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Sam 28 Juil 2018 - 22:07

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Coma rouge


Tombes émeraudes, prémices de l'aurore


Le voyage a été long, éprouvant. Nul ne savait si cette expédition, si ces rêves prendraient corps et réchaufferaient ces coeurs gelés par l'angoisse. Et pourtant, ils les voient. Ces arbres verdoyants, cette ambiance calme, loin des affres de la situation actuelle et de leur vécu en Cercle. Tout semble si loin, à présent. À tel point que la sérénité les gagne. Peut-être est-ce un excès de confiance, après toute cette angoisse et ces problèmes d'une autre vie.
Le campement a pris forme. Certes ce n'est que du provisoire et la position, bien qu'elle soit cachée à la vue de l'ennemi, ne leur offre pas la protection escomptée. Car le groupe a de bien plus grandes ambitions. À eux quinze, ils se sentent capables, en ces lieux, de créer ce qu'aucun être humain n'a tenté en Orlaïs. Construire un village suspendu dans les arbres. Ils ne sont pas les plus à même de créer tel prodige, mais ils savent qu'avec force et volonté, ainsi que l'envie, ils pourront faire bien plus que ne l'ont fait nombre d'apostats depuis la Scission.

Ninon a regardé pendant un long moment cette femme aux cheveux noirs s'affairer, bouger, parler avec chacun d'entre eux pour rendre compte de chaque action faite en ce jour. Les instances prennent fin quand chacun a fait part de ses recommandations et, à présent, cette mage s'affaire à écrire, écrire encore tout en essayant de lire par moments des passages d'un livre, au coin de ce feu.
« Aurais-tu quelque chose à me demander Ninon ? »
La dénommée Ninon cligne plusieurs fois des yeux avant de secouer la tête et donc son immense crinière de feu en signe de négation. Son aînée soupire alors et la fixe, laissant ainsi tomber toutes ses autres activités. Cela aussi est étonnant. Elle semble à chaque fois si froide, mais dès qu'une personne semble enquérir son aide, elle écoute ... Quellcrist.
« Je ... je me demandais si ... enfin vous voyez ...
- Mh..... ? »
- Qu'est-ce qui vous a poussé à vous détourner de la Chantrie. »  
Sachant sa question, la jeune mage s'attendait à recevoir une remarque cinglante. Ou bien à ce que l'on lui rit au nez, comme à une époque. Mais ce sont simplement des yeux emplis de tristesse et de douleur qui lui répondent. Sujet tabou, trop intime. Elles ont beau avoir monté un fin lien de confiance durant le trajet, ce pas ne peut être franchi. Mais Ninon sent au fond d'elle qu'il faudra qu'elle sache. Ce sera pour le moment sa seule réponse avant qu'il ne soit donné l'ordre d'éteindre le feu. Et que demain, soit un nouveau jour.

Suite à la question de Ninon, Quellcrist n'a pu fermer l'oeil que très tard. Impossible de faire un léger feu pour lire, ou même de se déplacer pour prendre une bouffée d'air. Cela aurait été du suicide et, un massacre pour cette pauvre communauté. Alors elle a regardé longtemps les feuillages, mains sur son ventre. Un ventre lui faisant mal, lorsque certains souvenirs se mirent à ressurgir. Des mains qui brûlaient quand venait les séances où elle était ligotée, molestée ... violée. Tout cela en est venu à la secouer pendant son court sommeil au point de la rendre blanche et transpirante comme une personne frappée de maladie. Ce sont des craquements qui au final l'éveillent et l'extirpent de ses angoisses. Redressée sur sa couche, l'oeil encore empreint de fatigue, la mage semble pourtant alerte. Ce bruit ne ressemble pas à ceux des hahls ou même des autres créatures vivant en ces lieux. Non, c'est un pas humain. S'emparant de son bâton et commençant à concentrer une attaque de Cauchemar Éveillé, Quellcrist se sent mal. Et si ces personnes ne sont pas hostiles ? Et si, il ne s'agit que d'un gâché d'énergie. La sueur continue de perler sur son visage. Puis, vient un cri. Un cri répugnant qui n'a rien d'humain.
« TOUT LE MONDE SE LÈVE ON EST ATTAQUÉS !!! »
Hurle-t-elle à pleins poumons, alors qu'une ombre tente de l'attaquer de dos. De suite, ses réflexes d'aspirant chevalier enchanteurs lui signalent le danger et l'ombre se retrouve empalée. Un cri strident provient de sa bouche, ses mains tentent de se planter dans les épaules de la mage en guise de vaine riposte.

Des flèches fusent par moments, sans doute des archers. Mais les mages réagissent à temps pour se mettre en position défensive et jouer de leurs aptitudes. Ninon, chamboulée par cette agitation, a de son côté du mal à soigner ceux qui ont légèrement été blessé. Alors qu'elle tente de refermer une entaille de ses mains tremblantes, Quellcrist s'empare d'un de ses poignets.
« Regarde-moi. »
L'ordre la fait frémir et lui fait perdre toute notion de temps. Ces yeux froids, mais pourtant si doux sous ces traits féminins lui imposent le fait inéluctable. Elle doit les fixer. La rousse se met à respirer fort, rapidement, avant de se calmer en voyant qu'on ne la lâche pas, qu'on ne la tape pas. Elle est en sécurité. Elle est en sécurité.

Leurs ennemis tapis dans l'ombre et luisant de rouge ont agi comme des lâches, des bêtes. Ils attaquent alors que le soleil n'a même pas entamé sa course, et les prennent pour une sorte de gibier à chasser. Qui qu'ils soient, il faudra les affronter. Quand bien même ceux-ci semblent plus nombreux. Survivre ou mourir, les mages doivent choisir.
« Tenez le bouclier ! Trois en arrière, le reste concentrez vos attaques sur les zones d'où proviennent les flèches ! Mur de feu, cage statique, paralysie... ! Soit on les tue, soit ils nous tueront. Ce qu'ils ne savent pas, c'est que rien ne nous a stoppés pour arriver jusqu'ici. Et ça continuera. »
Elle l'espère. Elle l'espère de tout son coeur blessé.

Dim 5 Aoû 2018 - 5:03

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9:40 Haring


La nuit s'étendait à perte de vue tel un rideau d'ébène percé d'étoiles, et il lui sembla qu'en tendant la main vers l'infini il pourrait l'effleurer de ses doigts. Son regard était vif et lucide malgré l'heure avancée, le sommeil lui échappant après un long cauchemar. Des souvenirs vivaces d'une bataille amèrement gagnée, des flashs de brillance et de sacrifice face aux engeances, des cicatrices visibles et invisibles. Mira, Eluthel, Karlan. La fin de toute une ère pour les Bellanaris.

Étendu sur le dos à quelques  mètres d'un feu, le souffle lent, Siha se laissa absorber par l'immensité des Tombes, qu'il retrouvait à la fois avec soulagement et mélancolie. Ses pieds avaient sillonné nombre de routes et son aravel avait traversé nombre de forêts mais c'est ici, au milieu de ces contrées reculées où gisaient feu ses aïeuls qu'il se sentait le plus à sa place.
Le silence était un majestueux souverain régnant en maître sur les bruissements étouffés d'animaux sauvages, et les profondes respirations des dormeurs ponctués de quelques rares ronflements familiers. Tout était figé dans ce calme éphémère... tandis que son cœur battait comme un tambour affolé, seul témoin des images qui vibraient encore sous ses lourdes paupières.

Péniblement l'archiviste se redressa et passa une main fiévreuse dans ses cheveux, cherchant instinctivement son frère du regard. Sentant un souffle de soulagement quitter ses lèvres dès qu'il l'aperçut non loin, enfin assoupi après la fin de son tour de garde, Siha dodelina de la tête. Après quelques minutes à contempler le ciel et reprendre pied dans la réalité il se leva enfin, sachant pertinemment qu'il ne pourrait fermer l’œil avant un moment. Saisissant sa gourde il désaltéra sa gorge sèche et saisit son bâton avant de se diriger dans la forêt, là où il savait trouver Jillian et les autres éclaireurs.

Ses pieds nus frôlaient l'herbe sans faire de bruit, ses yeux dorés brillant telles deux ambres en fusion capables de voir dans la presque obscurité. Pour un dalatien de naissance il n'y avait nul besoin de porter une torche ou une flamme magique, sa seule vision et sa connaissance des lieux suffirait. Resserrant la prise sur sa sacoche Siha écarta la tentation de prendre forme animale pour le plaisir de retrouver sa liberté.
D'autant que certains bruits lointains firent ses sourcils se froncer tels deux serpents noirs. Un mauvais pressentiment lui enserra la poitrine tandis qu'une nuée d'oiseaux quitta un arbre dans un croassement lugubre, progressant en groupe comme s'ils avaient soudainement été effrayés. Son pas s'accéléra tandis qu'il se mit à presque courir dans l'air froid de la nuit. Enfin alors que les branchages défilaient à toute allure il s'arrêta soudain, face à une elfe blonde qui courait en sens inverse, le visage grave.

« Archiviste ? » Confuse, elle se détendit un peu en reconnaissant son visage, mais son expression n'en changea pas.

« Les humains sont-ils toujours là ? »

Les Bellanaris étaient conscients de leur présence bien qu'ils ignorent tout des raisons qui poussaient des hommes et femmes si loin de leurs villes. Néanmoins ces derniers n'avaient pas été particulièrement discrets, aussi il était difficile de les ignorer. Par ailleurs comme ils n'avaient pas fait preuve d'agressivité à leur égard, Siha avait donné pour ordre de ne pas les approcher ou interagir, dans l'espoir que leur séjour ne soit que temporaire. S'ils pouvaient simplement partir sans accroc, ce serait encore le mieux pour tout le monde...

