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Sam 5 Oct 2019 - 13:09

Tullia E. Von Raijer
Tullia E. Von Raijer

– Garde des Ombres –

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What crawls in the Night


Un vent froid soufflait par bourrasque sur le sol sableux du Ponant. La nuit était belle, un ciel éclaircit et une lune montante en forme de croissant nimbait les dunes et rochers d’une lumière bleutée. On pouvait entendre les cris au loin des hyènes, parfois dans le vent on croit entendre un Varghest. Et là, comme un phare singulier dans toute cette immensité, un feu de camp allumé au milieu de ruines. Meilleur moyen de se réchauffer dans ce désert aux nuits glacées, de faire fuir les potentiels prédateurs qui rôdent, de se rassurer. Mais nous, au loin, nous ne voyons qu’une cible. Tapis au creux d’un rocher, attendant notre moment, les Gardes et moi étions postés là depuis plusieurs longues heures en attendant le moment propice. Emmitouflés dans des capes et nos armures entourées de tissus pour cacher les reflets sur nos plaques de métal, nous ressemblions plus à une bande de bandits que de fiers Gardes des Ombres. Mais pour la mission que nous avions entrepris depuis plusieurs jours et pour sa réussite, il fallait bien ça.

Les Gardes d’Orlaïs s’étaient reformés de façon honorable à Térébinthe, notre groupe devenant suffisamment nombreux pour ressembler au moins à un début de garnison. Mais hélas, chassés depuis l’Inébranlable de l’Ouest d’Orlaïs, il nous est devenu difficile d’accomplir la mission qui nous est incombée depuis plus de mille ans. Les engeances sévissaient le plus à la Porte du Ponant, là où la brûlure infernale du désert semblait les protéger comme un écrin. Historiquement, les Gardes d’Orlaïs étaient postés stratégiquement à cet endroit pour repousser et contrôler les vagues d’engeances. Mais les Venatoris avaient tout changés. Leur influence sur les Gardes mages rendait la reprise difficile, et le terrain était gagné par de nombreux campements. Pour avoir discuté avec plusieurs Gardes rescapés qui connaissaient bien cet endroit, il y avait encore potentiellement des choses à récupérer dans des caches et d’autres ruines que l’Ordre avait investi par le passé. Nous n’étions pas encore assez nombreux pour reprendre définitivement la Porte, mais il était clair que faire une incursion pour récupérer des artéfacts ou autres documents serait important. Ou au pire, s’assurer qu’ils ne tombent pas entre les mains des Venatoris en les détruisant. Il fallait cependant y aller avec tact et seul un petit groupe adapté pourrait y aller.

Une équipe toute spéciale fut donc montée pour l’occasion. Une dizaine de Gardes, certains connaissant très bien le désert et les caches, d’autres plus habiles comme voleur ou assassins. Il n’y avait aucun mage, et deux anciens templiers faisaient partie du groupe pour contrer les Venatoris que nous pourrions rencontrer. J’avais ma propre stratégie sur la manière de conduire cette expédition, à savoir discrétion, coups éclairs et rapidité. Il fallait frapper vite et fort, de préférence en éliminant un maximum de personne avant que l’alerte ne soit donnée. Le B.A.-BA de tout assassin qui se respecte. L’objectif était clair également, mais une autre raison poussait les gens de notre groupe à agir. La vengeance. Je n’étais pas contre cette motivation, bien au contraire. A partir du moment où elle est canalisée, où est le mal à vouloir venger ses compagnons perdus ? Si cela rendait leur lame plus impitoyable, plus rapide et plus violente, cela ne pouvait que me convenir. Une autre idée me vint pendant le voyage vers le désert, plus machiavélique mais qui s’appuierait à merveille sur la motivation vengeresse de mes compagnons. J’en voulais aux Venatoris non pas pour avoir tué les Gardes à l’Inébranlable, mais pour avoir rendu les survivants apeurés, l’ombre d’eux-même. Les Gardes des Ombres d’Orlaïs avaient peur à présent, peur d’autre chose que l’Appel et l’Enclin, une peut reliée à quelque chose qui normalement ne devrait pas les atteindre. Les Gardes sont à la fois craint et respectés, mais ils avaient perdu l’un autant que l’autre. Dans mon esprit, le respect reviendra avec le temps, notamment si nous arrivons avec le garde-commandeur Cousland à monter notre projet d’expédition dans les Tréfonds. Mais pour ce qui est de la peur… Il semble qu’il est temps de la faire goûter aux Venatoris et à ces Adeptes, leur rappeler pourquoi les Gardes des Ombres devait toujours être approchées avec précaution. Et chance pour notre groupe, j’étais une spécialiste en la matière.

"Leur ronde devrait changer dans moins d’une heure. Nous avons compté trois emplacement en hauteur et deux en contrebas devant les tentes. "

"Très bien… Il faut s’occuper des sentinelles en hauteur en premier. Et le mage, il faut l’éliminer en premier… "

Notre éclaireur était revenu de sa position, qui offrait un autre point de vue sur leur campement au milieu des ruines. Cela faisait deux jours que nous l’observions, que nous attendions le bon moment. Connaitre le nombre de personnes, de mage, de soldats, les rondes, les aller-et venues… Nous restions à chaque fois loin, caché en utilisant le désert comme allié. Ce campement était le dernier de notre expédition, et celui qui portait le plus d’espoir sur son contenu. C’était également le plus dangereux, car mieux gardé et à la limite de la zone d’influence forte des Adeptes. Aller plus loin serait du suicide, et inutile. En attendant, nous avions fait bon marché et répandu la bonne parole à notre manière. Nous avions abattu quatre autres campements, et ce toujours selon la même méthode rigoureuse et implacable. Pendant le jour repérage au loin, sans se faire repérer. Puis attaque pendant la nuit en furtif, étouffant la voix et coupant la gorge des chargés de ronde, tuant en priorité les mages et gardant un ou deux en vie. Pendant que les autres fouilles, je me charge avec un autre garde de l’interrogatoire par une petite séance de torture maison, puis rebelote on leur tranche la gorge. On récupère ce qu’on peut, on coupe les têtes pour les planter sur les pics des tentes (ou sur autre chose en fonction de ce que l’on trouve), on rassemble les corps à un endroit pour les éventrer et laisser les viscères à l’air pour attirer les prédateurs, puis on brûle ce qu’il reste du campement. On dégage et on passe à l’autre cible le lendemain. Mon goût de la décoration ne fit pas l’unanimité, mais quand je leur expliquais que c’était nécessaire pour inspirer la peur et l’effroi, et que si nous voulions leur faire entendre que nous n’étions pas des enfants de chœurs il fallait se montrer aussi sauvage que des Engeances. Voir pire. Parfois il y avait des civils, ou plutôt des chercheurs, mais leur sort n’était en rien différents des autres. Ils se voyaient coupables à mes yeux, et je ne voulais pas de toute manière qu’il y ait le moindre témoin. Pas pour l’instant en tout cas. Agir de nuit et ne pas montrer nos armures de Gardes allaient dans cet objectif, tout ce que je souhaitais c’était que ceux qui découvrent ces campements, d’autres Adeptes sans doute, se chient dans leur armure en pensant à ce qui les attendait dans ce désert. Pendant le jour, nous nous cachions dans des tunnels ou bien des caches de Gardes, refaisant le même travail de reconnaissance, agissant de nuit. C’était épuisant, mais l’adrénaline de la chasse et le désir de vengeance nous maintenaient alertes. Nous n’avions essuyé aucune perte, simplement deux blessés dont l’un trop grave a été déposé à un campement de l’Inquisition. Cela nous avait pris un délai supplémentaire, et le temps de revenir sur notre zone d’attaque nous avions remarqué plus de patrouille d’Adepte. Avaient ils vu les campements ? Etaient ils sur le qui-vive ? Se déplacer demandait à présent plus de patience et de doigté, mais nous connaissions le terrain et nous avions la patience avec nous.

