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Ven 18 Mai 2018 - 20:40

Anonymous
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C'était un endroit fascinant, différent de tout ce qu'il avait pu voir jusque là. De fait Siha ne pouvait s'empêcher d'errer sans but entre les étalages d'épices et de fruits, se retournant dans tous les sens comme une girouette malmenée par le vent du désert. Ses yeux oscillaient et se perdaient dans une marée de couleurs, lui faisant presque oublier l'inconfort de ces contrés hostiles. Le sable s'infiltrait partout, l'air était lourd de chaleur, le soleil tapait sans arrêt contre sa peau pâle, précautionneusement toujours couverte... Pourtant en cette unique goutte déposée par les dieux sur un voile d'ocre infini, cette oasis de verdure perdue au milieu de nulle part, tout bouillonnait de vie.

C'était comme une destination estivale en retrait des villes, étape obligatoire pour la plupart des voyageurs intrépides souhaitant progresser vers le Ponant. Loin des verdoyantes forêts du sud, des luttes politiques intestines et des oppressions sociales, au sein de cette exotique fourmilière toutes races partageaient pacifiquement un même espace. Tantôt les humains abordaient les inconnus pour leur vendre mille breloques venues d'ailleurs, tantôt les elfes libres souriaient insouciamment derrière leurs étals, tantôt une paire de mercenaires Qunari se restaurait avant de repartir travailler.
Un instant Siha s'arrêta là au milieu de la petite foule, fasciné devant la vue de ces gens si différents, temporairement réunis ici à la recherche d'un point d'eau et d'un peu de détente. C'était comme si ses rêves les plus fous, comme si toutes les visions les plus utopiques étaient miraculeusement parvenues à prendre forme ici, à la Halte de Jade.

Le soleil déclinait dans le ciel, incendiant l'horizon malgré la température maintenant plus supportable. En un sens il était déçu que les membres du clan aient préféré rester à l'écart, mais d'un autre côté il serait bien dommage de ne pas profiter d'un petit moment de solitude. Repérant un massif rocheux au bord de l'eau, il se mit en tête de s'installer sous un palmier et manger le fruit qu'il avait acheté un peu plus tôt. Tenant fermement son mets d'une main Siha escalada de l'autre, talonné par le chat errant qui le suivait comme une ombre depuis son arrivée.

Le félin, sûrement excité par la compagnie d'un compagnon acrobate prêt à lui donner de l'attention, ne le vit néanmoins pas du même œil. Sautant soudainement comme une furie tout en haut de leur imprenable vigie, il souleva une volée de pierres et de sable sur son passage. Siha eut tout juste le temps de protéger sa grenade dans les pans de sa tunique, retenant son souffle afin de ne pas inspirer la poussière. Cependant son mouvement brusque lui fit perdre l'équilibre et lâcher prise. Dérapant pathétiquement le long de la pente, il grimaça en atterrissant sur les fesses au bord de l'eau sans toutefois y tomber, avec pour trophée une poignée d'égratignures et ce qui lui vaudrait sûrement un bleu à la jambe,... mais le fruit intact. Laissant échapper un petit cri de victoire, il rit en voyant le chat redescendre sur ses talons en miaulant d'un air désolé, sans remarquer la paire d'yeux inquisiteurs qui suivait de près ses péripéties...

Sam 19 Mai 2018 - 1:12

Anonymous
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Des pierres précieuses à même la peau

ft. siha


Cordélia venait d'acheter un panier entier de fruits de l'Oasis, chacun ayant sa propre texture et couleur particulière, terriblement atypique pour quelqu'un qui avait grandi dans les Marches Libres. Un peu plus loin, un marchand nain se frottait les mains, incrédule de la facilité avec laquelle il avait réussi à faire payer à cette inconnue le triple du prix initial sans qu'elle ne se doute de rien.

Bien entendu, Cordélia se réjouissait d'avoir pu échanger avec un commerçant aussi gentil. Elle avait également fait l'acquisition d'une étoffe colorée pour protéger sa tête du soleil, ainsi que plusieurs petits objets complètement dénués d'intérêt mais exotiques à ses yeux, ce qui suffisait à la motiver pour les acheter.

Le groupe avait décidé de faire une halte de vingt-quatre heures à l'Oasis, car le plus rude était encore à venir. Il fallait remplir les gourdes de nouveau, acheter ceci et cela. A partir de là, le désert ne faisait que s'étendre et la chaleur ne deviendrait que plus insupportable ; et ils avaient besoin de force pour se préparer aux affrontements contre les Venatori de la Porte du Ponant.  
Elle avait troqué la chaleur de son armure pour quelque chose de plus léger, mais portait toujours son épée dans son dos, par habitude - et aussi parce que toute l'agitation autour de sa personne l'avait rendue légèrement craintive de la foule. Même ici, ou personne ne pouvait la reconnaître sans insignes ni signes particuliers.