« Jusque là aucun signe de de départ futur, mais peut-être veulent-ils juste se reposer avant de reprendre la route. Les shems ont continué de se montrer prudents et nerveux depuis leur arrivée, comme s'ils fuyaient quelque chose ou quelqu'un. »

« Se sont-ils approchés de notre camp ? »

« Non, ils avaient d'autres priorités et je ne pense pas qu'ils se soient rendus compte de notre proximité. Ils sont ralentis par certains blessés et ne semblent pas adaptés à la vie dans la nature. Je n'ai vu personne capable de chasser correctement... »

C'était un peu triste mais ce n'était pas très étonnant. Le nombre de réfugiés avait explosé depuis que Thédas était à feu et à sang à cause des divers conflits politiques, des failles dans le ciel, et un tas d'autres cataclysmes inexpliqués. En outre malgré son empathie pour des gens sans moyens ou foyer, il ne pouvait dire que l'arrivée de ce qui lui avait été décrit comme une compagnie de mages gagne son approbation.
C'était risqué de rassembler autant de pratiquants au même endroit, surtout que leur passage pouvait attirer l'attention d'indésirables hostiles envers les elfes et leur style de vie. Secouant la tête, le métamorphe considéra sérieusement l'idée d'envoyer un messager pour solliciter une rencontre formelle dès l'aube, de façon à établir un premier contact sans recourir à la violence. C'était sans doute le plus avisé afin de sonder les intentions de leurs nouveaux voisins, le tout en espérant que leur cohabitation aux Tombes ne soit que temporaire. Néanmoins ses planifications diplomatiques prirent une tournure écourtée face aux diverses sources de lumière qui se dressèrent de l'autre côté du cours d'eau en provenance du sud, une multitude de petits points rouges brillant sordidement dans l'obscurité. Le bruit trahissait leur nature sans équivoque.

« Des hommes en armure. » Jillian escalada agilement un arbre pour gagner en hauteur et y voir plus clair. « Une trentaine au bas mot, avec des archers dans leur sillage. Qui que ça puisse être, ils ne sont pas venus pour une visite de courtoisie. »

« Va prévenir les autres, donne l'alerte. Je n'ai aucune envie de m'en mêler mais si nous ne faisons rien pour aider les mages, nous serons les prochaines cibles. »

« Mais, Arch... »

« Pas le temps. Va ! » D'un geste de main il la congédia, réprimant le frisson d'horreur qui lui remontait l'échine.

Malgré l'hésitation à le laisser seul, l'éclaireuse descendit de son perchoir et s’exécuta sans broncher, connaissant trop bien ce ton autoritaire et sec si rarement utilisé par le dirigeant du clan. Sa profonde haine des humains qui l'avaient si longtemps piétinée dans les bas-cloîtres lui aurait fait voir rouge en d'autres circonstances, mais aujourd'hui elle n'était plus une paria d'Orlais, aujourd'hui elle était un membre de la famille. Une famille qui une fois encore allait être mise à l'épreuve.

***

Les guerriers ne mirent pas longtemps à se mettre sur le pied de guerre, ceux qui dormaient s'arrachant prestement à leurs songes. Ce n'était pas la première fois qu'un imprévu requérait leur action immédiate, après tout les aléas du climat tout comme la faune locale n'étaient pas des plus coopératifs. Néanmoins leur ennemi du moment était bien plus rationnel et insidieux, le spectre de ce peuple qui les persécutait encore en ce jour. Les faciès fermés des archers étaient plus impatients que nerveux, les mâchoires des guerriers étaient plus crispées de rage que d'hésitation. Si certains étaient réticents à intervenir pour aider des étrangers apparemment pacifiques, tous avaient hâte d'en découdre avec des intrus venus faire couler le sang sur leurs terres. C'était plus qu'une dispute pour le territoire ; c'était une question d'honneur, une lutte pour leur dignité d'elfes libres.

Sehariel, le maître chasseur, fit les cent pas devant le groupe armé, distribuant consignes et ordres précis. Ils n'étaient pas assez nombreux pour faire front à des hommes protégés par des armures, aussi cela n'aurait aucun sens de s'exposer alors qu'il n'était pas question de perdre des vies précieuses. Non... le plan était de les prendre en tenaille en profitant de l'effet de surprise, et les prendre à revers alors qu'ils étaient persuadés d'avoir l'avantage sur les mages.

« Les arbres et la forêt seront notre refuge, ne les laissez pas s'enfuir, à commencer par les archers. Bellanaris... Puisse Andruil guider vos flèches et vos lames ! »

Ils disparurent furtivement telles des ombres dans la nuit, des fantômes des Chevaliers d'Émeraude tombés et réincarnés à travers leurs descendance. Siha échangea un court regard avec son frère jumeau, en quête du courage qui lui manquait. Cet assaut était bien différent de ce qu'il avait vécu par le passé, seulement son cauchemar était encore très frais dans sa mémoire. Raffermissant sa prise sur son bâton, il eut une pensée pour son mentor tombé au mains des engeances, sourit doucement et fit un pas en avant. Il aurait le temps d'y réfléchir plus tard, après avoir renvoyé ces templiers auprès de leur cher Créateur.

« Je vous offrirai une distraction en causant le plus de chaos possible dans leurs premières lignes. Sois prêt à donner le signal. »

« Sois prudent, da'len. » Sehariel posa une main sur son épaule, le regard inquiet.

« Toi aussi. » Murmura-t-il faiblement, avant de disparaître à son tour.

Les minutes semblaient s'écouler au ralenti et dans la pénombre des bois, plus d'une dizaine d'yeux félins apparurent soudainement, guettant le moindre mouvement du combat inégal entre les humains. Telles de bêtes invisibles et carnassières, les guerriers et manieurs de dagues traversèrent les lignes-arrière dans un silencieux carnage. Le sifflement des flèches se tut brusquement, seuls quelques rares cris trahissant le passage de cette force dont ils ignoraient l'existence. Mais le plus difficile était encore à venir...
La confusion fut semée dans les rangs des templiers, qui n'eurent pas le loisir de se retourner pour défendre leurs camarades. Sûrs de leur fait et de leur plan ils avaient foncé la tête la première en se souciant uniquement des mages, sans jamais penser que quelqu'un daignerait venir leur porter assistance... Et leur arrogance serait leur perte.

Suivant les mouvements de la bataille, Siha progressa sur l'un des flancs tout en restant à respectable distance. Il entendait les cris des mages qui s'étaient groupés pour faire front, et leur panique désespérée lui remua les tripes. Ils luttaient pour la survie, pour ne pas être sauvagement abattus comme des animaux pris dans un piège. Qui qu'ils puissent être et quels que soient leurs vies passées, personne ne méritait ça. Personne.
Plantant fermement son bâton dans le sol, l'archiviste laissa la magie affluer à travers ses bras  et ses mains jointes, convergeant depuis ses veines incendiées par l'urgence. La puissance de la nature jaillit violemment depuis son corps entier pour agiter la terre sous les pieds des templiers rouges, les déstabilisant dans leur assaut.

Espérant que leur perte équilibre puisse créer une ouverture pour les autres mages, Siha sentit une sueur froide ruisseler dans sa nuque. De tout cœur il espéra aussi que ces apostats voient cette intervention comme le signe d'un allié de circonstance comprenant leur cause mieux que personne... Car autrement il n'aurait d'autre choix que prier qu'ils ne se retournent pas contre le clan venu leur porter secours.

Dim 5 Aoû 2018 - 11:02

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Coma rouge


Ils ne pouvaient finir ainsi. Pas après tout ce périple, toutes ces blessures aux pieds et à l'âme, pas après avoir tenu, avec tant de hargne pour obtenir ce qu'ils espéraient tant. Deux  d'entre eux viennent de périr. Ils ne sont plus que quinze. Ninon n'a pas été apte à les sauver à temps. Alors, il ne reste plus qu'une solution. Et cette solution implique pour la mage aux cheveux noir corbeau d'aller au devant du danger et d'abandonner son bâton. Ce qui venait en effet de se passer, cette magie singulière mouvant la nature même, sonna en l'esprit des mages comme le son de leur survie.
« Tenez les barrières ! Si le destin le souhaite, que je puisse survivre à ce que je m'apprête à déclencher. »
Son bâton serti de cette immense pierre rouge polie se retrouve bien plus enserré, signe évident qu'elle va prendre le risque de faire une magie bien plus puissante et demandeuse en énergie que précédemment. Une magie qui, n'est censée n'appartenir à nulle autre être que ceux désignés par la Chantrie. Une magie de vertu, et de connexion avec le Voile ... celle des chevaliers enchanteurs. Alors que ses compagnons continuent de défendre et attaquer face à cette petite armée d'assaillants, Quellcrist finit par se jeter hors de la barrière, sans qu'aucune flèche ne l'atteigne. Comme si, elle n'était pas là, mais aussi ici, dans le vrai monde. Jusqu'à ce qu'elle traverse un ennemi, et se rematérialise en lui. Une immense force projette alors l'immense chevalier contre les arbres millénaires, l'obligeant à être témoin d'un carnage qu'il n'aurait jamais pensé voir en dehors des rangs chantristes.

La lame se matérialise dans les mains de cette furie noire, et elle tranche, sans aucune pitié, les hommes teintés de rouge en leur peau sans faillir. Chaque coup, chaque réapparition de la lame fait ricocher les projectiles, tranche dans le vif leur peau pourtant renforcé par ce cristal corrompu, si bon et si doux à leurs oreilles. La mélodie change, crisse, les fait hurler pour que leur comportement s'adapte à ces nouvelles menaces. Le chevalier lui-même essaie de s'en prendre directement à cette impie, sa proie. Mais à peine sa chaîne attrape son dû, celui-ci tressaille de manière monstrueuse. Aucun signe de terreur n'apparaît sur ce visage blanc trempé de sueur, seul un sourire mesquin et empreint de supériorité fait face à sa gueule déformée. En cet instant le chevalier comprend de manière bien trop tardive que son destin est scellé.
En effet, la zone jusque là si calme et facile à piétiner de son armure, s'est imprégnée d'une magie le ralentissant et l'affaiblissant. Sa poigne, comme sa volonté s'amenuisent devant cette femme qui alors n'hésite pas une seule seconde à lâcher son bâton pour le maintenir en place et à former de nouveau sa lame. Sa dernière vision est cette épée de magie, le tranchant venant sans ménagement toucher sa nuque à moitié nue. C'est la fin.