Il y avait peu de chances qu'ils se doutent que nous étions les Gardes des Ombres. Nous ne laissions aucun témoins, et nos armures étaient bien recouverte de tissu pour cacher nos couleurs et notre blason. Quand ils le sauront, ce ne sera pas avant que nous ayons fini notre besogne ici... Et nous allons bien revenir un jour, j'en suis persuadée. Cette expédition nous donne un apperçu de leur force, de leur campement, et si nous nous allions avec l'Inquisition nous avions des chances de les expulser de la zone. En attendant, les petits campement d'études sont bien suffisants pour nos objectifs. Et je dois avouer que cette petite chasse me plaisait beaucoup. L'adrénaline de l'attaque, de la torture et du massacre... Toujours aussi grisant. Mon seul regret était le manque de véritable force d'attaque contre qui se mesurer. Après tout, il y avait principalement des chercheurs ou des mages. Mais peut être que cette fois le serpent tévintide ne se laissera pas couper la tête aussi facilement... J'en ai des frissons rien que d'y penser. Mais pour l'instant... Il faut rester patient, et attendre le bon moment pour lancer l'attaque. Les étoiles nous en seront témoins, il ne sera pas dit que les Gardes des Ombres ne sont pas capable de violentes représailles. Pour l'honneur, et notre réputation.

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Sam 5 Oct 2019 - 15:22

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What crawls in the Night.


Avec un soleil ayant atteint son apogée dans le ciel vidé de tout nuage, les températures étaient vite devenues intenables. Sous la toile cirée tendue au-dessus de son bureau de fortune, Servis souffrait de la chaleur. Il tira pour la dixième fois sur le col de sa tenue, un geste parfaitement inutile au vu des nombreuses couches qui subsistaient en dessous. Pourtant il étouffait, malgré l'ombre salvatrice produite par sa toile tendue. Il promena son regard sur le décor offert par le désert, depuis le sommet du fort en ruine où il était installé. La vue, invariable, ne lui offrait que peu de distractions. Du sable à perte de vue, le tout baigné par une lueur aveuglante. Il soupira et tenta de se concentrer de nouveau. Ses mains nues saisirent la lettre qu'il était en train d'examiner. Des mains moites qu'il se retint de sécher une nouvelle fois contre ses cuisses.
“Alors ?„

Lui demanda doucement Octavian, son sous-Administrateur et homme de confiance. Servis relu rapidement la courte lettre, avant de finalement relever les yeux. Octavian se tenait accolé au bureau haut, et redressait distraitement l'encrier pour justifier sa présence dans l'ombre de la toile cirée. La sueur sur le front de son collaborateur trahissait ses réelles intentions. Dans un nouveau soupir, Servis lui répondit.
“Alors ? Alors le prélat commence à sérieusement me fatiguer avec ses remarques inutiles. Il gâche du papier, dilapide l'énergie de nos messagers et gaspille mon précieux temps.„
“Que voulait-il cette fois-ci ?„
“Simplement attirer mon attention sur le fait qu'il manquait une couverture dans les fournitures qui lui ont été livrées cette semaine. Une couverture ! Alors qu'on vient de lui en livrer quarante, soit plus de ce qu'il ne lui en faut. Bref. Je n'ai plus de temps à perdre avec lui. Fait passer le message : que l'on ne m'importune plus avec ses doléances.„
“Bien Servis, ce sera fait.„

Puis Octavian eut une hésitation. Il croisa le regard de son chef, et respira lentement. Aucun doute : il tentait de retarder au maximum son départ du couvert de la toile. Servis, agacé, fronça ses épais sourcils, mais il en fallait plus pour déloger le petit harceleur venatori. Le mage reposa alors calmement la lettre sur le bureau et fit craquer les jointures de sa main droite. Comprenant le message, Octavian détalla enfin, et Servis put sereinement s'en retourner à la lecture de son courrier du jour. Sous la pile imposante de lettres officielles, il avait glissé la dernière missive reçue par son ami d'enfance. L'enveloppe était abîmée, brunie et gondolée, témoin de la longue route qu'elle avait dû parcourir jusqu'à pouvoir le trouver. Il hésita un instant à l'ouvrir avant le reste, mais son hésitation fut interrompue par de nouveaux bruits de pas montant avec précipitation les volées de marches conduisant à son bureau.

Très vite, un messager apeuré lui fit face. Excédé, Servis ravala son irritation et posa ses deux mains à plat sur le bois réchauffé de sa tablette. Il invita le messager à s’exécuter d'un signe de tête.
“Un message de la part du Prélat Macrinus !„
“J’espère que c'est une plaisanterie.„

Le messager, le bras tendu dans le vide, présentait une lettre sans enveloppe. Octavian, qui avait succédé au messager dans les escaliers, fit un pas en avant, se saisissant de la lettre.
“Cette missive-là, Servis, je crois que tu devrais la lire.„

Il parcourut alors les derniers mètres le séparant du bureau de l'Administrateur, et déplia le papier avant de le lui tendre. De mauvaise grâce, quoi qu'intrigué , Servis se mit à lire, découvrant que l'écriture habituellement si soignée du prélat avait ici été aposée à la hâte.

La missive faisait état de la disparition de deux camps venatori. Ou plus précisément de l’annihilation de deux camps. Servis relut une seconde fois, portant toute son attention sur le choix des mots fait par le prélat. Il pouvait y déceler un certain sentiment d'urgence. Il demanda, pensivement :
“Quand ces découvertes ont-elles eut lieu ?„
“Très tôt ce matin. Enfin, le premier camps avait été découvert hier dans la soirée.„
“Et Pourquoi ne m'en avait-on pas informé ?„
“Le prélat a pensé à une attaque de bêtes. Rien de pressant. Ce n'était pas un camp d'une grande importance.„
“Et pourquoi m'en informer maintenant ?„
“C'est que... Les bêtes n'empalent généralement pas les têtes de leurs victimes sur les poteaux des tentes.„

En relevant la tête, Servis eut tout juste le temps d'apercevoir le sourire triomphal qui c'était un moment attardé sur les lèvres de son second. Déconcerté par son attitude, il figea un instant. Trois secondes passèrent, sans que personne n'osa bouger. Puis, le grand mage se pencha brusquement et tira de sa bote la carte de la région qu'il y conservait par facilité. Il la déplia sur la table, manquant de renverser son encrier et intima brusquement au messager de lui indiquer la position exacte de ces deux camps. De la pointe humide de l'unique plume du camp, il s’exécuta. Puis les trois hommes restèrent un moment immobiles, fixant ces deux croix noires. Funestes.
“Très bien. Octavian, demain tu seras en charge des affaires courantes pendant que j'irais moi-même observer les vestiges de ce site. D'ici-là je souhaite être tenu informé de toute évolution. Il n'y a pour le moment pas de quoi s'inquiéter.„


Sam 5 Oct 2019 - 18:44

Tullia E. Von Raijer
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What crawls in the Night


Le temps passait lentement, mais le moment propice arrivait. Vers la fin de leur tour de garde, les sentinelles sont fatiguées et moins alertes, et les remplaçant ne sont pas encore éveillés. C'était le moment d'agir. Je me tournais vers mes hommes, leur faisant signe de s'approcher. Je me mis à chuchoter mes ordres, plus par habitude que par nécessité. Nous étions trop loin que qu'ils puissent nous entendre vraiment, le vent sifflant et le sable couvrant la plupart de nos bruits.