Cordélia, penchée au dessus de la langueur translucide de l'oasis aurait aimé pouvoir sentir l'apaisement qu'elle recherchait. Mais cette paix était sans cesse troublée par ses pensées, comme le vent fripait la surface de l'eau.
Les pieds immergés dans l'onde transparente, elle s'aventura le long du point d'eau jusqu'à atteindre le pied d'un promontoire rocheux, que quelqu'un en train d'escalader. Il semblait en bonne voie, ses gestes agiles et précis, mais un bond soudain de la part de son chat eut raison de son ascension. Elle porta ses mains à sa bouche en le voyant glisser, mais il semblait avoir eu plus de peur que de mal.
Elle sortit de l'eau, son panier d'osier en main, et fit quelques pas vers la personne qui venait de tomber.

— Vous allez bien ? s'enquit-elle.

Son visage s'illumina quand elle vit le chat s'approcher curieusement, et elle baissa aussitôt l'échine pour toucher la petite tête du félin qui se déroba à ses caresses.

— Il a failli vous faire faire une sacrée chute, dit Cordélia, le visage rieur. Elle tendit la main à l'elfe pour l'aider à se relever.

Sam 19 Mai 2018 - 21:22

Anonymous
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La première pensée qui émergea après la chute fut teintée d'un profond embarras. Rougissant jusqu'aux oreilles pour s'être fait surprendre juste après l'échec de son escalade, Siha avait timidement levé les yeux vers l'inconnue. D'ordinaire il aurait ri de sa propre sottise sans se soucier des conséquences ou du ridicule de la situation, car malgré son statut il ne se prenait pas trop au sérieux... Néanmoins plusieurs éléments lui coupèrent immédiatement le sifflet. Tout d'abord l'importance de la simplicité d'une main tendue vers un elfe, en dépit des idées reçues ; ensuite les yeux azur qui l'observaient avec curiosité, délicatement sertis sur un visage de porcelaine. Une Humaine.
Déglutissant avec peine sous la surprise, Siha finit tout de même par accepter la main tendue et se lever aussi dignement que possible. Époussetant sa tunique en se mordant la lèvre, il se faisait des nœuds au cerveau pour trouver quoi répondre. Ce n'était pas si compliqué pourtant, surtout pour lui qui ne manquait d'ordinaire jamais de répartie.

« Je... vous remercie, je vais bien. » Soulevant un pan bleuté de sa longue manche pour y frotter sa grenade, il sentit l'air agréablement s'engouffrer sous le tissu. Il se gratta la nuque en faisant face à la guerrière, plus sereinement cette fois. « J'espère que je ne vous ai pas dérangée avec tout ce fracas. »

Il n'avait pas manqué de remarquer l'épée sur son dos, ce qui était à la fois habituel par ses contrées et un peu intimidant. Mais l'étrangère s'était montrée courtoise alors que rien ne l'y obligeait, alors sans doute avait-il simplement vu trop de choses dans les bas-cloîtres des cités. Lui souriant en retour, il observa le chat sautiller pour se cacher derrière ses pieds nus, tout en continuant de joueusement épier Cordélia. Tout comme le mage ce dernier semblait grimacer d'un air coupable, pas encore sûr de savoir comment réagir.

« C'est un petit être plutôt aventurier et il connaît les lieux bien mieux que moi. Je ne sais d'ailleurs pas ce qu'un chat fait dans un endroit aussi reculé, mais quand j'y pense je n'y ai pas vraiment ma place non plus. »

Siha rit. Cette petite boule de poils roux était trop adorable et chétive pour qu'il arrive à lui en vouloir. Se penchant pour le prendre dans ses bras il le percha sur son épaule, avant de le voir s'y blottir avec aisance. Ah les avantages de n'être qu'un jeune chat...
Son regard ambré détailla le visage féminin, essayant d'imaginer ce qui pouvait la pousser à voyager dans un endroit pareil. Fasciné par l'innocence de ses traits, il se laissa guider par la curiosité, espérant qu'en ces lieux loin des frontières il lui soit permis d'ignorer des barrières autrement infranchissables.