Le bruit arrive aux oreilles de nombre d'assaillants. La lourde armure sans tête frappe la roche, lourde et puissante. À présent ils voient le casque, la tête, pendre sous cette main gantée. Et le sang de leur chef couler à terre. La magie venant des arbres des plantes continue de les tirer briser, mais le plus horrible, le plus menaçant vient de leur être montré. Le chevalier est mort. La panique s'installe de plus en plus dans les rangs. Ils sont désarçonnés.
« Ceux qui le peuvent, givre et murs de feu ! Évitez juste de toucher les racines ! Maintenant !!!! »
Les mages s'exécutent. Des monstres teintés de rouge ou des archers se figent, pris dans la glace. D'autres tentent de fuir, pour se retrouver sur un mur de feu et brûler leur peau. Malgré tout, certains passent entre les mailles et s'éparpillent, espérant ne pas se faire traquer. Les salves de magie sont plus omniprésentes et les barrières tombent. Le fait de voir la situation changer en galvanisent certains dont la rousse Ninon, qui arrive à créer sa zone de soins. Quellcrist de son côté ne cesse de trancher, se montrer assassine envers ces choses aux quelques traits humains, happée par son devoir de protection, et le crédo vibrant de la foi des chevaliers enchanteurs. Purifier, protéger et servir l'humanité, contre tout ce qu'elle a créé de décadent.

Et, sans remords, lorsque les murs s'estompent, elle part au devant pour s'occuper de trois choses tentant de fuir devant cette contre attaque inopinée. Sans aucun remords, elle invoque un nuage mortel, qui vient englober ces monstres et les assaillir de nombreux dégâts spirituels. Leurs cris sont tantôt humains tantôt stridents et monstrueux. Mais elle continue à maintenir la pression, pour qu'ils se taisent à tout jamais. Tout s'estompe, comme la magie qu'a dégagé la jeune femme. Une jeune femme mise à mal, tremblant encore tant son énergie a été sollicitée, mais fière.
« Quellcrist !!!! »
C'est la seule chose qu'entend la nommée avant de se sentir complètement partir. Et sentir, contre son dos vouté par cette intense fatigue, contre l'écorce de cet immense arbre. Ninon et quelques mages ragaillardis par cette étonnante victoire viennent la voir pour s'enquérir de son état. Quell à force de secousses et de gifles, tressaille et revient à la réalité.
« Cette magie. Il y a un mage qui nous a aidés.
- Tu ne pourrais pas te soucier de ton état ?
- Hm...à vrai dire ... non. Qui ont-ils tués.
- Sophia et Gontrand.
- Hrm ... »
Ce pauvre couple de mages qui se pensait libre de vivre à présent leur amour, s'est trouvé occis.
« Il va falloir leur donner ... une sépulture. Mais je ne vois aucun endroit assez paisible pour cela ... »
Quell se sent mal. Pas que physiquement. Il lui suffit de boire la potion de lyrium que lui tend Ninon pour amenuiser les effets de cet état post combat. Non, elle se sent mal pour ces deux mages, à qui elle a promis la paix et une vie d'amour libre. Ce sentiment devenu si rare en ces temps troubles. Et en cela, la libertaire le voit comme un échec de sa part. C'est silencieuse, fesses écrasées contre cette mousse tendre et ses mains plaquées contre son visage qu'elle se lamente. Pourquoi, pourquoi ne peuvent-ils pas avoir un instant de répis ? Pourquoi faut-il toujours qu'une ignominie vienne entacher leur vie ?

Jeu 9 Aoû 2018 - 9:32

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Siha cessa d'être un mage et devint la terre elle-même. Là où son corps immobile était aussi figé et tendu que son bâton surmonté d'un aigle à deux têtes ; son esprit guidait chaque pic rocheux contre les armures de templiers et chaque racine autour de leurs chevilles. Son sort était devenu l'incarnation de la colère de la forêt émeraude, la révolte de ces mages pourchassés, la lutte pour la survie contre les hommes. Lorsqu'il en eut terminé les cris des soldats résonnèrent dans la nuit, plusieurs d'entre eux transpercés ou immobilisés sur place. Finalement il expira profondément, chassant l'air de ses poumons en même temps que les dernières bribes d'hésitation.

Les mages apostats avaient pris le relais comme si son apparition avait été convenue depuis le départ, et heureusement les quelques attaquants qui étaient assez près pour remarquer sa présence furent bientôt contraints de se concentrer sur la défense. Plusieurs sorts se perdirent sur les boucliers hautement brandis ou furent purgés avant de prendre physiquement forme, et bientôt des ordres de se regrouper résonnèrent d'une voix forte. Par ailleurs l'avant-garde s'approchait dangereusement de la barrière, des fioles de lyrium à la main. Leurs intentions étaient on ne peut plus claires et si dans la confusion de la bataille cela aurait aisément pu passer inaperçu, on pouvait difficilement ignorer les consignes qui étaient beuglées par l'imposant chevalier.

L'archiviste glissa une œillade prudente vers l'orée des arbres, ou ses meilleurs tireurs étaient déjà embusqués, à l'affût de son deuxième signal. Sa gorge se noua de nervosité. Frapper trop tôt révélerait leur position exacte et signerait leur arrêt de mort. Frapper trop tard risquait de coûter la vie des mages... et sans doute aussi la sienne s'il ne faisait pas attention.

« REPLI ! »

La voix de Sehariel résonna en dalatien pour rappeler les guerriers elfiques, afin que ces derniers ne soient pas pris dans les sorts qui pleuvaient de plus en plus drus sur le terrain. Siha déglutit avec peine, sachant pertinemment que renforcer cette barrière s'avérerait inutile si les Templiers venaient à sceller leur magie. À la recherche de la meilleure marche à suivre il sentit néanmoins un frisson courir sur sa peau pâle, alors qu'une magie étrange avait transformé une femme en une furie à moitié invisible, une sorte de feu follet zigzaguant mortellement entre les rangs ennemis. Pas tout à fait humaine mais pas un esprit non plus, cette présence horrifia et fascina le Rêveur à la fois.

La méthode magique lui était inconnue et il n'était pas sûr de comprendre ce qui se passait sous ses yeux ébahis, toutefois il était évident que cet éclair de puissance était leur meilleure chance de retourner la situation. Se concentrant une nouvelle fois fois, Siha inspira. Ses yeux se focalisèrent sur la mage avec la précision d'un oiseau de proie, son pouvoir jaillit à nouveau à travers ses bras et la prit pour cible. Il expira. Revigorant le corps de cette dernière de son énergie, il amplifia sa force et sa vitesse afin de lui donner les moyens d'accomplir sa mission le plus longtemps possible. Finalement quand le macabre office fut fait et la tête du chevalier roula pathétiquement, le métamorphe n'y tint plus et interrompit le contact.

Souffle court, il monta sur un tas de rochers afin de mieux observer l'état des choses, et ce qu'il vit le soulagea et lui glaça le sang en même temps. Les mages étaient saufs pour la plupart, mais... Des corps calcinés, des arbres gelés, des morceaux d'armure vide ; un horrible charnier s'étendait à ses pieds... et ce n'était même pas encore fini. Un poids se logea dans sa poitrine alors qu'enfin il leva son bâton bien haut, sa lueur blanchâtre tranchant dans la nuit tel un phare silencieux. Le sifflement des flèches lui répondit en unisson, comme si elles avaient impatiemment attendu son approbation.
Sans guère se soucier davantage Siha écouta la musique des archers et la danse des épéistes, certain que Sehariel saurait éliminer les fuyards, et ratisser le nord des Tombes pour être absolument certain que plus rien ne viendrait troubler le calme de cette nuit étoilée. Cela prendrait sûrement quelques heures ou quelques jours avant qu'ils se sentent de nouveau en sécurité, mais tout bien considéré les choses auraient pu être bien pire. Descendant de son perchoir il aborda l'éclaireur de le plus proche, le pas léger mais le cœur lourd.

« Des pertes ? »
« Non, Archiviste. »
« Des blessés ? »
« Cinq blessés mineurs, deux légèrement brûlés. Seul Eren a pris une flèche au bras. »
« Déplacez-les en sécurité, nettoyez la blessure d'Eren. Je les soignerai dès que j'en aurai fini ici. »

L'éclaireur acquiesça prestement avant de disparaître pour transmettre le message. Néanmoins Siha ne resta pas seul bien longtemps, car Rasdir et Jillian le rejoignirent rapidement. Cette dernière semblait pour le moins agacée, et nettoyait encore fiévreusement ses dagues tâchées de sang.

« Sehariel mène les guerriers valides dans la forêt, à la recherche de déserteurs et de renforts. Les autres archers sont rentrés à la défense du camp. »

Des explications supplémentaires étaient inutiles, Siha les connaissait assez bien pour savoir que Jillian tenait à faire parler sa vengeance et en voulait à son frère de lui assigner une autre tâche. Une tâche qui revenait sûrement à agir en tant qu'escorte, au cas où ces mages n'avaient pas encore eu le temps de calmer leurs pulsions belliqueuses.

Soupirant pour faire redescendre sa propre adrénaline, l'Archiviste dodelina tristement de la tête. Lui qui abhorrait la violence n'avait hélas eu d'autre choix que de faire couler le sang, le tout sans même avoir eu la chance de pouvoir parlementer pour calmer le jeu. D'autre part une profonde inquiétude ne quittait pas un coin de sa tête, avec cette inopinée visite de Templiers en des terres sur lesquelles ils n'osaient habituellement s'aventurer. Seule Mythal savait combien il y en avait encore là quelque part, avides de venger leurs frères tombés...
Serrant les dents, il s'approcha lentement de Quellcrist, flanqué des deux elfes blonds qui le suivaient de près. Rasdir, un bon vivant avec une imposante épée à deux mains dans le dos ; et Jillian une chasseresse taciturne qui avait désormais rengainé ses dagues et les épiait d'un œil critique.