"En route. Leroy, Dana, Gislain en guetteur. Baden, Ferica et moi nous irons nous occuper discrètement des sentinelles en hauteur. Tamen et Wilfried vous vous occupez des postes devant les tentes. Giselle, tu te charges de repérer les mages et de neutraliser leur magie le temps que nous agissons. "

Chacun hochait de la tête en approbation, connaissant leurs rôles. Je voyais dans leur regard la détermination, et cette flamme vengeresse que je ne faisais que cultiver depuis ce voyage. Chacun savait ce qu'il avait à faire. Les guetteurs restent en arrière en encerclant le campement en des positions stratégique, et surveillent que personne ne s'échappe ou bien qu'un trouble fête veuille s'inviter à notre soirée. Eliminer les sentinelles en hauteur était un obligation, car leur position avantageuse allaient nous mettre du fil à retordre. Des archers ou des mages, sans doute. Pour les atteindre en escaladant le mur de ruine et les deux tourelles en bois, il fallait autant de discrétion que d'agilité et de rapidité d'exécution. Au sol, l'idée était de les éliminer au plus vite pour éviter de réveiller ceux dormant dans les tentes. Notre templier nous donnait l'avantage de sceller la magie des Venatoris présents, et il serait d'autant plus facile de les atteindre pour les égorger. Mais d'autres instructions étaient de mise ce soir. Je dardais sur mes hommes mon regard étrange, sombre comme la nuit et aussi froid que la mort.

"Comme d'habitude, le silence est de mise et je veux une opération propre. Neutralisez ensuite ceux dans les tentes, mais laissez en quelques un vivants pour interrogatoire. Sans trop me les abîmer. Et oui c'est à toi que je parle Gislain... Cette fois, nous leur laisserons un petit message avant de partir."

Je souriais, jetant un regard en coin à l'humain qui était le plus agité. Il avait une dent bien particulière conter les Venatoris suite à l'Inébranlable, et il était le plus zélé pour les tuer et leur faire du mal pendant notre expédition. Dans les deux cas je n'y voyait pas d'inconvénient, mais il perdait trop facilement son calme et se mettait en danger, comme les autres. Aimer le sang est une chose, mais il y a une manière de l'apprécier. Je fis signe aux Gardes de se mettre en place, et chacun nous allions avec nos équipes. Nous vérifions une dernière fois que nos armures sont bien dissimulées sous les toiles, notamment les pièces métallique pour ne pas refléter la lumière du feu de camp et des braseros. Chacun se mouvait dans la nuit, voyant très bien grâce aux étoiles et au croissant de Lune. Je faisais partie de l'équipe qui devait s'occuper des sentinelles, et j'approchais doucement du campement. Nous étions les premiers à attaquer, la deuxième vague ne devant attaquer qu'une fois les sentinelles éliminées. Baden et Férica étaient des voleurs aguerris, aux mains habiles et aux mouvements lestes. Chacun prenant position puis utilisant notre capacité à nous fondre dans l'ombre, nous nous approchions de nos proies....

(Jet du Destin : Réussite)

Nous arrivions en silence, profitant des dunes et des ombres que le feu de camp nous octroyait. Le plus dur était d'arriver au pied des ruines et des tourelles. Je prenais la tourelle Est, Ferica prenant le mur en ruine au milieu et Baden le promontoire rocheux à l'Ouest. Ici, la clé était de prendre son temps, et de se coordonner. J'arrivais enfin à ma tourelle, m'accroupissant dans l'ombre et faisant le moins de mouvement possible. Le crépitement du feu et des braseros couvraient un peu le sifflement du vent, mais les jeux d'ombres restaient à notre avantage. Dans le campement, il y avait bien deux gardes debout, des épéistes ou des esclaves. Mais pas de robes de mage. Je levais les yeux, voyant la petite escalade à mener. Je devais être rapide, silencieuse et maitriser mon rythme. J'écoutais, j'attendais. Je pris une petite inspiration, reprenait mon illusion d'ombre et commençait à escalader. En rythme, en silence, faisant bien attention où je mettais le moindre pied et la moindre main, m'arrêtant dès que j'entendais un bruit comme un toussotement ou la sentinelle au dessus qui se déplace. J'arrivais presque en haut, et restais bien collée aux poutres pour ne pas qu'il me voit. Même si son regard devait sans doute être porté au loin, on ne sait jamais. Je regardais le plancher, essayant de voir comment était positionnée la sentinelle. Ne pas me voir. Ne pas m'entendre. Avec souplesse, je me mettais en action. Je grimpais sur la passerelle, me retrouvant juste derrière un homme en armure. Il regardait le désert, appuyé sur son arc. Je m'approchais, doucement, puis me mis en action. Je le saisissais par la bouche pour étouffer ses cris et aussi vive qu'un serpent je lui plantais une dague dans la nuque. Il se raidit, étouffa une respiration de surprise mais il était trop tard. Son corps devint tout mou, lourd. Il fallait à présent le reposer sur le plancher en douceur, sans bruit. Je m'accroupissais au sol, pour ne pas être visible depuis en bas. Soudain, j'entendis un bruit de l'autre côté, là ou Baden devait sans doute se trouver. Il avait du rencontrer plus de résistance, sans doute. Je jetais un coup d'oeil en bas, voyant l'un des gardes assis se lever et se déplacer dans sa direction. Je l'entendis dire quelque chose dans sa langue, quelques mots surpris ou d'inquiétude, mais rien de plus. Il n'avait pas crié, c'était déjà ça. En revanche, lui et son compère étaient plus sur le qui-vive. Les choses risquaient de s'accélérer.

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Jet du Destin : Réussite




Réussite critique :L'approche n'éveille aucun soupçon, les 3 gardes atteignent les sentinelles en hauteur et les éliminent sans alerter personne


Réussite : Les 3 sentinelles en hauteur sont éliminées, mais le bruit met en alerte les sentinelles au sol qui se mettent en mouvement  

Echec : Les 3 sentinelles se font attaquer, mais alertent tout le campement

Echec critique : Les sentinelles voient les Gardes arriver, et sonnent l'alerte avant même qu'on puisse les atteindre.