« Je vois que vous avez également succombé à l'appel des fruits. » Montrant fièrement sa grenade dont la forme et l'odeur lui étaient totalement inconnues, il se satisfaisait de son modeste trésor.

« Ouah... vous avez acheté tout un panier ! Par contre j'espère que vous n'avez pas accepté les prix outrageux affichés par le nain du marché... » Se rendant compte de son indiscrétion il se mordit la lèvre. « Enfin c'est un problème pour ceux qui ne roulent pas sur l'or, j'imagine. »

Un silence un peu maladroit s'installa pendant quelques secondes, avant qu'il ne se mette à désespérément trouver quelque chose pour meubler ce calme. Ouvrant et refermant la bouche à plusieurs reprises, il finit par se jeter à l'eau avant d'avoir le temps de réfléchir.

« J'ai eu ma dose d'escalade pour la journée alors je vais m'installer au bord de l'eau pour manger. Vous voulez m'accompagner ? »

Dim 20 Mai 2018 - 1:24

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des pierres précieuses à même la peau

ft. siha


― Pas du tout, je ne faisais que me promener.


Il -ou elle- avait l'air presque... intimidé ? La présence de l'épée dans le dos de la jeune femme faisait l'effet d'une fausse note, surtout quand elle ne portait pas ses tenues de combat, mais ce n'était pas une rareté dans un lieu de passage comme celui-ci. Ou peut-être était-ce la chute qui embarrassait le pauvre étranger - en tant que spécialiste des incidents gênants et autres moments de solitude, elle pouvait bien le comprendre.

― Ah bon ? Euh, à vrai dire, si, il avait l'air sympathique, et il m'a fait une ristourne sur les dattes, du coup, j'ai cru... Vous croyez que je me suis fait rouler ? Elle regarda soudain le contenu du panier avec suspicion, comme si chaque fruit avait individuellement participé à l'arnaque. Une expression contrariée froissa un instant son visage avant que son enthousiasme habituel ne reprenne le dessus. Je suppose que je vais devoir les savourer pour compenser. L'argent n'était heureusement pas le premier de ses soucis, bien qu'elle veillait à ne jamais dépenser plus que nécessaire. En cela, elle était bien plus bénie que la majorité de Thédas.

Un silence inconfortable passa durant lequel Cordélia sembla absorbée par un palmier voisin, puis l'elfe reprit la parole et elle accepta la proposition avec enthousiasme, ravie de pouvoir retourner auprès de ces eaux majestueuses. Le duo s'assit sur un rocher au bord de l'eau, ce qui ravit Cordélia vu qu'elle pouvait de nouveau laisser tremper ses chevilles. Elle ne se souvenait même pas de la dernière fois où elle avait pu s'adonner à des plaisirs simples tels que ceux-ci ― l'Inquisitrice prenait trop de place, noyait tout sur son passage. Cet elfe ou cette elfe ne semblait pas l'avoir reconnue dans ses traits, ni dans ceux de la paume de sa main, soigneusement camouflée derrière une mitaine en tissu. Peut-être était-ce dû au fait qu'il était Dalatien : de ce qu'elle avait entendu des elfes nomades, ils se préoccupaient peu des affaires des humains, encore moins de la géopolitique. Cela l'arrangeait.

Elle déposa son épée à côté, ses bras et son dos libérés de leur fardeau s'étirant vers le ciel embrasé. Des bananes miniatures, un étrange fruit couvert d'épines, quelques dattes, des drupes ovales recouvertes d'écailles brunes, un melon de taille moyenne tacheté d'orange, des figurines en bois représentant des signes d'une langue que Cordélia ne comprenait pas et un bracelet de perles constituaient l'entièreté de son butin.
Un peu nerveusement, elle replaça une de ses mèche de paille derrière son oreille.

― Il y en a assez pour deux, comme vous pouvez le voir,
dit-elle en souriant. C'est vrai que j'en ai acheté beaucoup ; je n'ai pas fait attention au prix.

Et voilà déjà qu'une datte disparaissait entre ses dents. Son regard curieux faisait sans cesse des allers-retours entre l'oasis, le profil de l'elfe, l'oasis, le reflet de l'elfe, l'oasis, les tatouages sur le front de l'elfe.

― Je n'avais jamais vu d'oasis avant. Cet endroit me rappelle quelque chose, mais je ne me souviens plus quoi
, dit-elle alors que les lacs Marchéens se dérobaient à sa conscience. Elle saisit un fruit couvert d'écailles brunes du panier. Ceux-ci ont l'air particulièrement... étranges, j'ai un peu hésité. Vous avez de quoi le couper ? Je n'ai que mon épée, elle n'est pas très utile pour ce genre de chose.