Siha ignorait à qui il devait s'adresser ou même si cette étrange compagnie avait quelqu'un à sa tête, néanmoins il avait naturellement choisi d'interroger la personne qui avait pris le plus de risques inconsidérés pour protéger ses semblables... autant parce qu'il sympathisait avec ce sentiment que parce que sa magie l'intriguait profondément. Restant à respectable distance afin de ne pas déclencher leur hostilité, il ne put s'empêcher d'entendre le regrettable échange. Bon nombre de questions lui vinrent à l'esprit mais aucune salutation ne paraissait adéquate en un tel contexte. Son visage tatoué était clairement visible sous la lueur de son bâton en if.

« Je suis navré que les choses aient tourné ainsi. » Dit-il simplement d'une voix basse, traînante de regret. Il ne pouvait accepter de les voir rester sur le long terme, mais n'avait pas non plus le courage de se montrer insensible alors que des vies venaient d'être gâchées. « Je m'assurerai que les Templiers ne reviennent pas, aussi vous pouvez soigner vos blessés et pleurer les disparus sans crainte, et vous reposer quelque jours avant de repartir. »

Dim 12 Aoû 2018 - 13:23

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Le constat continue de s'abattre telle une pluie assassine de grêle sur la tête de Quellcrist. Une migraine, une douleur à la tempe et la voilà prête à gémir puis grogner son dégout, et sa colère. C'est frustrant, si frustrant de savoir qu'ils sont enfin arrivés au bout de leur périple, pour voir encore certains des leurs mourir pour la soif de sang de quelques monstres. Puis, soudain, une présence familière l'oblige à relever sa tête alourdie par la défaite. Cette magie si particulière, si intrigante, qu'elle a pu sentir en ses muscles, en ses entrailles devient plus concrète, plus ... d'apparence humaine. Concernant ses compagnons, ils semblent plus méfiants qu'elle ne l'est, face à cette apparition effrayante, en des temps aussi sombres.
« Il nous a aidé... c'est ... c'est lui qui a fait danser la terre et fait en sorte que j'ai les forces suffisantes pour venir à bout de ce monstre immense habillé en templier. Alors ne l'attaquez pas. »
Ses tempes pulsent violemment, rappelant à quel point elle n'était plus habituée à ce genre de combat, mais aussi ses plus affreux souvenirs. Voir tous ces monstres habillés en templier, c'est un écho qui aurait tôt fait par ses sensations de briser le peu de voix qui lui reste. Une voix pourtant grave, posée, et imposante de par cette façon qu'elle a de la la rendre modulée à souhait. Mais aujourd'hui, elle faiblit et se retrouve chevrotante. Ninon reste accroupie et tente de stabiliser les influx magiques de sa comparse pendant que d'autres s'en vont chercher les corps des défunts, ou bien ranger ce qu'il faut, en vue d'un déplacement du campement.

« Ne soyez pas navré. Ce sont les aléas de la vie de mage, malheureusement. Et nous devons faire avec, sous peine de tous nous retrouver noyés sous le sang et les larmes de nos semblables. »
Tous se figent quand ils entendent de la bouche de leur sauveur qu'il s'agissait bel et bien de templiers. Tout du moins, pour ceux restés à portée. Des regard inquiets sont échangés, ainsi que d'autres, plus perplexes et confus face à cette incroyable constatation. Des templiers. Ces monstres sont réellement des templiers ? Mais leur faciès, leur peau, rien ne semblait plus humain.
« Ce n'est pas possible.
- Tout peut-être possible en une telle période. Et pour les avoir vu de près, ils ont l'air d'être bardés de lyrium. Rouge. Mais le chant n'était pas celui de d'habitude. C'était plus violent et assommant. Comme si l'on essayait de changer ce que je suis.
- Du lyrium corrompu ? »
La conclusion de Ninon met un froid, mais tous supputent que cette piste est on ne peut plus probable. Il faudra étudier cela de près. Et sans doute trouver un moyen de contourner la chose. La priorité est cette phrase de ce qui leur apparaît maintenant comme un elfe dalatien. Archiviste sûrement ou apprenti. Mais pour Quell il ne fait aucun doute, au vu de sa puissance qu'il s'agit du plus haut grade d'un clan. La mage se relève à grand renfort d'aide, mais arrive finalement à tenir sur ses deux jambes lorsqu'elle doit s'avancer jusqu'à l'elfe, sans aucun signe d'hostilité.
« Archiviste. Je ne veux guère me montrer de ce genre abusant de l'hospitalité d'autrui mais ... quand vous dites repartir ... »
Grimace. À tous les coups, c'est ce que cet homme aux traits fins sous entend.
« Cela sous entend partir des Tombes. Or, nous avons fait tout ce chemin depuis Ghislain pour nous réfugier ici. En ce lieu empli de magie, et synonyme d'espoir. Un espoir qui trop longtemps nous a été refusé. »

C'est sans doute le moment d'expliquer leurs intentions et surtout, faire en sorte qu'ils puissent rester ici, dans ce lieu qu'ils ont tant voulu trouver, après la dissolution des Cercles et leur liberté enfin retrouvée. Même si, aux regards de ses comparses, Quellcrist est sûre d'y déceler un quelconque malaise, une certaine méfiance.
« Nous avons vu vos arbres sacrés, situé au nord. Et avons fait en sorte de les contourner lors de nos expéditions. Nous respectons votre culture, malgré le peu que nous sachions, grâce au livre de notre ancien Cercle. Nous voulons simplement trouver un endroit adéquat pour établir notre camp.
- Es-tu sûre que l'on puisse leur faire confiance ?
- Si l'on ne fait pas confiance à celui qui nous sauve du plus grand des périls, à qui la donnerais-tu mon ami ?
- J'espère ... , dit le mage, avant de baisser les yeux, intimidé par le dalatien.
- J'espère aussi. Bien. Notre but est de former avec nos diverses recherches une communauté de mages libres, pouvant gérer leur nourriture et leur confort depuis les hauteurs des arbres. Si besoin, je suis prête à faire en sorte que les vôtres puissent vérifier le bien fondé de mes propos. »
Il valait mieux être claire et surtout, ne pas froisser de potentiels alliés, en sachant à quel point leur Archiviste est déjà imposant et puissant. Repartir des Tombes n'est pas une option envisageable. Ce serait briser à tous leurs espoirs. Ainsi que ceux de Quell. Des espoirs qui en son coeur sont devenus chose rare depuis certains événements ...


Jeu 16 Aoû 2018 - 20:36

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Siha s'entoura d'une nappe de silence faute de trouver les mots, d'autant que le discours profondément émotif de son interlocutrice se passait de commentaires. Il n'était pas assez insensible pour être totalement étranger à leur douleur, pas assez hypocrite pour se servir de paroles de réconfort sans substance. De même bien que son regard ait alterné entre les visages tendus et les murmures méfiants, ce dernier ne se montre pas troublé outre mesure. Si ces gens étaient tels que le laissait présager la situation, des apostats en fuite, il était tout à fait normal qu'ils se montrent hostiles envers des inconnus. Et si tant est que cette hostilité en demeure verbale, il saurait poursuivre sur la voie diplomatique sans que d'autres vies soient inutilement sacrifiées.

Au lieu de ça l'archiviste se tint immobile au pied d'un arbre immense, écoutant les diverses suppositions d'une oreille attentive. Lui-même se posait encore de nombreuses questions au sujet des hommes qui avaient fait irruption dans les Tombes dans leurs lourdes armures, le pas assuré et sans peur. Leur armement était de fait très proche de ce qu'il avait pu voir dans les villes humaines, mais leur force redoutable semblait largement transcender leurs limites physiques. L'athlétisme et l’entraînement d'un groupe d'élite ne pouvaient néanmoins expliquer leur condition ou la témérité de leur comportement, pas plus que la lueur démoniaque dans leurs regards vides de toute expression.
C'était comme si des spectres de l'Au-Delà avaient animé ces armures pour les mouvoir en une folie meurtrière, au détriment des âmes damnées qui y auraient jadis résidé. Une vision qui lui glacerait le sang pour les semaines à venir, à n'en pas douter. Quoiqu'il en soit il en saurait certainement davantage lorsque Sehariel lui reviendrait et que le calme retomberait enfin. En attendant il restait pourtant nombre de choses à faire, notamment avoir une idée concrète de qui il avait à faire et combien de temps il pourrait retenir ses gens les plus impulsifs. Car il ne fallait pas se mentir, à rester sur le même territoire le conflit semblait inévitable, une simple question de temps, hélas.

Et de fait la dame aux cheveux de nuit ne tarda pas à comprendre le message qu'il avait fait passer, relevant l'attente d'un départ auquel elle -et probablement son groupe entier- se montraient récalcitrants. Siha inspira et expira silencieusement, la dardant de ses prunelles ambrées, retenant la réponse acide qui se bousculait au bord de ses lèvres closes. Le clan avait fait exception à ses propres règles pour intervenir dans un conflit entre shems, et voilà l'étendue de leur gratitude ? Les nœuds de ses doigts blanchirent autour de son bâton, malgré la neutralité trompeuse de son visage.

'Parce que les vôtres ont su écouter les suppliques de tout un peuple avant de l'occire comme du bétail, le conduire à l'exil, ou pire, le réduire à l'esclavage ?'
Manqua-t-il de cracher, répugné. Une autre inspiration, une autre expiration. L'amertume dansait sur ses papilles, et le malaise se répandit comme une traînée de poudre invisible à travers les autres elfes présents, comme s'ils n'étaient qu'une seule et même entité.
Rasdir paraissait toujours aussi calme bien qu'animé d'un sérieux peu caractéristique, les bras croisés sur la poitrine dans une posture d'attente. Jillian quand à elle observait attentivement l'échange, ses yeux gris prenant une teinte métallique et froide, la main posée sur les dagues à sa ceinture.