Sam 5 Oct 2019 - 18:44

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Sam 5 Oct 2019 - 19:48

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Crassius Servis, Administrateur.
Les deux chevaux galopaient lourdement, faisant décoller de larges bancs de sable sur leur passage. Son masque de mage rabattu sur le visage, Servis focalisait son regard sur le lointain. Contrairement à ce qu'il cherchait à faire croire, il ne se sentait pas serein. Cette nuit-là, Il avait tracé à l'encre une troisième croix sur sa carte de la région. Un troisième camp avait été attaqué, et il commençait à se dire que ce ne serait certainement pas le dernier. Pourtant, il ne semblait y avoir aucune logique dans le choix des camps visés. Ils n'avaient aucun point commun, si l'on excluait le fait prévisible qu'ils appartiennent venatori. Mais enfin Servis n'avait aucune information concernant les éventuelles attaques de camps civiles de la zone. Ou pire, des camps de l'Inquisition. Pendant qu'il chevauchait à travers le désert, Octavian était resté au fort avec pour mission de contacter leurs éclaireurs, d'organiser leurs patrouilles à la recherche de ces précieuses informations manquantes. Mais Servis n'était pas partit seul : trois guerriers l'avaient accompagnés. Deux chevauchaient le même cheval, à quelques mètres de distance de celui de Servis. Le dernier, ou plutôt la dernière, s'était glissé sur la même selle que lui. Le mage pouvait sentir ses bras se serrer autour de sa taille. Il avait l'impression qu'elle le tenait de plus en plus étroitement. Avait-elle peur de tomber, cherchait-elle à soulager une posture inconfortable ou souhaitait-elle simplement se faire remarquer aux yeux de l'Administrateur ? Il n'aurait su le dire, mais cette proximité forcée le distrayait quelque peu de ses sombres pensées, alors qu'il guidait l'expédition en direction de l'un des trois camps ravagé. Le dernier en date.

Ils ne tardèrent pas à atteindre leur destination. Alors que les deux guerriers mâles bloquaient les rennes des montures avec des pierres tout juste sorties du sable, Servis répéta ses instructions à la jeune nouvelle recrue :
“Nous ne les attachons pas de manière à faciliter et accélérer notre départ, au cas où il soit nécessaire. Nous ne savons toujours pas ce qui a causé la destruction des camps, et c'est justement ce que nous devons chercher aujourd'hui. Pour cela ouvre grand les yeux. Porte attention à tous les détails. Observe toujours le sol avant de poser tes pieds. Tu sais pister des traces, pas vrai ? Alors je ne t'apprends rien.„

Servis faisait face à la jeune guerrière, dérobant intentionnellement à sa vue le décor chaotique qu'ils allaient devoir inspecter. Mais l'odeur, elle, n'était pas estompée par ses machinations. Et la jeune guerrière toussa, avant de se plier en deux sous l'effet d'un haut-le-coeur. Servis leva discrètement les yeux au ciel alors que les deux autres guerriers, heureusement plus expérimentés, les avaient finalement rejoints.
“Pense à enlever ton casque, si jamais tu devais vomir. C'est un conseil d'ami. Enfin bref ! Haut les cœurs camarades : aujourd'hui nous avons l'occasion d'explorer l'histoire moderne!„

Il se retourna joyeusement et fit quelques pas en avant avant de finalement réprimer une grimace. Généralement, les sites qu'explorait Servis étaient plus... Propres. Le temps nettoyait toutes les salissures, et très vite il ne restait plus que les os, le fer et les entailles dans les pierres pour compter les défaites et les victoires s'étant jouées dans le passé. Ici toute reconstitution poétique était rendue impossible par la vérité crue et obscène dictée par les corps encore en place. Servis passa la main à l'intérieur de son masque et abaissa le foulard qu'il avait noué autour de son visage. L'odeur le frappa alors, cette odeur acre et parfaitement identifiable de brûlée et d'entrailles. Il fit quelques pas autour du campement, cherchant à en reconstituer sa forme primaire. Deux tentes, les restes d'un feu sur lequel flottait encore une marmite, quelques caisses de matériel, la carriole ayant servi à tout transporter, ainsi qu'un petit autel improvisé à la gloire de Lusacan. Ils ne devaient pas être plus de six à vivre dans ce camp. Servis toussa de manière à libérer ses bronches de l'odeur abjecte pendant qu'il s'approchait de la marmite. En se penchant, il put y observer des restes. Non pas des restes de repas non, mais des restes humains. Il recula de plusieurs pas et leva les yeux vers les poteaux délimitant anciennement la charpente de l'une des tentes. Des visages déformés par la douleur ou par la peur tournaient vers lui leurs yeux exorbités. Alors qu'il les dévisageait avec étonnement, ne parvenant pas à se faire tout à fait à l'idée qu'il faisait face à des hommes qui étaient encore en vie seulement deux jours plus tôt, Servis fut rejoint par la jeune recrue. Chancelante, elle sembla sur le point de se jeter dans ses bras, mais se reprit au dernier moment, figeant à seulement un pas de lui. Une légère odeur aigre émanait d'elle. Il semblerait qu'elle avait suivi son conseil. Sa voix tremblante franchit faiblement la barrière de son casque  :
“Mais quels monstres peuvent bien être responsables d'une telle atrocité ?„
“Pas des monstres, non, mais bien des hommes.„

Corrigea inconsciemment Servis alors qu'il finissait son décompte. Cinq. Il y avait cinq têtes là-haut. Cinq têtes défigurées par les charognards à plumes, et cuites par le soleil. Il ne pouvait retirer qu’étonnamment peu d'informations de ce site : le vent du désert avait depuis longtemps recouvert les traces, et ce qui n'avait pas été ensevelit avait été emporté par la faune sauvage. Il restait bien ici et là quelques uniformes ou affaires personnelles des défunts, des informations précieuse quant à l'identification des victimes. Naturellement il lui faudrait notifier la mort de ces hommes à leurs familles respectives. Il lui faudrait pour cela se montrer inventif : le caractère illégale de leur occupation ne permettait pas la moindre honnêteté. Mais enfin, il faudrait s'occuper de tout cela une fois rentré à l'abri dans son fort, pour le moment il ne devait penser qu'à sa recherche d'information concernant cette situation plutôt dérangeante. Si le reste du campement se révélait finalement assez décevant, la disposition des têtes ainsi que le présent laissé à leur intention dans la marmite était suffisamment informatif. On cherchait à leur faire passer un message. Et ce message n'était pas une simple salutation de politesse. Il sourit. Une telle mise en scène était impensable de la part de l'Inquisition. En revanche, ce genre de proposition pouvait avoir été faites par un groupe de mercenaires. Mais Servis tenait d'une main ferme la plupart d'entre eux, à moins qu'ils ne se soient rebellés bien sûr. Quant à la Garde, on ne parlait plus de la garde grâce au travail de l'ingénieux Livius Erimond. Quels autres ennemis pouvaient bien s'être faits les venatori ? Un sacré nombre, à n'en pas douter !

