[Flashback 9:35] Catfight [Pv Fenris]

J’avais conscience que mon bavardage incessant irritait probablement Fenris, mais j’avais dans l’idée que mes émotions instables pouvaient à terme finir par déséquilibrer ma magie. Après avoir passé un an en isolement il m’avait fallut presque aussi longtemps pour récupérer le contrôle total de celle ci. Je n’en avais jamais parlé à Fenris évidemment mais il m’était arrivé plusieurs fois de manquer de mettre le feu à la tour pour des bêtises après le traumatisme que cela avait représenté. Mes émotions instables tiraient sur le lien de l’immatériel et le feu ou la foudre répondaient promptement… Trop promptement. Dans une certaine mesure j’étais certain que Fenris préférerait mes bavardages à un orage électrique dans cet espace exiguë.

Il fallait se concentrer sur l’espoir que les prisonniers reviendraient vers eux, qu’ils réussiraient à les dégager si c’était possible. Pendant un instant je fermai les yeux. Il savait que c’était inutile de ressentir Espoir. Depuis que j’avais fusionné avec Justice, je n’arrivais plus à le contacter. C’était cet esprit pourtant qui avait décidé de me donner ma chance en tant que Guérisseur Vital. Tous ces mois que j’avais passé à préparer le contact avec un esprit pour pouvoir soigner les gens qui m’entouraient, l’épreuve que j’avais passé, des nuits durant pour obtenir ces capacités hors du commun… pour apprendre cette leçon essentielle : il ne servait à rien de désespérer. Un espoir impossible était toujours un but à atteindre, une ligne à dépasser. Et s’il n’était pas possible d’aller aussi loin que ce qu’on espérait, on allait souvent beaucoup plus loin que l’on aurait cru.

Comme pour m’échapper du Cercle. Je n’avais jamais eut l’illusion que les Templiers cesseraient de me pourchasser, mais je continuais quand même à m’évader. Dans l’espoir que je parvienne à m’échapper de plus en plus longtemps, de me cacher mieux en mieux, et peut-être un jour être libre. Finalement mes escapades avaient plus ou moins porté leurs fruits sous le visage de la Garde des Ombres. Les choses avaient dégénéré depuis mais l’espoir d’être libre un jour avait créé l’opportunité de quitter le Cercle pour de bon. Si j’avais perdu l’espoir, je serai probablement mort durant l’ascension d’Uldred… ou bien je serai toujours enfermé à Kinloch avec les survivants.

Cela ne servait à rien de désespérer, malgré l’envie de céder à la panique et à la morosité. Fenris le faisait d’ailleurs suffisamment pour deux, je n’avais pas besoin de m’y mettre aussi. Au moins mes plaisanteries nous ramenèrent en terrain commun. Son éclat de mauvaise humeur me déclencha un rire qui sonnait déjà beaucoup plus naturel et beaucoup plus … « moi » j’imagine.

- « Hey ! Ce n’est pas moi qui ait inventé cette histoire… et puis tu sais, il n’y a pas de honte à savoir danser, hein ! » Je gloussai malgré moi. « Isabella ? Ah tu parles de mes « doigts de fée » ou je ne sais pas comment elle appelle ça ces jours ci ? Tu sais qu’à l’origine ça n’avait rien de sexuel ? Elle était à la Perle, un bordel de Denerim quand je l’ai rencontrée et elle était tellement ivre qu’elle a fait un coma éthylique et son coeur s’est arrêté. Je l’ai réanimée en utilisant un sort d’électricité pour faire repartir son coeur. Elle s’est réveillée et comme j’avais les mains sur sa poitrine elle a pensé qu’on était en train de….. Bref j’ai bien essayé de la convaincre qu’il ne s’était rien passé entre nous mais je ne sais pas bien si elle le fait exprès ou si elle ne me croit pas. »

Je rejetai la tete en arrière, l’appuyant contre la paroi de pierre.

- « Pour ce que ça vaut… Je suis désolé de la manière dont je…. »

Un bruit sourd et un rayon de lumière perça les ténèbres de notre tombeau. Des voix familières résonnèrent. C’était Guerald, un mineur qui venait souvent faire soigner ses blessures à la clinique, les mines étaient dangereuses toute l’année. Je me tournai vers Fenris avec un sourire radieux.

- « On est là !! est ce que vous pensez qu’on peut toucher à l’éboulis de notre côté ? »

- « Vous feriez mieux de vous écarter au cas où des pierres se délogeraient ! Laissez nous faire ! »

- « D’accord. »

Il fallut encore quelques dizaines de minutes pour dégager un trou assez gros pour faire passer un homme. Aussitôt que ce fut possible, Je se glissai à l’extérieur et attendis de l’autre côté en tendant le bras à Fenris pour l’aider à sortir à son tour.

Une petite partie des prisonniers étaient restés pour les chercher, les autres attendaient à l’entrée des tunnels, à l’abri de la neige. Notre arrivée fut célébrée dignement par diverses cris de joie, tapes dans les dos et autres gestes d’affection. Certains se permirent même de m’étreindre. Une fois que j’eus les temps de m’occuper des blessés, il fut temps de rentrer à Kirkwall, le Créateur était avec nous ce jour là, la neige s’était arrêté de tomber.