Ses yeux parcouraient l'accoutrement et le visage de son interlocuteur, brûlant de mille interrogations qu'elle ne formulerait pas - pas pour le moment, en tout cas, elle voulait simplement savourer cet instant tiède et doux.

Jeu 24 Mai 2018 - 9:07

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La voir accepter sa proposition -outrageuse aux yeux la moitié de Thedas, pour un tas de différentes raisons- le délesta d'un grand poids, et l'arma enfin de son habituel sourire. Lui-même n'était pas convaincu que ce soit la plus brillante de ses idées, mais d'un autre côté quel mal cela pouvait faire de s'asseoir et manger en discutant avec une étrangère ?
Ignorant la dizaine d'arguments que Sehariel aurait volontiers alignés en réponse, Siha fouina dans la sacoche qu'il portait en bandoulière afin de poser une gourde de thé entre eux. Cela ne valait pas le luxe du panier de fruits, mais cela aurait l'avantage d'aider à les faire passer.

« C'est du thé dalatien, n'hésitez pas à vous servir. » Dit-il simplement en étudiant le profil délicat de l'humaine.

Le silence qui s'était installé était maintenant plus léger que dérangeant, le soleil irisant l'horizon de couleurs flamboyantes dans un magnifique spectacle naturel. Le petit chat roux avait fini par s'endormir sur son épaule, ronronnant sans gêne dans son sommeil.

« De ce que j'en ai vu, généralement les marchands nains vendent des produits de très bonne qualité, surtout lorsqu'il s'agit d'artisanat. Néanmoins ils ont une forte propension à pousser le bénéfice un peu trop loin. J'en ai fait les frais une paire de fois avant de m'en apercevoir. »

C'était un peu honteusement qu'il l'avouait, bien que ce ne soit pas vraiment une surprise. Faire affaire entre clans n'avait jamais été un problème et personne n'aurait osé trop enfler les prix au delà du profit raisonnable. Commercer avec l'extérieur par contre, c'était une autre paire de manches : les occasions d'échanger pacifiquement étaient rares, ce qui n'aidait pas à lui procurer de l'expérience. Néanmoins ses visites régulières dans les bas-cloîtres avaient aidé à lui donner une meilleure vue d'ensemble... même si cela signifiait parfois perdre quelques pièces au passage.

« J'en juge que ce n'est donc pas l'argent qui vous a fait visiter la région ? » Il pencha la tête sur le côté, fort curieux de ce qu'un guerrière apparemment seule pouvait faire dans un endroit pareil.

À en juger par son apparence et ses manières il ne devrait pas être difficile pour elle de trouver un endroit plus stable où s'installer, et pourtant elle était là, au bout du monde. Enfin... celui qui voit un visage étranger, n'en voit pas le cœur, ainsi en allait l'adage dalatien. De plus le regard profond de l'inconnue ne manquait pas de détermination, ce qui était sans doute d'une forte personnalité couvant sous l'air timide.

« Oh ils sont étranges, c'est vrai. C'est fascinant ce que la nature est singulière, ici. C'est tellement différent de nos montagnes et nos forêts d'Arbor... »
Dodelinant de la tête il posa la grenade sur ses genoux, intrigué par cette espèce de pomme ronde et parfumée, surmontée d'une drôle de couronne. Tendant néanmoins un petit couteau avec prudence, le manche en direction de la blondine, il en profita pour la regarder dans les yeux pour la première fois. Cela ne dura qu'une seconde, mais ce fut une intense seconde. « Je m’appelle Siha, et je suis ravi que la providence vous ait  mise sur mon chemin... Même si j'ai lamentablement fini à vos pieds. »

Sam 26 Mai 2018 - 1:41

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des pierres précieuses à même la peau

ft. siha


Elle saisit le manche du couteau et eut un premier regard pour les longs cheveux de jais, et puis après pour les pupilles ambrées, félines. Les autres de ses regards trébuchèrent et s'embrunirent.

— Je suis Cordélia, répondit-elle en souriant. J'aurais été un peu triste de manger tout ça toute seule, alors je vous remercie.

En temps normal, Cordélia se serait présentée courtoisement avant d'embrayer sur des sujets liés aux activités actuelles de l'Inquisition, comme à son habitude. Révéler son identité avait don de nécroser immédiatement la conversation, recentrant immédiatement l'esprit de son interlocuteur sur les exploits supposés de l'Inquisitrice; tuant dans l'oeuf toute chance d'entretenir un échange authentique. C'est ce que les derniers mois avaient appris à la jeune femme : elle ne pouvait échapper à son rôle. Cordélia avait presque oublié le recueillement. Une pellicule asphyxiante l'enveloppait.