Un grognement rauque interrompit un instant ses conjectures. Il saisit son bâton de mage, attaché dans son dos, et le fit tournoyer un instant au-dessus de sa tête.
“Préparez-vous : des hyènes sont en approche.„

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Murcia Artorius, chef d'expédition
Bien loin de toutes les préoccupations de son supérieur, la chef d'expédition Artorius s'allongea avec volupté. Ce n'était pas que le lit soit confortable, à vrai dire il était même assez difficile de qualifier ce maigre matelas de fortune de lit. Mais enfin, la nuit était froide, et la compagnie bonne. Elle étira vers ses bras à la peau sombre vers le sommet de la tente, et laissa l'homme empêtrer ses doigts dans les boucles fermes de ses cheveux.
Tu as de la chance mon beau ! Si ce stupide Morven ne m'avait pas porté sur les nerfs toute la journée, je ne me serais pas éclipsé ce soir. En ce moment je devrais être en train de rédiger mon rapport, et j'aurais mal aux mains, oui tu vois, juste-là !

En parlant, elle avait étiré ses mains juste sous le visage du jeune homme qui partageait sa couche, lui présentant ses cales imaginaires. Comprenant l'injonction qui lui avait été faite silencieusement, il s'empressa de déposer de délicats baisers sur ses doigts tout en remerciant le ciel de la chance qui lui avait été donnée. Puis, comme répondant à une mécanique mille fois éprouvée, il se mit en mouvement, déposant baisers après baisers, remontants les bras de la superbe femme, puis se lovant dans son cou. Elle le repoussa, accordant son geste à un rire assez peu féminin.
Oh allons donc, ne soit pas si pressé ! Tu sais à quel point ils m'ennuient, les hommes pressés. J'ai cru que tu étais différent. D'ailleurs, quand débute ton tour de garde déjà ?

Elle se releva et le darda de l'un de ses sourires cruel. Bien sûr, elle le savait très bien. Le tour de garde de cet homme était sur le point de commencer. Ils n'avaient pas de temps à perdre. Pourtant, elle se sentait d'humeur à le maltraiter quelque peu. Elle s'était même déplacée spécifiquement à ce dessein, voulant vider ainsi toute l'irritation qu'elle ressentait à l'égard du sexe fort sur une pauvre victime innocente. Il roula sur le dos, et chercha à l'attraper par la taille. là encore elle le repoussa, mais se mit tout de même à caresser l'intérieur de sa paume par le bout de ses ongles. Elle se laissa ensuite tomber sur lui, et cela sa tête sur son épaule. Son regard se noya dans le ciel de la tente, et elle pensa soudainement à ses rapports, à ce con de Morven et au signalement pour manquement qu'elle ne tarderait pas à envoyer à Servis. À moins qu'elle ne se déplace elle-même. Ainsi elle ne lui laisserait aucune chance de pouvoir la filtrer. Oui, sa décision était prise.

Alors, une voix d'homme retentit de l'autre côté de la tente. Son compagnon du soir se redressa, aux aguets.
Ton tour de garde commence déjà?„
“Non. Mais je crois qu'il a entendu quelque chose.„
“Allons bon, c'est certainement une hyène. Je ne sais pas pourquoi, je ne cesses d'en voir de partout en ce moment. Saloperies.

Elle tira sur son bras, lui faisant comprendre ce qu'elle attendait de lui. Il s'y résigna avec délice, sachant le camp bien gardé par les autres. Après tout ! Il ne risquait pas de tomber pendant les prochaines minutes !

Sam 5 Oct 2019 - 20:40

Tullia E. Von Raijer
Tullia E. Von Raijer

– Garde des Ombres –

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What crawls in the Night


Je voyais l'un des gardes se rapprocher de la position de Baden, mais j'étais rassurée de voir que Ferica avait remplie sa mission et se tenait également sur le mur de pierre, accroupie et dégainait déjà son petit arc. L'un des deux gardes était déjà parti en direction du promontoire rocheux, mais l'autre était resté à l'entré du campement, non loin. Je la voyais mettre en joue celui resté au campement, bandant son arc avec précision et attendant le moment propice. Je me tournais vers le désert, sortant un petit miroir de poche. Là, je faisais signe en le faisant miroiter avec la lumière du feu de camp pour signaler aux autres de lancer la deuxième vague. Il y eu un shuintement, puis le bruit étranglé de quelqu'un qui se prend une flèche dans la gorge et s'effondre. Au loin, j'entendis un bruit de cri étouffé, et je voyais le deuxième garde près du promontoir se faire trainer en arrière par Baden, dans l'ombre d'une des tentes. Tout était bon.

Cependant, les choses ne se déroulent jamais aussi parfaitement. La sentinelle tuée avec la flèche par Férica avait fait du bruit en tombant, et je pouvais entendre dans une tente une agitation. Les choses allaient enfin se corser. Je descendais vite par l'échelle de la petite tourelle, sautant comme un chat pour me mettre dans l'ombre d'une tente et tendre une autre embuscade. Ferica était restée sur le mur rocheux, son arc ayant armé une deuxième flèche prête à frapper la moindre personne qui sortirait d'une tente. Les choses s'enchainèrent ensuite. J'entendis les pas feutrés de Wilfried et Tamen, suivis de près par Giselle qui avait bifurqué pour se trouver derrière les tentes. Une personne qui finissait de mettre son armure sortit d'une tente, mais à peine avait il posé les yeux sur le feu de campement qu'il se prit une flèche en pleine tête et tomba en arrière avec fracas. L'alerte était donnée, la dératisation pouvait enfin commencer.



(Jet du Destin : Réussite.)

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Jet du Destin : Réussite




Réussite critique : Les deux gardes sont éliminés en silence, personne n'est réveillé dans les tentes


Réussite : les deux gardes sont éliminés, mais le combat a réveillé quelques personnes dans les tentes qui sortent  

Echec : Les gardes sonnent l'alerte avant de succomber et réveillent tout le campement

Echec critique : Les Gardes se défendent et repousse leur assaillant, alerte le campement et tout le monde sort des tentes.

Sam 5 Oct 2019 - 20:40

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'Destin' :
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Sam 5 Oct 2019 - 22:02