'Un voyage depuis Ghislain, oh quelles longues peines ont-ils du souffrir pour en arriver là...' ne put-il s'empêcher de penser avec sarcasme, en comparaison de la vie de persécution subie par les dalatiens depuis l'époque de la tristement célèbre Marche Exaltée. Bien sûr Siha ne connaissait que trop bien les conditions de vie dont écopaient ceux nés avec une étincelle de magie ; mais après cette longue nuit de violence sur le territoire qu'il avait juré de protéger, et l'opportunisme face à leur rare offre d'assistance, sa patience s’épuisait dangereusement.  Parfois il se demandait encore comment il pouvait être assez naïf pour croire que les humains sauraient se contenter de prendre la main qui leur était gracieusement tendue, plutôt que de vouloir accaparer tout le bras, telles des charognes à jamais insatisfaites.

« Vous avez approché plusieurs fois de notre campement sans même vous rendre compte de notre présence, aussi vous n'êtes pas aussi bien informés que vous ne le prétendez... et marchez aussi bruyamment qu'un troupeau de brontos. » La chasseuse avait calmement exposé les faits, le mépris assez clair dans sa voix autrement mélodieuse. « Si vous n'avez vu personne, c'est parce que nous avons reçu l'ordre d'ouvrir le feu uniquement en légitime défense. »

Un sourire pourfendit ironiquement les lippes du métamorphe face au ferme plaidoyer de la mage dont la beauté lui rappelait celle des dames nobles de Val Royeaux. Un charme qui ne saurait hélas adoucir les réticences ancrées par des générations de mauvaises expériences. Et puis franchement il était bien curieux de voir quel tissu de mensonges était servi au sujet des elfes dans les Cercles, où l'influence de la Chantrie donnait littéralement forme à des mages endoctrinés jusqu'à la moelle.
Le cœur lourd par la force de ce dilemme le ballottant entre devoir, sentiments viscéraux et compassion, il tempéra cependant les répliques intempestives qui se bousculaient sur sa langue. Après une paire de minutes de silence, le poids sur ses épaules sembla s'alléger. Davantage vaincu par la fatigue et le regard inconsolable des diverses personnes dans l'assistance que conquis par leur bonne volonté, Siha ferma finalement les yeux et acquiesça pour se donner de courage de ne pas mettre abruptement fin à cette conversation à sens unique.

« Sans m'engager à quoi que ce soit, j'aimerais que nous puissions discuter vous et moi, ailleurs qu'entre les cadavres. Sur un terrain neutre, avec un ou deux des vôtres si cela peut vous rassurer, ou juste entre vous et moi si vous préférez les laisser se reposer. »

Il s'adressa à Quellcrist, qui avait visiblement hérité du statut de leader à en juger la façon dont ses pairs se reposaient sur elle pour parlementer mais aussi pour prendre des décisions. Levant une main pour interrompre les balbutiements de Jillian, qui s'opposait déjà fermement à l'idée de le laisser seul en compagnie de cette femme à la magie étrange, Siha lui glissa quelques mots en dalatien avant d'en revenir aux pourparlers. Il était beaucoup trop tôt pour ne fusse qu'envisager de céder quoi que ce soit, néanmoins il ne pouvait accepter de prendre le rôle de bourreau sans même leur accorder une chance de s'exprimer. Non... il ne pouvait se baisser au niveau des shem, ce serait bien trop déshonorant.

« Nous avons un avant-poste établi de l'autre côté du ruisseau, ce n'est pas très loin. Nous n'y avons guère plus qu'un guet et un feu de camp, quelques vivres. Assez pour nous offrir un lieu sûr où discuter, et où je pourrai soigner un ou deux blessés graves, si vous êtes disposés à m'offrir un peu de lyrium. Si vous préférez garder vos ressources je n'en prendrai pas offense, mais j'ai bien peur de ne pas être en mesure de vous aider avant une nuit de repos. » Ses prunelles fendues comme celles d'un félin se posèrent sur la jeune femme, en quête de réponses. « Qu'en dites-vous, Quellcrist ? »

Ven 17 Aoû 2018 - 18:08

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Tous les mages retiennent leur souffle. Tous. À vrai dire, les dalatiens n'ont l'air guère enchantés d'imaginer des humains, des shems comme ils aiment si bien les appeler dans leur langage, devenir leurs voisins. Pourtant, Quellcrist ne faillit pas, elle fixe intensément l'Archiviste, bien décidée à faire valoir son point de vue, malgré des dissensions millénaires, qui sommes toutes à son sens sont complètement absurdes. Un Archiviste qui pourtant lui instille un grand respect dans sa manipulation atypique de la magie, une personne gracile qui comme les roses saurait user violemment de ses épines pour écorcher son ennemi. Ce n'est que lorsque la chasseresse s'adresse directement à elle avec un certain mépris, qu'elle se détache de l'intrigant regard empreint d'amertume et de puissance.
« Nous avons approché votre camp sans nous en rendre compte. Ce sont vos dires. Approché, ne veut pas dire que nous nous sommes immiscés. Encore moins que nous avons volé, ou tué, comme jadis nos ancêtres. Mais je suis sûre que nous serons pourtant d'accord sur une chose. Que d'autres shemlen, comme ceux qui nous ont amenés à nous rencontrer aujourd'hui, n'auraient eu aucun scrupules à vous massacrer.  »
Quellcrist reste sèche, mais pas pour autant hostile. Elle comprend cette méfiance car elle la ressent aussi, pour une certaine catégorie d'individus. Cependant, cela n'empêche en rien son envie de rabaisser quelque peu le caquet de cette chasseresse l'accusant de maux qui au final n'ont été tissés que par sa paranoïa. Salomé, l'un des deux apaisés de la communauté, s'approche sans peut des elfes dalatiens, pour tout bonnement rejoindre leur responsable libertaire.
« Les corps de Gontrand et Sophia sont drapés. Ensemble. Nous avons pris soin de rajouter leurs effets personnels.
- Bien. Cela me ferait mal au coeur de les savoir séparés, après tout ce qu'ils ont subi ... »
Sa voix baisse, autant que ses yeux, à présent gorgés de regrets et de tristesse. Ce couple a dû se cacher tant d'années à la vue de la Chantrie et des templiers du Cercle. Subir un isolement pouvant vous rendre fou, pour s'être aimés. Quel crime, quelle stupidité venant de cette religion se prônant garante de la parole d'Andrasté.

Ravalant son amertume, la mage lève la main. D'abord vers Salomé. Puis vers Ninon.
« Salomé. Tu vas venir avec moi. Ninon, vérifies qui sont nos plus grands blessés. Tu t'occuperas du reste. Vois ce qu'il nous reste en stock de lyrium raffiné. Au besoin j'ai celui que nous avons pris aux derniers templiers qui ont tenté de nous traquer. Et, en gage de bonne foi, passe leur deux de nos fioles, en supplément. »
Ninon opine du chef, partant vers ce qu'il reste de non rangé du campement pour trouver le fameux lyrium. Un léger son de dégout sort ensuite d'entre ses lèvres quand elle voit l'un de ses compagnons tenter de toucher un cadavre.
« Si vous voulez tenter de prendre quoi que ce soit, bandez-vous au moins les mains. On ne sait pas quelle est la portée de ce lyrium corrompu sur notre corps, et encore moins sur notre esprit. De plus, nous avons eu assez de morts pour aujourd'hui. »
Le jeune mage se recule prestement, avant de filer dans les jupons de la senior du groupe, sans doute pour lui demander le matériel adéquat. Cette fois, elle reporte toute son attention vers l'Archiviste.
« J'espère que cette réponse vous convient. »
Car elle accepte.

Après plusieurs minutes de marche ponctué d'un grand silence, la mage, l'apaisé, et les deux blessés graves traînés sur des civières de fortune par les deux humains, arrivent à l'avant poste du camp dalatien. Les dalatiens sont tous arrivés avant eux, étant donné que Quellcrist a expressément appuyé qu'elle ne voulait pas, une nouvelle fois abuser de leurs bons soins, et donc, les laisser porter des blessés qui ne sont pas les leurs. Elle dépose la civière près du feu, avec le mage sénior touché sur l'intérieur de la cuisse par une flèche. Puis, elle effectue quelques pas, non sans méfiance. Elle ne semble pas vouloir faire quoi que ce soit d'odieux, démarche curieuse, pour une shem. Salomé de son côté, se met comme d'habitude à sculpter du petit bois dans son coin, le tout en prêtant une oreille attentive, en cas de besoin.
« Je sais ce que chacune de nos races pense de l'autre. Et si vous me permettez, je ne porte en rien les accusations proférées à l'encontre de vos ancêtres, pour des raisons personnelles, liant le manque de sincérité de la Chantrie et de ses soeurs de petites vertu. »
Ses sourcils froncent, à telle point que sa ride du lion en ressort. Oh oui, la Chantrie n'est pas en odeur de sainteté chez cette mage. À croire qu'elle serait capable d'éviscérer quelques soeurs en place publique pour qu'elles ressentent, ce qu'elle-même a ressenti.
« J'ai moi-même subi son manque de compassion et de compréhension. »
Elle revient vers le mage qu'elle a transporté, pour enlever d'un coup sec la pointe de flèche encore enfoncée. À force d'aider Ninon, certains des membres du groupe ont pris le pli, sur certaines procédures. Elle tend ensuite les fioles à l'archiviste dalatien.
« Peut-être voyez vous cela comme les plaintes sans fondement d'une humaine qui a eu bien plus de droits que n'en auront jamais les elfes de cité ou bien les dalatiens, Archiviste. Mais les mages de cercle ont subi eux aussi des oppressions et des traitements révoltants, frôlant parfois le morbide. Je crois que nous avons bien plus de points communs que vous ne le supposez. »
Un léger sarcasme se dénote. Si en plus les oppressés se mettent à s'entretuer, Thédas n'a pas fini de voir des lunes rouges et des trous béants crever son ciel. Ce n'est pas comme ça que la paix s'installera.