C'est pourquoi à partir du moment où elle s'était échappée du campement pour aller flâner dans la Halte, elle avait décidé de ne pas être l'Inquisitrice. Simplement la jeune femme derrière, émerveillée à la vue de cette alcôve végétale avec l'enthousiasme que seuls les gens perdus peuvent ressentir.

Tout comme l'elfe gracile exerçait une fascination sur Cordélia, les légendes des clans Dalatiens reculés au fin fond des forêts étaient entourés d'une épaisse brume de mystère, les rendant forcément attrayants.

— Vous venez des forêts d'Arbor ? Oh, j'ai toujours voulu les voir ! Une lueur d'éblouissement passa dans ses yeux - il y avait encore tant à voir, tant à visiter. Il était ironique qu'elle ait rarement le temps de s'arrêter pour regarder alors qu'elle voyageait autant. Le désert après est impitoyable, moi et mon groupe nous sommes arrêtés le temps d'une halte pour nous reprendre des provisions. J'en ai profité pour m'échapper, voir un peu le marché, et profiter d'un instant de calme avant de repartir.

Cet endroit ne s'appelait pas la Halte pour rien : tout passage ici était destiné à être éphémère, et elle ne ferait pas exception. Elle pria intérieurement pour que Siha n'ait pas vu le petit camp qu'ils avaient monté, non loin de l'oasis, et ne fasse pas le rapprochement.
Demain, ils seraient de toutes façon partis vers des terres encore plus desséchées et un destin rempli de Venatori qui souhaitaient tous la voir périr, si possible dans d'atroces souffrances. Cette pensée teinta ses pensées de mélancholie, faisant baisser son regard azur sur la part de fruit au creux de sa main. Chaque instant de joie était destiné à s'évanouir cruellement. Elle se reprit rapidement, et pour épargner à son interlocuteur la vision d'elle en train de fixer un fruit tout en étant en proie à des réflexions métaphysiques, elle sourit de nouveau.
Elle entreprit de couper le fruit écailleux d'un geste habile, puis se servit du thé, humant le parfum du breuvage.

Bon appétit. De là d'où je viens, c'est une hérésie de ne pas boire dans une tasse, mais heureusement, cela ne s'applique pas aux breuvages Dalatiens, fit-elle, rayonnante. Vous êtes là pour commercer ? J'imagine que les échanges doivent être intéressants. Dites-moi, comment est-ce, de vivre sur les routes ? Vous devez avoir mille histoires à raconter !


Jeu 31 Mai 2018 - 15:05

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« J'espère que mon appétit ne vous fera pas changer d'avis. » Dit-il avec enthousiasme, un sourire espiègle au bord des lèvres. Il tendit une main caleuse vers l'inquisitrice, sans se douter de la portée symbolique que pourrait avoir ce geste en d'autres circonstances.

Récupérant son couteau, le mage découpa sa grenade en deux moitiés égales, dévoilant une cascade de perles rubis. Faisant demi tour vers Cordélia de façon à faire obstacle de son corps contre le vent et le sable, il goûta avec curiosité à ces saveurs inconnues. Un petit murmure d'approbation quitta ses lèvres lorsque la fraîcheur sucrée apaisa autant sa faim que sa soif.

« C'est vraiment bon, vous devriez essayer ! » Retirant le tissu qui recouvrait sa nuque tout en essayant de ne pas réveiller son félin squatteur, Siha partagea de bonne grâce son modeste festin.

« Je suis né dans les forêts d'Arbor, mais ai voyagé un peu partout dans le sud de Thedas. C'est une vie frugale mais je n'ai pas à me plaindre, j'aime voir le monde. Son sourire se fit plus mystérieux et son regard plus pensif, aussi il ne tarda pas à changer de sujet. Vous n'avez pas d'accent Orlésien. Êtes-vous Névarrane... ou Marchéenne peut-être ? »

Depuis le temps les Orlésiens et leurs tics de langage lui étaient familiers. Néanmoins la voix de la jeune femme charriait quelque chose de moins cossu et plus chantant, une prononciation nordique s'il devait deviner, bien qu'il ne puisse le situer avec certitude.
Cela dit il s'arrêta un moment, se tortillant les mains les sourcils froncés, observant le visage perdu de la jeune femme. Quelque chose semblait profondément la troubler et il ne saurait dire si c'était étranger à ses questions inopportunes. Un peu inquiet, il ne put s'empêcher d'être indiscret encore une fois.