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Crassius Servis, Administrateur.
En regardant son cheval se faire mener aux écuries, Servis s'étira. Il avait le dos endolori, bloqué et terriblement raide. Au-dessus de sa tête, le ciel virait à l'encre. Il avait chevauché toute la journée. Une journée de perdue à visiter des ruines. Et pas le genre de ruine qu'il appréciait, non, le genre ressemblant à des déchetteries, le genre à être truffées de corps et à sentir les viscères macérés sous le soleil du désert.
Il entendit son propre souffle sifflait au travers de son casque et pendant un instant il songea à le retirer, avant de se raviser. En prenant son poste, Servis s'était fait une promesse : ne jamais retirer son casque en présence de ses subordonnés. Déjà parce qu'ils auraient pu mettre en doute ses compétences, en vue de sa jeunesse visible. Ensuite parce qu'ainsi il s'autorisait plus de liberté lors de ses escapades illégales. Il courait moins le risque d'être reconnu. Non, Servis ne s'autoriser à ôter son casque que lorsqu'il se savait seul, ou en présence d'êtres de confiance. Présentement, il ne se trouvait pas chez lui, dans l'enceinte protectrice de fort Retentis. Non, il venait de pénétrer dans le fort de l'aile du Griffon, et on l'attendait.
Il escalada quatre à quatre les très nombreuses marches le conduisant jusqu'à la salle de commandement. Ses longues jambes retrouvaient quelque peu de leur légèreté, maintenant qu'elles n'avaient plus à enserrer les flans d'un cheval. Il passa distraitement la main contre le manche de son bâton, suspendu à son dos par un jeu de sangles. Il songea un instant aux heures précédentes, et notamment aux hyènes. *Quel dommage. Ce sont de si belles créatures.* Mais cette fois-ci, leur opportunisme les avait trompé en les conduisant contre un groupe d'étrangers trop entraîner. Un combat inégal, vraiment.
Il arriva enfin devant la porte recherchée, et la poussa avec force. Il passa sans un regard devant la dizaine d'hommes amassés dans la pièce. Il arriva devant le mur du fond, et prit une grande inspiration en attendant que la porte ne se referme d'elle-même, entraînée par son propre poids. En entendant son craquement, il décompta cinq secondes, puis se retourna :
“Messieurs, tout d'abord je tenais à vous remercier d'avoir répondu si rapidement à ma sollicitation. Comme vous le savez : je ne me déplace que rarement en personne. Mais je dois bien le reconnaître : la situation présente est hautement préoccupante.„

Il fit un pas théâtral en avant et déroula sous les yeux de tous le papier qu'il conservait jusqu'alors serré au creux de sa main gauche.
“J'ai ici la liste de nos pertes, tant humaines que matérielles. Une liste qui, comme vous pouvez le constater, est relativement longue. Une liste qui traduit votre incompétence. Car oui, j'insiste : il s'agit bien de VOTRE incompétence, et non de la mienne. Je ne suis pour ma part chargé que de la gestion temporelle et matérielle de toutes nos opérations. Toutes les questions d'ordre militaire vous incombent. VOUS avez en charge de déceler les failles, et Je suis tenu de vous aider à les combler. Ainsi, cet échec est entièrement vôtre.„

Il replia la liste avec soin : il allait en avoir besoin pour plus tard. Dans le silence gêné qui s'était installé dans la pièce, il continua :
“Alors certes, je ne vous aie pas embauché moi-même. Je n'ai donc pas le droit de vie ou de mort sur vous. En revanche, j'ai la possibilité matérielle de rendre votre séjour ici bien plus difficile si vous ne coopérez pas avec moi pour redresser au plus vite cette fâcheuse situation. Je pourrais par exemple, voyons, cesser de vous fournir en couverture, en vin orlésien ou même en pièges anti-varghest. Mais je ne souhaite pas en arriver là. Rien de tout cela ne se produira si je n'ai pas à avouer votre incompétence à notre supérieur à tous. Me suis-je bien fait comprendre ?„

Il y eut quelques acclamations franches, puis le silence revint. Malgré sa fatigue, Servis était plutôt satisfait de sa prestation. Il parcourut la salle des yeux, pour la première fois depuis son arrivée. Il croisa le regard hargneux du prélat Macrinus, ainsi que ceux fuyants des autres prêtres. Il n'eut aucun mal à saisir la carrure de boeuf de Morven, adossé au fond de la pièce, près de la porte. En revanche, aucune trace d'Artorius, c'était étrange. À présent, Servis souhaitaient plus que tout rejoindre son propre campement. Il voulait entendre le rapport d'Octavian et enfin lire son courrier personnel. Il voulait enfin jeter un voile sur cette journée désastreuse. Pour clôturer la séance, il annonça de sa voix la plus théâtrale :
“Telle est la volonté de l'Ancien.„

Il fut surpris par la conviction qu'il réussit a simuler.
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Murcia Artorius, chef d'expédition
Elle le repoussa une nouvelle fois, à deux doigts de rire de nouveau. Mais cette fois-ci, il ne revint pas à la charge. À la place, il se figea, l'oreille droite tendue vers l'extérieur. En voyant qu'elle s'apprêtait à parler, il mit précipitamment une main sur sa bouche. Sa paume avait un gout de sueur, cela la surprit. Pourtant, elle entendit à son tour le silence exagéré du camp. Ce n'était pas normal.
Ils s'activèrent alors, le plus silencieusement possible. Il passa le gros de son armure dans des gestes désordonnés et mit la main sur son épée, dissimulée sous leur matelas de fortune. Pendant ce temps elle resserra les laçages de sa tenue et enroula des bandes d'un tissu interminable autour de sa poitrine, la comprimant. Soudain, elle se figea.
Où sont mon arc et mon carquois ? Ne me dit pas que tu les as laissé dehors ?

Elle comprit à son regard désolé qu'elle avait vu juste.
Non mais je n'y crois pas ! Tu es complètement débile ou quoi ? Qu'est-ce que tu veux que je fasse sans eux ! Va les chercher et ramène-les-moi !

Il se précipita alors hors de la tente, son épée toujours en main. Il y eut instantanément un sifflement, suivit d'un bruit sourd. Des bruits qu'elle ne connaissait que trop bien.
“[]Ou pas. Quel dommage, je l'aimais bien celui-là, c'était un gentil garçon, avec une bonne famille. Mais quel con ![/i]„

Elle frappa la couverture de son poing, reconnaissant que sur ce coup-là, elle se retrouvait complètement prise au piège.

Dim 6 Oct 2019 - 12:52

Tullia E. Von Raijer
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What crawls in the Night


La première victime malheureuse fut faite. Mais à partir de ce moment là, le vrai chaos de la bataille commença. D'autres personnes sortirent des tentes, certaines armées, d'autres qui semblait plus paniqué par l'attaque. Nos renforts étaient arrivés, et c'était pile au bon moment car trois épéistes sortirent pour attaquer. Ferica était à son poste, encochant d'autres flèches et tirant sur les gladiateurs. Je montais également à l'assaut, feintant sur le côté pour les frapper au flanc. Des cris, le fracas des épées, maintenant il était impossible que la moindre personne dans le campement ne soit pas au courant de ce qu'il se passait. Nous nous battions, moi restant près des tentes pour prendre à revers ceux qui sortaient. Je voyais un homme non armé en sortir, semblant ne pas savoir quoi faire et par où fuir. Arrivant par derrière je lui assénai un coup à la tempe avec le manche de ma dague, le laissant s'effondrer dans l'inconscience. Mais soudain, une boule de feu jailli d'une tente et alla s'exploser sur le mur en ruine, là où se trouvait Férica. Je la vis bondir du mur mais se faire toucher à l'épaule, poussant un cri de douleur. Et pour couronner le tout, je vis également Wilfried et Tamen se battre avec difficulté contre un guerrier à masse, l'un d'eux se faisant projeter contre une tente. Je fronçais des sourcils, rugissant un ordre comme une bête enragée.

"Giselle !!"