Lun 20 Aoû 2018 - 18:29

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Les elfes replièrent bagage suite à cet accord tacite et repartirent dans les bois comme ils étaient venus, en vagues silhouettes encapuchonnées de silence. Les murmures de cette tendue négociation se turent en même temps que le croassement des corbeaux, désormais trop occupés à piller les restes de ce sanglant combat. Pourtant ce n'était là que le début de la conversation, le premier pas en avant de ce qui pourrait être soit une cordiale entente, soit un épineux conflit. Et à en juger les œillades méfiantes et autres humeurs échauffées, l'issue était encore loin d'être garantie dans un sens ou dans l'autre.

Aussitôt le ruisseau passé par les elfes armés jusqu'aux dents, les consignes fusèrent dans tous les sens pour aménager l'avant-poste tel que promis. De l'espace est fait près du feu, et quelques tentes sont plantées en vitesse en voie d'accueillir les blessés des uns et des autres. Jillian en particulier continuait de faire les cent pas, déversant sa frustration sur ses pairs supposément trop flegmatiques. Remontée comme une horloge suite à l'échange tourné court avec l'humaine, elle respectait religieusement le silence qui lui avait été intimé, mais ne se privait pas de se défouler autrement. Néanmoins malgré sa mauvaise humeur les ordres furent donnés et suivis avec pragmatisme, les déviant en partie de la tension ambiante.

La majorité des guerriers restants furent dispatchés dans la nuit, tenant le guet sur les villas humaines du sud et le calme des ruines anciennes, depuis la hauteur des arbres. Au camp lui-même il ne restait que les trois mêmes personnes ayant abordé les apostats, un comité volontairement réduit afin de garder la neutralité promise. Soit une Jillian droite comme un piquet, postée sur la première branche d'un arbre en relais des autres éclaireurs ; Rasdir qui observait calmement la situation et agissait en protecteur et homme de main, puis enfin l'archiviste qui s'activait au pied du feu, mortier et pilon entre les mains.
Les deux civières furent déplacées aussi délicatement que possible, Rasdir les aidant sans poser de questions dès qu'il les vit trimer à les soulever plus longtemps. Tout d'abord un silence s’appesantit entre eux, laissant le crépitement des flammes et les plaintes des blessés paver lentement le chemin vers la reprise du dialogue.

Siha continuait de s'affairer autour de ses cataplasmes, l'air concentré, piochant parfois des herbes ou des baies dans sa sacoche en attendant que la dénommée Quellcrist reprenne là où elle avait arrêté. Et le ton ne le surprit pas outre mesure, empli de cette aigreur implicitement accusatrice, de cette agressive suffisance qui aurait si facilement pu ranimer sa révolte. C'est pourquoi si ses longs doigts fins s'arrêtèrent un instant telle une araignée soudainement interrompue dans le tissage de sa toile, Siha ne jugea pas bon de se lancer sur le sujet épineux de leurs ancêtres aux uns et aux autres.
Il soupira d'une lassitude à peine voilée. Ce qui lui importait c'était de trouver la meilleure issue pour les deux communautés, pas de jouer à ces jeux enfantins. Il avait suffisamment sillonné les villes humaines pour avoir une vision très claire de la réalité moderne et il ne se sentait pas le besoin de le rabâcher aux oreilles de ceux qui n'avaient point eu l'occasion de la confronter à la théorie des livres. Tôt ou tard ils seraient contraints d'ouvrir les yeux, si tant est que la poursuite des templiers n'ait pas encore fait cet effet.

« Tous subissent la société humaine, y compris ceux qui n'en font pas partie. Elle est injuste et cruelle, écrasant ceux qui ne la rejoignent pas, excluant ceux qui ne conforment pas à ses exigences. » Son ton était presque celui du murmure, quelque part entre écœurement et pensées exprimées à voix haute, pas contre Quellcrist et ses mages mais contre un mal bien plus enraciné que cela.

« Certains sont nés sans terre, dans une autre religion ou culture, dotés de magie ou d'une autre forme d'oreilles. » Il sourit avec dépit, mettant son travail terminé de côté. « Il se trouve que les elfes ont le malheur de cumuler tout cela à la fois, et d'avoir jadis été moins enclins à prendre les armes. Nous avons été contraints d'apprendre la guerre pour survivre, et avons failli être exterminés pour l'avoir fait trop lentement. »

Il se leva pour faire face à la jeune femme, accepter une bouteille de lyrium et lui tendre la moitié du cataplasme à distribuer aux blessés. Ses prunelles de félin l'étudiaient attentivement, animées des profondeurs insondables de celui qui avait vécu bien plus qu'il ne pourrait jamais le conter. Et de fait sa voix ne charriait ni doute ni conjecture, seulement l'énonciation de convictions de celui qui avait vu.
Libre à ces mages fugitifs de le croire ou de chercher à comprendre, après tout Siha ne s'attendait pas à une discussion philosophique sur les traces indélébiles laissées par le passé. Ce n'était pas qu'il juge coupable tout humain sur seule base de son ascendance, seulement il y avait un tas de complications sous-jacentes que beaucoup d'entre eux s'évertuait à ignorer, tant et si longtemps que leur liberté personnelle n'était pas menacée. C'étaient ces œillères, ce don manifeste et égoïste de ne voir que ce qui les arrangeait qui le mettait hors de lui. Cela... et les insupportables limites de ce qu'un individu animé de bonnes intentions pouvait accomplir seul.

Toutefois il y avait plus urgent que d'éduquer ces gens sur un passé dont même les livres n'actaient plus. Qu'aurait-il à y gagner de toute façon, sachant qu'aucune source ne pouvait rétablir la vérité ou prouver ses dires ? Penser que des étrangers -même une assemblée de mages- accepteraient de croire sur parole quelqu'un tout cela parce qu'il était capable d'entrer consciemment dans l'Immatériel tenait de l'utopie. En outre bien qu'appréhender le passé de persécution qui avait construit les dalatiens soit selon lui une des clés pour diminuer l’abîme entre les peuples, c'était bien trop abstrait et lointain pour résoudre leur problème immédiat. Ce soir des vies avaient été perdues et bien d'autres étaient encore en jeu, le restant ne tenant qu'au fil de leur vigilance, et leur aptitude à trouver une issue pacifique.

Rasdir porta un archer dans ses bras et l'amena à l'archiviste, l'étendant doucement sur les diverses peaux qui avaient été disposées pour les blessés. Les dalatiens ne possédaient pas de civières dans un camp aussi petit, aussi il leur fallait composer avec les moyens du bord. Par ailleurs les rares guérisseurs s'activaient aussi vite que possible, entre la crinière flamboyante de Ninon et l'androgyne aux pieds nus.
Siha s'accroupit aux pieds de l'éclaireur aux bras brûlés, un garçon à peine adulte dont le visage émacié trahissait le jeune âge. Ses traits tendus indiquaient la souffrance qu'il refusait d'exprimer par pure fierté, mais ses mèches châtain avaient toutes les peines du monde à cacher son regard hanté parce qu'il avait vu cette nuit. Nuven n'avait pas encore reçu ses vallasllin et Siha devina très bien l'appréhension qui lui faisait fuir son regard. Il posa une main bienveillante sur sa tête, l'invitant à lui montrer ses blessures.

« Tu as courageusement fait ce que l'on attendait de toi, da'len. Détends-toi, maintenant. Ça va aller. »

Pour toute réponse ce dernier murmura quelques mots en dalatien, puis s'allongea aux pieds de Rasdir, glissant encore quelques œillades préoccupées vers les mages non loin. Il n'avait pas peur de la magie, et il n'avouerait certainement jamais avoir peur des humains dans l'ensemble. Néanmoins l'expérience de la soirée l'ayant opposé à des monstres en armure, il était difficile de garder le pacifisme des Bellanaris en tête... et Siha ne pouvait vraiment lui en vouloir.

« Rasdir, applique l'onguent sur ses bras, puis bande-les proprement. Quand tu auras fini, va chercher de quoi manger dans le camp. »

L'intéressé se montra relativement sceptique sur la dernière partie de la consigne mais s'exécuta sans faire de vagues ou poser des questions. Il était assez expérimenté pour savoir quand il était inutile de discuter un ordre, d'autant qu'il tenait à revenir le plus vite possible et s'assurer que l'échange se poursuive sans violence.
Pendant ce temps Siha saisit une des fioles de lyrium et la but d'une traite, non sans grimacer de dégoût non seulement à la saveur aigre sur sa langue, mais à cette rare exception qu'il venait d'ouvrir. Les ressources magiques lui revinrent assez rapidement, l'enflant de cette dangereuse sensation de puissance. Pourtant la seule raison pour laquelle il avait souillé son corps par la prise de lyrium c'était de sauver des vies, ce qu'il était déterminé à faire... mais non sans l'accord des intéressés. Observant Ninon s'épuiser à la tâche avec l'aide pragmatique de sa leader, Siha s'approcha prudemment.