« Vous avez l'air si... triste, comme si quelque chose vous pesait terriblement. »

Saisissant la gourde une fois que la demoiselle en eut terminé, Siha se laissa noyer dans le flot incessant de ses pensées. Certaines profondes, d'autres futiles, sous son front cela affluait sans jamais s'arrêter. Le regard perdu dans le vague malgré son sourire, il tut honteusement ce que disaient les dalatiens sur le fait de boire à la même source avec quelqu'un d'autre ne faisant pas partie du clan. Les joues un peu rougissantes, l'archiviste profita des questions posées pour fuir son propre embarras.

« Mon clan est venu commercer avec les caravanes du désert, oui. Il semblerait que notre artisanat et nos plantes soient très prisées dans les Anderfels, notamment auprès de la Garde qui ne peut se les procurer en ces terres infertiles. Néanmoins nous ne nous aventurons pas plus loin car nos Aravels ne sont pas adaptées aux dangers du désert, aussi un intermédiaire se charge de la livraison. Nous rebroussons chemin demain matin. »

Avec un semblant d'insouciance il s'étira les bras en les posant sur sa tête, puis retira le turban qui la recouvrait. Une épaisse natte noire coula le long de son épaule et bascula sur le chat errant, qui poussa un ronchonnement possessif depuis son perchoir. Le rassurant d'une caresse, Siha sourit avec amusement. Si personne ne se réclamait propriétaire de l'animal, il l'embarquerait sûrement plutôt que l'abandonner à son sort.

« J'ai appris à aimer la vie de nomade, même si dans ma jeunesse je ne vivais pas les choses avec autant de tranquillité. Enfin au moins ai-je l'occasion d'étudier les ruines anciennes les plus reculées. » Son sourire se fit légèrement amer malgré lui.

Il ne se sentait pas l'envie de se lancer dans un débat ou de longues explications sur les contraintes de la condition de son peuple, de peur de gâcher l'instant. Les choix étaient pour le moins restreints. Une vie libre d'errance et de pauvreté dans les Aravels ; ou une vie de servitude en tant que paria dans les cités ? La peste ou le choléra... Sans même prendre en compte les circonstances aggravantes de sa prédisposition pour la magie. En lumière de tout cela, Siha admettait sans mal avoir tiré son épingle du jeu... Il n'était somme toute pas à plaindre.

« Vous semblez friande d'aventure et de découverte, cependant vous êtes sûrement tout aussi loin de chez vous, non ? Vous voyagez beaucoup aussi ? Il but quelques gorgées de thé et se risqua enfin à piquer un peu dans le panier de sa compagne de pique-nique. Par ailleurs ses yeux ne quittaient pas Cordélia, qu'il observait intensément sans même se cacher. Sa voix se fit basse, rauque. Vous semblez souffrir d'une terrible solitude. »

Lun 4 Juin 2018 - 1:32

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des pierres précieuses à même la peau

ft. siha



— Oui, vous y êtes quasiment ! Je suis née dans les Marches Libres, à Ostwick. Je n'aurais jamais imaginé traverser la mer il y a quelques années, et pourtant... me voilà. J'ai traversé Orlaïs depuis, et j'ai pu visiter les côtes de Ferelden aussi. J'ai vu un dragon là-bas, de loin, mais je l'ai vu quand même... ! Evoquer le souvenir pluvieux de Ferelden, lors de ses premiers recrutements et des premiers balbutiements de l'Inquisition - cela lui paraissait remonter à tellement longtemps - lui arracha un sourire.

Elle pouvait au moins être sincère sur ce sujet-là. Une pique de culpabilité remplaça la joie, sa poitrine se serrant davantage à l'idée de ce qu'elle était en train de faire. Cependant, elle jugeait cela nécessaire, bien que le sentiment de base fût égoïste. Elle ne savait pas avec quels yeux Siha la regarderait si elle lui disait être l'Inquisitrice. Il ne la croirait pas de toutes façons. Cacher qui on était réellement n'était pas chose aisée... Comment les Orlésiens s'y prenaient-ils pour jouer à ce jeu toute la journée sans s'épuiser ni ressentir un quelconque remords ?
Ce qu'elle lui disait paraissait si fade, si insipide, en comparaison à ce que racontait l'elfe. De quoi lui donner envie de tout abandonner pour changer de vie et vivre sur les routes quelques temps pour faire de nouvelles découvertes - hélas, rien n'était jamais aussi simple. Surtout pas pour elle.