Le mage était sorti, livre en main, prêt à lancer un autre sort. La lumière qui luisait autour de sa main n'annonçait rien de bon, mais soudainement la lumière ne fut plus. Pendant un instant incrédule, le mage regarda avec surprise son sort qui ne fonctionnait plus, avant de se retrouver empalé par derrière sur l'épée de la templière. Un autre mage subit peu après le même sort, alors qu'il voulu lancer un sort de mines de feu. Cette menace étant terminée, je bondissais vers notre autre problème. L'homme à la masse était grand, puissant et assez rapide. Tamen était à terre, se tenant les côtes, et Wilfried faisait de son mieux pour le contrer. Mais il avait besoin de soutien, et c'est toujours à ce moment là qu'un voleur montre toute son utilité. Utilisant ma cape des ténèbres et le prenant à revers, je profitais du fait que son armure n'était pas totalement mise pour le poignarder entre les plaques et tissus. Il poussa un cri de douleur, se retournant pour balayer de sa masse les alentours. Mais ce mouvement étant plus que prévisible, Wilfried en profita pour l'attaquer et lui porta un coup à l'épaule. A nous deux, guerriers expérimentés et organisés, il ne fallut pas beaucoup de temps pour évincer ce Venatoris. A coté, le combat continuait de faire rage, et l'avantage de la surprise ainsi que notre organisation eurent la conséquence de rendre la bataille aussi brève qu'efficace. Je vis Giselle trainer derrière elle un mage par le col, un bâton brisé non loin, et Wilfried tirer par les cheveux hors d'une tente une jeune femme en petite tenue, la jetant à côté des autres. Il y avait également un gladiateur blessé, et un homme autre homme désarmé. Le combat ayant pris fin, les Gardes revinrent vers le centre du campement. Ceux ayant combattu avaient leur tenue un peu malmenée, laissant voir par endroit leur armure et le blason de la Garde. Mais cela n'avait pas beaucoup d'importance à présent. Je soupirais de soulagement, ce combat ennuyeux étant terminé. Je baissais pour mieux respirer et mieux parler le foulard qui barrait le bas de mon visage, aboyant quelques ordres avec autorité et sans cacher mon accent antivan.

"Bien... Amenez les prisonniers ici et attachez les avec les cordes des tentes. Prévenez l'arrière garde et faite moi un état des lieux. On se dépêche !"

Chacun s'affairait, Wilfried disparaissant derrière le mur pour donner le signal aux autres que tout avait bien fonctionné. Les autres s'affairaient pour rassembler les prisonniers contre le mur en ruine, les attachant avec les cordages à disposition, ou alors rassemblant les corps étendu en un tas non loin du feu, achevant par la même occasion les rares survivants gravement blessés. Le nain Baden me rejoignit, baissant également son foulard et faisant son rapport.

"Fericia et Tamen sont blessés, mais ça devrait aller. Pas de pertes. On a décompté 9 adeptes morts, et il n'y a que 4 prisonniers. "

Je souriais en un rictus malsain, posant rapidement mon regard étrange et effrayant sur les survivants qui étaient à quelques mètres de moi.

"Très bien... Wilfried, allez avec Baden chercher la cache. Les autres, fouillez moi ce campement ! Je veux la moindre info utile, le moindre rapport qui peut nous donner des informations sur ce qu'ils cherchent. Leroy ! Combien de temps nous reste t'il ?"

Wilfried était revenu entre temps avec Leroy, un des Gardes resté en arrière pour couvrir notre position. Wilfried avait pris ses ordres et s'en alla derrière le campement entre les ruines avec Baden, disparaissant de notre champs de vision. Ces deux là connaissaient le mieux l'endroit, et notamment les caches des Gardes. Il semblait que celle-ci n'était pas très loin du campement, mais il était nécessaire d'éliminer les Venatoris pour s'assurer de ne pas être repérés. Après, une mission furtive est aussi une mission sans témoin. Mais pour cette fois là, j'allais faire une entorse à la règle des 4 autres campements attaqués. Et il y avait une bonne raison à cela. Leroy m'avait rejoins, se raidissant presque au garde-à-vous en répondant à ma demande. Réflexe d'ancien chevalier à croire.

"Environ 3 heures avant le levé du soleil, Commandeur."

J'hochais de la tête, faisant un grand sourire de contentement et répondant avec une joie et un entrain tout à fait singulier dans ce genre de situation. Enfin, pour une personne normale.

"A la bonne heure ! Ca nous laisse tout le temps de nous occuper de nos chers invités, fu fu fu ~...."

Je me tournais enfin vers les prisonniers, m'approchant d'eux d'un pas mesuré mais décidé. Mes yeux noirs et bleus étaient posés sur eux comme un prédateur sur sa proie, la soif de sang et le sadisme se lisant facilement sur mon visage. Je sortais un chiffon de ma ceinture, dévoilant un peu plus à travers les tissus de camouflage mon armure de Garde, ainsi qu'une petite fiole en cuir. Je l'ouvrais et imbibais le tissu, puis rebouchais la fiole et la rangeais. Je sortais ensuite une de mes dagues, et enduisis la lame de la substance sombre sur le tissus. Puis je m'approchais des prisonniers solidement attachés, et sans prévenir je plantais ma dague dans leur jambe. Je passais rapidement de l'un à l'autre, essuyant à chaque fois la lame et remettant du produit. Si je faisais ça, c'était à raison, ou plutôt pour nous faciliter la tâche. Ce poison que j'avais mis sur la lame était un paralysant, que j'utilisais normalement pour les engeances. Avec cette quantité, ils devraient rapidement être incapable de pouvoir se lever, marcher, et encore moins courir. Pratique s'ils voulaient fuir. Mais l'autre avantage était que ce poison n'enlevait en rien la douleur, au contraire. Les muscles contractés sont plus sensibles, et d'autant plus réceptif à ce que j'allais leur préparer. Satisfaite, je me relevais et rangeais mon petit chiffon, m'adressant aux prisonniers.

"Alors.... Qui est dans cette belle brochette de chanceux le plus haut gradé ? Ou un responsable, mh ? Ce sera plus pratique pour s'organiser pour la suite des festivités."

J'étais souriante, détendue, une certaine excitation et joie se lisant sur mon visage. Comme une gamine qui se trouvait à la fête du village. Il y avait deux aux Gardes qui surveillaient les prisonniers avec moi. Giselle, pour contenir les pouvoirs du mage, et Leroy qui était là pour m'aider à superviser. Tous deux avaient le visage grave, un regard noir et plein de haine posé sur ces venatoris. Ils n'étaient clairement pas entourés de personnes pleins de charité. Pour ma part ça me convenait. Moins ils avaient de pitié, mieux nous pourrions accomplir notre tâche. Pour moi, tant que je pouvais m'amuser un peu.... A voir qui dans ce quatuor allait pouvoir me donner le La.

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Lun 7 Oct 2019 - 9:15

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Crassius Servis, Administrateur.
Il avait quitté la pièce rapidement, en allongeant ses pas tant il ne rêvait plus que de tranquillité et de solitude. Il leur laissait le soin de s'organiser, de resserrer les mailles de leur réseau, de décider de la marche à suivre. Après tout, il suffisait à chaque tête de secteur de contacter tous les camps extérieurs annexes à sa zone, et de les prévenir, ou de les retirer, si besoin. Mais Servis espérait que son message était passé correctement : ils ne devaient plus déplorer la moindre perte, tant humaine que matérielle. Il savait son projet ambitieux. Après tout ils ignoraient tout des responsables de ces attaques. Et donc de leurs motivations. Leur ignorance rendait toute riposte impossible. C'était malheureux.