« Je ne prendrai que le stricte minimum de ces fioles, et vous procurerai de quoi manger en retour. Nous n'avons rien de bien sophistiqué à vous proposer, mais cela devrait permettre aux vôtres de reprendre des forces. Par ailleurs ceux qui le peuvent devraient dormir, en sachant que mes guerriers donneront l'alerte en cas de danger. Demain sera une longue journée et nous aurons tous besoin d'être en forme. » Il ne leur dirait pas quoi faire, néanmoins pour l'heure la coopération lui paraissait encore la meilleure marche à suivre, au moins le temps de s'assurer que les templiers ne reviendraient pas. Levant ses mains désarmées en leur direction, paumes ouvertes, Siha semblait avoir maintenant retrouvé la quiétude qui le caractérisait. « Veuillez m'indiquer le ou les blessés qui acceptent de recevoir mes soins, que je puisse me mettre au travail. »

Mer 22 Aoû 2018 - 15:34

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Malgré son émerveillement face à cette ambiance de camp, et d'entraide qui semble animer ce clan dalatien, Quellcrist ne peut s'empêcher de sentir son engouement retomber au vu des quelques réactions sèches de l'Archiviste. Une amertume qu'elle ne peut que confirmer, par ses propres maux intérieurs, au point de s'en mordre légèrement la joue au sang. Sans terre, sans religion, tout fait écho en son coeur, comme l'a fait la magie du dalatien lors de son aide bienvenue. Cette compréhension, ce bercé dans son identité, elle ne l'avait pas ressenti depuis sa rencontre avec son mentor libertaire.
« Subir, se sentir souillé. Que ce soit de son propre sang ou de celui de ses pairs. Être obligé de se taire, ou fuir sans cesse, pour ne pas oublier qui nous sommes. »
Finit-elle par dire, froissée par ses propres souvenirs et la portée des paroles qui lui sont partagées. Les connaissances fournies par le Cercle et celles qu'elle a pu parcourir un tant soi peu à l'Université d'Orlaïs, ne rendent pas hommage à ce peuple mystérieux. Un peuple qui pourtant semble on ne peut plus civilisé et capable d'accepter son prochain. En se plongeant un moment dans le regard de l'elfe de manière inconsciente, la mage sent le poids que les ancêtres humains ont fait subir. À eux, comme aux dalatiens.

Elle le remercie quand celui-ci lui donne le cataplasme, avant de s'affairer à débander la cuisse du mage senior et à lui appliquer la substance pâteuse. L'arrivée d'un autre dalatien la fige, et, la femme s'oblige à fixer autant le cataplasme que le mage senior gémissant et fuyant les regards des dalatiens. Oui, il n'y a pas de quoi être à l'aise, en sachant les menaces qu'ils avaient subis plus tôt. Et bien que Quell ne doute aucunement de leur bonne volonté, elle ne peut s'empêcher de sentir une légère peur la prendre aux tripes. Pas pour sa vie, mais pour celle des deux blessés et de Salomé. Salomé qui lui, ne semble pas s'enquérir de la tension l'entourant.
« Je taille une cuillère. Ce bois est particulièrement solide et étanche. Ce sera parfait pour un ragout ou pour la cuisson de la graisse. Qu'en dis-tu Quellcrist. »
Sa voix monocorde vient tirer sa compagne de son silence forcé. Et, en voyant les sourcils s'arquer, et le sourire de Quellcrist réapparaître, Salomé termine son constat par cette phrase, en tournant la fameuse cuillère entre ses doigts.
« Bien. Donc nous la garderons. 
- Je n'ai aucune inquiétude quand à tes compétences culinaires et de sculpteur. »
L'apaisé hoche la tête, et continue à fignoler son oeuvre. D'ailleurs, est-ce que les dalatiens connaissent ce rite de l'apaisement, imposé à certains mages sans raison autre que la lutte pour l'amour, ou bien leur propre liberté, en dehors d'un Cercle ? Sont-ils seulement au courant que les mages elfes peuvent aussi subir ces tortures, en compagnie de mages humains ? Mais aux yeux de Quellcrist, l'important n'est pas de comparer les souffrances. Son but est de rappeler au bon vouloir des autres populations, que personne n'est à l'abri de la bêtise et de la folie de certains êtres. Un coup vient frapper le haut de sa tête. Elle grimace.
« L'Archiviste te parle. Ce n'est pas en regardant ma marque que tu pourras lui répondre. 
- Que ferais-je sans toi. »
Elle grogne de colère, et masse son cuir chevelu pour dissiper la douleur.
« Archiviste. Je sais que la prise de lyrium est par moments désagréable. Si vous voulez prendre ce qui vous semble essentiel, il sera cédé de bon coeur. D'autant plus que nous avons rarement eu un accueil et une aide aussi chaleureuse, depuis le début de notre marche. Ninon ? »
La jeune femme aux longs cheveux bouclés roux se redresse et époussète sa grande robe bleu canard du plat des mains.
« J'ai réussi à soigner les blessures superficielles. Quelqu'un s'est foulé la cheville mais je crois que ce que j'ai pu monter avec les bandages et les parties d'une de nos civières lui bloquera le pied, sans risque d'aggraver les choses. Un autre a eu une entaille à l'épaule. J'ai réussi à refermer la plaie, mais je ne serai pas contre ... contre de l'aide ... si ... si ça ne gêne pas ... enfin vous comprenez L'Archiviste qui ... euh ... ahem ... héhéhé ... »
Les mains de la mage froissent les pans de la robe, un moyen comme un autre pour calmer la gêne la prenant au nez et aux oreilles d'une teinte bien plus sanguine que ses propres cheveux. Ah Ninon ... Quellcrist lève les yeux au ciel, comme d'habitude désarçonnée par cette manière qu'a la jeune femme de perdre peu à peu en assurance face à son prochain.

Mais ses yeux ne décrochent pas du ciel. Toute la beauté de cette aurore la frappe de plein fouet, de ses couleurs de rosé et d'orange, de ces choses qui depuis longtemps lui ont été interdites de voir. Tout, tout lui semble être une première découverte depuis la fin du Cercle de Ghislain. Tout lui semble immense et si petit à la fois. Elle en aurait presque les larmes aux yeux, si ... elle ne se contrôlait pas autant.
« Je m'excuse. Vous disiez ? Les blessés, oui. Donc celui avec l'entaille. Ninon va vous le montrer. Ensuite, je crois que le senior que nous avons amené sera le seul à avoir besoin de vos bons soins. Quand à la nourriture, cela fait un moment que nous nous contentons de peu. »
Car malgré leur pugnacité durant les combats, nombre d'entre eux sont affaiblis par les restrictions qu'ils ont dû s'imposer pour garder les rations nécessaires et surtout ne pas s'encombrer plus qu'ils ne l'étaient. Même Quellcrist sent sa peau rétractée contre ses côtes.
« Je suis contrite d'apprendre les malheurs que vous subissez, Archiviste. Vous, et votre peuple. Alors que vous me semblez bien plus organisés et à même de comprendre la magie. Du moins, de ce que j'ai pu ressentir durant notre ... lien, durant ce combat. Je vous remercie d'ailleurs. Sans cela, je n'aurai pu tenir une telle cadence, dans mon état. »
Cette fois, la mage arbore un sourire, certes fin, mais empli de respect et de sympathie.
« Et quand bien même je sois quelque peu méfiante, j'ai en haute estime les personnes qui savent aider leur prochain. Qu'elles aient des oreilles pointues ou non. Salomé. »
L'apaisé se lève et remet ses cheveux bruns en place, posant même la cuillère en bois sur le haut de son oreille, pour on ne sait quelle raison, n'appartenant qu'à son esprit plus pratique.
« Va voir les autres. Et dis leur de remonter la rivière, sans approcher le camp dalatien. On partira vers le Nord de la forêt dès demain si il le faut. Nous enterrerons aussi nos morts par la même occasion. »
Ninon semble inquiète, mais Quell lui répond par un sourire serein et ô combien déterminé.
« Vos positions sont compréhensibles, Archiviste. Mais malgré tout, je pense qu'au delà des griefs anciens et des histoires biaisées contées, on peut montrer à la face de ce monde, en train de se déchirer dans des guerres improbables et à la hauteur d'égos d'idiots, comme ceux de Célène et Gaspard, que nous valons mieux. Que nous pouvons faire mieux. Sans armes. Sans haine. »
Soupir. C'reen, aspirant chevalier enchanteur refait surface. Nostalgique, pleine de rêves et de sentiments.
« Sans étouffer l'autre d'un pied appuyé sur sa nuque. Juste en s'entraidant à notre mesure. Et en acceptant la magie. Qui ne voudrait pas regarder un tel ciel, sans avoir à angoisser, ou même sentir les chairs déchirées et à moitié réparées de son c... »
De nouveau, ses yeux d'un bleu profond viennent embrasser de leur émerveillement, ce ciel paré de couleurs douces et chaudes. Mais ils sont bien vite arrachés à cette vision par les paupières qui savent les protéger de nombre de choses. Les larmes, la douleur, les rayons solaires brûlants, ou même de donner l'envie à leur propriétaire de s'épancher dans ce qui ne devrait plus être.
« Pardonnez-moi. Vous avez raison. Je dois manquer de sommeil, comme les autres. »

Lun 3 Sep 2018 - 15:14

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Il aurait été tellement aisé de se laisser porter par la fatigue, la tension et les vieilles habitudes charriant sarcasme et dérision, qu'il lui fallut réfléchir à deux fois avant de répondre posément. Distillant volontairement plus d'informations que nécessaire, l'archiviste cherchait à poser un contexte et une explication implicite de façon à laisser moins de place à des malentendus qui pourraient en coûter leur frêle entente.

« Les clans dalatiens réduisent au minimum le nombre de leurs mages de façon à leur offrir un encadrement correct ainsi que ne pas attirer l'attention des Ordres qui les chassent. Nous ne sommes que deux au sein des Bellanaris aussi notre consommation de lyrium, denrée rare pour des gens comme nous, est très limitée. Je préfère laisser ce qui ne m'est pas nécessaire à ceux qui en ont réellement besoin. »

Il n'entrerait pas dans les détails concernant les chasseurs templiers, orlésiens patriotes et autres envoyés de la sainte Chantrie, ce n'était clairement pas là le sujet. Les libertaires connaissaient déjà bien les travers de la vie de fugitifs, même si la découverte était toute récente, aussi il était inutile de retourner le couteau dans la plaie.