— Je ne sais pas pourquoi, je respire mieux ici que partout ailleurs. Je sais déjà que quand je me lèverai demain, cette impression sera partie. Je ne sais pas si c'est de la solitude ou simplement de la peur. Je n'ai jamais été un modèle de courage... Sa gorge se serra légèrement, son regard voilé par un profond malaise. La franchise de l'elfe la déstabilisait ; jamais on ne s'adressait à elle aussi... directement. Cela lui laissait la sensation d'être prise au dépourvu, comme un cerf acculé face à l'arc du chasseur. Ses émotions étaient plus limpides que l'eau sous leurs pieds, la laissant à la merci de n'importe qui, prête à ce qu'on lise en elle comme dans un livre ouvert sans même s'en apercevoir.

— Si je m'entoure, j'ai l'impression d'être plus seule que jamais ; si je m'isole, j'ai l'impression que le monde va m'écraser. Vous voyagez entouré en permanence - mais l'êtes-vous vraiment ?

Elle détourna le regard vers un point fixe de l'autre côté, trop lâche pour soutenir les yeux ambrés qui avaient si aisément détecté la plaie, le gouffre béant derrière les manières enjouées de Cordélia. Elle prit une petite respiration, un vent chaud ébouriffant son visage.

— Enfin... Excusez-moi, je - je ne veux pas avoir l'air de me plaindre. Je ne suis pas habituée à une telle franchise, ajouta-t-elle sur un ton amusé. D'habitude, les gens passent par mille chemins tortueux pour me dire ce qu'ils pensent vraiment.

Lun 11 Juin 2018 - 10:41

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Se retrouver là au milieu des caravanes du désert, coincé sur cet îlot d'eau avec une inconnue avait quelque chose de non seulement exotique mais aussi presque surréaliste. Cet l'endroit tout entier était suspendu hors du temps, comme s'il n'existait là aucune limite, aucune contrainte. C'est sans doute ce pourquoi Siha se laissait aller à parler sans inhibitions particulières ou arrière-pensées, discutant à cœur ouvert avec cette inconnue, bien à l'abri dans cette bulle intime où ils étaient les seuls admis.
Son sourire se fit brouillon et pensif. L'émotion contenue dans l'aveu penaud de Cordélia touchait une lointaine corde sensible, en un sentiment qui résonnait d'une amère familiarité. Finalement ils ne se connaissaient pas et n'avaient sans doute pas grand chose en commun... mais étrangement quelque chose d'invisible et inexplicable semblait les rapprocher.

« Être courageux ce n'est pas forcément avoir la force de toujours continuer. Parfois être courageux c'est simplement parvenir à continuer lorsque l'on a peur, ou plus la force. »

Il ne saurait devenir quel fardeau pesait sur les épaules de la guerrière, mais à en juger son expression ce dernier devait être bien lourd. Penchant la tête sur le côté il la regardait avec bienveillance du coin de l’œil, s'interrogeant et supposant mille histoires. Son imagination fertile fit de Cordélia une noble marchéenne fuyant un mariage arrangé, partie découvrir le monde pour fuir une vie de politique et ennui.

D'un autre côté bien plus sérieux, il ne saurait lui jeter la pierre ni la condamner de se sentir ainsi sans faire preuve d'une grande apathie. L'archiviste ne connaissait que trop bien les séquelles laissées par des responsabilités écrasantes, et la solitude de ceux de qui on attendait des réponses. Des réponses justes et parfaites, évidemment.
Quoiqu'un peu amer, il ne se déroba pas à la question comme il avait pourtant l'habitude de faire avec agilité et humour. La blonde avait été sincère aussi lui rendre la pareille était la moindre des choses. Le regard braqué sur les petons pâles de sa compagnie du moment, Siha posa les paumes sur le sable et s'appuya en arrière, dans une position faussement insouciante.

« Non. Un mot simple, soufflé à regret, mais énoncé clairement et sans hésitation. Je partage votre sentiment plus que je ne saurais le dire, même si j'ai tendance à quand même préférer l'isolement. Mes questionnements, mes démons et le silence sont pesants... mais rarement autant que les regards et les attentes d'autrui. »

D'une main aérienne il effleura la tête du chat, frottant sa joue contre ses poils rêches. Une affection singulière l'attachait déjà au félin qu'il venait à peine de rencontrer, de la même façon que son regard couvait Cordélia d'une curiosité enfantine. En cet instant elle lui faisait l'impression d'une petite bête blessée et farouche, un animal qu'il se mettrait aussi en tête d'apprivoiser s'il ne prenait pas garde.

