation de la part d'Octave, la mage hésitant comme une enfant remonte sa main dans la sienne entre leurs deux corps. Une étrange chaleur la gagne sur chaque once de sa peau quand seul le bout des doigts d'Octave touchent son épaule. Et, elle l'embrasse, pour la seconde fois. En ayant l'impression qu'elle est la seule à oser, à admirer en oscillant entre l'admiration et la haine et ça ne fait que compresser encore plus son coeur quand elle reste en contact contre ses lèvres douces, et salées par les larmes. Comme les siennes. Les toucher dans leur contour, elle ne peut pas. Non seul le contact lui importe, dans la douceur et la simplicité, comme elle aurait voulu le faire quand ils se sont dits adieu une première fois. Puis elle se départit encore de lui pour embrasser cette fois sa joue mouillée et essuyer ce flots de larmes avec cette tendresse qu'elle aurait aussi voulu lui donner un jour, malgré ses blessures. Son autre main lâche finalement la lettre pour revenir le toucher au visage et sentir la rugosité de son début de barbe, une dernière fois. Pour de nouveau l'embrasser, plus longuement.
« Vous feriez mieux de partir avant que ça ne devienne trop difficile ... »
Ça la déchire un peu plus de dire cela car elle voudrait plus. Malheureusement ils se retrouveront un jour en face à face. Et elle sait que même si elle l'a aimé et l'aime encore un peu, elle préférera le planter plutôt que de voir toute la communauté des tombes émeraudes et les Bellanaris souffrir à cause d'un manque de discernement de sa part. Ou ce sera lui qui la tuera, en tout cas elle l'exigera.

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