Siha était resté immobile les mains ouvertes en signe pacifiste, planté à regarder la timidité maladive de la jeune rousse, qui semblait guetter des consignes de la part de Quellcrist pour savoir quoi faire au moins autant que pour se rassurer. Ninon suintait la peur par tous les pores, son petit visage rougi et ses mains hésitantes, d'une façon telle qu'elle le fit presque se sentir coupable. Penaud l'elfe essaya de l'encourager d'un léger sourire, espérant qu'elle n'interprète pas cela de travers.
Suivant finalement les indications de la jeune femme vers les blessés, le dalatien retroussa ses manches, s'accroupit à hauteur du mage et lui parla lentement pour déterminer ce qui le faisait souffrir, tout en établissant un lien suffisamment stable pour lui permettre de travailler sans intimer la crainte. Voyant le bon côté des choses il se préparait mentalement à se faire rebuter, tout en agissant le plus naturellement possible. Au moins n'aurait-il pas à expliquer à ces gens que la magie n'était pas plus nocive qu'une arme, dont les méfaits dépendaient seulement des intentions de ceux qui la maniaient. C'était toujours ça de gagné, car faire preuve de patience en pareilles circonstances s'avérait paradoxalement plus épuisant que de refermer leurs plaies.

Sa main se perdit sur les cheveux mi-longs du mage blessé, qu'il dégagea gentiment de son épaule traversée d'une estafilade. Lui murmurant quelques paroles simples tout en dégageant la zone à traiter, il attendit son assentiment avant de poser les mains directement sur la peau meurtrie de son torse et laisser la magie faire le reste. Heureusement avec l'énergie que lui avait rendue le lyrium ce ne fut qu'un jeu d'enfants et après quelques minutes il put continuer son office sans avoir besoin de monopoliser toute sa concentration.

« De rien. » Murmura-t-il doucement, comme pour lui-même, bien après que les paroles de Quellcrist aient fait leur bonhomme de chemin dans sa tête.

C'était si simple, informel et basique, et pourtant c'était déjà aller plus loin que le clan n'en avait jamais eu l'occasion jusque là. Certes il était arrivé en diverses occasions qu'ils interagissent pacifiquement et commercent avec des nains ou bien des humains à la recherche d'artisanat et autres biens exotiques, néanmoins agir et panser ses plaies côte à côte avait un je ne sais quoi de singulier et presque primaire qui était incomparable. Une dangereuse proximité, un espoir qu'il n'était pas sûr de pouvoir se permettre.

« La méfiance est l'apanage de la survie, ainsi que le reflet de la responsabilité dont nous avons apparemment tous deux hérité. Je ne jette la pierre à personne alors que je suis incapable de faire mieux. »

Son sourire se fit mélancolique, car quelque chose lui disait que la jeune femme n'avait peut-être pas encore accepté son rôle au sein de la petite communauté. Elle n'avait ni titre ni position officielle d'après ce qu'il avait pu constater, néanmoins à en juger les regards pleins de respect et d'attentes de ses semblables, il était aisé de voir que la question se poserait tôt ou tard. Il ne restait qu'à savoir si Quellcrist accepterait d'endosser ce poids supplémentaire sur des épaules déjà voûtées.

Rasdir réapparut à nouveau d'entre le sentier à peine visible entre les arbustes, les bras chargés de provisions. Une grande sacoche dans un bras et une grande casserole dans l'autre, le guerrier sembla s'adapter à l'ambiance moins électrique et se permit un sourire jovial, avec la nonchalance de l'hôte qui accueille ses invités avec modestie mais bon cœur.

« Nous avons de la soupe qu'il faudrait réchauffer... Jendi a eu la main un peu lourde sur les épices mais on finit par s'y faire. C'est une bonne apprentie cuistot, mais c'est fou ce qu'elle est étourdie. » Il posa le tout à terre, se dirigeant instinctivement vers Salomé et sa grande cuillère. « Et pour la suite on a un tas de différentes pousses qu'il faut bouillir avant de consommer, et surtout des baies. Ce sont des fruits sauvages qu'on peut trouver dans certains coins reculés des tombes, ou bien près des villas au sud. Mais je vous décourage de vous y aventurer si vous ne voulez pas attirer l'attention, on ne sait jamais. »

« Rasdir, j'aurais besoin d'eau claire et de tissu propre s'il te plait. » Dit Siha en roulant des yeux au ciel à son tour, peu surpris de voir la familiarité décomplexée du mercenaire, qui parlait à ces étrangers comme à de nouveaux amis récemment rencontrés à un comptoir de taverne.

Ce dernier s'exécuta cela dit sans protester, levant les mains avec un sourire mutin sur les lèvres, comme s'il avait déjà anticipé qu'on lui demanderait quelque chose d'autre pour le détourner de ses conviviales habitudes. Il se permit même de glisser une petite blague pourrie avant de s'éclipser dans les premières lueurs de l'aurore, sans même s'encombrer de voir s'il avait récolté quelques rires.
C'était... prévisible, et assez surprenant pour ceux qui n'avaient jamais côtoyé quelqu'un comme lui, mais cette aisance à sociabiliser était aussi la raison pour laquelle Siha l'avait choisi  pour seule paire de bras valide à l'avant-poste. Tous pourraient accomplir ces tâches simples sans problèmes et défendre ceux qui devait l'être en cas de besoin... néanmoins très peu avaient le sang-froid et la capacité de détendre l'atmosphère avec ce même naturel. Et puis quitte à choisir, ce n'était pas plus mal de montrer à ces mages que les dalatiens n'étaient pas des bêtes sauvages prêtes à la magie du sang et aux sacrifices humains...

« Vous êtes bien sûr libres d'ignorer ce que je m'apprête à dire, mais... » Donnant son intervention pour terminée Siha se releva finalement en écoutant la conversation, se permettant toutefois d'intervenir pour les prévenir des dangers qui les guettaient. « Vous devriez attendre d'être reposés avant d'entamer les préparations. Le nord des Tombes est très dangereux, surtout pour ceux qui ne connaissent pas le terrain. Des géants sillonnent les ruines, des ours et autres bêtes sauvages ne sont pas rares, parfois les hommes perturbent le calme de la forêt... Et un dragon garde les falaises. »

Son ton fut clair mais sûr, celui de la prudente mise en garde plutôt que de la menace. Pendant un instant il s'était approché de Quellcrist, à la fois pour être dirigé vers le deuxième blessé et pour pouvoir la regarder de près pour la première fois. C'était une femme svelte, à la beauté délicate et au regard fort, que même l'adversité ne pouvait éclipser. Siha sourit pour la première fois, un peu timidement mais avec sincérité.

« Je ne demande pas mieux que de trouver un tel compromis, même si cela ne sera possible qu'en travaillant étroitement et de concert. Y êtes-vous disposée ? »

La tension semblait être retombée, de telle sorte que leur échange prenait plus des allures de conversation privée que de dispute ou échange agressif de regards. Ignorant la fuite étrange, cette espèce de honte qu'elle manifestait à se laisser porter par l'espoir d'un avenir moins sombre, Siha pencha la tête sur le côté, profondément intrigué par les flammes dansant dans le regard hanté de la jeune femme.

« Étudions les obstacles qui se présentent, un à la fois. Nous ne sommes pas en position de nous éparpiller, et gagnerons certainement davantage à joindre nos ressources et coopérer autant que possible. »

Son regard ambré se perdit à son tour vers le ciel embrasé par le point du jour, et les rayons iridescents qui révélaient non seulement les sillons et les visages crispés de douleur... mais aussi la promesse silencieuse des nombreux possibles. Ninon semblait veiller sur les blessés sous le regard curieux du jeune archer, qui rougissait chaque fois qu'elle risquait de le surprendre. Rasdir et Salomé discutaient de la meilleure façon de cuisiner, le bavardage incessant du premier contrastant avec le ton monocorde du second, mais l'un dans l'autre ils semblaient relativement bien s'entendre. La vision elle-même était d'une incongrue banalité, une issue inexplicable si l'on tenait en compte le réveil brutal de la moitié des présents et la nuit sanglante qu'ils avaient traversée. Pourtant ceux qui avaient survécu devaient continuer.

« Il est trop tôt pour que je puisse être certain de quoi que ce soit, et il est évident que vous comme moi mettrons toujours le bien être des nôtres avant tout le reste. Je ne mettrais les miens en danger pour personne, pas même ma propre sécurité. »

Son visage coulait telle une rivière tranquille, fluide, imperturbable. Le rôle d'archiviste était plus qu'un rôle, il était sa définition, une partie intégrante de sa personne... Quoiqu'un peu trop prenante peut-être.

« Mais je suis aussi un être pensant doté de conscience et d'empathie. Doté de magie. » Ses sourcils se froncèrent par incompréhension, par hésitation. Pensivement il reroula à nouveau ses manches de ses doigts fins et calleux, expirant lentement. « Ne soyez jamais désolée de vous battre pour votre liberté, Quellcrist. »

Tout à coup il se détourna vers le cours d'eau au loin, faisant mine d'attendre le retour de Rasdir afin de reprendre pied. Il avait du mal à croire qu'il avait encore fallu qu'il ouvre sa grande bouche et distribue les conseils à qui n'en voulait sûrement pas, comme s'il était un puits de sagesse ou de bonnes intentions. C'était vraiment une seconde nature qu'il avait épousée trop fort depuis la disparition d'Ethel... comme si à force de faire semblant il avait fini par se convaincre d'être ce à quoi il aspirait. Le dalatien sourit avec auto-dérision, avant de reprendre, plus détaché.

« J'ignore quels rites vous désirez prester à vos trépassés, mais si vous le désirez nous pouvons vous montrer un endroit paisible et vous y escorter quand vous serez remis. En attendant... j'aimerais que nous ne prenions aucune décision définitive tant que nous ne saurons pas sûrs que la menace des Templiers est écartée. Nous pourrions partager cet avant-poste afin de vous épargner la corruption et les horreurs du champ de bataille en attendant de savoir ce qui en ressort, qu'en dites-vous ? »

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