« Aucune raison de vous excuser, c'est moi qui ai posé des questions terriblement indiscrètes, alors n'hésitez pas à m'envoyer paître si je vais trop loin. Il rit. Néanmoins je dois avouer apprécier cet échange improbable, je n'ai pas non plus l'habitude que l'on s'adresse à moi franchement ou informellement. C'est... libérateur. »

Soupirant avec un sourire, il haussa les épaules pour dédramatiser. En dépit de l'effet hypnotique qu'avait la présence de la jeune femme, son but n'était pas non plus de la mettre mal à l'aise ou la rendre triste. Pour se faire pardonner il lui prépara un bon morceau de sa grenade, qu'il lui proposa de bon gré.

« Plaignez-vous, criez, riez autant qu'il vous plaira... ici nous sommes libres et ce n'est pas moi qui vous jugerai. Il se tourna vers elle, la regardant intensément avant de lui tendre la main paume ouverte, dans une silencieuse invitation. Faisons donc comme si nous étions de vieux amis qui se retrouvent par hasard et décident de profiter du bon temps, deux fous avides de s'oublier. »

« Demain nous retournerons à nos obligations que nous le voulions ou pas... mais nous n'y sommes pas encore. Siha sourit, se mordillant la lèvre en appréhension de sa propre audace. Elle allait le prendre pour un détraqué, alors que tout ce qu'il voulait c'était se balader au bord de l'eau. Les joues un peu rougissantes, il toussota pour reprendre contenance. « Me tiendriez-vous compagnie encore un peu ? J'aimerais briser notre solitude au moins le temps d'une soirée, vous faire rire avec mes bêtises et vous laisser râler sur ce qui vous pèse. Ce soir je suis vôtre, si vous voulez de moi. »

Ven 15 Juin 2018 - 15:35

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des pierres précieuses à même la peau

ft. siha


Elle prit la moitié de grenade dans sa main, croquant à pleines dents dans le fruit juteux. Un sourire sincère éclaira son visage à nouveau, plissant les yeux azur d'une joie candide alors qu'elle s'appuyait de sa main libre pour se redresser. Des gens qui elle pouvait passer des heures et des heures à parler de choses aussi insignifiantes qu’importantes elle n'en avait pas tant que ça. Elle n'aurait jamais accepté de penser à de telles folies ce matin, ni il y a quelques heures : comme quoi tout était sujet au changement.

― J'en serais ravie, répondit-elle, une joie malicieuse pétillant dans ses yeux. Si vous voulez de moi aussi, alors j'aimerais bien aller explorer le reste de l'oasis avec vous.

Il lui tendit la main et elle s'y empressa de l'envelopper de ses doigts, sa rassurante étreinte signifiant silencieusement qu'elle pardonnait tout. Ses pieds s'enfoncèrent de nouveau dans le sable alors qu'elle tenait son panier d'une main et la main de Siha de l'autre. Et ils commencèrent à marcher le long de la petite plage, Cordélia petite à côté de la grande et fine silhouette de l'elfe.

― Les tatouages sur ton visage, s'enquit-elle, que représentent-ils ? Je les trouve très beaux.

Le tutoiement était venu naturellement, comme si elle avait décidé de prendre au mot sa proposition d'être deux vieux amis.
La nuit commençait à tomber, silencieusement, discrètement, mais elle n'avait pas peur. Le Dalatien, ou la Dalatienne, n'avait pas l'air de quelqu'un de dangereux, ou avec des idées mal placées. Simplement une autre âme, venue chercher un peu de solitude dans cet écrin de verdure. Elle admira les palmiers, fougères et autres plantes inconnues qui bordaient l'oasis. Elle en cueillait de temps en temps, ramassait un coquillage ça et là. Elle finit par regarder autour d'eux, et désigner le promontoire rocheux en-dessous duquel ils s'étaient rencontrés, dominant toujours l'oasis de sa hauteur figée.

― Bien Siha, que dirais-tu d'essayer d'escalader ce promontoire à nouveau ? C'est le moment où jamais pour voir les dernières lueurs du jour, et profiter de la vue... Après il fera trop sombre
, proposa Cordélia. J'espère que notre ami roux ne te fera pas tomber à nouveau, ajouta-t-elle en caressant la tête du félin qui accompagnait Siha. De toutes façons, si ça arrive, je serai là pour te rattraper.

Enfin, du mieux qu'elle pourrait... Elle n'était pas spécialement une experte en escalade. Mais ça serait amusant !



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