L'écurie était en vue. En l'apercevant les esclaves la gérant s'empressèrent de seller sa monture. Cette nuit, Servis voyagerait seul. Il avait conscience du risque qu'il prenait, mais avec sa monture au pelage gris et la lourde cape de la même couleur qu'il s'était imaginé passer sur son uniforme pour l'heure orange, il s'imaginait sans danger. C'est en dévalant les dernières marches le conduisant à sa liberté qu'une grosse main se referma sur son bras.
“Eh patron. Il paraîtrait qu'il y avait des intestins ! C'est vrai ?„

Servis soupira et dégagea son bras dans une bourrade précipitée avant de faire face à l'imposant Morven. Son large visage rougeaud était couvert de cicatrices peu esthétiques, et ses oreilles en feuille de chou ressemblaient à deux petits pavillons dispensables. Bien que plus petit que Servis, il le dépassait largement en matière de carrure tant le gonflement de ses muscles était poussé à son maximum. Dans ses petits yeux noirs et rapprochés, une lueur malsaine s'était allumée.
“Et des têtes tranchées !„
“Je t'ai déjà répété je ne sais combien de fois de ne pas m'appeler comme ça. Et pour répondre à ta question. Oui. Oui aux deux. Maintenant laisse-moi.„

Le mage se détourna rapidement. L'allène de Morven sentait un mélange de choux bouilli et de poisson. Un exploit quand on savait ces deux produits introuvables dans cette région du monde.
“Je voudrais y aller chef, voir ça.„

Servis soupira. En ce moment il soupirait bien trop pour son propre bien.
“Morven, tu es contremaître. Tu n'es pas supposé te balader pour ton bon plaisir. Si tu veux un état des lieux précis, tu n'as qu'à envoyer d'Artorius !„

Et il s'éloigna encore, à grandes enjambées rapides, serrant les dents dans l'espoir d'avoir mis un terme définitif à cette conversation déplaisante. Mais Servis le savait bien : il en fallait plus pour stopper Morven l'idiot.
“Mais elle est introuvable, Chef !„
“Que veux-tu que je te dise ? Trouve-la !„

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Murcia Artorius, chef d'expédition
Toujours en pleine hésitation, les deux poings resserrés sur le vide de sa tente salvatrice, Murcia pensa à imiter un sommeil profond. *En quoi cela va-t-il t'aider ? Idiote !* Pourtant, elle ne pouvait plus rester là sans rien faire. Plus très longtemps du moins. Au-delà de la toile formant la délimitation de sa tente, les bruits de combat s'étaient intensifiés. Et le moins que l'on puisse dire était qu'ils ne semblaient pas gagner. Elle se mordit la lèvre inférieur, véritablement inquiète pour la première fois de la nuit. Elle avait bien entendu quelques incantations de la part des mages, elle avait même senti pendant un instant l'odeur parfaitement répugnante de la chair brûlée. Mais le sol ne tremblait plus sous les coups du marteau de la brute du camp, et ce simple fait expliquait leur perte inéluctable. Elle frappa une nouvelle fois le matelas de ses deux poings, ne pouvant plus retenir sa rage :
“Putain !„

Alors l'intimité salvatrice de sa tente fut brisée. Un homme fit brusquement irruption entre les pans formant l'ouverture, et avant qu'elle n'ait eu le temps de faire quoique se soit, comme disons de lui labourer le visage de ses ongles, il l'avait attrapé par ses cheveux épais et avait commencé à la tirer. Elle ne hurla pas, ç'aurait été leur faire trop d'honneur, mais à la place elle planta sas talons dans le sol meuble du campement, intensifiant sa douleur, et chercha à le faire lâcher en plantant ses ongles dans son poignet. Mais le bout de ses doigts ne rencontra qu'une armure. *Merde*, pensa de nouveau Murcia pour elle-même. Elle n'avait pas à faire avec de simples rôdeurs, elle le comprenait maintenant.

Elle fut jeté aux pieds d'une femme, en compagnie de trois autres prisonniers. L'homme lui avait enfin lâché les cheveux, et elle se hâta de masser son crâne endolori, avant qu'on ne l'en empêche d'un nouveau coup de pied peu scrupuleux. Après tout, elle était une femme, extirpée en pleine nuit de sa tente en petite tenue. Son amant était mort, on avait même prit soin de la traîner par-dessus son corps. Toute cette violence lui semblait un poil exagéré. Focalisée sur sa propre injustice, Murcia ne leva les yeux qu'au moment où la femme prit la parole. Le lourd accent chantant d'Antiva la pris de court. Pourtant, sa surprise ne s'arrêta pas là. Car elle vit briller sur le corps de cette femme les plaques d'une armure lourde, et elle reconnut malgré l'obscurité ses couleurs. Des gardes des ombres. Y avait-il des gardes des ombres à Antiva ?

Elle n'opposa aucune résistance lorsqu'on vint la ligoter. Les cordes rêches brûlaient sa peau quasiment nue, mais elle serra les dents. Elle profita même de l'instant pour observer attentivement ses camarades d'infortunes. Il y avait un homme entre deux âges, à l'allure soignée, aux cheveux rasés de près dévoilant un crâne à la forme régulière. Un mage, à n'en point douter. Les deux autres hommes avaient quant à eux le même regard fuyant. Des esclaves à demi nus, comme elle. Mais dans leur cas cette humiliation avait une valeur rituelle : ils étaient gladiateurs. Elle surpris les regards que lui lançait le mage. I était surpris de la voir là. Personne dans ce camp ne la connaissait. Et personne ne pouvait faire le rapprochement entre elle, pauvre femme suave et apeurée, et l'efficace chef d’expédition Artorius. Cet anonymat relatif lui conférait une certaine sécurité.

Mais c'est alors que la situation dérapa complètement. La femme Antivane inquiétante, doté d'une paire d'yeux étranges, celle qui était sans aucun doute le chef de cette bande de gardes des ombres, se mit à s'intéresser à eux. Elle prépara une lame, en la frottant d'un chiffon imbibé d'un liquide. *Que de la gueule. * pensa Murcia un moment seulement, avant qu'elle ne se fasse poignarder la cuisse, assez profondément. Surprise, elle chercha à se pencher en avant, à couvrir sa plaie de ses mains, mais ses mains liées ne le lui permirent pas. Elle étouffa une série de jurons : aucun d'entre eux ne semblait suffisant pour traduire sa douleur. Pourtant elle n'était qu'au commencement de son cauchemar, car bien vite ses muscles, autour de sa blessure, se contractèrent douloureusement, accélérant l'écoulement de son sang sur sa peau d'ébène. Elle ne retint plus son cri.
“Alors.... Qui est dans cette belle brochette de chanceux le plus haut gradé ? Ou un responsable, mh ?„

Techniquement, elle était la plus gradée. Mais la peur retint sa langue. Elle laissa au mage le soin de se dénoncer. Ou plutôt... De la dénoncer dans une langue commune hésitante.
“C'est... C'est moi ! Ces deux là sont des esclaves, et elle je ne la connais pas !„

*Merde.*

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